Les enregistrements d'Al-Maliki laissent présager l'échec de la formation d'un gouvernement en Irak

Nouri al-Maliki, secrétaire général du parti islamique Dawan en Irak, croit, semble-t-il, à la légitimité de la violence politique. (Photo d'archive AFP)
Nouri al-Maliki, secrétaire général du parti islamique Dawan en Irak, croit, semble-t-il, à la légitimité de la violence politique. (Photo d'archive AFP)
L'homme fort de l'Irak, Nouri al-Maliki (le deuxième sur la gauche), assiste à une réunion politique au palais présidentiel de Bagdad, le 27 février 2019. (Fichier AFP)
L'homme fort de l'Irak, Nouri al-Maliki (le deuxième sur la gauche), assiste à une réunion politique au palais présidentiel de Bagdad, le 27 février 2019. (Fichier AFP)
Nouri al-Maliki, secrétaire général du parti islamique Dawan en Irak, croit, semble-t-il, à la légitimité de la violence politique. (Photo d'archive AFP)
Nouri al-Maliki, secrétaire général du parti islamique Dawan en Irak, croit, semble-t-il, à la légitimité de la violence politique. (Photo d'archive AFP)
Nouri al-Maliki, secrétaire général du parti islamique Dawan en Irak, croit, semble-t-il, à la légitimité de la violence politique. (Photo d'archive AFP)
Nouri al-Maliki, secrétaire général du parti islamique Dawan en Irak, croit, semble-t-il, à la légitimité de la violence politique. (Photo d'archive AFP)
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Publié le Mardi 26 juillet 2022

Les enregistrements d'Al-Maliki laissent présager l'échec de la formation d'un gouvernement en Irak

  • Dans les enregistrements présumés, on entend l'ancien Premier ministre dénoncer ses rivaux politiques et évoquer une guerre civile imminente
  • C'est au mois d’octobre 2021 que se sont tenues les élections législatives anticipées en Irak; toutefois, le pays n'est pas parvenu à former un nouveau gouvernement

ERBIL (Kurdistan irakien): Si l'on isole ces enregistrements sonores de leur contexte, ils semblent assez banals. Ils ne font qu'attester une réalité connue de tous en Irak: la profonde antipathie qui existe entre les protagonistes chiites les plus puissants du pays (Nouri al-Maliki et Moqtada al-Sadr) et la complexité des relations qu'ils entretiennent avec les autres responsables irakiens. 

Aux yeux des analystes, ces enregistrements révèlent les fortes divisions et les inimitiés tenaces qui gangrènent la scène politique irakienne et entraveront probablement davantage la formation d'un gouvernement dans les mois à venir. 

Parmi ces bandes sonores, connues en Irak sous le nom de «Maliki Wikileaks», on peut entendre l'homme qui a été Premier ministre entre 2006 et 2014 dénoncer ses rivaux politiques et évoquer la guerre civile qui se dessinerait. 

«L'Irak se trouve à l’aube d'une guerre meurtrière dont personne ne sortira indemne si on ne déjoue pas le projet de Moqtada al-Sadr, Massoud Barzani et Mohamed al-Halbousi […] et je n'hésiterai pas à attaquer Nadjaf s'il le faut», déclare Al-Maliki dans l'un des nombreux enregistrements dont il conteste cependant l'authenticité. 

Il allègue également que le Royaume-Uni manigance un complot qui vise à confier à Al-Sadr le commandement des chiites d'Irak pour l'assassiner ensuite, ce qui restaurera la suprématie des sunnites sur le pays. 

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Sur cette pancarte, on voit le religieux chiite irakien Moqtada al-Sadr lors d'une prière du vendredi à Sadr City, à l'est de Bagdad, le 15 juillet 2022. (AFP) 

Ces enregistrements ont été publiés par le journaliste et activiste Ali Fadhel. Ils remontent vraisemblablement à deux mois, voire davantage, puisqu'ils évoquent la coalition parlementaire tripartite «Sauver la patrie» (composée du Mouvement sadriste, du Parti démocratique du Kurdistan [PDK] de Barzani et du Parti du progrès d’Al-Halbousi). Cette coalition a affronté les partis chiites favorables à l'Iran sous l'égide du Cadre de coordination (CC), auquel appartient la Coalition de l'État de droit de Nouri al-Maliki. 

Al-Sadr a exigé la démission de ses soixante-treize députés à la mi-juin. Il s'était efforcé pendant des mois de former un gouvernement majoritaire sans le Cadre de coordination. Ce dernier prône en effet un autre type de gouvernement fondé sur le consensus, ce qui constitue la norme en Irak depuis 2003. 

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Les enregistrements ont été publiés par le journaliste et activiste Ali Fadhel et ils remontent à deux mois, voire davantage. (Capture d'écran de Twitter) 

Après la démission massive des sadristes, l'alliance baptisée «Sauver la patrie» a pris fin, et avec elle la perspective d'un gouvernement majoritaire en Irak. 

Le CC négocie depuis lors la formation d'un nouveau gouvernement avec les autres blocs parlementaires. 

C'est au mois d’octobre 2021 que se sont tenues les élections législatives anticipées en Irak. Toutefois, le pays n'est pas parvenu à ce jour à constituer un nouveau gouvernement. La gouvernance du pays est actuellement confiée au gouvernement intérimaire dirigé par Moustafa al-Kazimi, le Premier ministre actuel. 

Quelques chiffres

La population de l'Irak est de 39,3 millions d'habitants. 


Le taux de croissance du PIB se chiffre à 3,9%. (PPA) 


Le taux de chômage représente 12,8% de la population.  


Le PIB avoisine les 708,3 milliards de dollars, soit 695 milliards d’euros. (PPA) 


Source: The Heritage Foundation (2021) 

À première vue, l'Irak semble s'acheminer vers une instabilité plus marquée. Après avoir démissionné du Parlement, les sadristes sont retournés dans la rue. Ici, Al-Sadr a maintes fois fait la preuve d’une aptitude à mobiliser en un rien de temps des centaines de milliers de partisans dévoués; ces derniers vivent pour la plupart dans la pauvreté et nourrissent un sentiment de colère à l'égard de l'élite politique. 

L'impasse dans laquelle se trouve le Parlement perdure et l'espoir de former un nouveau gouvernement reste hypothétique. Les dix mois qui se sont écoulés depuis les dernières élections ne sont pas parvenus à changer le cours des choses. Les déclarations incendiaires d'Al-Maliki viennent aujourd'hui couronner ce tableau complexe. 

L'Irak risque-t-il d'être ravagé par une violente conflagration, ou même par une sorte de guerre civile, si la situation actuelle se prolonge? 

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Des membres qui appartiennent au groupe paramilitaire Hachd al-Chaabi escortent un cortège funéraire à Bagdad, le 26 octobre 2019. (AFP) 

«Dans ses propos, M. Al-Maliki semble faire allusion à une recrudescence susceptible de conduire à des affrontements dans les rues; on a déjà assisté à de tels heurts entre les factions chiites», confie à Arab News Joel Wing, qui tient le blog Musings on Iraq («Réflexions sur l’Irak»). 

Les enregistrements sont authentiques, selon Joel Wing, qui fait remarquer que seuls Al-Maliki et ses alliés ont nié leur authenticité. 

Il rappelle que le Cadre de coordination a déjà recouru à la violence politique depuis les élections d'octobre, notamment en bombardant les maisons et les bureaux qui appartenaient à des partis politiques adverses. Le Kurdistan irakien, lui aussi, a été la cible d'une succession de tirs de roquettes et de drones. L'objectif était de soumettre le PDK à une certaine pression. 

«Les partis politiques se sentent de plus en plus frustrés de ne pas parvenir à former un gouvernement», explique M. Wing. «Les commentaires de M. Al-Maliki ne font qu'aggraver une situation déjà précaire. On constate en écoutant son discours sur la violence politique que certains dirigeants sont prêts à aller jusqu'au bout pour éliminer leurs adversaires.» 

Pour M. Wing, aucun signe ne semble présager un dénouement imminent de l'impasse politique dans laquelle se trouve le pays. Cette situation attisera les tensions et augmentera le risque d'affrontements armés, selon lui. Néanmoins, il ne craint pas que la situation actuelle en Irak ne dégénère en un conflit entre chiites ou en une guerre civile. 

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Un manifestant irakien brandit un drapeau géant du Hachd al-Chaabi lors d'un rassemblement destiné à célébrer la journée d'Al-Qods (Jérusalem) dans la rue Abou-Nawas, à Bagdad, le 29 avril 2022. (Sabah Arar/ AFP) 

«Je ne redoute pas la guerre civile. Toutefois, le Cadre et les Sadristes ont déjà fait usage de violence par le passé et ils risquent d'aller encore plus loin dans la mesure où les partis politiques ne parviennent pas à trouver le moindre compromis», souligne-t-il. 

L'impasse politique persistera probablement, puisque le Cadre et les partis kurdes ne parviennent pas à élire le prochain président ni le futur Premier ministre. 

Pour que le Parlement élise le prochain Premier ministre, il est indispensable de désigner le candidat à la présidence, un poste symbolique réservé aux Kurdes en Irak. Cependant, le PDK et l'Union patriotique du Kurdistan ne se sont pas encore accordés sur le choix d'un candidat. 

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Des membres du groupe paramilitaire du Hachd al-Chaabi escortent un cortège funéraire à Bagdad, le 26 octobre 2019. (AFP) 

Plus encore, «de profonds clivages divisent les membres du Cadre lui-même au sujet du choix du Premier ministre», comme le souligne M. Wing. 

«Voilà pourquoi on évoque de plus en plus la possibilité d'organiser de nouvelles élections ou de garder simplement le Premier ministre actuel en poste», ajoute-t-il. 

Tout comme M. Wing, Kyle Orton, analyste indépendant et spécialiste du Moyen-Orient, estime que les enregistrements de M. Al-Maliki sont authentiques. 

«On constate à travers les enregistrements divulgués que M. Al-Maliki est toujours convaincu de la légitimité de la violence politique; il adopte donc la position du parti Dawa, que la Révolution iranienne a formé en 1979», confie-t-il à Arab News. 

«Cette position est assez courante en Irak: depuis la chute de Saddam Hussein, de nombreux politiciens font de la politique le jour et se livrent au terrorisme la nuit.» 

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Les enregistrements ont été publiés par le journaliste et activiste Ali Fadhel et ils remontent à deux mois, voire davantage. (Capture d'écran de Twitter) 

M. Orton est lui aussi convaincu que les enregistrements divulgués n'entraîneront pas de «guerre civile» imminente. Bien au contraire, «ils montrent avant tout que, en Irak, la politique obéit aux règles du jeu établies par le CGRI [Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran]», estime-t-il. 

«Ce sont les mandataires de l'Iran qui se livrent à une lutte de factions, même si le jeu paraît un peu plus brutal qu'il ne l'était dans le passé», affirme-t-il. «Mais le CGRI commande le dispositif de sécurité en Irak. De fait, ses milices contrôlent les rues et il ne tolérera donc pas qu’un tel effondrement se produise.» 

M. Orton conclut par ces mots: «Pour prévoir le dénouement de la situation, il faut chercher la réponse du côté de Téhéran: les Iraniens seront-ils contrariés par le fait qu’Al-Sadr franchit les limites ou estimeront-ils qu'Al-Maliki est trop affaibli sur le plan politique pour rester dans la course?» 

Nicholas Heras, directeur adjoint de l'unité de sécurité humaine au Newlines Institute for Strategy and Policy, n'est pas d'accord avec M. Wing et il n'écarte pas la possibilité d'une guerre civile entre chiites. 

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Des membres du groupe paramilitaire Hachd al-Chaabi escortent un cortège funéraire à Bagdad, le 26 octobre 2019. (AFP) 

«Al-Sadr n’a pas attendu les enregistrements pour savoir qu'Al-Maliki le déteste», déclare M. Heras à Arab News. «Moqtada Al-Sadr a bâti sa carrière politique en dénigrant Nouri al-Maliki, dénonçant son manque d'intérêt pour les besoins du peuple irakien, notamment ceux des chiites.» 

«L'Irak se dirige tout droit vers une guerre civile intrachiite. La situation dans le pays a pris une tournure inquiétante. Les tensions les plus vives sont celles que l’on observe au sein de la communauté chiite». 

Au sujet de l'avenir de l'Irak, M. Heras précise qu’«il s'agit principalement d'un conflit entre Al-Sadr et ses alliés d'une part, et un grand nombre de politiciens chiites et les milices qui leur sont affiliées d'autre part». 

«Les Kurdes et les sunnites se contentent de suivre le déroulement du conflit qui se profile à l'horizon à toutes fins utiles», conclut-il. 


1983 – L'attaque contre les Marines américains à Beyrouth

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  • Les dégâts sont énormes au quartier général des Marines
  • Quatre couches de ciment s'étaient effondrées pour former des tas de décombres, des incendies brûlaient et l'on entendait beaucoup de cris au milieu du sang

BEYROUTH: Le 23 octobre 1983, aux alentours de 6h25, une violente déflagration secoue Beyrouth et sa banlieue, jusque dans les hauteurs montagneuses. Le souffle, sourd et diffus, fait d’abord penser à un tremblement de terre.

Mais sept minutes plus tard, une seconde explosion, bien plus puissante, déchire la ville et ses environs, dissipant toute confusion: Beyrouth venait de vivre l’un des attentats les plus meurtriers de son histoire.

Je travaillais alors pour le journal libanais As-Safir en tant que correspondant de guerre. Beyrouth était assiégée, dans sa banlieue sud, dans les montagnes et dans la région du Kharoub, par des affrontements entre le Parti socialiste progressiste et ses alliés d'une part, et les Forces libanaises d'autre part, dans ce que l'on appelait la «guerre des montagnes».

Le sud du pays a également été le théâtre de la résistance armée des combattants libanais contre l'occupation israélienne. Ces combattants étaient liés à des partis de gauche et, auparavant, à des factions palestiniennes.

Des forces multinationales, notamment américaines, françaises et italiennes, avaient été stationnées à Beyrouth après le retrait des dirigeants et des forces de l'Organisation de libération de la Palestine, à la suite de l'agression israélienne contre le Liban et de l'occupation de Beyrouth en 1982.

Quelques minutes après les explosions, la réalité s’impose avec brutalité: le quartier général des Marines américains, situé sur la route de l’aéroport de Beyrouth, ainsi que la base du contingent français dans le quartier de Jnah, ont été ciblés par deux attaques-suicides coordonnées.

Les assaillants, non identifiés, ont lancé des camions piégés – chargés de plusieurs tonnes d’explosifs – contre les deux sites pourtant fortement sécurisés, provoquant un carnage sans précédent.

Comment nous l'avons écrit

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Au lendemain des attentats, Arab News faisait état de 120 morts parmi les Marines et de 20 morts parmi les Français, un chiffre nettement inférieur au décompte final.

L'attaque de la base américaine a tué 241 militaires américains – 220 Marines, 18 marins et trois soldats – et en a blessé des dizaines. Le bombardement du site militaire français a tué 58 parachutistes français et plus de 25 Libanais.

Ces attentats étaient les deuxièmes du genre à Beyrouth; un kamikaze avait pris pour cible l'ambassade des États-Unis à Aïn el-Mreisseh six mois plus tôt, le 18 avril, tuant 63 personnes, dont 17 Américains et 35 Libanais.

Les dégâts sont énormes au quartier général des Marines. Quatre couches de ciment s'étaient effondrées pour former des tas de décombres, des incendies brûlaient et l'on entendait beaucoup de cris au milieu du sang, des morceaux de corps et de la confusion. Voici ce que nous, journalistes, avons pu voir au milieu du chaos qui régnait immédiatement après la catastrophe, et ce qui reste gravé dans ma mémoire plus de 40 ans plus tard.

La nuit précédente, un samedi, les Marines avaient fait la fête, divertis par un groupe de musique qui avait fait le voyage depuis les États-Unis pour se produire devant eux. La plupart dormaient encore lorsque la bombe a explosé.

Aucun groupe n'a revendiqué les attentats ce jour-là, mais quelques jours plus tard, As-Safir a publié une déclaration qu'il avait reçue et dans laquelle le «Mouvement de la révolution islamique» déclare en être responsable.

Environ 48 heures après l’attentat, les autorités américaines pointent du doigt le mouvement Amal, ainsi qu’une faction dissidente dirigée par Hussein al-Moussawi, connue sous le nom d’Amal islamique, comme étant à l’origine de l’attaque.

Selon la presse locale de l’époque, la planification de l’attentat aurait eu lieu à Baalbeck, dans la région de la Békaa, tandis que le camion utilisé aurait été aperçu garé devant l’un des bureaux du mouvement Amal.

Le vice-président américain, George H.W. Bush, s'est rendu au Liban le lendemain de l'attentat et a déclaré: «Nous ne permettrons pas au terrorisme de dicter ou de modifier notre politique étrangère.»

La Syrie, l'Iran et le mouvement Amal ont nié toute implication dans les deux attentats.

En riposte à l’attaque visant leurs soldats, les autorités françaises ont lancé une opération militaire d’envergure: huit avions de chasse ont bombardé la caserne Cheikh Abdallah à Baalbeck, que Paris considérait comme un bastion de présences iraniennes.

À l’époque, les autorités françaises ont affirmé que les frappes avaient fait environ 200 morts.

Un responsable de l'Amal islamique a nié que l'Iran disposait d'un complexe dans la région de Baalbeck. Toutefois, il a reconnu le lien idéologique fort unissant son groupe à Téhéran, déclarant: «L’association de notre mouvement avec la révolution islamique en Iran est celle d’un peuple avec son guide. Et nous nous défendons.»

Le 23 novembre, le cabinet libanais a décidé de rompre les relations avec l'Iran et la Libye. Le ministre libanais des Affaires étrangères, Elie Salem, a déclaré que la décision «a été prise après que l'Iran et la Libye ont admis qu'ils avaient des forces dans la Békaa».

Un rapport d'As-Safir cite une source diplomatique: «Les relations avec l'Iran se sont détériorées en raison des interventions, pratiques et activités illégales qu'il a menées sur la scène libanaise, malgré de nombreux avertissements.»

Les attentats du 23 octobre étaient jusqu'alors le signe le plus évident de l'évolution de l'équilibre des forces régionales et internationales au Liban et de l'émergence d'un rôle iranien de plus en plus important dans la guerre civile.

Le chercheur Walid Noueihed m'a expliqué qu'avant 1982, Beyrouth avait accueilli toutes les formes d'opposition, y compris l'élite éduquée, appelée «opposition de velours», et l'opposition armée, dont les membres étaient formés dans des camps ou des centres d'entraînement palestiniens dans la vallée de la Békaa et au Liban-Sud.

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Vue aérienne de l'ambassade américaine à Beyrouth après l'explosion qui a fait 63 morts, dont 46 Libanais et 17 Américains. (AFP)

Il a indiqué que l'opposition iranienne au chah était présente parmi ces groupes et a décrit Beyrouth comme une oasis pour les mouvements d'opposition jusqu'en 1982. Toutefois, cette dynamique a changé lorsqu'Israël a envahi le Liban et assiégé Beyrouth, ce qui a entraîné le départ de l'OLP en vertu d'un accord international qui exigeait en échange qu'Israël s'abstienne de pénétrer dans Beyrouth.

Si les factions palestiniennes ont quitté le Liban, ce n'est pas le cas des combattants libanais associés à l'OLP, pour la plupart des chiites qui constituaient la base des partis de gauche libanais.

Les attaques contre les bases militaires américaines et françaises ont entraîné le retrait des forces internationales du Liban, explique M. Noueihed, laissant une fois de plus Beyrouth sans protection. Les opérations de résistance se sont multipliées, influencées par des idéologies distinctes de celles de la gauche traditionnelle, des groupes comme l'Amal islamique affichant ouvertement des slogans prônant la confrontation avec Israël.

En 1985, le Hezbollah est officiellement créé en tant qu'«organisation djihadiste menant une révolution pour une république islamique». Il s'est attiré le soutien des partis de gauche libanais et palestiniens, en particulier après l'effondrement de l'Union soviétique.

Selon M. Noueihed, l'émergence du Hezbollah a coïncidé avec le déclin des symboles existants de la résistance nationale, ce qui semble indiquer une intention d'exclure toutes les autres forces du pays du mouvement de résistance, laissant le Hezbollah comme parti dominant.

L'influence iranienne au Liban est devenue évidente lors des violents affrontements entre le Hezbollah et Amal, qui ont fait des dizaines de victimes et se sont terminés par la consolidation du contrôle du Hezbollah au milieu de la présence des forces militaires syriennes.

Beyrouth se vide peu à peu de son élite intellectuelle, a souligné M. Noueihed. Des centaines d’écrivains, d’intellectuels, de chercheurs et de professionnels des médias ont fui vers l’Europe, redoutant pour leur sécurité, laissant derrière eux une ville désertée par ceux qui faisaient autrefois vibrer sa vie culturelle et académique.

Najia Houssari est rédactrice pour Arab News, basée à Beyrouth. Elle était correspondante de guerre pour le journal libanais As-Safir au moment du bombardement de la caserne des Marines américains.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le ministre irakien des Affaires étrangères en visite officielle aux États-Unis

 Le ministre irakien des affaires étrangères, Fuad Hussein. (File/AFP)
Le ministre irakien des affaires étrangères, Fuad Hussein. (File/AFP)
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  • La visite s'inscrit dans le cadre de l'engagement diplomatique continu entre les deux pays dans un contexte d'évolution de la dynamique régionale
  • "Nous discuterons des moyens de renforcer la sécurité commune et la coopération dans divers domaines", a déclaré le ministre des affaires étrangères.

DUBAI : Le ministre irakien des Affaires étrangères, Fuad Hussein, s'est envolé jeudi pour les Etats-Unis afin de participer à une série de réunions bilatérales visant à renforcer les liens entre Bagdad et Washington.

Dans une déclaration partagée sur la plateforme X et rapportée par l'Agence de presse irakienne, M. Hussein a déclaré que la visite se concentrera sur le renforcement des relations irako-américaines et la coordination des efforts sur les questions régionales et internationales clés.

"Nous discuterons des moyens de renforcer la sécurité commune et la coopération dans divers domaines", a déclaré le ministre des affaires étrangères.

Cette visite s'inscrit dans le cadre d'un engagement diplomatique continu entre les deux pays, dans un contexte d'évolution de la dynamique régionale.


Gaza: 22 morts dans des bombardements israéliens, selon secouristes et hôpitaux

L'hôpital indonésien à Jabalia dit avoir reçu les corps de neuf victimes après un bombardement israélien sur un commissariat de police de cette ville du nord du territoire palestinien. (AFP)
L'hôpital indonésien à Jabalia dit avoir reçu les corps de neuf victimes après un bombardement israélien sur un commissariat de police de cette ville du nord du territoire palestinien. (AFP)
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  • L'armée israélienne a confirmé dans un communiqué avoir effectué une frappe dans la région de Jabalia, précisant qu'elle ciblait "des terroristes opérant dans un centre de commandement et de contrôle du Hamas et du Jihad islamique"
  • Une autre frappe aérienne sur une maison dans le nord de la ville de Gaza, dans le nord du territoire palestinien, a tué une famille de six personnes, un couple et ses quatre enfants, a indiqué la Défense civile à Gaza

GAZA: Au moins 22 personnes, dont six membres d'une même famille, ont été tuées dans de nouveaux bombardements israéliens sur la bande de Gaza jeudi matin, ont annoncé la Défense civile palestinienne et des sources hospitalières.

L'hôpital indonésien à Jabalia dit avoir reçu les corps de neuf victimes après un bombardement israélien sur un commissariat de police de cette ville du nord du territoire palestinien.

L'armée israélienne a confirmé dans un communiqué avoir effectué une frappe dans la région de Jabalia, précisant qu'elle ciblait "des terroristes opérant dans un centre de commandement et de contrôle du Hamas et du Jihad islamique".

Une autre frappe aérienne sur une maison dans le nord de la ville de Gaza, dans le nord du territoire palestinien, a tué une famille de six personnes, un couple et ses quatre enfants, a indiqué la Défense civile à Gaza.

Cette organisation de secouristes a aussi fait état de deux morts dans une frappe sur une tente de personnes déplacées à Khan Younès, dans le sud.

Toujours à Khan Younès, l'hôpital Nasser annonce avoir reçu les dépouilles de deux victimes après une frappe sur une maison familiale. L'hôpital des martyrs d'al-Aqsa dit, lui, avoir reçu trois corps après une frappe sur une tente de personnes déplacées dans le camp de Nuseirat (centre).

Rompant une trêve de près de deux mois dans la guerre déclenchée il y a plus d'un an et demi, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre dans la bande de Gaza, où au moins 1.928 Palestiniens ont été tués depuis selon le ministère de la Santé du Hamas.

Ce bilan porte à 51.305 le nombre de morts dans la bande de Gaza, selon la même source, depuis le début de l'offensive israélienne lancée en représailles à l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

L'attaque sans précédent du Hamas a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées le 7-Octobre, 58 sont toujours otages à Gaza dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.