Guerre en Ukraine: l'UE veut durcir les sanctions contre Moscou, plusieurs villes touchées par des frappes Kiev

Une habitante locale, Raisa Kuval, 82 ans, réagit à côté d'un bâtiment endommagé partiellement détruit après un bombardement dans la ville de Chuguiv, à l'Est de Kharkiv, le 16 juillet 2022. (AFP)
Une habitante locale, Raisa Kuval, 82 ans, réagit à côté d'un bâtiment endommagé partiellement détruit après un bombardement dans la ville de Chuguiv, à l'Est de Kharkiv, le 16 juillet 2022. (AFP)
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Publié le Dimanche 17 juillet 2022

Guerre en Ukraine: l'UE veut durcir les sanctions contre Moscou, plusieurs villes touchées par des frappes Kiev

  • Kharkiv, la deuxième ville du pays dans le nord-est, a été la cible de frappes de missiles au cours de la nuit, selon le gouverneur de la région Oleg Synegubov
  • Le coût de la guerre qui a été déclenchée le 24 février par la Russie est ressenti aussi pour le reste du monde, ont fait valoir les pays occidentaux au G20 de Bali, qui s'est cependant achevé samedi sans communiqué conjoint

KIEV : Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne vont débattre lundi d'un durcissement des sanctions contre la Russie dont l'armée poursuit le pilonnage de plusieurs villes en Ukraine, qui s'apprête à entrer dans son 6e mois de guerre.

Kharkiv, la deuxième ville du pays dans le nord-est, a été la cible de frappes de missiles au cours de la nuit, selon le gouverneur de la région Oleg Synegubov.

"Vers trois heures du matin, dans le district de Kyivsky (de Kharkiv), l'un des étages d'un bâtiment industriel de cinq étages a pris feu à la suite de deux frappes de missiles. Une femme de 59 ans a été blessée et hospitalisés", a-t-il dit.

Vitaliy Kim, chef de la région de Mykolaïv (sud), proche de la mer Noire, a dénoncé de son côté dimanche plusieurs frappes menées la veille au sud de cette région et sur la ville elle-même dans la matinée.

"Vers 03H05, Mykolaïv a été touchée par des bombardements massifs. À l'heure actuelle, nous avons connaissance d'un incendie dans deux entreprises industrielles", a-t-il dit.

Il a ajouté que les villages de Shevchenkove, Zoria et Novoruske ont été également été bombardés la veille. "Trois personnes sont mortes et trois ont été blessées à Shevchenkove", a-t-il dit, ajoutant qu'une femme a été tuée samedi dans un bombardement sur Shyrokiv où un "un immeuble résidentiel a été détruit".

La région de Donetsk (est) a également été ciblée par "les Russes (qui) continuent de bombarder les infrastructures civiles, en particulier les établissements d'enseignement", a déclaré le gouverneur de la région, Pavlo Kyrylen.

"Trois missiles ont touché la communauté de Toretsk: un a touché un quartier résidentiel, deux à Zalizne où une école et un jardin d'enfants ont été endommagés. A Kostiantynivka, les Russes ont bombardé une faculté de médecine. Aucune information sur les victimes pour l'instant", a-t-il ajouté.

C'est dans ce contexte que les ministres de l'UE devront se pencher lundi, entre autres, sur une proposition de la Commission européenne d'interdire les achats d'or à la Russie pour aligner les sanctions de l'UE sur celles de ses partenaires du G7.

Une autre proposition vise à inscrire de nouvelles personnalités russes sur la liste noire de l'UE.

«Payer le prix fort»

"Moscou doit continuer à payer le prix fort pour son agression", a affirmé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen après avoir transmis les nouvelles mesures aux Vingt-Sept.

Selon un haut fonctionnaire européen, lors d'une première discussion à Bruxelles sur ces nouvelles sanctions, aucune décision n'est attendue.

Le plus important acheteur d'or russe est le Royaume-Uni avec 290 tonnes en 2020 pour un montant de 16,9 milliards de dollars, selon les indications des douanes russes.

Le coût de la guerre qui a été déclenchée le 24 février par la Russie est ressenti aussi pour le reste du monde, ont fait valoir les pays occidentaux au G20 de Bali, qui s'est cependant achevé samedi sans communiqué conjoint, faute de consensus sur ce point.

La participation de la Russie était "absurde" et "équivalait à inviter un pyromane à une réunion de pompiers", a fustigé la ministre canadienne des Finances Chrystia Freeland.

Les accusations sont du même ordre en Ukraine, où l'opérateur national de l'énergie nucléaire a accusé l'armée russe d'avoir installé des lanceurs de missiles sur le site même de la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud), dans une zone qui est sous son contrôle depuis mars.

"La situation est extrêmement tendue et la tension s'accroît de jour en jour. Les occupants y amènent (...) y compris des systèmes de missiles avec lesquels ils ont déjà frappé de l'autre côté" du fleuve Dniepr "et sur le territoire de Nikopol", à 80 kilomètres au sud-ouest de Zaporijjia, a affirmé Petro Kotin, président d'Energoatom, sur Telegram.

Selon lui, environ 500 militaires russes se trouvent sur le site de cette centrale ukrainienne, la plus grande d'Europe.

Milliers de morts

Dans le Donbass, les forces séparatistes et l'armée russe ont affirmé continuer à progresser et être en train de prendre le contrôle complet de la ville de Siversk, attaquée après la prise de Lyssytchansk, plus à l'est, au début du mois.

Le ministère russe de la Défense a affirmé samedi que le ministre, Sergueï Choïgou, s'était rendu auprès des soldats impliqués dans l'offensive en Ukraine, sans préciser la date de cette visite, la deuxième après une première en juin, ni si elle avait eu lieu en Ukraine ou en Russie.

Il a "donné les instructions nécessaires pour accroître encore" la pression militaire, a ajouté le ministère.

La guerre en Ukraine entrera le 24 juillet dans son 6e mois et il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit jusqu'à présent.

L'ONU a recensé près de 5.000 morts confirmés, dont plus de 300 enfants, mais reconnaît que leur nombre véritable est sans doute largement supérieur.

Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d'un terrible siège, les autorités ukrainiennes évoquaient quelque 20 000 morts.

Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales évoquent désormais de 15 000 à 20 000 soldats russes tués. Kiev a fait état d'au moins 10 000 morts dans ses troupes.

Aucune statistique indépendante n'est disponible.

Ferme condamnation de la Russie à la réunion ministérielle du G20

De nombreux pays du G20 ont condamné l'invasion de l'Ukraine par la Russie lors de la réunion des ministres des Finances et des banquiers centraux du groupe, vendredi et samedi à Bali, selon une déclaration de la présidence indonésienne rendue publique dimanche.

Cette réunion des grands argentiers du G20 s'est achevée sans communiqué conjoint en raison de divergences entre les pays concernant l'offensive russe en Ukraine. En lieu et place de ce communiqué, l'Indonésie, qui tente de concilier sa neutralité dans le conflit et le fait qu'elle est l'hôte du G20 cette année, a publié une déclaration en son propre nom, dans laquelle elle fait état de ces divergences.

"De nombreux membres sont convenus que la reprise de l'économie mondiale a ralenti et est confrontée à un revers majeur en raison de la guerre de la Russie contre l'Ukraine, qui a été fermement condamnée, et ils ont appelé à la fin de la guerre", indique cette déclaration.

"Un membre a exprimé l'opinion selon laquelle les sanctions aggravent les difficultés actuelles", ajoute le texte, apparemment en référence à la Russie.

La déclaration fait également état de l'absence de consensus concernant la crise alimentaire mondiale, exacerbée par l'invasion de l'Ukraine.

"La majorité des membres sont convenus qu'il existe une aggravation alarmante de l'insécurité alimentaire et énergétique", et "de nombreux membres se déclarent prêts à agir promptement", indique-t-elle.

La Russie avait envoyé un vice-ministre à la réunion de Bali, son ministre des Finances participant de façon virtuelle.

La semaine dernière, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait claqué la porte d'une réunion avec ses homologues du G20 à Bali après une pluie de condamnations de l'invasion de l'Ukraine.

La prochaine réunion financière du G20 est prévue en octobre à Washington.

Moscou le «pyromane», accuse le Canada

Le coût de la guerre est ressenti aussi pour le reste du monde, ont fait valoir les pays occidentaux au G20 de Bali, qui s'est cependant achevé samedi sans communiqué conjoint, faute de consensus sur ce point.

La participation de la Russie était "absurde" et "équivalait à inviter un pyromane à une réunion de pompiers", a fustigé la ministre canadienne des Finances Chrystia Freeland.

Les accusations sont du même ordre en Ukraine, où l'opérateur national de l'énergie nucléaire a accusé l'armée russe d'avoir installé des lanceurs de missiles sur le site même de la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud), dans une zone qui est sous son contrôle depuis mars.

"La situation est extrêmement tendue et la tension s'accroît de jour en jour. Les occupants y amènent (...) y compris des systèmes de missiles avec lesquels ils ont déjà frappé de l'autre côté" du fleuve Dniepr "et sur le territoire de Nikopol", à 80 kilomètres au sud-ouest de Zaporijjia, a affirmé Petro Kotin, président d'Energoatom, sur Telegram.

Selon lui, environ 500 militaires russes se trouvent sur le site de cette centrale ukrainienne, la plus grande d'Europe.

«Nous sommes en vie»

Vendredi soir, l'armée de l'air ukrainienne avait indiqué que des missiles russes Kh-101 avaient été tirés vers 22H00 de la mer Caspienne sur Dnipro, dont quatre ont été détruits.

Le centre de commandement de la région sud a indiqué samedi que la situation était "tendue mais sous contrôle".

"L'ennemi continue de mener des offensives (...) mais, faute de succès sur le terrain, il intensifie les frappes de missiles et aériennes", a-t-il affirmé sur Facebook.

Plus au nord, près de Kharkiv, la deuxième ville du pays, la ville de Tchouguiv a été touchée vendredi soir par des missiles russes qui ont fait trois morts, a annoncé Oleg Sinegoubov, le gouverneur de la région.

Dans l'est, vendredi soir, Kramatorsk, la principale ville du bassin du Donbass encore sous contrôle ukrainien, dans la région de Donetsk, avait également subi plusieurs bombardements.

Moscou assure faire des progrès dans le Donbass 

L'Ukraine et ses alliés occidentaux restent par ailleurs sous le choc des frappes de missiles de croisière qui ont dévasté jeudi le centre de Vinnytsia, à des centaines de kilomètres à l'ouest du front.

Le bilan de cette attaque a été relevé samedi à 24 morts. "Malheureusement, une femme est morte à l'hôpital aujourd'hui, elle était brûlée à 85%", a annoncé le gouverneur de la région de Vinnytsia, Serguiï Borzov, précisant que 68 personnes continuaient de recevoir des soins, dont quatre enfants.

Face aux condamnations internationales, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir visé à Vinnytsia une réunion du "commandement des forces aériennes ukrainiennes avec des représentants de fournisseurs étrangers d'armements".

Un haut responsable américain de la Défense a cependant dit, sous couvert d'anonymat, n'avoir "pas d'indication sur la présence d'une cible militaire à proximité".

La Russie n'a jamais reconnu de bavure ou de crime de ses forces armées en Ukraine et assure systématiquement ne frapper que des cibles militaires.

Dans le Donbass, les forces séparatistes et l'armée russe ont affirmé continuer à progresser et être en train de prendre le contrôle complet de la ville de Siversk, attaquée après la prise de Lyssytchansk, plus à l'est, au début du mois.

Le ministère russe de la Défense a affirmé samedi que le ministre, Sergueï Choïgou, s'était rendu auprès des soldats impliqués dans l'offensive en Ukraine, sans préciser la date de cette visite, la deuxième après une première en juin, ni si elle avait eu lieu en Ukraine ou en Russie.

Il a "donné les instructions nécessaires pour accroître encore" la pression militaire, a ajouté le ministère.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.