AL-MUKALLA: Les organisations humanitaires ont exhorté lundi les gouvernements de tous les pays du monde à faire preuve de générosité en appuyant la campagne de collecte de fonds initiée par les Nations unies en vue de sauver le pétrolier en détresse au large du Yémen.
Amnesty International, Human Rights Watch, Mwatana for Human Rights et le groupe International Crisis ont adressé une lettre commune aux États-Unis, au Royaume-Uni, à l'Union européenne (UE) et à bien d'autres pays. Cette lettre invite ces pays à s'empresser d'allouer des fonds aux opérations d'urgence menées par les Nations unies afin de prévenir une catastrophe écologique de grande ampleur que pourrait provoquer le tanker en détresse.
En raison de la prise de contrôle par les Houthis (une milice soutenue par l'Iran) de la ville de Hodeïda (ouest du Yémen), le tanker se trouve coincé au large de cette ville depuis 2015, avec un chargement évalué à plus d'un million de barils de pétrole brut.
À la suite de la conquête de la ville par la milice houthie, les ingénieurs internationaux ont fui le pays; le pétrolier est donc resté sans maintenance.
En effet, le navire a retenu l'attention de la communauté internationale trois ans auparavant, lorsque la rouille a érodé ses parois. Cette évolution a déclenché une série de mises en garde contre une catastrophe écologique de taille qui surviendrait en mer Rouge en cas de fuite de pétrole ou si le pétrolier explosait.
«Les organisations soussignées vous exhortent, en votre qualité de gouvernements donateurs principaux, à soutenir sans plus attendre l'opération de sauvetage visant à prévenir le déversement par le superpétrolier de plusieurs centaines de milliers de barils de pétrole dans la mer Rouge», indiquent les organisations dans leur lettre. «Nous vous appelons à honorer les engagements de financement auxquels vous avez déjà souscrit et à vous engager davantage et autant que nécessaire pour entreprendre immédiatement l'opération de sauvetage.»
Les organisations ont reproché aux gouvernements et aux donateurs d'avoir tardé à répondre aux appels aux dons lancés par les Nations unies.
«Nous sommes profondément préoccupés par l'attitude de la communauté internationale qui se montre peu empressée à faire des dons, ce qui place le Yémen au bord d'une nouvelle catastrophe humanitaire et environnementale», peut-on lire dans la lettre.
En raison de la charge considérable du pétrolier Safer, les experts internationaux prédisent que celui-ci pourrait provoquer une catastrophe environnementale plus dévastatrice que la marée noire engendrée par le superpétrolier Exxon Valdez aux États-Unis en 1989.
Selon les Nations unies, l’opération de sauvetage est pressante, mais elle a toutefois été reportée faute de financement; cela a incité l'organisation à lancer une campagne de crowdfunding en ligne pour réunir les fonds nécessaires au sauvetage du tanker.
«Il est inconcevable que les Nations unies soient contraintes aujourd'hui de collecter 20 millions de dollars (1 dollar = 0,99 euro) par crowdfunding alors même que le tanker risque d'engendrer des dégâts mille fois plus importants. Il incombe aux donateurs d'intervenir sans délai pour parer à cette menace», peut-on lire dans un communiqué publié par Michael Page, directeur adjoint de l'organisation Human Rights Watch pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
La milice houthie refuse obstinément que les experts internationaux inspectent le pétrolier qui se dégrade. La milice a signé en mars un protocole d'accord avec les Nations unies autorisant l'organisation internationale à transporter la cargaison du pétrolier sur un autre navire.
Pour les officiels du gouvernement yéménite, les Houthis n'ont consenti à signer ce protocole d'accord que lorsque les Nations unies ont promis de remplacer le vieux pétrolier par un nouveau.
Hussein al-Ezzi, un responsable houthi, a fait savoir en juin qu'il s'était entretenu avec l’ambassadeur des Pays-Bas au Yémen, Peter-Derrek Hof, au sujet du plan des Nations unies qui prévoit de remplacer le pétrolier endommagé par «un autre tanker similaire et neuf».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.