En Autriche, la mémoire perdue des glaciers qui reculent

Les glaciologues Andrea Fischer ( à droite) et Violeta Lauria de l'Académie autrichienne des sciences mesurent la hauteur sous une partie de la plate-forme de glace du glacier Jamtal (Jamtalferner) près de Galtuer, Tyrol, Autriche, le 20 juillet 2022. (AFP).
Les glaciologues Andrea Fischer ( à droite) et Violeta Lauria de l'Académie autrichienne des sciences mesurent la hauteur sous une partie de la plate-forme de glace du glacier Jamtal (Jamtalferner) près de Galtuer, Tyrol, Autriche, le 20 juillet 2022. (AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 07 août 2022

En Autriche, la mémoire perdue des glaciers qui reculent

  • Au fil du réchauffement climatique, «nos archives disparaissent», s'inquiète la scientifique Andrea Fischer
  • Dans ces capsules temporelles uniques, permettant de remonter à des milliers d'années, elle et son équipe prélèvent régulièrement des carottes de glace

GALTÜR : Le glacier Jamtal en Autriche, la scientifique Andrea Fischer le connaît comme sa poche. Mais jamais "elle n'aurait imaginé qu'il fonde de manière aussi spectaculaire que cet été", emportant dans le processus des données précieuses.

Au fil du réchauffement climatique, "nos archives disparaissent", s'inquiète-t-elle, tout en examinant à ses pieds la glace qui, à certains endroits, se mêle à la terre, donnant au paysage un aspect grisâtre.

Depuis plus de 20 ans, Mme Fischer scrute à la loupe Jamtal et d'autres glaciers de la région montagneuse du Tyrol.

Dans ces capsules temporelles uniques, permettant de remonter à des milliers d'années, elle et son équipe prélèvent régulièrement des carottes de glace.

Ils peuvent ensuite les dater en procédant à des mesures de carbone 14 sur des débris végétaux restés emprisonnés à travers le temps.

L'analyse des différentes couches permet de "comprendre le climat du passé et de créer des modèles pour l'avenir", explique la chercheuse.

Sept mètres de perdus

Une tâche qui devient toutefois de plus en plus complexe pour la directrice adjointe de l'Institut de recherche sur la montagne d'Innsbruck, rattaché à l'Académie des Sciences.

Car la fonte, indicatrice du changement climatique, s'est accélérée ces 20 dernières années, selon une étude publiée dans Nature en avril 2021.

Sur les 220 000 glaciers de la planète, les 4 000 localisés dans les Alpes ont particulièrement rétréci et la plupart sont voués à s'évaporer.

"Cette année est insensée en comparaison de la moyenne des 6 000 dernières années", lance Andrea Fischer. "A ce rythme, Jamtal ne sera plus un glacier dans cinq ans".

Elle a même dû avancer de quelques jours une opération de forage à 14 mètres de profondeur, devant les températures exceptionnellement élevées.

En temps normal, la neige protège le glacier du soleil pendant l'été, mais le peu de flocons tombés l'hiver dernier avait déjà disparu début juillet.

"Le glacier est donc entièrement exposé au soleil pendant deux mois", souligne la scientifique.

L'impact pour la recherche est dévastateur: Mme Fischer pronostique une perte de sept mètres de glace cette année, contre un mètre habituellement, "ce qui correspond à l'analyse de 300 ans de changement climatique" partie en fumée.

«Mon coeur saigne»

La situation engendre en outre des risques supplémentaires du fait des vagues de chaleur qui rendent les terrains instables - comme au glacier de la Marmolada en Italie, où un énorme bloc s'est effondré en juillet, tuant onze personnes.

Sans oublier les autres répercussions: au-delà de leur rôle économique vital pour attirer les touristes, les glaciers autrichiens alimentent en été les grandes rivières et contribuent au réseau hydraulique.

Au village voisin de Galtür, qui compte 870 habitants, le club alpin a pris les devants et propose déjà une randonnée intitulée "Goodbye, glacier!" pour tenter de susciter une prise de conscience autour du réchauffement.

Sa responsable Sarah Mattle évoque un sentiment de "gravité" des visiteurs "quand ils prennent réellement conscience de ce qu'ils entendent et voient dans les médias".

Quand la glace s'efface, elle laisse certes la place en quelques années à une vingtaine d'espèces différentes de plantes, essentiellement des mousses.

C'est l'occasion de découvrir "de nouveaux chemins de randonnées, plus accessibles", ajoute aussi la montagnarde de 34 ans.

Pourtant, à l'image de nombreux Autrichiens émotionnellement attachés à leurs glaciers, Gottlieb Lorenz, lui, ne peut accepter l'idée.

Son arrière-grand-père a été le premier gérant du refuge de Jamtal, situé à 2.165 mètres d'altitude.

"Mon coeur saigne quand je pense à la magnificence passée", confie le sexagénaire, montrant une photo de 1882 où le chalet apparaît entouré d'une épaisse couche blanche.

Aujourd'hui, il faut marcher 1 heure et demie avant d'atteindre la glace.


«Effroi» du Festival de Cannes après la mort d'une photojournaliste palestinienne

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.  "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film. "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
Short Url
  • La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi
  • Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025

PARIS: Le Festival de Cannes a exprimé mercredi "son effroi et sa profonde tristesse" après la mort d'une photojournaliste palestinienne, protagoniste d'un film qui doit être présenté cette année sur la Croisette et de plusieurs membres de sa famille, tués par un missile à Gaza.

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.

"Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP.

Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025. (Elle) est l'une des trop nombreuses victimes de la violence qui embrase la région depuis des mois".

"Le Festival de Cannes souhaite exprimer son effroi et sa profonde tristesse face à cette tragédie qui a ému et choqué le monde entier. Si un film est bien peu de chose face à un tel drame, (sa projection à l'Acid à Cannes le 15 mai) sera, en plus du message du film lui-même, une manière d'honorer la mémoire (de la jeune femme), victime comme tant d'autres de la guerre", a-t-il ajouté.

La réalisatrice Sepideh Farsi a rendu hommage jeudi dernier à la jeune femme, qui lui racontait, par appels vidéo, la vie à Gaza. "Je demande justice pour Fatem (ou Fatima, NDLR) et tous les Palestiniens innocents qui ont péri", a-t-elle écrit.

Reporters sans Frontières avait dénoncé sa mort, regrettant que son nom "s'ajoute aux près de 200 journalistes tués en 18 mois".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 51.266 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre.


La danse des dauphins, vedette des îles Farasan

L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
Short Url
  • L'observation de 5 espèces de dauphins met en évidence la biodiversité
  • Il est vital de coexister avec la vie marine, déclare un pêcheur local

RIYADH : L'observation de plus de cinq espèces de dauphins a renforcé la réputation des îles Farasan en tant que lieu de visite incontournable pour les amateurs de nature et d'animaux sauvages, a récemment rapporté l'agence de presse saoudienne.

Parmi les espèces observées, les grands dauphins et les dauphins à long bec volent la vedette. Les dauphins à long bec, connus pour leur nature enjouée, s'approchent souvent des croisières de loisir, ravissant les gens par leur charme.

Le pêcheur saoudien Mohammed Fursani, qui navigue dans ces eaux depuis longtemps, y voit un lien plus profond.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
Short Url
  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).