BRASÍLIA: Le président brésilien Jair Bolsonaro a mis une nouvelle fois en question lundi le système électoral brésilien, devant plusieurs dizaines d'ambassadeurs, à moins de trois mois de la présidentielle à laquelle tous les sondages lui prédisent une défaite.
"Nous voulons corriger les défauts, nous voulons la transparence, une véritable démocratie", a dit le président d'extrême droite, en s'en prenant une nouvelle fois au système de vote par urnes électroniques.
"Je suis accusé en permanence de (fomenter un) coup de force. Nous avons le temps de résoudre le problème, avec la participation des forces armées", a ajouté le chef de l'Etat en faisant une présentation PowerPoint du système électoral.
M. Bolsonaro s'est exprimé pendant près d'une heure au Palais de l'Alvorada, devant les ambassadeurs conviés strictement pour l'écouter sur ce sujet, notamment de France ou d'Espagne.
Les ambassadeurs de Chine et d'Argentine, pourtant importants partenaires du Brésil, n'avaient pas été invités, pour des raisons non précisées.
Depuis des mois, Jair Bolsonaro instille l'idée que le scrutin pourrait être frauduleux en raison du vote par urne électronique, sans fournir la moindre preuve dans un pays où cette formule a démontré sa fiabilité depuis 1996.
«Négationnisme électoral inacceptable»
Sans mentionner explicitement M. Bolsonaro, le président du Tribunal supérieur électoral (TSE), Edson Fachin, a déclaré peu après lors d'un discours que le débat politique a été "limité par des récits qui tendent la société" et qu'il existe un "négationnisme électoral inacceptable".
"Il est temps de dire ça suffit à la désinformation. Il est également temps de dire non au populisme autoritaire, qui menace les acquis de la Constitution de 1988", a-t-il ajouté.
M. Bolsonaro est donné très largement perdant en octobre face à l'ex-chef d'Etat de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. Sa critique du système électoral est destinée à préparer le terrain d'une contestation du résultat des urnes et éventuellement de graves troubles politiques, redoutent des analystes.
"C'est dommage que le Brésil n'ait pas un président qui appelle 50 ambassadeurs pour parler de quelque chose qui intéresse le pays. (...) Au lieu de cela, il raconte des mensonges à l'encontre de notre démocratie", a écrit Lula sur son compte Twitter, peu après la rencontre de M. Bolsonaro avec les ambassadeurs.
Lors d'une audition au Sénat la semaine dernière, le ministre de la Défense Paulo Sergio Nogueira avait proposé "un vote parallèle" avec une urne spécialement destinée à recueillir les bulletins en papier, seul moyen d'éviter une fraude, selon le président.
"Nous sommes à trois mois de l'élection, la proposition des forces armées annule en pratique la possibilité de manipulation (..) Nous ne pouvons pas être confrontés à une élection (organisée) dans la défiance", a dit le président.