DJEDDAH: Alors que les yeux de nombreux médias occidentaux étaient rivés vers les «poignées de main», une panoplie de retombées importantes de la visite du président américain, Joe Biden, en Arabie saoudite est passée inaperçue.
L'Arabie saoudite était la dernière étape du voyage de quatre jours de Joe Biden au Moyen-Orient, qui a débuté le 13 juillet en Israël et en Palestine.
Dans le cadre des accords bilatéraux signés entre les deux parties, Biden a réaffirmé l'engagement des États-Unis à aider l'Arabie saoudite à défendre son territoire et sa population contre les attaques extérieures, notamment celles lancées par les Houthis soutenus par l'Iran au Yémen.
Les deux parties ont pris plusieurs engagements communs à l'égard de la région au sens large, dont un qui vise à maintenir et à prolonger la trêve au Yémen sous médiation de l'ONU et à engager un processus diplomatique pour parvenir à un règlement plus global du conflit.
Biden a salué l'engagement de l'Arabie saoudite en faveur de la trêve, qui a permis de reprendre les vols commerciaux directs de Sanaa à Amman et au Caire et de soutenir financièrement le Conseil présidentiel du Yémen pour améliorer les services de base et la stabilité économique des Yéménites.
Les deux parties sont convenues d'intensifier leurs efforts pour préserver la libre circulation du commerce et dissuader la contrebande illicite vers le Yémen par les voies navigables stratégiques de la région en étendant leurs opérations navales conjointes axées sur la mer Rouge et le détroit de Bab al-Mandab.
Ailleurs au Moyen-Orient, les deux parties sont convenues que les casques bleus, y compris les soldats américains, quitteront l'île de Tiran d'ici la fin de l'année, après quoi l'île sera développée à des fins touristiques.
Depuis peu de temps après les accords de Camp David de 1978, les troupes américaines servent de gardiens de la paix sur l'île de Tiran dans le cadre de la force multinationale et des observateurs prévus par le traité de paix signé entre Israël et l'Égypte.
Dans le cadre de son programme Vision 2030 visant à faire du Royaume un centre régional de voyage et de loisir, et conformément aux principes de la convention de Chicago de 1944, l'Arabie saoudite a annoncé sa décision d'autoriser tous les transporteurs aériens civils à survoler son espace aérien.
Les deux parties ont également décidé d'étendre la validité des visas à dix ans pour les ressortissants des deux pays qui s'y rendent pour les affaires ou le tourisme.
Sur le plan technologique, les responsables saoudiens et américains sont convenus de poursuivre plusieurs grands projets d'infrastructure, notamment un nouveau cadre bilatéral de coopération sur la 5G – utilisant des réseaux d'accès radio ouverts, virtualisés et basés sur le cloud – et le développement de la 6G.
L'Arabie saoudite s'est engagée à réaliser un investissement important pour ce projet sous l'égide du Partenariat pour les infrastructures et les investissements mondiaux, que Biden a annoncé lors du sommet du G7 en juin.
Le ministère des communications et des technologies de l'information du Royaume a signé un protocole d'accord avec IBM pour former 100 000 jeunes Saoudiens sur une période de cinq ans.
La sécurité énergétique a été un élément clé de la visite de Biden, compte tenu de la guerre en Ukraine et des embargos occidentaux sur le pétrole et le gaz russes qui en résultent. Les deux parties sont convenues d'élargir leur coopération en matière de sécurité énergétique, les responsables saoudiens s'engageant à soutenir l'équilibrage du marché mondial du pétrole.
Les responsables américains ont salué l'engagement saoudien d'augmenter la production de pétrole de 50% par rapport à ce qui était prévu pour juillet et août. Néanmoins, le prince héritier saoudien a clairement indiqué que le Royaume n'augmenterait pas sa production mensuelle au-delà de 13 millions de barils.
«La politique de l'Arabie saoudite en matière de pétrole a été d'essayer d'équilibrer les marchés de l'énergie, de s'assurer que les marchés sont correctement approvisionnés et qu'il n'y a pas de pénurie», a déclaré Adel al-Jubeir, ministre d'État saoudien aux affaires étrangères, dans une interview exclusive accordée à Arab News pendant la visite de Biden.
Afin de répondre aux demandes du marché, l'Arabie saoudite «continuera à en évaluer les besoins et à prendre des décisions en fonction».
Conformément à l'engagement des deux nations à réduire les émissions de carbone, ils se sont entendus sur un nouveau cadre de coopération en matière d'énergie propre, axé en particulier sur le solaire, l'hydrogène vert et le nucléaire, avec de nouveaux investissements saoudiens pour accélérer la transition énergétique et lutter contre les effets du changement climatique.
Le partenariat s'appuiera sur la collaboration des secteurs public et privé pour faire progresser la mise en place de solutions énergétiques propres tout en accélérant la recherche, le développement et la démonstration de technologies innovantes pour décarboniser l'économie mondiale et atteindre le niveau net zéro.
Les États-Unis ont salué le soutien de l'Arabie saoudite au Partenariat pour les infrastructures et les investissements mondiaux, qui vise à investir stratégiquement dans des projets favorisant la connectivité numérique, la durabilité de la chaîne d'approvisionnement et la sécurité climatique et énergétique, axés sur les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Ils ont également salué le rôle de premier plan joué par l'Arabie saoudite dans le renforcement des relations avec l'Iraq, notamment l'engagement à relier les réseaux électriques de l'Arabie saoudite et des pays du Conseil de coopération du Golfe au réseau iraquien afin de fournir à ce pays des sources d'énergie diversifiées et de le sevrer de sa dépendance vis-à-vis de l'Iran.
Le dialogue a également abouti à la signature de deux accords bilatéraux sur la cybersécurité avec l'autorité nationale de cybersécurité d'Arabie saoudite – l'un avec le FBI et l'autre avec l'agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures du ministère de la Sécurité intérieure.
Les deux parties vont étendre leur coopération, partager des informations sur les menaces et les activités des acteurs malveillants afin de renforcer leur défense commune et collaborer sur les meilleures pratiques, technologies, outils et approches en matière de formation et d'éducation à la cybersécurité.
Elles sont convenues d'étendre leur collaboration dans le domaine de l'exploration spatiale, y compris les vols habités, l'observation de la Terre, le développement commercial et réglementaire, et le comportement responsable dans l'espace.
Dans le cadre de l'entente, l'Arabie saoudite a signé les accords d'Artémis et réaffirmé son engagement en faveur de l'exploration et de l'utilisation responsables, pacifiques et durables de l'espace.
Les deux nations se sont également félicitées d'un nouvel accord entre leurs ministères de la Santé respectifs visant à partager des informations, à renforcer les capacités, à collaborer en matière de surveillance des maladies, à répondre aux préoccupations sanitaires des femmes et des populations aux besoins spéciaux, et à mener des politiques publiques axées sur la prévention des maladies et la promotion de la santé.
L'Arabie saoudite a salué l'augmentation des investissements mutuels dans les domaines de la défense, des énergies renouvelables, de la fabrication, des soins de santé, de la technologie et de l'innovation, qui contribuent à la création d'emplois et aux objectifs de localisation.
Les nouveaux accords incluent des investissements de Boeing, Raytheon, Medtronic et Digital Diagnostics, et IKVIA dans le secteur des soins de santé, et de nombreuses autres entreprises américaines dans les secteurs de l'énergie, du tourisme, de l'éducation, de la fabrication et du textile.
Parmi les autres accords, citons les projets de Saudi Aramco Energy dans le domaine des plastiques thermiques recyclés aux États-Unis, ceux portant sur le développement et la mise en œuvre de solutions technologiques et de données dans le domaine de la santé, ainsi que la localisation de la chaîne d'approvisionnement pour les technologies des appareils médicaux en Arabie saoudite.
«Le communiqué conjoint publié à l'issue des réunions bilatérales entre les dirigeants des deux pays a souligné les nombreuses questions sur lesquelles nos politiques sont alignées et sur lesquelles nous travaillons en étroite collaboration», a déclaré à Arab News Fahad Nazer, porte-parole de l'ambassade saoudienne à Washington.
Le texte de ces accords sera probablement disséqué dans les semaines à venir, non seulement par les experts du Moyen-Orient mais aussi par les acteurs malveillants de la région et les concurrents stratégiques de Washington, afin d'en connaître toutes les ramifications géopolitiques et la portée symbolique.
Nazer a décrit l'importance de la visite de la manière suivante: «Le fait que le président Biden se soit rendu en Arabie saoudite lors de son premier voyage au Moyen-Orient témoigne à la fois de la solidité des relations bilatérales stratégiques et du rôle important de leader que joue l'Arabie saoudite tant au niveau régional que mondial.»
Selon les responsables, les accords bilatéraux que les deux délégations ont signés à Djeddah donneront le ton des futures relations entre l'Arabie saoudite et les États-Unis.
«Les deux pays sont des alliés et des partenaires, et ce depuis huit décennies. Ils ont d'énormes intérêts en jeu et des défis qu'ils s'efforcent de relever ensemble», a déclaré Al-Jubeir.
Il a souligné que la visite de Biden symbolisait «de manière très claire l'importance de la relation, du Royaume d'Arabie saoudite pour les États-Unis, ainsi que pour la paix et la sécurité mondiales».
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com