Taïwan: face à la colère de Pékin, des Chinois parfois circonspects

Pour le gouvernement chinois, Taïwan - où les nationalistes chinois se sont réfugiés lorsque Mao Zedong et les communistes se sont emparés du pouvoir en Chine en 1949 - fait partie intégrante du pays. (AFP).
Pour le gouvernement chinois, Taïwan - où les nationalistes chinois se sont réfugiés lorsque Mao Zedong et les communistes se sont emparés du pouvoir en Chine en 1949 - fait partie intégrante du pays. (AFP).
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Publié le Lundi 08 août 2022

Taïwan: face à la colère de Pékin, des Chinois parfois circonspects

  • Les experts estiment que la population est très largement favorable à une réunification avec Taïwan
  • En ligne, les internautes les plus extrêmes ont même appelé à la guerre

PEKIN: La colère de la Chine après la visite à Taïwan de la cheffe des députés américains Nancy Pelosi a certes réveillé la ferveur nationaliste de certains internautes chinois, mais dans les rues le sentiment est plus partagé.

Furieux, Pékin a lancé les plus importantes manoeuvres militaires de son histoire autour de Taïwan et suspendu plusieurs discussions et coopérations sino-américaines, notamment sur le changement climatique et la défense.

Mais qu'en pensent les Chinois ?

Difficile d'en avoir une idée générale alors que tout débat public est généralement étouffé par le strict contrôle des autorités sur internet, avec un système de censure qui efface les publications les plus négatives sur la politique gouvernementale.

Les experts estiment que la population est très largement favorable à une réunification avec Taïwan et n'accepterait en aucun cas une indépendance de île.

En ligne, les internautes les plus extrêmes ont même appelé à la guerre. Mais dans les rues de Pékin, plusieurs habitants interrogés par l'AFP sont plus mesurés, espérant surtout que les choses se calment.

"Je ne suis pas trop inquiet car je sais que ça (la guerre) n'arrivera pas (...) Celui qui aura recours en premier à la force aura tort", déclare l'un d'eux, qui ne donne que son nom de famille, Zhao.

Pour le gouvernement chinois, Taïwan - où les nationalistes chinois se sont réfugiés lorsque Mao Zedong et les communistes se sont emparés du pouvoir en Chine en 1949 - fait partie intégrante du pays et sera un jour réunifiée, de force si nécessaire, un objectif auquel une grande partie de la population adhère.

"Beaucoup de Chinois espèrent qu'il y aura une réunification avec Taïwan. C'est une idée qui a été inculquée depuis l'enfance et qui est considérée comme politiquement correcte", souligne M. Zhao, âgé de 29 ans.

"Mais il y a très peu de discussions profondes sur le sujet, car internet ne permet pas une variété d'opinions et les conversations dans la vraie vie terminent facilement en disputes", ajoute-t-il.

 «Puissance militaire»

Pour le président Xi Jinping, la visite de Mme Pelosi n'aurait pas pu tomber à un pire moment, observe David Sacks, chercheur au groupe de réflexion américain Council on Foreign Relations.

Le chef de l'Etat veut en effet donner, aux yeux de ses compatriotes, une image de force et de stabilité avant le 20e Congrès du Parti communiste, qui devrait sauf surprise lui octroyer un troisième mandat.

"Xi a probablement senti qu'il devait agir, de peur de paraître faible ou de passer pour quelqu'un qui ne maîtrise pas la relation (sino-américaine), la plus importante pour la Chine", explique à l'AFP M. Sacks.

Si l'ampleur et la maîtrise des manoeuvres militaires suscite la fierté les habitants, celle-ci n'implique pas forcément un soutien inconditionnel au gouvernement.

"Les gens sont fiers, mais c'est surtout vis-à-vis de la puissance militaire de la Chine", estime M. Zhao. "Ils mentionnent rarement les dirigeants".

"Je ne pense pas que cette situation changera la manière de voir nos dirigeants", renchérit une autre habitante de Pékin âgée de 27 ans, qui ne donne elle aussi que son nom de famille, Guo.

Car ces derniers "n'ont pas non plus besoin du soutien des gens, ils ne sont pas choisis par une élection" à suffrage universel.

« Bataille »

Les sanctions commerciales contre Taïwan et les exercices militaires "sont bien accueillis" par les Chinois, souligne Jocelyn Chey, ex-diplomate australienne, désormais professeure à l'université de Sydney.

Mais elles surviennent à un moment où la Chine traverse une mauvaise passe économique liée à deux ans et demi de strictes restrictions sanitaires dues au Covid, la population affichant sa lassitude des confinements successifs et de la fermeture des frontières internationales, ajoute-t-elle.

Des critiques viennent aussi de ceux qui, portés par leur ferveur nationaliste, jugent que Pékin n'a pas frappé assez fort face à Taïwan, souligne David Sacks.

Ce qui signifie que les autorités chinoises vont continuer à calibrer leur réponse et à l'intensifier si nécessaire, estime-t-il.

"À moins que la situation ne devienne vraiment incontrôlable, et même si la réponse de M. Xi a suscité des réactions négatives, je ne pense pas que cela menacera de quelque manière que ce soit sa position lors du prochain Congrès du Parti", selon le chercheur.

Certains, en revanche, s'inquiètent de voir l'ampleur qu'a pris le différend autour de Taïwan ces derniers jours.

"Avant cela, certaines personnes de mon entourage pensaient qu'une réunification pacifique pouvait être réalisée, car il s'agissait d'une question entre nous et Taïwan", déclare M. Luo, un habitant de Canton (sud).

"Mais avec l'implication américaine désormais, certains commencent à voir ça comme une bataille avec les Etats-Unis".


Trump reçoit Netanyahu lundi en vue d'un cessez-le-feu à Gaza

Benjamin Netanyahu sera reçu par Donald Trump à la Maison Blanche, lundi. (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu sera reçu par Donald Trump à la Maison Blanche, lundi. (Photo AFP)
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  • Il s'agira de la troisième rencontre en six mois entre le Premier ministre israélien et le président américain, qui entretiennent une relation étroite, une situation tout à fait inhabituelle.
  • Elle survient deux semaines après que les États-Unis ont rejoint l'offensive militaire israélienne contre l'Iran, Washington bombardant trois sites nucléaires et obtenant peu après un arrêt des combats entre les deux pays ennemis.

WASHINGTON : L'un veut « déraciner » le Hamas, l'autre un cessez-le-feu dans la bande de Gaza : Benjamin Netanyahu sera reçu par Donald Trump à la Maison Blanche, lundi. Cette rencontre sera déterminante pour l'avenir du territoire palestinien, et il sera également question de l'Iran.

Il s'agira de la troisième rencontre en six mois entre le Premier ministre israélien et le président américain, qui entretiennent une relation étroite, une situation tout à fait inhabituelle.

Elle survient deux semaines après que les États-Unis ont rejoint l'offensive militaire israélienne contre l'Iran, Washington bombardant trois sites nucléaires et obtenant peu après un arrêt des combats entre les deux pays ennemis.

La fin de cette guerre de 12 jours a ravivé les espoirs d'un arrêt des combats dans la bande de Gaza, où les conditions humanitaires sont catastrophiques pour une population de plus de deux millions d'habitants.

Donald Trump, qui a déclaré cette semaine qu'il se montrerait « très ferme » avec M. Netanyahu, appelle à un cessez-le-feu de 60 jours dans la bande de Gaza, las d'une guerre sans fin.

« Je veux surtout que les habitants de Gaza soient en sécurité. Ils ont vécu l'enfer », a-t-il affirmé jeudi, alors qu'on lui demandait s'il voulait toujours que les États-Unis prennent le contrôle du territoire palestinien, comme il l'avait annoncé en février. 

« Grand marchandage » 

Une nouvelle proposition de trêve, négociée après la venue à Washington du ministre israélien Ron Dermer, a été soumise au mouvement islamiste palestinien par les médiateurs qatari et égyptien.

Donald Trump a sommé le Hamas d'accepter cette « ultime » proposition de cessez-le-feu, après 21 mois d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza déclenchée en représailles à l'attaque du Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre 2023.

Vendredi soir, celui-ci a déclaré être prêt à « engager immédiatement » des négociations, soutenu par son allié, le Jihad islamique.

Selon une source palestinienne, la trêve serait assortie de la libération de la moitié des otages encore en vie détenus par le Hamas, en échange de prisonniers palestiniens.

« Je crois qu'on va assister à une réunion stratégique façon « grand marchandage » comme les aime Trump », a déclaré à l'AFP Michael Horowitz, analyste géopolitique indépendant.

Selon lui, « même M. Netanyahu a conscience qu'on arrive au bout de ce qui peut être fait à Gaza, et qu'il est temps de planifier une sortie ». Netanyahu la veut sûrement graduelle. »

Le dirigeant israélien est sous pression au sein de son gouvernement de coalition et cherchera à temporiser, tout en plaidant pour qu'une « sortie graduelle de la guerre se fasse en parallèle avec un effort de normalisation avec des partenaires régionaux comme l'Arabie saoudite », explique l'expert. 

 « Rien à offrir » à l'Iran

En 2020, les accords d'Abraham, parrainés par Donald Trump lors de son premier mandat, ont mené à la normalisation des relations entre plusieurs pays arabes, dont le Maroc et les Émirats arabes unis.

Cependant, de nombreux pays arabes, en particulier l'Arabie saoudite, ont jusqu'à présent refusé de se joindre à ce processus, tant que la guerre à Gaza se poursuit et qu'il n'y a pas de trajectoire définie vers la création d'un État palestinien, ce que le gouvernement israélien rejette catégoriquement.

Concernant le dossier du nucléaire iranien, Donald Trump a affirmé lundi dernier qu'il n'avait « rien à offrir » à l'Iran, avec qui il « ne parle pas ».

Fort des frappes de la nuit du 21 au 22 juin, qui, selon lui, ont « anéanti » le programme nucléaire iranien, le président américain a prévenu qu'il n'hésiterait pas à bombarder à nouveau le pays s'il cherchait à se doter de l'arme atomique.

Les relations entre MM. Netanyahu et Trump n'ont pas toujours été de tout repos.

Lors de leur précédent entretien, en avril, Donald Trump avait stupéfait M. Netanyahu en annonçant des négociations directes avec l'Iran.

Mais « Bibi », le surnom donné à M. Netanyahu, a été le premier dirigeant étranger invité du second mandat de Donald Trump.

Et leur alliance contre l'Iran semble avoir scellé leur réconciliation.

Le président américain a dit voir en lui « un grand héros », allant même jusqu'à appeler à l'abandon des poursuites judiciaires pour corruption le visant dans son pays. 


Trump estime qu'il "pourrait y avoir un accord sur Gaza la semaine prochaine"

Des volutes de fumée se dégagent après une frappe israélienne dans la ville de Gaza, au centre de la bande de Gaza, le 2 juillet 2025, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe armé palestinien Hamas. (AFP)
Des volutes de fumée se dégagent après une frappe israélienne dans la ville de Gaza, au centre de la bande de Gaza, le 2 juillet 2025, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe armé palestinien Hamas. (AFP)
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  • Donald Trump a déclaré vendredi qu'il "pourrait y avoir un accord sur Gaza la semaine prochaine"
  • A la question d'un journaliste à bord d'Air Force One lui demandant s'il était optimiste quant à un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, le président américain a répondu "très", mais a ajouté "cela change de jour en jour"

Morristown, États-Unis: Donald Trump a déclaré vendredi qu'il "pourrait y avoir un accord sur Gaza la semaine prochaine", avant une visite à la Maison Blanche prévue lundi du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

A la question d'un journaliste à bord d'Air Force One lui demandant s'il était optimiste quant à un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, le président américain a répondu "très", mais a ajouté "cela change de jour en jour".

En réponse aux informations selon lesquelles le Hamas avait répondu positivement aux propositions de négociations pour un cessez-le-feu, il a déclaré : "C'est bien. Ils ne m'en ont pas informé. Nous devons en finir avec cela. Nous devons faire quelque chose pour Gaza".


Turquie: l'un des feux près d'Izmir maîtrisé, mais la forêt brûle encore

Les températures vont progressivement augmenter à partir du weekend pour atteindre les 40 degrés en début de semaine prochaine. (AFP)
Les températures vont progressivement augmenter à partir du weekend pour atteindre les 40 degrés en début de semaine prochaine. (AFP)
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  • "Grâce à la lutte acharnée de nos héros forestiers toute la nuit durant et aux interventions aériennes dès les premières lueurs du jour, l'incendie de Çesme a été maîtrisé. Notre intense lutte aérienne et terrestre continue à Ödemis et Buca",
  • En revanche la lutte contre les flammes attisées par le vent, sur un terrain boisé et sec, continue en deux autres endroits, a précisé Ibrahim Yumakli

ISTANBUL: L'un des incendies qui ravagent la région touristique d'Izmir, près de la station balnéaire de Cesme sur la côte égéenne de la Turquie (ouest), a été maîtrisé, a annoncé vendredi le ministre de l'Agriculture et des Forêts.

En revanche la lutte contre les flammes attisées par le vent, sur un terrain boisé et sec, continue en deux autres endroits, a précisé Ibrahim Yumakli.

"Grâce à la lutte acharnée de nos héros forestiers toute la nuit durant et aux interventions aériennes dès les premières lueurs du jour, l'incendie de Çesme a été maîtrisé. Notre intense lutte aérienne et terrestre continue à Ödemis et Buca", aux abords d'Izmir, la troisième ville du pays, a déclaré le ministre sur X.

Ces incendies poussés par des vents à plus de 85 km/heure ont fait deux morts, un employé des forêts qui participait à la lutte contre le feu et un octogénaire coincé chez lui.

Au moins cinq districts ont dû être évacués jeudi dans la région d'Ödemis.

Six avions et une vingtaine d'hélicoptères restent mobilisés sur ce site, selon l'agence étatique Anadolu.

"Le vent souffle de manière irrégulière et change constamment de direction rendant l'intervention depuis les airs et au sol très difficile car le feu se propage rapidement et change lui aussi rapidement de direction" a déploré jeudi le gouverneur provincial d'Izmir, Süleyman Elban.

En outre les températures vont progressivement augmenter à partir du weekend pour atteindre les 40 degrés en début de semaine prochaine.

La Turquie a enregistré "624 incendies juste au cours de la semaine écoulée dont 621 ont été éteints" a précisé le ministre.

Depuis le début de l'année, le pays confronté à une sécheresse récurrente a constaté le départ de plus de trois mille feux dont 1.300 dans les zones forestières.