Elections en Moldavie, entre Europe et Russie

La candidate à l’élection présidentielle moldave, Maia Sandu (Photo, Sergei GAPON/AFP).
La candidate à l’élection présidentielle moldave, Maia Sandu (Photo, Sergei GAPON/AFP).
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Publié le Dimanche 01 novembre 2020

Elections en Moldavie, entre Europe et Russie

  • La Moldavie, une ancienne république soviétique de 3,5 millions d'habitants nichée entre la Roumanie et l'Ukraine, a été secouée ces dernières années par des crises politiques
  • Les forces favorables à un rapprochement avec la Russie et les partisans d'une intégration dans l'Union européenne se sont alternés au pouvoir, sans toutefois jouir d'une majorité claire

CHISINAU, Moldavie: Les Moldaves ont commencé à voter dimanche lors d'une élection présidentielle clé, sous l'œil attentif de Moscou qui souhaite voir le chef de l'Etat sortant réélu face aux candidats pro-européens, sur fond d'inquiétude liée aux mouvements de contestation secouant l'espace ex-soviétique.

La Moldavie, une ancienne république soviétique de 3,5 millions d'habitants nichée entre la Roumanie et l'Ukraine, a été secouée ces dernières années par des crises politiques à répétition et par une gigantesque fraude bancaire portant sur un milliard de dollars, soit 15% de son produit intérieur brut.

Les forces favorables à un rapprochement avec la Russie et les partisans d'une intégration dans l'Union européenne se sont alternés au pouvoir, sans toutefois jouir d'une majorité claire.

A la présidence depuis 2016, Igor Dodon, 45 ans, promet « la poursuite d'une coopération bénéfique avec la Russie » et l'apprentissage obligatoire du russe à l'école, dans un pays majoritairement roumanophone.

Son homologue Vladimir Poutine l'a ainsi soutenu ouvertement, saluant les « efforts déployés » par Dodon pour de meilleures relations avec Moscou. 

Sa principale concurrente, Maia Sandu, 48 ans, candidate de l'opposition de centre droit, a elle été brièvement Première ministre en 2019.

Elle a promis un rapprochement de la Moldavie vers l'UE et la création d'emplois pour endiguer l'exode massif de la population à l'étranger.

Au total, huit candidats sont en lice et un second tour semble probable le 15 novembre.

Tiraillement Russie/UE

« Ces élections ont valeur de référendum sur le mandat de Dodon », estime Valeriu Pacha, du groupe de réflexion WatchDog Moldavie. Selon lui, les Moldaves pourront choisir entre la voie d'une « intégration européenne plus intense – un domaine où la Moldavie enregistre de nombreux retards » et le maintien du régime actuel, « totalement subordonné au Kremlin ».

Interviewé dans la capitale Chisinau, Ion Enache, 62 ans, s'oppose au président Dodon, estimant qu'il ne pourra pas « mettre fin à la pauvreté. »

De son côté, Ekaterina Radetskaïa, 69 ans, juge que le chef d'Etat est « une bonne personne » ayant besoin de plus de temps pour appliquer son programme.

Considérée comme l'un des pays les plus pauvres d'Europe, la Moldavie est connue pour son industrie viticole et un conflit gelé avec des séparatistes pro-russes, en Transnistrie, qui ont fait sécession en 1992 après une guerre éclair. Moscou y déploie depuis des troupes.

En 2014, Chisinau avait signé un accord d'association avec l'Union européenne, entraînant la colère de la Russie. En réponse, le Kremlin avait imposé un embargo sur les exportations de produits agricoles moldaves, un coup dur pour l'économie locale.

Six ans plus tard, malgré une levée progressive de ces sanctions, l'Union européenne a détrôné la Russie en tant que premier partenaire commercial de la Moldavie.

Ces dernières années, d'importants scandales de corruption au sein des élites moldaves ont toutefois mis en péril l'aide financière vitale des Occidentaux. 

« Nous voulons de meilleures conditions de vie, des écoles pour les enfants, et surtout la paix, on ne veut plus de querelles entre les politiques », dit Marin Ioan, un retraité de Soroca (nord).

Avant le scrutin, des experts ont évoqué la possibilité d'un « scénario » Bélarus, où la réélection contestée en août du président Alexandre Loukachenko, soutenu par Moscou, suscite un mouvement de contestation historique.

Alors qu'une crise politique agite également l'ex-république soviétique du Kirghizstan, le patron du renseignement extérieur russe (SVR), Sergueï Narychkine, a accusé la semaine dernière Washington de fomenter « un scénario révolutionnaire » avant la présidentielle en Moldavie.

Pour sa part, la délégation de l'UE à Chisinau a appelé à des élections « transparentes » et exhorté les autorités à « éviter les pratiques contraires aux normes internationales, telles que l'achat de voix ». 

Quelque 2 200 observateurs, dont une trentaine envoyés par l'OSCE – une « mission limitée » en raison de la pandémie de coronavirus -, seront déployés à travers le pays.

Les restrictions mises en place par différents pays pour contrôler la propagation du virus risquent d'ailleurs d'empêcher de voter bon nombre des quelque 1 million de Moldaves qui travaillent à l'étranger.

Les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 (05H00 GMT) et fermeront à 21H00. Les premiers résultats devraient être connus dans la nuit.


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.