Les investisseurs du Moyen-Orient revoient la répartition d’actifs face aux craintes d’inflation

La hausse du taux d’inflation et la récente invasion de l’Ukraine par la Russie incitent les investisseurs du Moyen-Orient à réévaluer leur répartition des actifs. (Shutterstock)
La hausse du taux d’inflation et la récente invasion de l’Ukraine par la Russie incitent les investisseurs du Moyen-Orient à réévaluer leur répartition des actifs. (Shutterstock)
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Publié le Mardi 19 juillet 2022

Les investisseurs du Moyen-Orient revoient la répartition d’actifs face aux craintes d’inflation

  • À la suite de l’invasion de l’Ukraine, la plupart des États souverains du Moyen-Orient ont perdu leur affinité avec l’Europe
  • Selon 52% des investisseurs, la Chine est devenue un endroit où il est difficile d’investir cette année en raison des risques réglementaires et des interventions gouvernementales

RIYAD: La hausse du taux d’inflation et la récente invasion de l’Ukraine par la Russie incitent les investisseurs du Moyen-Orient à réévaluer leur répartition des actifs, selon le dernier rapport d’Invesco Global Sovereign Asset Management Study. 

Selon le rapport, 55% des États souverains de la région du Moyen-Orient ont repositionné leurs portefeuilles en prévision de nouvelles hausses de taux, bien que la forte correction des actions et l’incapacité des obligations à protéger les portefeuilles aient présenté des choix difficiles. 

«L’inflation augmente, la croissance mondiale est en perte de vitesse et les tensions géopolitiques s’exacerbent. L’environnement macroéconomique est désormais plus incertain, obligeant les États souverains à repenser la manière de positionner leurs portefeuilles à l’avenir», déclare Zainab Faisal Kufaishi, responsable de la région Mena et cadre supérieur chez Invesco. 

Le rapport d’étude, qui détaille les points de vue de 139 directeurs des investissements, suggère que les allocations de titres à revenu fixe des États souverains mondiaux ont diminué régulièrement ces dernières années. En effet,  la plupart d’entre eux se tournent vers des solutions de rechange sur le marché privé, notamment l’immobilier, le capital-investissement et les infrastructures. 

Quelque 82% des personnes interrogées déclarent que les actifs immobiliers sont des couvertures efficaces contre l’inflation et la hausse des rendements. 

Selon le rapport, l’intérêt pour les actifs privés se poursuit avec 50% des fonds souverains au Moyen-Orient, au motif d’augmenter les allocations au capital-investissement, 20% à l’immobilier et 20% aux infrastructures au cours des douze prochains mois. 

Le rapport note en outre que les actifs privés constituent désormais 22% en moyenne des portefeuilles des États souverains à l’échelle mondiale. Invesco ajoute que les investisseurs souverains détiennent désormais 719 milliards de dollars (1 dollar = 0,99 euro) d’actifs privés, contre 205 milliards de dollars en 2011. 

«Alors que beaucoup se tournent vers les marchés privés pour trouver des solutions, nous ne devons pas surestimer le rythme de ce changement. En tant qu’investisseurs à long terme, les États souverains agissent avec beaucoup de prudence et nombre d’entre eux n’apportent que des modifications progressives à leurs portefeuilles en adoptant une approche attentiste», déclare Rod Ringrow, responsable des institutions officielles chez Invesco. 

À la suite de l’invasion de l’Ukraine, la plupart des États souverains du Moyen-Orient ont perdu leur affinité avec l’Europe. 

Selon le rapport d’étude, 40% des États souverains du Moyen-Orient prévoient de réduire leurs allocations aux pays développés d’Europe et 30% aux pays émergents d’Europe au cours des douze prochains mois. 

Le rapport ajoute que ces personnes interrogées sont les plus susceptibles d’augmenter leur exposition à l’Amérique du Nord, à l’Asie-Pacifique et au Moyen-Orient. 

Selon 52% des investisseurs, la Chine est devenue un endroit où il est difficile d’investir cette année en raison des risques réglementaires et des interventions gouvernementales. 

Le rapport ajoute que les fonds souverains ne considèrent pas les actifs numériques comme pouvant être investis, puisque 20% seulement de ces personnes interrogées pensent que les actifs numériques jouent un rôle dans la répartition d’actifs en matière de diversification. 

Selon le rapport, seuls 7% des investisseurs souverains mondiaux sont exposés aux actifs numériques au moyen d’investissements dans des entreprises blockchain sous-jacentes. 

Environ 70% des États souverains du Moyen-Orient ont plus intérêt à investir dans des entreprises impliquées dans l’infrastructure derrière les actifs numériques que dans les actifs numériques eux-mêmes. 

La recherche sur les actifs numériques, cependant, s’améliore. En 2018, 12% des États souverains mondiaux menaient des recherches dans le secteur des actifs numériques. En 2022, ce chiffre est passé à 41%, dont 40% d’États souverains du Moyen-Orient. 

Selon le rapport, 71% des banques centrales du Moyen-Orient font des recherches sur les monnaies numériques des banques centrales ou envisagent d’en lancer elles-mêmes. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


La mythique verrerie française Duralex au tribunal de commerce

Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
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  • Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française
  • Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitant

ORLEANS: Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française dont la vaisselle réputée incassable est vendue dans le monde entier.

Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française, déjà en difficulté il y a trois ans.

A l'extérieur, plusieurs militants de la CGT et du PCF seront réunis pour apporter leur soutien aux salariés de l'entreprise.

"Le problème, c'est qu'on commence à s'habituer", se désole le délégué Force ouvrière (FO) de l'entreprise, Gualter Teixeira, 50 ans dont la moitié passée dans l'usine Duralex située à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), près d'Orléans.

Pour cet élu, la situation relève d'"un problème de gestion de la société", dont "les coûts fixes de 2,5 millions d'euros mensuels" sont trop importants.

Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitante de la célèbre marque la semaine dernière.

L'entreprise espère ainsi trouver un repreneur et sauver l'usine, qui emploie 230 salariés.

Si le tribunal accède à la demande de Duralex, alors un administrateur et un mandataire seront nommés pour une période d'observation, dont la durée est variable.

« La tour Eiffel de la vaisselle »

En attendant, si "les fours continuent de fonctionner, les camions des fournisseurs sont à l'arrêt et les agences d'intérim ont déjà rappelé les 30-40 intérimaires présents chez Duralex", s'inquiète auprès de l'AFP François Dufranne, salarié de Duralex depuis 1992 et élu CGT.

"Ici, avant, il y avait 1.500 salariés Duralex, 1.500 ouvriers chez Michelin un peu plus loin", se souvient avec amertume M. Dufranne, aux côtés d'anciens collègues, désormais retraités, venus les soutenir.

Las. La seconde a fermé et il ne reste plus que quelque centaines de salariés dans la première entreprise, qui a pourtant fait la fierté de la production industrielle française avec ses verres et ses assiettes, colorés et réputés incassables, qui sont un peu comme "la tour Eiffel de la vaisselle", selon Duralex.

Dans un communiqué transmis la semaine dernière, la CGT du département dénonce une "décision politique" qui vise "à rationaliser et optimiser l'investissement des actionnaires aux dépens des 230 salarié.e.s concerné.e.s et de l'ensemble du bassin d’emploi de l'Orléanais".

"Les belles promesses auront tout de même permis aux actionnaires d'empocher des millions d'euros d'aide financière de l'Etat et des collectivités territoriales, dont les 15 millions versés dernièrement" par les autorités, épingle encore la centrale syndicale.

Duralex, confrontée à la flambée des prix de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, a été sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d'euros de l'Etat. De quoi permettre à l'usine de rouvrir son four verrier et de relancer sa production après cinq mois de fermeture.

En vain, puisqu'en 2023, l'inflation, une consommation "en fort retrait" et une "concurrence exacerbée" ont aggravé de nouveau la situation.

En parallèle, NDI dit avoir été condamné récemment à payer les droits à polluer de l'ancien propriétaire de Duralex.

Incompréhensible selon les élus syndicaux: "On nous a fait une présentation commerciale des objectifs de développement jusqu'en 2030, de belles présentations, un grand 'speech' et 3 semaines après, on apprend la demande de redressement judiciaire", s'agace François Dufranne.

Gualter Teixeira n'en démord pas: à l'audience, "il va falloir nous expliquer ce qui s'est passé".


Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de dette morale aux pays pauvres, affirme Esther Duflo

L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
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  • Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial
  • Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût

PARIS: Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de "dette morale" aux pays pauvres, évalue la prix Nobel d'économie Esther Duflo, qui propose de faire assumer aux pays développés la responsabilité du réchauffement climatique à travers deux taxes.

"C'est ce que j'appelle une dette morale. Ce n'est pas ce que cela coûterait de s'adapter; ce n'est pas ce que cela coûterait d'atténuer. C'est ce que nous devons", a détaillé l'économiste dans un entretien au Financial Times lundi, se basant surtout sur l'effet du réchauffement climatique sur la mortalité dans les pays pauvres.

"Il y aura des dégâts énormes", poursuit Mme Duflo qui se base une étude menée par le Global Impact Lab en 2020 ayant montré que le nombre de décès liés à la chaleur risquait de bondir dans les pays pauvres d'ici à la fin du siècle.

"Ces dégâts seront concentrés dans les pays pauvres en dehors de l'OCDE", ajoute-t-elle, pointant la responsabilité des pays riches sur le changement climatique.

Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial, selon l'AIE.

Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût d'une tonne de carbone. Multiplié par la quantité d'émissions annuelles attribuables à l'Europe et aux Etats-Unis, 14 milliards de tonnes de CO2 équivalent, le prix de la "dette morale" monte alors à 518 milliards, soutient Mme Duflo.

Pour la financer, elle propose d'augmenter le taux minimal d'imposition des multinationales et de taxer les grandes fortunes, deux mécanismes qui permettraient selon elle de couvrir l'enveloppe annuelle.

L'aide financière climatique due par les pays riches aux pays en développement est fixée actuellement à 100 milliards de dollars par an. La COP29, en novembre à Bakou, doit établir le nouveau montant au-delà de 2025.

Le futur objectif, crucial pour renouer la confiance entre le Nord et le Sud, restera quoi qu'il arrive très en-deçà des besoins: les pays en développement (hors Chine) ont besoin de 2.400 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour financer leur transition et s'adapter au changement climatique, selon un calcul d'experts de l'ONU.

En parallèle, de multiples pistes sont au coeur des négociations internationales pour trouver comment combler l'écart, parmi lesquelles l'allègement de la dette des pays pauvres ou des innovations financières via de nouvelles taxes internationales.

 

 


L'Asie paye le prix fort aux aléas climatiques

Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
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  • L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère
  • L'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990

GENEVE: L'Asie a été "la région du monde la plus touchée par les catastrophes" liées à la météo en 2023, inondations et tempêtes ayant fait le plus de victimes et de pertes économiques, indique l'ONU mardi.

"Le changement climatique a exacerbé la fréquence et la gravité de tels événements, impactant profondément les sociétés, les économies et, plus important encore, les vies humaines et l'environnement dans lequel nous vivons", a déclaré Celeste Saulo, directrice de l'Organisation mondiale de la météorologie (OMM) dans un communiqué.

L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère, souligne l'OMM, ajoutant que la fonte des glaciers -notamment dans la chaîne de l'Himalaya- menace la sécurité hydrique de la région.

En outre, l'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990.

"Les conclusions du rapport donnent à réfléchir", a déclaré la cheffe de l'OMM.

"De nombreux pays de la région ont connu en 2023 leur année la plus chaude jamais enregistrée, accompagnée d'une série de conditions extrêmes, allant des sécheresses et des vagues de chaleur aux inondations et aux tempêtes", souligne le rapport.

Le rapport sur l'état du climat en Asie 2023 souligne l'accélération du rythme des principaux indicateurs du changement climatique tels que la température de surface, le retrait des glaciers et l'élévation du niveau de la mer, affirmant qu'ils auraient de graves répercussions sur les sociétés, les économies et les écosystèmes de la région.