KHARTOUM : Des centaines de manifestants défilent mardi au Soudan contre le putsch militaire et la résurgence des violences tribales qui ont causé plus de 100 morts en juillet, ont constaté des jounalistes de l'AFP.
Le principal bloc politique civil, les Forces de la liberté et du changement (FLC), avait appelé en ligne à une mobilisation massive pour "la coexistence pacifique" dans une "nation unie" entre les multiples ethnies et tribus des 45 millions de Soudanais.
L'Etat du Nil Bleu, dans le Sud, a récemment été endeuillé par un conflit tribal pour la terre qui a fait une centaine de morts avant de dégénérer en violences à travers plusieurs Etats du pays, l'un des plus pauvres au monde.
A Khartoum, les manifestants défilent sous des drapeaux soudanais chantant en coeur "il y a de la place pour tous au Soudan" et "non au tribalisme et au régionalisme" quand d'autres appellent les militaires "à retourner dans leurs casernes", selon un journaliste de l'AFP sur place.
D'anciens ministres civils -limogés lors du coup d'Etat du général Abdel Fattah al-Burhane depuis dirigeant de facto du Soudan- participent aux défilés.
Certains militants pro-démocratie ont rejeté cette participation, accusant ces politiciens d'avoir "trahi" la "révolution" populaire en acceptant de négocier avec les militaires quand, eux, réclament une éviction pure et simple des généraux depuis la fin de la dictature d'Omar el-Béchir en 2019.
Le 25 octobre, le putsch de M. Burhane a fait dérailler la transition démocratique. Depuis, les manifestants le conspuent chaque semaine et la communauté internationale a gelé son aide pourtant vitale.
Selon l'ONU, un Soudanais sur trois a besoin d'aide humanitaire dans un pays où l'inflation avoisine chaque mois les 200%, la monnaie est en chute libre et le prix du pain a été multiplié par dix depuis le putsch.
Les manifestations ont été ravivées le 30 juin, lorsque des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées et que neuf personnes ont été tuées, selon des médecins.
Début juillet, le général Burhane a annoncé que l'armée laissait les civils seuls former un "gouvernement de personnalités compétentes".
Le lendemain, les FLC dénonçaient une "tactique" pour maintenir l'influence de l'armée.
En tout, 115 personnes ont été tuées et des milliers blessées dans la répression, selon des médecins prodémocratie. En outre, l'ONU accuse les forces de sécurité du viol d'au moins 13 manifestantes.