En Espagne et au Portugal, des forêts délaissées à la merci des incendies

L'Espagne et le Portugal sont face à l'impératif de mieux gérer leurs forêts pour que ne partent pas chaque été en fumée des dizaines de milliers d'hectares (Photo, AFP).
L'Espagne et le Portugal sont face à l'impératif de mieux gérer leurs forêts pour que ne partent pas chaque été en fumée des dizaines de milliers d'hectares (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 22 juillet 2022

En Espagne et au Portugal, des forêts délaissées à la merci des incendies

  • Depuis le début de l'année, près de 200 000 hectares ont déjà brûlé en Espagne
  • La propagation du feu «dépend de trois éléments: la topographie, la météorologie et la végétation»

MADRID: Confrontés à des incendies dévastateurs qui risquent de se multiplier avec le réchauffement climatique, l'Espagne et le Portugal sont face à l'impératif de mieux gérer leurs forêts pour que ne partent pas chaque été en fumée des dizaines de milliers d'hectares.

Depuis le début de l'année, près de 200 000 hectares ont déjà brûlé en Espagne, selon le système européen d'information sur les feux de forêt (EFFIS), en faisant le pays le plus touché du continent par les incendies, devant la Roumanie (149 264 ha) et ... le Portugal (48 106 ha).

La propagation du feu "dépend de trois éléments: la topographie, la météorologie et la végétation", explique Monica Parrilla, de Greenpeace Espagne, organisation écologiste reçue avec d'autres jeudi par le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez pour parler notamment de la prévention des incendies.

Faibles précipitations depuis des mois, températures caniculaires et vents violents... "En ce moment, nous avons le contexte idéal pour des incendies de forte intensité", souligne-t-elle. Et le seul élément sur lequel il est possible d'intervenir, c'est la végétation.

"Quand elle est sèche, elle alimente le feu. C'est sur cette végétation inflammable que l'on peut agir", poursuit-elle, notamment en débroussaillant, en faisant des coupe-feux ou du brûlage dirigé (destruction préventive par le feu des herbes, branchages, bois morts).

Arbres plus résistants 

Mais pour "freiner le feu, voire l'arrêter", il faut aussi "des massifs plus irréguliers, plus diversifiés, afin qu'ils soient plus forts, plus résistants" contrairement au massif actuel, planté majoritairement de pins et d'eucalyptus, espèces très inflammables, poursuit-elle.

Au Portugal, les experts et les écologistes appellent également à planter des essences autochtones plus résistantes au feu comme le châtaignier, le chêne, l’arbousier ou le chêne-liège.

Très étendu (36% de son territoire, selon la Banque Mondiale, à peu près comme en Espagne), le massif portugais est constitué pour un quart d'eucalyptus, essence rentable pour la puissante industrie papetière du pays, mais régulièrement pointée du doigt pour son rôle dans la propagation des incendies.

Dans ce pays, toujours traumatisé par les feux de 2017 et leur centaine de morts, 83% de la surface brûlée entre 2011 et 2020 était constituée de pin maritime ou d’eucalyptus, selon l’Institut pour la conservation de la nature et des forêts (ICNF).

"Une véritable politique de prévention permettrait par exemple d’encourager financièrement les petits producteurs, afin qu’ils puissent attendre plusieurs années que ces arbres plus résistants deviennent rentables et ne se tournent pas systématiquement vers l’eucalyptus", insiste Marta Leandro, vice-présidente de l’association de défense de l’environnement Quercus.

Exode rural

En Espagne - où une grande partie du pays appelée "Espagne vide" a été victime d'un dépeuplement massif - l'exode rural a eu un impact très négatif sur l'entretien des massifs. Les incendies les plus dévastateurs de ces derniers jours se sont d'ailleurs déclarés dans ces régions, comme la Castille-et-Léon ou l'Estrémadure.

Ce problème se pose aussi au Portugal.

Nombre de champs sont abandonnés, les forêts mal entretenues et les sous-bois non débroussaillés. Les propriétaires sont trop âgés pour continuer à défricher et les troupeaux, qui permettaient auparavant de contenir la végétation, sont beaucoup moins nombreux.

Il faudrait pourtant réduire drastiquement la végétation sèche servant de combustible et propageant les incendies, à 10 tonnes par hectare, soit 1 kg par m2, dans les zones les plus critiques, selon Javier Madrigal, de l'Institut national de la recherche et de la technologie agricole et alimentaire (Inia).

En prenant visiblement conscience de ce problème, la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, a souligné jeudi l'importance de "la présence de l'homme dans les zones rurales", parlant des "vrais gardiens du territoire en première ligne toute l'année dans la prévention des incendies".

Au Portugal, le ministre de l'Intérieur José Luis Carneiro a, lui, parlé mardi de la "valorisation du développement rural" comme d'un élément clé dans "la lutte contre les incendies".

Si des dispositifs utilisant des chèvres ou des brebis pour prévenir les incendies existent ici et là localement dans la péninsule, experts et écologistes plaident pour un développement massif de l'élevage extensif.

Il s'agit de "générer un tissu productif dans le secteur primaire dans ces territoires", ce qui serait "rentable", selon Lourdes Hernandez, de WWF Espagne.

D'une part car l'entretien de ces terres "supposerait une dépense à laquelle les autorités ne peuvent faire face", mais aussi car "la prévention est un investissement pour l'avenir quand on pense au prix par hectare de l'extinction des feux...".

La vague de chaleur responsable de 1 700 décès en Espagne et au Portugal, selon l'OMS

L'Organisation mondiale de la santé en Europe a annoncé vendredi que la vague de chaleur touchant l'Europe était responsable de 1 700 décès dans la seule péninsule ibérique et a appelé à des efforts conjoints pour faire face au changement climatique.

Contactée par l'AFP, l'organisation onusienne explique que ce chiffre est une estimation préliminaire basée sur les données des autorités nationales.

L'organisation a ajouté que ce chiffre "avait déjà augmenté" et qu'"il continuerait d'augmenter dans les jours à venir".

Selon l'OMS, le véritable chiffre lié à la vague de chaleur ne sera pas connu avant des semaines.

"La chaleur tue. Ces dernières décennies, des centaines de milliers de personnes sont décédées à cause de la chaleur extrême pendant des vagues de chaleur prolongées, coïncidant souvent avec des feux de forêt", a déclaré dans un communiqué le directeur de l'OMS Europe Hans Kluge.

"Cette année, nous avons déjà été témoins de plus de 1 700 décès inutiles pendant la vague de chaleur actuelle en Espagne et au Portugal seulement", a-t-il ajouté.

Hans Kluge a également déclaré que l'exposition à des températures extrêmes "exacerbait souvent des problèmes de santé pré-existants" et noté que les nourrissons, les enfants ainsi que les personnes âgées présentaient un risque particulier.

Il a également souligné l'impact des feux de forêts, insistant sur le fait que nous n'étions qu'à mi-chemin de "cette saison estivale brûlante".

"En fin de compte, les événements de cette semaine soulignent encore une fois le besoin désespéré d'une action paneuropéenne pour lutter efficacement contre le changement climatique", a-t-il ajouté.

Selon Hans Kluge, il est nécessaire que les gouvernements fassent preuve de volonté et de leadership dans la mise en oeuvre des Accords de Paris, rappelant que les membres de l'OMS Europe, soit 53 pays dont plusieurs en Asie Centrale, "avaient déjà démontré qu'ils pouvaient travailler ensemble sur des menaces urgentes pour la santé mondiale" et qu'il "était temps pour nous de le refaire".


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.