CASABLANCA : «Dans le Maroc d’aujourd’hui, il n’est en effet plus possible que la femme soit privée de ses droits légitimes. […] Nous insistons une fois encore sur la nécessité que la femme marocaine apporte son plein concours dans tous les domaines.» C’est en ces termes que le roi du Maroc, Mohammed VI, s’est adressé à son peuple, le 30 juillet dernier, dans un discours historique prononcé à l’occasion de la Fête du trône.
Selon le souverain, «la condition sine qua non pour que le Maroc continue de progresser est que [les femmes] occupent la place qui leur échoit et qu’elles apportent leur concours efficient à toutes les filières de développement». Le discours du roi réformateur et progressiste a été très clair et sans ambages. Il pose les jalons d’une nouvelle réforme du Code de la famille.
Si ce Code de la famille, jugé révolutionnaire dans un pays arabe et musulman à l’époque, a réhabilité la femme marocaine dans son statut et dans ses droits, il serait aujourd’hui caduc et dépassé. Pire, c’est le fait que les mentalités rechignent à changer qui lui aurait fait le plus de mal.
Sur ce point, le roi a été on ne peut plus ferme et catégorique: «Au nombre de ces écueils figure l’application incorrecte du code en raison de divers facteurs sociologiques. L’un d’eux tient notamment à la propension tenace d’une catégorie de fonctionnaires et d’hommes de justice à considérer que le code est réservé aux femmes», a lancé le souverain.
«Il s’agit d’un discours très clair et historique. Je suis très fier de cette réponse royale à nos revendications relatives au changement de certaines dispositions du Code de la famille qui sont mal interprétées. Le Maroc a changé sur le plan démographique et socioculturel et une refonte globale du Code de la famille est aujourd’hui plus que nécessaire. Le roi est, encore une fois, venu à la rescousse grâce à son appel urgent pour réformer les lois, garantir à la femme tous ses droits et lui faciliter l’accès à la justice», déclare à Arab News en français Omayma Achour, professeur à l’université Mohammed-V de Rabat et fervent défenseur des droits des femmes.
Dans son discours, le souverain a en effet mis le doigt sur plusieurs manquements à l’esprit du Code de la famille, qui était censé depuis son instauration, en 2004, réhabiliter le statut de la femme au sein d’une société marocaine en pleine métamorphose grâce aux chantiers majeurs lancés par le roi Mohammed VI au lendemain de son intronisation, en juillet 1999.
«Ce discours appelle de manière claire à un changement radical des lois et des mentalités. Il représente un appel direct à certains juges qui ont fait de quelques exceptions une règle, notamment en ce qui concerne le mariage des mineurs, qui a explosé ces dernières années», commente Omayma Achour.
Par ailleurs, le roi a appelé à ce que les tribunaux de la famille soient généralisés à l’échelle des régions du pays pour faciliter l’accès des femmes à la justice ainsi qu’à l’opérationnalisation des institutions constitutionnelles concernées par les droits de la famille et de la femme prévues par la Constitution de 2011, mais qui n’ont pas encore vu le jour.