Le B20 offre à la communauté mondiale des affaires une plate-forme pour formuler des recommandations stratégiques au G20. La deuxième journée du sommet était axée sur l'environnement, l'énergie et le changement climatique, le système commercial international, l'humanisation de la technologie numérique ainsi que l'égalité des chances pour les femmes.
Le Sherpa de l’Inde du G20 et ancien ministre indien des Transports ferroviaires, Suresh Prabhu, a critiqué la seule concentration sur les actionnaires dans le monde des entreprises. Il a souligné la nécessité d'évoluer vers le capitalisme de toutes les parties concernées afin de prendre en considération le bien public, en mettant à titre d’exemple l'accent sur la santé publique ou le changement climatique. Son leitmotiv: «Si vous voulez être heureux, rendez d'abord les autres heureux».
Une session sur la relance du combat pour la sauvegarde de la planète avait les plus grands noms du monde de l'énergie au programme.
L'ancien administrateur de la US Energy Information Administration et président du King Abdullah Petroleum Studies and Research Center, Adam Sieminski, a averti que les hydrocarbures joueraient un rôle important dans la fourniture d'énergie pour tous jusqu'en 2050.
Il a admis que le changement climatique est un problème majeur pour le 21e siècle, et a proposé l'économie circulaire à faible émission de carbone comme solution. Le concept a été introduit pour la première fois par le ministre saoudien de l’Energie, le prince Abdulaziz bin Salman, lors de la Future Investment Initiative de l’année dernière, et prône les 4 R : réduction des émissions de carbone, réutilisation, recyclage, et retrait du carbone.
Le G20 représente les économies les plus fortes du monde et, à ce titre, a un rôle à jouer dans le déploiement de concepts tels que l’économie circulaire à faible émission de carbone, à l’échelle mondiale. Sieminski a souligné le fait que les chefs d'entreprises doivent se concentrer sur la santé de leurs secteurs, ce qui comprenait l'ouverture aux innovations technologiques telles que celles proposées dans le cadre de l'économie circulaire à faible émission de carbone.
Le PDG de Saudi ARAMCO, Amin Nasser, a déclaré que le géant pétrolier réduit son empreinte carbone et va plus loin encore en travaillant entre autres avec les secteurs de l'industrie automobile et de la construction. Il a vu dans l'économie circulaire à faible émission de carbone la voie à suivre pour garantir la réduction de CO2.
Le PDG de Total, Patrick Pouyanne, a souligné la nécessité de se concentrer sur la réduction de l’empreinte carbone ainsi que sur le respect et l’intégrité. Pouyanne considère le changement climatique comme le grand défi de ce siècle. Il a exhorté les entreprises énergétiques à œuvrer pour atteindre l'objectif d'une économie à zéro émission.
Le système de commerce international, autre priorité, faisait déjà face à des défis majeurs avant la pandémie en raison de guerres commerciales et de la nécessité de réformer l’Organisation Mondiale du Commerce. La pandémie de la Covid-19 a amplifié ces défis en entravant les chaînes d'approvisionnement et le commerce.
Les intervenants ont constaté que les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) constituent plus de 90% de la communauté internationale des affaires. Elles sont particulièrement vulnérables aux chocs économiques mondiaux et aux perturbations de la chaîne d'approvisionnement.
Le président du Groupe HSBC, Mark Tucker, s'est concentré sur la manière dont les partenariats public-privé, comme les programmes de financement du commerce de la chaîne d'approvisionnement, peuvent soutenir les MPME. Il a préconise également de meilleurs systèmes de réglementation commerciale.
Le PDG de Mastercard, Ajay Banga, et le PDG du groupe Sintesa, Shinta Kamdani, ont mis l’accent sur la façon dont la technologie peut aider à faciliter les flux commerciaux et l'inclusion financière grâce à des outils en ligne.
Le groupe a convenu que la collaboration et la confiance étaient les seuls moyens d'assurer le libre-échange transfrontalier, ce qui est vital pour que l'économie mondiale se remette de la pandémie.
L’avenir de la technologie et les moyens d’assurer la sécurité et l’inclusion figuraient aussi parmi les priorités de la journée, la pandémie ayant accéléré la numérisation à un rythme sans précédent.
Cedrik Neike, membre du conseil d'administration de Siemens, a mis en relief les utilisations de l'IA et d'autres technologies pour stimuler la productivité, à condition que la main-d'œuvre soit correctement formée et que les technologies favorisent la confiance.
La PDG de DHgate, Diane Wang, s’est exprimée sur le commerce en ligne et sur son potentiel pour dynamiser la main-d'œuvre et les consommateurs.
Le principal problème dans le domaine de la technologie est d’améliorer les compétences de la main-d'œuvre, du fait que 85% des emplois dans ce secteur n'existeront pas avant plusieurs années.
La Covid-19 devrait servir d’avertissement aux gouvernements et aux entreprises pour passer aux technologies avancées. La coopération mondiale sera essentielle pour garantir la cybersécurité et des normes d’éthique communes, qui sont toutes deux de la plus haute importance pour la numérisation future.
Le dernier thème portait sur la manière de créer une égalité de chances pour les femmes. La Sous-Directrice générale pour les sciences sociales et humaines de l'UNESCO, Gabriela Ramos, a déclaré que les femmes sont parmi les plus durement touchées par la pandémie.
De 70 à 90 % de l'économie des soins est composés de femmes, alors qu’elles sont surreprésentées dans d'autres secteurs durement touchés - comme l'hôtellerie et la vente au détail. Elles reçoivent le plus souvent une faible rémunération. En contrepartie, elles sont largement sous-représentées dans la haute direction et dans l'économie numérique.
L'ancienne PDG de HP, Carly Fiorina, a déclaré que la position des femmes ne progresserait jamais si elles continuent d’être considérées comme agréables à avoir plutôt qu’incontournables. Les gouvernements, les entreprises et les autres entités ont obtenu de meilleurs résultats quand ils avaient une représentation féminine importante aux postes de responsabilité. Le PDG de Standard Chartered et coprésident du Women in Business Action Council, Bill Winters, était d'accord avec Fiorina, tandis que l'ambassadrice d'Arabie saoudite aux États-Unis, la princesse Reema bint Bandar, soulignait la nécessité de se concentrer sur le parcours global des femmes, et notamment l'éducation, la garde des enfants, l'alphabétisation financière et le lieu de travail. Elle a regretté de ne pas avoir eu plus de collègues féminines et de modèles de référence féminins dans sa carrière.
Les thèmes de la technologie, du changement climatique, de la réalisation des objectifs de développement durable des Nations unies, et de l’inclusion, se sont relayés tout au long de la journée, montrant qu'ils constituaient des priorités pour les institutions multilatérales, les gouvernements et les entreprises.
Les vingt-deux recommandations stratégiques du B20 ont soulevé les mêmes thèmes et ont été regroupées en trois sections: autonomiser les personnes, sauvegarder la planète, et dessiner de nouvelles frontières.
Le B20 a lieu depuis dix ans, et n'a peut-être jamais été aussi important qu'il ne l’est en 2020, car les entreprises devront jouer un rôle majeur pour ramener l'économie mondiale des profondeurs de la récession due à la Covid-19.
La devise du B20 d'Arabie saoudite est la transformation pour une croissance inclusive, ce qui n'aurait pas pu être plus d'actualité, à la lumière de la façon dont la pandémie a exacerbé les inégalités déjà importantes de l'économie mondiale.
Il est particulièrement rassurant de voir les enjeux relatifs aux femmes dans toutes les recommandations stratégiques, et que le sommet lui-même ait donné la parole à de nombreuses femmes qui ont impressionné les audiences des différentes conférences.
La journée s’est terminée par le Sherpa du B20 de l’Arabie saoudite, Dr Abdulwahab Al-Sadoun, qui a réaffirmé que le B20 du Royaume repose sur les piliers de l’inclusion, de l’orientation vers l’action, et de la coopération. Il a été impressionné par le caractère positif, engagé, coopératif et ouvert de tous les intervenants.
En ce sens, le sommet du B20 a vraiment reflété le thème de la transformation pour une croissance imclusive, et la communauté du B20 aura réussi à compiler 22 recommandations sur les politiques à suivre à l’intention des dirigeants du G20.
Cornelia Meyer possède un doctorat en économie, et trente ans d’expérience dans le domaine des banques d’investissement. Elle est présidente et PDG de la compagnie de conseil aux entreprises Meyer Resources.
Twitter : @MeyerResources
NDLR : Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com