PARIS : Plusieurs réacteurs nucléaires d'EDF ont été contraints d'abaisser leur production en raison des températures élevées des cours d'eau utilisées pour leur refroidissement, a indiqué l'entreprise vendredi, tandis que les dérogations environnementales dont bénéficient certains sites étaient étendues.
"Les conditions climatiques exceptionnelles actuelles se traduisent par une montée de la température de la Garonne qui a atteint 28 degrés", indique EDF.
"A la demande du gestionnaire de réseau d'électricité national (RTE), l'unité de production n°2 de la centrale de Golfech reste en production (puissance minimale)", poursuit le producteur d'électricité.
Cette puissance minimale correspond à environ 300 MW, contre 1 300 MW normalement. Le second réacteur de la centrale située dans le Tarn-et-Garonne est pour sa part en arrêt programmé.
Chaque centrale a ses propres limites réglementaires de température de rejet de l'eau à ne pas dépasser, afin de ne pas échauffer les cours d'eau environnants et d'en protéger la faune et la flore. Les centrales pompent en effet l'eau pour le refroidissement des réacteurs, avant de la rejeter.
Les arrêtés fixant les limites de rejet prévoient également des seuils plus élevés "en conditions climatiques exceptionnelles", comme c'est le cas actuellement à Golfech.
En outre, des dérogations temporaires peuvent encore relever les seuils, ce qui a été accordé à quatre centrales nucléaires, dont celle du Bugey (Ain), alors que la France traverse un nouvel épisode caniculaire.
"Les conditions climatiques exceptionnelles que nous connaissons depuis quelques jours se traduisent par une montée de la température du Rhône, qui a atteint plus de 25 degrés", constate EDF dans un point distinct sur la centrale du Bugey.
"Les unités de production n°2 et 5 ont été maintenues sur le réseau dans le respect des dispositions relatives aux situations climatiques exceptionnelles", indique le groupe.
Ces deux réacteurs ont "dû effectuer des baisses de charge", autrement dit réduire leur puissance, a précisé une porte-parole d'EDF à l'AFP.
Les deux autres réacteurs de la centrale sont pour leur part en arrêt pour une maintenance programmée.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a par ailleurs prolongé jusqu'au 11 septembre la dérogation environnementale, qui courait initialement jusqu’au 7 août, dont bénéficiaient quatre centrales pour qu'elles puissent continuer à fonctionner, a indiqué à l'AFP le ministère de la Transition énergétique.
"L’ASN a également autorisé, hier (jeudi), une cinquième autorisation de dérogation, concernant celle de Tricastin", a-t-on ajouté au ministère, qui doit encore avaliser formellement cette décision.
"Lorsque cette décision sera homologuée par l’Etat, les centrales de Bugey, Blayais, Golfech, Saint Alban et Tricastin bénéficieront d’une dérogation jusqu’au 11 septembre", a résumé la même source.
Les rejets feront l'objet d'un suivi "renforcé et quotidien" des effets sur la faune et la flore, tandis qu'EDF tirera un bilan à l'issue de la période, a souligné le ministère.
EDF avait prévenu qu'il pourrait être contraint d'abaisser sa production nucléaire ces prochains jours et même arrêter un réacteur de la centrale du Tricastin (Drôme) en raison des températures élevées des fleuves.
Des baisses de production pour ces raisons interviennent régulièrement en période estivale, même si cette année elles sont intervenues beaucoup plus tôt que d'habitude - dès le mois de mai.
EDF relativise la portée de ces événements, soulignant que depuis 2000, les pertes de production ont représenté en moyenne 0,3% de la production annuelle du parc.