KIEV: La Russie a poursuivi dimanche ses bombardements sur plusieurs villes ukrainiennes, à la veille d'une réunion de l'UE visant à renforcer les sanctions et à lui faire "payer le prix fort de son agression" lancée il y a bientôt cinq mois.
Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne vont débattre lundi d'un durcissement des sanctions contre Moscou, dont les tranches successives adoptées jusqu'à présent ont isolé la Russie et durement frappé son économie, mais n'ont pas suffi à cette heure pour faire reculer le Kremlin.
Les ministres de l'UE devront se pencher lundi sur une proposition de la Commission européenne d'interdire les achats d'or à la Russie pour aligner les sanctions de l'UE sur celles de ses partenaires du G7.
Une autre proposition vise à inscrire de nouvelles personnalités russes sur la liste noire de l'UE.
"Moscou doit continuer à payer le prix fort pour son agression", a déclaré vendredi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen après avoir transmis les nouvelles mesures aux Vingt-Sept.
L'armée russe a d'ores et déjà perdu 50 000 hommes, morts ou blessés, et des milliers de blindés, selon le chef d'état-major des armées britannique, l'amiral Tony Radakin, soit "plus de 30% de son efficacité au combat terrestre".
"Cela signifie que 50 000 soldats russes sont morts ou ont été blessés dans ce conflit, que près de 1 700 chars russes ont été détruits, que près de 4 000 véhicules blindés appartenant à la Russie ont été détruits", a affirmé l'amiral Radakin, dans une interview diffusée dimanche par la BBC.
Pour autant, "le défi que pose la Russie va durer", a-t-il averti, soulignant que miser sur un problème de santé de Vladimir Poutine ou "qu'il finisse par se faire assassiner" relevait du "voeu pieux".
Le maître du Kremlin a affirmé au début du mois que l'armée russe n'avait "pas encore commencé les choses sérieuses", et son ministre de la Défense Sergueï Choïgou a ordonné la semaine passée d'"accroître encore" la pression militaire.
Trois jours à peine après des frappes au missile de croisière qui ont dévasté le centre de Vinnytsia, à des centaines de kilomètres du front, faisant au moins 24 morts dont des enfants et suscitant de la part de l'Union européenne la dénonciation d'un "comportement barbare", les bombardements continuent.
Dans la nuit de samedi à dimanche, des missiles ont frappé Kharkiv, la deuxième ville du pays, proche de la frontière russe.
"Vers trois heures du matin, dans le district de Kyivsky (de Kharkiv), l'un des étages d'un bâtiment industriel de cinq étages a pris feu à la suite de deux frappes de missiles. Une femme de 59 ans a été blessée et hospitalisée", a dit le gouverneur régional, Oleg Sinegoubov.
«Bombardements massifs»
D'autres frappes ont visé Mykolaïv, ville du sud proche de la mer Noire.
"Vers 03H05, Mykolaïv a été touchée par des bombardements massifs. À l'heure actuelle, nous avons connaissance d'un incendie dans deux entreprises industrielles", a dit Vitaliy Kim, le gouverneur local.
Des villages de la région ont également été touchés. "Trois personnes sont mortes et trois ont été blessées à Chevtchenkove", a-t-il dit, ajoutant qu'une femme avait été tuée samedi dans un bombardement sur Chyrokiv, où "un immeuble résidentiel a été détruit".
Dans l'est de l'Ukraine, la région de Donetsk, dans le bassin du Donbass, a également été ciblée par "les Russes (qui) continuent de bombarder les infrastructures civiles, en particulier les établissements d'enseignement", a déclaré le gouverneur de la région, Pavlo Kyrylenko.
"Trois missiles ont touché la communauté de Toretsk: un a touché un quartier résidentiel, deux à Zalizne où une école et un jardin d'enfants ont été endommagés. A Konstantinovka, les Russes ont bombardé une faculté de médecine. Aucune information sur les victimes pour l'instant", a-t-il ajouté.
Les séparatistes prorusses qui tiennent une partie de la même région depuis 2014 ont de leur côté accusé les forces ukrainiennes d'avoir tiré 60 roquettes avec des lance-roquettes multiples Grad sur un quartier de Donetsk.
"Des immeubles d'habitation ont été touchés", ont-ils affirmé, publiant des images de bâtiments réduits en ruines, sans faire état de victimes.
«Assez de morts»
La guerre en Ukraine entrera le 24 juillet dans son sixième mois et il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit jusqu'à présent.
"Assez de morts", ont scandé près de 2 000 manifestants ukrainiens et polonais dimanche devant l'ambassade russe à Varsovie, demandant comme le président ukrainien Volodymyr Zelensky que la Russie soit reconnue "Etat terroriste".
L'ONU a recensé près de 5 000 morts confirmés, dont plus de 300 enfants, mais reconnaît que leur nombre véritable est sans doute largement supérieur.
Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d'un terrible siège, les autorités ukrainiennes évoquaient quelque 20 000 morts.
Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales évoquent désormais de 15 000 à 20 000 soldats russes tués. Kiev a fait état d'au moins 10 000 morts dans ses troupes.
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