ALGER: La publication d’une vidéo humoristique d’Anes Tina, un youtubeur algérien, a provoqué un tollé en Algérie, jugée comme étant ouvertement discriminatoire, voire raciste.
Dans la vidéo en question, le youtubeur, a tourné en dérision le comportement de certains jeunes durant l’été.
On reproche à ce dernier d’avoir eu recours à une appellation jugée offensante et discriminatoire pour désigner, par une appellation péjorative, une catégorie de la population: les Kahwis, qu’on peut traduire par « les marrons », en référence au teint foncé par le soleil de ces personnes.
Ce terme désigne une catégorie de jeunes en Algérie, majoritairement issus de la classe populaire, qui sont souvent impliqués dans des agissements inciviles. Tels que le harcèlement de rue, la consommation de drogues, les agressions et les troubles à l’ordre public.
À la fin de la vidéo, le jeune podcasteur, humoriste et comédien algérien a tenu à préciser, toujours sur le ton de la plaisanterie, que ce terme ne fait aucunement référence à la couleur de la peau. « L’on se doit de dire que le Kahwisme n’a rien à voir avec la couleur de la peau ni la classe sociale, tu peux être un kahwi même si ta peau est d’une blancheur virginale et que tu vis dans un quartier de bourge. Car le Kahwisme est, avant tout, une idéologie et un état d’esprit ».
Sociologie de comptoir
Sur la toile, les opinions divergent concernant l’utilisation de ce terme. Engendrant même une polémique sur les réseaux sociaux.
Dénonçant une « sociologie de comptoir », certains considèrent que le terme porte une forte connotation raciale et dénonce une forme de coloriste doublée d’ « un mépris de classe ».
« J'ai l'impression que c'est un vestige de l'indigénat. Il y aurait d'un côté les blancs qui sont civilisés et qui savent bien se tenir et de l'autre la meute des sauvageons Kahwis. C’est de l'indigence intellectuelle ».
Tandis que d’autres appuient que le message derrière cette vidéo, censée être divertissante, est de dénoncer par la comédie, des réalités sociales et certains comportements inadmissibles perpétrés par un certain groupe de marginaux, ajoutant que le terme kahwi ne fait pas référence à leur couleur de peau, mais aux effets du soleil sur leur peau.
« Anes Tina n’a pas inventé ce mot » écrit une internaute, « le but ultime du message est de tourner en dérision et de dénoncer surtout le comportement non civilisé et profondément gênant pour le reste des citoyens : ça tout le monde le pense et le dit, si ça peut aider à sensibiliser la société, on en serait que heureux. »
De nombreuses personnes sont venus à la défense d’Anes Tina appuyant qu’il ne fait que « reprendre les mots de la rue, les maux de la rue, à chaque époque son dialecte et un artiste qui reste a distance de ces maux est un rêveur platonique sans plus » peut-on lire sur les réseaux sociaux.
De son vrai nom, Anes Bouzeghoub, le jeune homme de 33 ans qui s’est fait connaître grâce à des sketchs oú il aborde des thèmes sociaux avec dérision et second degré, est suivi par des millions de personnes sur les réseaux sociaux.