La campagne visant à restaurer le patrimoine de l'Irak prend de l'ampleur

La construction traditionnelle de bateaux a fait son retour en Irak grâce au projet «Ark ReImagined (Photo, AN/Rachad Salim).
La construction traditionnelle de bateaux a fait son retour en Irak grâce au projet «Ark ReImagined (Photo, AN/Rachad Salim).
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Publié le Jeudi 21 juillet 2022

La campagne visant à restaurer le patrimoine de l'Irak prend de l'ampleur

  • «Le berceau de la civilisation» abrite plus de 10 000 sites archéologiques remontant à 5 500 ans
  • La volonté de protéger les sites archéologiques irakiens s'est intensifiée au cours des dernières années

BAGDAD: Dans la ville de Mossoul, dans le nord de l'Irak, entourée de bâtiments réduits en ruines depuis des années, les décombres de la mosquée Al-Nouri reprennent peu à peu vie. Cette structure emblématique – et beaucoup d'autres dans la célèbre vieille ville de Mossoul – a été endommagée par Daech pendant la bataille qui a fait rage ici en décembre 2017.

Le projet «Faire revivre l'esprit de Mossoul», dirigé par l'Unesco et visant à reconstruire les sites patrimoniaux endommagés de la ville, apporte aux Irakiens l'espoir que cette cité au riche passé puisse briller à nouveau.

Célèbre pour son minaret penché qui lui a donné son surnom de «bossu» ou «Al-Hadba» en arabe, Al-Nouri a été construite au XXIIe siècle. En juillet 2014, le leader de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi, s'est tenu à la chaire de la mosquée et y a décrété que l'Irak et la Syrie feraient désormais partie du «califat» du groupe terroriste.

Trois ans plus tard, le célèbre minaret de la mosquée est détruit par Daech, un acte que le Premier ministre irakien de l'époque qualifie alors de «reconnaissance officielle de la défaite» du groupe.

Le projet «Faire revivre l'esprit de Mossoul», un projet dirigé par l'Unesco pour reconstruire les sites patrimoniaux endommagés de la ville, apporte de l'espoir aux Irakiens et aux étrangers (Photo fournie).

Daech a utilisé l'explosion de la structure à des fins de propagande, attribuant sa destruction à une frappe aérienne de la coalition mondiale dirigée par les États-Unis. «Les partisans des djihadistes s'en servent pour blâmer l'Occident et les Américains», a déclaré Alberto Fernandez, alors vice-président du Middle East Media Research Institute, au journal USA Today en 2017.

En 2018, un an après l'expulsion de Daech de la ville, les Émirats arabes unis se sont engagés à verser 49,5 millions d’euros pour financer la restauration de Mossoul, une somme que la directrice générale de l'Unesco, Audrey Azoulay, a jugée comme étant «la contribution la plus importante et la plus inédite jamais vue pour reconstruire le patrimoine culturel en Irak».

Le projet de rénovation est l'une des nombreuses initiatives lancées ces dernières années par des entités locales, régionales et internationales qui cherchent à restaurer les nombreux sites historiques importants mais endommagés en Irak.

Un atelier à Huwair enseigne l'art de fabriquer des pagaies (Photo, AN/Rachad Salim).

«Faire revivre l'esprit de Mossoul» se concentrera sur la documentation et le nettoyage du site, l'élaboration de plans pour sa reconstruction, et enfin, quatre années de restauration et de reconstruction fidèle du minaret de la mosquée Al-Nouri et des bâtiments adjacents. Il est également prévu de restaurer les jardins historiques de la ville et de construire un mémorial et un musée du site.

Réputé depuis longtemps pour être le berceau de la civilisation, l'Irak abrite plus de 10 000 sites du patrimoine culturel, depuis les cités de Sumer, vieilles de 5 500 ans (où sont conservées les plus anciennes écritures du monde), jusqu'aux vestiges archéologiques des cultures akkadienne, babylonienne, assyrienne, parthe et abbasside.

«Ces périodes, en particulier la période abbasside, qui a déployé de grands efforts dans le but de sauvegarder et développer les connaissances anciennes des cultures et empires précédents, ont façonné notre monde actuel», a déclaré à Arab News Lanah Haddad, directrice régionale de TARII, l'institut de recherche académique en Irak.

«L'idée de l'Irak comme berceau de la civilisation ne s'arrête pas à ces périodes, elle se poursuit jusqu'à ce jour avec ses hauts et ses bas», a-t-elle souligné.

Abou Haider et Rachad Salim à Guffa sur le Tigre à Qishla Baghdad (Ali Jawad Mousafiri/Photo fournie).

Depuis la défaite de Daech en Irak, le pays connaît une période de calme fragile après des années de guerre et de destruction. Alors que le peuple irakien attend toujours une classe politique capable de former un gouvernement cohésif afin de résoudre ses problèmes socio-économiques, la stabilité relative du pays a donné aux Irakiens et aux agences internationales une chance d'entamer le processus de reconstruction après des décennies de violence.

Selon Jaafar Jotheri, géoarchéologue à l'université d'Al-Qadisiyah en Irak, l'histoire récente de l'Irak a connu cinq vagues de destruction.

Le déclin et l'implosion de l'Empire ottoman, la guerre Iran-Irak dans les années 1980 et la guerre du Golfe au début des années 1990, suivis des sanctions de l'ONU et de la communauté internationale contre l'Irak jusqu'en 2003, constituent les trois premières phases de destruction. Pendant la période des sanctions contre l'Irak, la contrebande d'antiquités irakiennes a prospéré.

La quatrième phase de destruction s'est déroulée pendant l'invasion et l'occupation menées par les États-Unis à partir de 2003, au cours de laquelle les sites archéologiques ont été détruits par des opérations militaires et des pillages.

Le 15 mai de cette année mémorable, le grand ayatollah Ali al-Sistani a émis une fatwa ordonnant la protection des antiquités irakiennes, un mois après le début du pillage qui a suivi l'invasion américaine.

Community Jameel est une organisation philanthropique et de services lancée par la famille saoudienne Jameel en 2003. Depuis 2020, Community Jameel aide les communautés irakiennes en mettant l'accent sur la préservation culturelle (Photo fournie).

«L’intervention des chefs religieux et des institutions pour demander instamment l'arrêt de la contrebande d'objets anciens a complètement changé la donne», a indiqué Jotheri. «Les gens ont commencé à reconnaître à nouveau leur importance.»

Puis a commencé ce qu'il appelle «une période de guérison» - le début des projets de restauration pour reconstruire les structures du grand passé de l'Irak. Mais cette période a été tragiquement écourtée par la cinquième phase de destruction, qui s'est produite lors du déchaînement de Daech.

«Après la défaite de Daech, la communauté locale et internationale, consciente de la façon dont Daech utilisait le patrimoine culturel à des fins de propagande, a réalisé l'importance de l'archéologie pour l'identité d'un État», a signalé Jotheri.

Malgré la prise de conscience croissante de l'importance cruciale de la protection de l'histoire et de la culture de l'Irak, ces efforts sont souvent négligés ou oubliés.

«En tant que chercheurs irakiens, aux côtés de la communauté internationale, nous nous efforçons également de sensibiliser le peuple irakien à l'importance du patrimoine. Ce n'est pas leur priorité en ce moment - l'électricité, les emplois et l'éducation, la scolarisation des enfants, voilà les priorités actuelles des Irakiens», a expliqué Jotheri.

Selon Lanah Haddad, directrice régionale de l'Institut de recherche académique en Irak, les jeunes et les chefs d'entreprise sont très désireux de renouer avec leur patrimoine (Photo fournie).

Bien que d'autres questions prennent souvent le pas sur la préservation historique, le désir de protéger les sites archéologiques irakiens s'est intensifié ces dernières années.

Depuis 2020, Community Jameel, une organisation philanthropique et de services lancée par la famille saoudienne Jameel en 2003, aide les communautés irakiennes en mettant l'accent sur la préservation culturelle. En tant qu'organisation internationale, Community Jameel se consacre à l'utilisation d'une approche qui mêle art, science, données et technologie.

«L'un de nos principaux mandats consiste à essayer de soutenir les systèmes qui conservent, préservent, documentent et diffusent les connaissances, en particulier au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans le Sud en général», a déclaré George Richards, directeur de Community Jameel, à Arab News.

«Avec l'Irak, la santé est au cœur de nos préoccupations. En partenariat avec l'Organisation mondiale de la santé, les acteurs locaux sur le terrain et une organisation appelée Culturunners, nous avons cocréé le Fonds culturel pour la santé en Irak, conçu pour soutenir les acteurs culturels irakiens de différents types utilisant les arts et la culture de manière à relever les défis de la santé.»

La volonté de restaurer les célèbres sites du patrimoine irakien ne se limite pas à Mossoul. Le Fonds irakien pour la santé culturelle a soutenu le projet «Ark Re-Imagined» de l'artiste irakien Rachad Salim, qui vise à faire revivre les pratiques culturelles traditionnelles dans les marais de Bassora, dans le sud de l'Irak, en construisant des bateaux et en faisant participer diverses parties de la communauté.

«Nous étions également intéressés par la façon dont le projet de Salim s'attaquait à divers problèmes de santé au sein de la communauté des marais, qu'il s'agisse de santé sociale, mentale ou environnementale», a affirmé Richards. «À la Communauté Jameel, nous soutenons une approche innovante, mais nous nous assurons qu'elle est fondée sur des preuves.»

L'emblématique mosquée Al-Nouri datant du XXIIe siècle à Mossoul est en cours de réparation après avoir été laissée en ruines par Daech en 2017 (Photo, AN/Rachad Salim).

L'accent mis sur la restauration du patrimoine culturel présente de nombreux avantages, surtout environnementaux. Les zones humides uniques de Bassora sont fortement touchées par le changement climatique, et Salim a étudié comment la relance des pratiques culturelles liées à la construction de bateaux a également permis de régénérer l'écosystème des marais.

«Le fait de renouer avec les pratiques traditionnelles a permis de rétablir un sentiment d'appartenance, d'utilité et de dignité au sein d'une communauté qui a dû faire face à la guerre et, désormais, au changement climatique», a déclaré Richards à Arab News.

L’artiste Salim a détaillé sa mission à Arab News. «Mon travail consiste à faire revivre la construction de bateaux, l'architecture et l'artisanat traditionnels du centre, du sud et de l'ouest de l'Irak dans des communautés qui ont subi des tragédies répétées, amenées au bord de l'extinction par les conflits, les déplacements et les traumatismes. J'engage des artisans à travers le pays pour faire revivre et documenter ce qui reste des pratiques traditionnelles», a-t-il détaillé.

Si, au cours de la dernière décennie, de nombreuses entités internationales ont participé à la restauration de sites du patrimoine en Irak. Haddad de Tarii a constaté que ces dernières années, un intérêt croissant des Irakiens et de la région du Golfe est de bon augure pour la renaissance historique et culturelle du pays.

«La restauration de la mosquée Al-Nouri et de l'église de l'horloge adjacente est cruciale et, à mon avis, symbolique, car elle montre qu'un autre pays à majorité musulmane, les Émirats arabes unis, se consacre à la reconstruction, à la recherche et aux fouilles en Irak», a indiqué Haddad, qui a effectué des travaux archéologiques en Irak au cours de la dernière décennie.

 «J'ai constaté une forte augmentation des projets de restauration et de préservation du patrimoine en Irak parmi les Irakiens et la communauté internationale.

«Je peux voir un développement et un changement énormes de la part de l'État et de la communauté, et aussi dans le niveau d'intérêt des pays étrangers travaillant en Irak, surtout après Daech. Beaucoup de choses ont changé», a-t-elle ajouté.

Le tourisme a également connu un essor, le gouvernement irakien accordant depuis mars 2021 des visas touristiques aux citoyens d'une douzaine de pays, dont la Chine, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie et les États membres de l'UE.

«Je peux voir dans la communauté, chez les jeunes, chez les propriétaires d'entreprises qu'il y a une énorme soif de renouer avec leur patrimoine», a affirmé Haddad.

«Les jeunes nés après 2003 n'ont ni vu ni vécu la période de paix. Ils en ont assez de la guerre, des conflits et de la corruption. La seule chose qu'ils veulent, c'est une bonne vie et une identité. Ils veulent une identité qui ne soit pas politisée et qui ne soit pas fondée sur le sectarisme.

«Le meilleur moyen d'y parvenir, comme je le vois dans les efforts de cette génération, est une connexion avec le patrimoine riche et diversifié de l'Irak.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La France plaide pour l'application du cessez-le-feu au Liban face à la recrudescence des attaques israéliennes

Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
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  • Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à œuvrer à la stabilisation de la région sud
  • La visite de Mme Legendre intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, faisant craindre un conflit plus large

BEYROUTH : La France a réaffirmé jeudi son engagement en faveur de la stabilité du Liban et a promis un soutien accru à ses forces armées et à ses efforts de reconstruction, alors que les attaques israéliennes dans le sud du pays continuent de s'intensifier.

Lors d'une visite officielle à Beyrouth, Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à "travailler à la stabilisation de la zone sud".

Cette visite intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, ce qui fait craindre une extension du conflit.

Lors d'une réunion avec de hauts responsables libanais, Mme Legendre a réaffirmé l'intention de la France d'organiser deux conférences internationales pour soutenir les efforts d'aide et de reconstruction du Liban et renforcer l'armée libanaise.

Elle s'est également engagée à activer le comité de surveillance de la cessation des hostilités (mécanisme), en réponse à la demande du Liban de mettre en œuvre le cadre du cessez-le-feu.

La visite de l'envoyée française s'inscrit dans le cadre des efforts diplomatiques urgents visant à alléger la pression sécuritaire croissante exercée par Israël sur le Liban et à relancer la dynamique de l'accord de cessez-le-feu du 20 novembre, qui est au point mort et qui vise à mettre en œuvre la résolution 1701 des Nations unies, initialement rédigée pour mettre fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.

Les violations continues par Israël de l'accord de cessation des hostilités comprennent des frappes sur ce qu'il prétend être des cibles du Hezbollah dans le sud, ce qui alimente les craintes au Liban qu'Israël ne prépare le terrain pour une nouvelle guerre sous le prétexte d'arrêter le réarmement présumé du groupe.

Le président libanais Joseph Aoun a déclaré à M. Legendre que la poursuite des hostilités par Israël et son occupation de cinq positions stratégiques empêchaient l'armée libanaise de se déployer pleinement au sud du fleuve Litani, comme le prévoyait l'accord de cessez-le-feu.

Les hostilités quotidiennes d'Israël, a-t-il ajouté, entravent également les efforts de reconstruction du Liban après la guerre.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a affirmé que l'armée libanaise poursuivait ses opérations dans les zones où elle s'est déployée au sud du Litani, saisissant les armes et les munitions et inspectant les tunnels et les entrepôts.

Il a ajouté : "L'armée remplit ses fonctions avec précision, en dépit de la propagande qu'Israël diffuse pour saper ses capacités et son rôle - un rôle qui continue de bénéficier du soutien de tous les Libanais."

Il a précisé qu'une douzaine de soldats avaient été tués jusqu'à présent dans l'exercice de leurs fonctions.

M. Aoun a réaffirmé à l'envoyé français que l'option des négociations diplomatiques avec Israël, qu'il avait proposée il y a plusieurs semaines, constituait la voie la plus viable pour rétablir la stabilité dans le sud et dans l'ensemble du Liban.

Il a toutefois confirmé que son pays "n'a pas encore reçu de réponse à sa proposition de négociations".

Dans un communiqué de son bureau de presse, M. Aoun a déclaré : "La poursuite de l'agression ne donnera rien : "La poursuite de l'agression ne donnera aucun résultat. Les expériences passées dans de nombreux pays ont montré que la négociation est la seule alternative durable aux guerres futiles."

Il a souligné que le soutien international, en particulier celui de la France et des États-Unis, peut contribuer à faire avancer les négociations avec Israël. Le comité du mécanisme fait partie des organes capables de parrainer de tels pourparlers, a-t-il déclaré.

M. Aoun a souligné auprès de l'envoyé français que les conférences internationales que la France entend organiser, aux côtés des États-Unis et de l'Arabie saoudite, pourraient aider l'armée libanaise à obtenir l'équipement militaire dont elle a tant besoin pour son déploiement et faciliter le retour des habitants du sud dans leurs maisons et villages détruits.

Il a salué "toute contribution européenne au maintien de la stabilité après le retrait de la FINUL du sud, en coordination avec les unités de l'armée libanaise, dont le nombre passera à 10 000 soldats d'ici la fin de l'année".

Les raids israéliens sur le sud du Liban se sont poursuivis jeudi.

Un drone israélien a frappé une voiture à Toul, près de Nabatieh, tuant son conducteur. Plusieurs raids aériens ont également frappé des installations à Aitaroun et Tayr Felsay.

Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a déclaré que "l'armée israélienne a effectué un raid sur un dépôt d'armes et sur des infrastructures du Hezbollah situées près de résidences civiles, sur la base de directives des services de renseignement".

Entre-temps, la 13e réunion du Comité du mécanisme, présidée par le général américain Joseph Clearfield, s'est tenue mercredi à Ras Naqoura.

Lors de cette réunion, le Liban a présenté un exposé sur les récentes violations israéliennes, notamment l'utilisation renouvelée des avertissements d'évacuation émis avant de viser plusieurs bâtiments, actions décrites comme une violation flagrante de l'accord de cessez-le-feu.

Le secrétaire général du Hezbollah, Sheikh Naim Qassim, a déclaré que le groupe avait l'intention de conserver ses armes au nord du fleuve Litani, une position qui viole les termes de l'accord de cessez-le-feu.

Après la déclaration de Qassim selon laquelle "il n'y a pas de menace ou de danger pour les colonies du nord", nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur la raison pour laquelle le Hezbollah conserve ses armes au nord du fleuve Litani.

En réponse, le parti phalangiste a déclaré que le fait de rassurer Israël sur le fait que les colonies du nord ne sont pas menacées, tout en exprimant la volonté de débarrasser le sud de ses armes, soulève de sérieuses questions quant à l'objectif de la conservation de ces armes.

Le parti a demandé : Où est la soi-disant "résistance contre Israël" si sa priorité aujourd'hui est de rassurer Israël plutôt que de l'affronter ?


Cisjordanie: deux adolescents palestiniens abattus, l'armée israélienne dit avoir déjoué une attaque

 L'Autorité palestinienne a annoncé jeudi que des soldats israéliens avaient tué dans le sud de la Cisjordanie deux adolescents de 15 ans, présentés par l'armée israélienne comme des "terroristes en passe de perpétrer une attaque". (AFP)
L'Autorité palestinienne a annoncé jeudi que des soldats israéliens avaient tué dans le sud de la Cisjordanie deux adolescents de 15 ans, présentés par l'armée israélienne comme des "terroristes en passe de perpétrer une attaque". (AFP)
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  • L'armée israélienne avait indiqué plus tôt que des soldats en opération dans le secteur de Karmei Tzur, colonie juive voisine du village palestinien de Beit Omar, à quelques kilomètres au nord de Hébron, avaient "éliminé deux terroristes"
  • L'armée israélienne n'a pas fourni plus de détails sur cette affaire intervenant sur fond de recrudescence des violences en Cisjordanie, qui ont atteint en octobre un pic inédit en près de deux décennies selon l'ONU

DAYR ISTIYA: L'Autorité palestinienne a annoncé jeudi que des soldats israéliens avaient tué dans le sud de la Cisjordanie deux adolescents de 15 ans, présentés par l'armée israélienne comme des "terroristes en passe de perpétrer une attaque".

Le ministère de la Santé palestinien a annoncé sans plus de détail "le martyre de Bilal Bahaa Ali Baaran (15 ans) et Mohammad Mahmoud Abou Ayache (15 ans) tués par des balles de l'occupation [Israël, NDLR], cet après-midi, jeudi, près de Beit Omar, au nord de Hébron", grande ville du sud de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

L'armée israélienne avait indiqué plus tôt que des soldats en opération dans le secteur de Karmei Tzur, colonie juive voisine du village palestinien de Beit Omar, à quelques kilomètres au nord de Hébron, avaient "éliminé deux terroristes en passe de perpétrer une attaque".

L'armée israélienne n'a pas fourni plus de détails sur cette affaire intervenant sur fond de recrudescence des violences en Cisjordanie, qui ont atteint en octobre un pic inédit en près de deux décennies selon l'ONU.

Jeudi également, le ministère des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, basée à Ramallah, a accusé des colons israéliens d'avoir incendié la mosquée Hajja Hamida à Dayr Istiya, dans le nord de la Cisjordanie.

Un photographe de l'AFP sur place a vu des murs noircis, des corans brûlés et des graffitis sur un mur de la mosquée.

"Cela viole, et de façon flagrante, le caractère sacré des lieux de culte et reflète le racisme profond des colons qui agissent en se plaçant sous la protection du gouvernement de l'occupation", a déclaré dans un communiqué le ministère.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a déclaré que des forces de sécurité avaient été dépêchées sur les lieux après avoir reçu "des informations et des images [...] concernant des suspects ayant incendié une mosquée et tagué des graffitis".

Les soldats n'ont identifié aucun suspect sur place, a ajouté l'armée, condamnant "toute forme de violence".

"Schéma de violences extrémistes" 

Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a condamné l'attaque de la mosquée, jugeant "que de tels actes de violence et de profanation de lieux de culte sont inacceptables", a déclaré son porte-parole, Stéphane Dujarric, dénonçant "un schéma de croissance de violences extrémistes qui attisent les tensions et doivent cesser immédiatement".

La veille, le lieutenant général Eyal Zamir, chef d'état-major de l'armée israélienne avait affirmé vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie, territoire palestinien où vivent désormais plus de 500.000 Israéliens - dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international - au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

"L'armée ne tolérera pas de comportements criminels de la part d'une petite minorité qui ternit l'image d'une population respectueuse des lois", a déclaré le général Zamir, alors que nombre de témoignages accusent les soldats israéliens de rester passifs face à la violence de ces colons.

Ces dernières semaines, les attaques attribuées à des colons, jeunes, et de plus en plus violents et organisés, se sont multipliées en Cisjordanie, visant des Palestiniens mais aussi des militants israéliens ou étrangers contre la colonisation, des journalistes, et parfois des soldats.

Les violences ont explosé dans ce territoire depuis le début de la guerre de Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël. Elles n'ont pas cessé, loin de là, avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre.

Au moins 1.005 Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 36 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.


Tunisie: la famille d'un opposant en grève de la faim dénonce des «violences» en prison

L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture". (AFP)
L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture". (AFP)
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  • M. Ben Mbarek, chef de la principale coalition d'opposition FSN (Front de salut national) emprisonné depuis février 2023, a été condamné en avril à 18 ans de prison pour "complot contre la sûreté de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste"
  • Pour protester contre sa détention qu'il a qualifiée d'"injuste" et "arbitraire", le quinquagénaire a entamé il y a deux semaines une grève de la faim où il ne mange rien et boit très peu d'eau, selon sa famille

TUNIS: L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture".

M. Ben Mbarek, chef de la principale coalition d'opposition FSN (Front de salut national) emprisonné depuis février 2023, a été condamné en avril à 18 ans de prison pour "complot contre la sûreté de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste". Son procès en appel aux côtés d'une quarantaine d'autres personnalités est prévu le 17 novembre.

Pour protester contre sa détention qu'il a qualifiée d'"injuste" et "arbitraire", le quinquagénaire a entamé il y a deux semaines une grève de la faim où il ne mange rien et boit très peu d'eau, selon sa famille.

"Les agents ont ordonné aux détenus de l'agresser. Ils l'ont torturé car il refusait de manger", a dénoncé dans une vidéo sur Facebook, l'avocate Dalila Msaddek, soeur de M. Ben Mbarek qui, la semaine passée, s'était inquiétée de son état "alarmant".

"Des agents et des détenus l'ont frappé, les traces de coups sont visibles sur son flanc avec des ecchymoses. Ils l'ont frappé jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Six détenus et cinq agents ont fait cela", a affirmé Mme Msaddek, en pleurant. "Nous avons atteint le stade de la barbarie", a-t-elle dit.

L'avocate Hanen Khemiri, qui lui a rendu visite mercredi matin en prison, a confirmé en conférence de presse des "traces de torture et une côte cassée" et annoncé le dépôt d'une plainte au Parquet.

Le père de M. Ben Mbarek, le militant de gauche Ezzedine Hazgui, a rencontré le directeur de la prison qui a accusé l'avocate d'"exagérer la situation". Mais M. Hazgui s'est dit convaincu que "des gardiens criminels ont tabassé son fils".

En fin de semaine dernière, plusieurs autres opposants emprisonnés dont le chef du mouvement islamo-conservateur Ennahdha Rached Ghannouchi, 84 ans, ont annoncé une grève de la faim en solidarité avec M. Ben Mbarek.

Mardi, Mme Msaddek avait déploré une nouvelle détérioration de son état, assurant qu'il avait subi "deux crises au niveau des reins".

Le même jour, le Comité général des prisons, rattaché au gouvernement, avait démenti dans un communiqué "les rumeurs sur la détérioration de l'état de santé de tous les détenus, y compris ceux prétendant être en grève de la faim", affirmant qu'ils faisaient "l'objet d'un suivi médical constant".

Le parquet de Tunis a ordonné mercredi l'ouverture d'une enquête à l'encontre de trois avocats sur la base de plaintes de l'administration pénitentiaire qui a dénoncé la diffusion "de rumeurs et fausses informations" concernant les grèves de la faim en cours, ont indiqué des médias locaux.

Sans divulguer les noms des avocats, les médias citant une source judiciaire ont indiqué que les plaintes portent aussi sur la circulation de données jugées "erronées" relatives à la dégradation de l'état de santé de détenus déclarant observer ces grèves.

Plusieurs ONG tunisiennes et étrangères ont déploré un recul des droits et libertés en Tunisie depuis un coup de force par lequel le président Kais Saied s'est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.