Au cours des six derniers mois, Israël a régulièrement attaqué des Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. La plupart de ces incidents ont été ignorés par les grands médias occidentaux. Seul l’un d’entre eux constituait un problème pour Israël: lorsque ses soldats sont entrés dans Jénine, le 11 mai, et qu’ils ont abattu, au cours d'une fusillade, la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh.
En principe, lorsqu'un Américain est tué, les États-Unis se mobilisent pour demander justice. Dans le cas d'Abu Akleh, les États-Unis ont hésité et finalement adhéré à la propagande de l'armée israélienne, selon laquelle elle aurait été tuée par des Palestiniens. Il a fallu des semaines pour que les États-Unis reconnaissent, à contrecœur, que sa mort était «très probablement» la conséquence de tirs israéliens.
Alors que les questions qui entouraient ce meurtre se tassaient, Israël a poursuivi ses attaques et les médias n’en ont pratiquement pas parlé, jusqu'à ce que deux hommes politiques israéliens – le Premier ministre par intérim, Yaïr Lapid, et le ministre de la Défense, Benny Gantz – décident de mettre le feu aux poudres avant les élections de novembre.
Le gouvernement de Naftali Bennett, qui a mis fin l'année dernière au long mandat de Benjamin Netanyahu, s'est effondré au mois de juin. Bennett a passé les rênes à son ancien partenaire politique, Lapid, qui dirigera le pays jusqu'à la tenue des élections. Ces nouvelles échéances électorales reflètent l'agitation et l'incertitude de la politique israélienne: ce sont les cinquièmes à avoir lieu en un peu plus de trois ans. Cela fait beaucoup d'élections, et beaucoup d'incertitude – ce qui, en politique pousse toujours les politiciens à prendre de grands risques.
La politique israélienne a toujours été à l'origine des guerres à Gaza. Lapid et Gantz doivent avoir compris que, pour battre Netanyahu lors des prochaines élections, ils doivent faire figure d’hommes forts. Et le moyen le plus facile pour les dirigeants israéliens de paraître puissants est de retourner leurs armes contre les Palestiniens sans défense qui vivent sous leur régime d'apartheid oppressif.
Tant qu'Israël bénéficie du soutien des grands médias occidentaux, peu importe l'intensité avec laquelle l'armée israélienne agresse les Palestiniens ou assassine même des citoyens américains; il commettra toujours des crimes en toute impunité.
Lapid et Gantz ont donc décidé d'attaquer Gaza et de prendre pour cible un chef du Djihad islamique palestinien. Ils ont utilisé la propagande habituelle, reprise par les médias, selon laquelle Israël avait lancé une «frappe préventive» sur le groupe, affirmant que le chef en question préparait des attaques terroristes.
Au cours de cet assaut, qui a duré plusieurs jours et durant lequel ont été utilisés des missiles, des avions de chasse et des drones, Israël a tué quarante-quatre Palestiniens, parmi lesquels quinze enfants. Plus de trois cent soixante personnes ont été blessées. Mais, au lieu d’affirmer que la guerre a été déclenchée par Israël, la plupart des médias se sont concentrés sur la réaction défensive des Palestiniens, qui ont riposté en tirant des missiles sur Israël.
Des responsables et des militants américains ont déploré que le Djihad islamique palestinien ait tiré des centaines de missiles sur Israël, poussant les pauvres civils israéliens à se réfugier dans leurs abris antibombes. Les réseaux sociaux ont supprimé de nombreux messages dans lesquels leurs abonnés soutenaient qu'Israël avait déclenché la guerre.
En réalité, dans leur détermination habituelle à dominer les médias et les relations publiques, les propagandistes israéliens ont soutenu que, si des civils palestiniens sont morts, c'était à cause de missiles ratés qui ont atterri sur leurs propres maisons.
La propagande israélienne, avec le soutien des grands médias, invoque les morts comme cause du conflit.
Ray Hanania
Comme cela ne suffisait pas, les Israéliens ont essayé de faire valoir à l'ONU et dans le monde entier que les civils étaient morts parce que les Palestiniens avaient utilisé leurs enfants comme boucliers humains. Et, lorsque cela n'a pas fonctionné, ils ont simplement haussé les épaules. Et alors, que faire si des civils palestiniens sont assassinés? Pourquoi cette attitude est-elle différente de celle qui a fait taire les histoires sur le meurtre d'Abu Akleh par Israël?
Les personnalités pro-israéliennes ont rapidement dominé le paysage médiatique avec des interviews, des communiqués de presse, des déclarations et des messages sur les réseaux sociaux qui ne sont jamais censurés par Facebook ou Twitter.
Malheureusement, la première victime de toute frappe préventive israélienne est la vérité. Elle est massacrée et utilisée comme bouclier humain par Israël. Ce dernier tire des missiles sur des quartiers palestiniens surpeuplés qui étaient autrefois des camps de réfugiés et il frappe des tours, comme le montrent ces images terribles de bâtiments qui s'effondrent.
La propagande d'Israël, avec le soutien des grands médias, présente les morts comme la cause du conflit, alors que personne n'est tenu pour responsable en Israël. Il n'y a que dans ce pays que l'on peut tuer quarante-quatre civils, dont quinze enfants, et donner l’image de dirigeants forts et durs qui seront probablement élus lors des prochaines élections. Mais Lapid et Gantz peuvent compter sur cela, tout comme ils peuvent compter sur le silence des États-Unis.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et un chroniqueur plusieurs fois primé de la mairie de Chicago. Vous pouvez le joindre sur son site Internet personnel à l'adresse: www.Hanania.com. TWITTER: @RayHanania
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.