PARIS: Préparer les esprits aux semaines qui arrivent : Olivier Véran a prévenu dimanche que « Noël ne sera pas une fête normale », alors que les Français renouent avec les restrictions de sorties, sur fond de contestation des commerçants et à la veille d'une rentrée scolaire très particulière.
« Nous cherchons à créer les conditions pour vivre un Noël le moins contraignant possible. Hélas, comme ailleurs dans le monde, ce ne sera pas une fête normale », a déclaré le ministre de la Santé dans un entretien au Journal du dimanche, ajoutant qu'il était « difficile d'envisager de grandes soirées pour le 31 ».
A plus court terme, l'école reprend lundi. Car contrairement au confinement du printemps, les établissements scolaires ne fermeront pas leurs portes. Du moins pour le moment. Olivier Véran a estimé « possible » que les lycées referment si les mesures prises ces derniers jours pour freiner l'épidémie ne sont pas « suffisamment efficaces ». « Nous adapterons les règles en fonction de ces données », a-t-il dit au JDD.
Quoi qu'il en soit, outre de nouvelles contraintes sanitaires à l'école (dont le port du masque étendu aux enfants du primaire), la rentrée s'effectuera dans des conditions très particulières, pour ce premier retour des élèves et professeurs depuis l'assassinat de l'enseignant Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines.
Avec les nouvelles restrictions de circulation, le gouvernement vise un retour à « environ 5000 » cas de contaminations par jour. Samedi, les autorités sanitaires ont fait état de 35 000 cas positifs en 24 heures. Désormais, une personne sur cinq qui est testée s'avère être positive.
Côté réanimation, donnée cruciale à surveiller afin d'éviter un engorgement des hôpitaux, le nombre de malades du Covid-19 s’élevait samedi à 3 443, avec 339 nouvelles admissions depuis la veille.
« La pire Toussaint depuis 1950 »
Selon des projections de l'Institut Pasteur communiquées samedi, le pic des réanimations est attendu mi-novembre avec 6 000 patients. Mais même dans le scénario le plus optimiste, on se retrouverait au 1er décembre avec environ 3 000 patients Covid en réanimation, soit à peu près comme aujourd'hui, selon Simon Cauchemez, un des auteurs de l'étude.
Face à ces indicateurs dégradés, les Français s'affichent globalement résignés.
Du côté des petits commerçants en revanche, la colère ne faiblit pas. Avec ce nouveau confinement, les restaurants, bars et commerces jugés « non essentiels » doivent garder le rideau baissé. Les petits commerces dénoncent la concurrence déloyale des grandes surfaces - autorisées à rester ouvertes - et des plateformes en ligne, dont Amazon.
Mais les grandes surfaces pourraient devoir fermer leurs rayons de produits non essentiels, a annoncé dimanche le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur BFMTV. Le Premier ministre Jean Castex devrait effectuer « dans la soirée » cet arbitrage qui doit « rétablir l'équité » avec les petits commerces, a précisé Bruno Le Maire.
Pour Pierre Brunette, vendeur de chrysanthèmes au cimetière de Metz-Chambière, « c’est la pire Toussaint depuis 1950 ». Il n'a reçu que vendredi l’autorisation de s’installer. « La plupart des personnes qui se rendent sur les tombes arrivent déjà avec leur pot de fleurs » et « plein de gens nous disent s'ils avaient su que nous étions là, ils n'auraient pas acheté avant ».
La fronde des petits commerces est soutenue par des maires de plusieurs villes petites et moyennes qui ont pris des arrêtés autorisant l'ouverture des commerces non alimentaires sur leur commune. Des « maires irresponsables » qui « menacent la santé des Français », selon Bruno Le Maire.
La maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé dans le JDD « une initiative commune » avec d'autres villes pour « autoriser la réouverture des librairies indépendantes ».
Le Medef veut, lui, faire des propositions au gouvernement d'ici 15 jours, pour rouvrir les commerces non essentiels, a indiqué dimanche la vice-présidente de l'organisation patronale, Dominique Carlac'h. « Faire ses cadeaux en bas de chez soi était de nature à redynamiser l'activité. Faire ses cadeaux de Noël sur Amazon, ce n'est pas citoyen et c'est la clé de pertes d'emplois sur le sol français », a-t-elle déclaré sur France Inter.
Pour ce confinement deuxième version, dont les modalités seront revues tous les 15 jours en fonction de l'évolution des indicateurs sanitaires, on ne peut « prendre l'air » que pendant une heure maximum et dans un rayon d'un kilomètre autour de son domicile. Les dérogations permettent aussi d'aller faire ses courses, d'aller chez le médecin, d'amener ses enfants à l'école etc.