PARIS: Le Conseil olympique convoqué lundi par Emmanuel Macron a permis au président de replacer l'Etat au coeur de la préparation des JO-2024, demandant une implication maximale à ses ministres, signe d'une volonté d'accompagner au plus près les organisateurs.
Près d'une dizaine de ministres ont passé leur oral olympique pendant plus de deux heures à l'Elysée lundi. De la Première ministre Elisabeth Borne, au ministre de l'Economie Bruno Le Maire, à celui de l'Intérieur Gérald Darmanin, de l'Education nationale Pap Ndiaye ou encore des Sports Amélie Oudéa-Castéra, tous ont présenté leur agenda olympique.
Le but de cette "réunion de chantier" comme l'avait qualifiée Macron semble double: passer en revue tous les dossiers afférents aux JO (26 juillet - 11 août 2024), et signer la mobilisation à tous les étages de l'Etat.
"On est à deux ans jour pour jour du début des Jeux. Maintenant c'est vraiment un contre-la-montre", a souligné Emmanuel Macron dans un entretien accordé au journal L'Equipe.
Dialogue avec le CIO
Durant le Conseil olympique, tous les sujets ont été passés au crible, sans exception: de la sécurité, avec un ministre de l'Intérieur "rassurant", aux défis logistiques que ces JO représentent (logement, transport, restauration...), à l'emploi, ainsi que la question budgétaire.
Sur ce point, qui cristallise des inquiétudes notamment en raison de l'inflation née principalement du conflit en Ukraine, l'Etat a "engagé un dialogue" avec le Comité international olympique (CIO) pour réfléchir à des pistes d'économie, a indiqué l'Elysée.
Le président du CIO Thomas Bach, présent à Paris, a d'ailleurs rencontré Emmanuel Macron lundi où ce sujet a été abordé.
"C'est bien la preuve que le budget du comité d'organisation des JO (COJO) est quelque peu tendu en ce moment", décrypte une source proche des arcanes olympiques.
Les discussions entre le CIO et le COJO – dont le budget de 4 milliards est quasi intégralement financé par des recettes privées – pour tenter d'isoler des pistes d'économies avaient déjà été entamées il y a quelques semaines. Les organisateurs, dont le budget est garanti par l'Etat, doivent encaisser le choc inflationniste, et procèdent cette année à une revue budgétaire.
"J'ai réaffirmé un principe simple: il n'y aura pas d'impôt JO. Les Jeux doivent financer les Jeux", a insisté Emmanuel Macron dans l'entretien à L'Equipe.
Le budget de la Solideo, la société chargée de livrer les ouvrages olympiques devrait être "globalement tenu", selon l'Elysée malgré un budget passant de 4 milliards d'euros à 4,3 milliards projeté en 2024 en raison de l'inflation. "L'idée émise par certains d'un impôt JO est totalement infondée et farfelue", a rappelé l'Elysée, assurant qu'entre "1,7 ou 1,8 milliard d’argent public" était engagé dans ces JO.
Mais au sortir de ce Conseil, quasiment pas de grandes annonces en dehors de la création à venir de 11 nouvelles unités mobiles côté police en vue de l'évènement, et de la décision du chef de l'Etat et d'Elisabeth Borne d'élever la pratique du sport au rang de "grande cause nationale en 2024".
Il fallait surtout voir dans ce Conseil olympique et paralympique un message clair délivré par le président à son gouvernement, aux services de l'Etat et au président du Comité d'organisation des JO, Tony Estanguet, présent lundi: l'Etat va pleinement se mobiliser pour l'évènement.
«L'Etat au coeur de la machine»
Preuve de l'implication étatique: une réunion consacrée aux JO sera organisée conjointement entre le président et la Première ministre tous les trimestres. Une réunion de ce type est calée avec les "parties prenantes" et les élus en septembre, a rappelé l'Elysée.
Par ailleurs, l'Etat "va acheter 400 000 billets qu'il distribuera aux jeunes et scolaires, surtout les moins de 16 ans", et - entre autres - à des "bénévoles qui contribuent aux Jeux et au sport en France", a expliqué Emmanuel Macron.
En tout, 10 millions de billets seront mis en vente pour les JO et près de 3,4 millions pour les Jeux paralympiques de Paris, selon le site internet des organisateurs.
Avec ce Conseil olympique, "il y avait peut-être besoin de rassurer un peu tout le monde et de bien signifier aux ministres l'importance que revêt pour le président ces JO, tout en rappelant que l'Etat était bien au coeur de la machine", souffle un élu proche de la macronie.
Interrogé sur une éventuelle reprise en main des Jeux par Emmanuel Macron à travers cette séquence, Tony Estanguet a rappelé que le président était "pleinement mobilisé, depuis le premier jour." "Ces derniers mois, la situation l’a un peu éloigné du projet des Jeux, donc il souhaitait se reconnecter aux différents sujets", a-t-il estimé.
Si ce n'est pas à proprement parler une 'reprise en main' des JO par l'Etat, "ça y ressemble tout de même pas mal", estime elle la source proche des arcanes olympiques.