KIEV : Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne vont débattre lundi d'un durcissement des sanctions contre la Russie dont l'armée poursuit le pilonnage de plusieurs villes en Ukraine, qui s'apprête à entrer dans son 6e mois de guerre.
Kharkiv, la deuxième ville du pays dans le nord-est, a été la cible de frappes de missiles au cours de la nuit, selon le gouverneur de la région Oleg Synegubov.
"Vers trois heures du matin, dans le district de Kyivsky (de Kharkiv), l'un des étages d'un bâtiment industriel de cinq étages a pris feu à la suite de deux frappes de missiles. Une femme de 59 ans a été blessée et hospitalisés", a-t-il dit.
Vitaliy Kim, chef de la région de Mykolaïv (sud), proche de la mer Noire, a dénoncé de son côté dimanche plusieurs frappes menées la veille au sud de cette région et sur la ville elle-même dans la matinée.
"Vers 03H05, Mykolaïv a été touchée par des bombardements massifs. À l'heure actuelle, nous avons connaissance d'un incendie dans deux entreprises industrielles", a-t-il dit.
Il a ajouté que les villages de Shevchenkove, Zoria et Novoruske ont été également été bombardés la veille. "Trois personnes sont mortes et trois ont été blessées à Shevchenkove", a-t-il dit, ajoutant qu'une femme a été tuée samedi dans un bombardement sur Shyrokiv où un "un immeuble résidentiel a été détruit".
La région de Donetsk (est) a également été ciblée par "les Russes (qui) continuent de bombarder les infrastructures civiles, en particulier les établissements d'enseignement", a déclaré le gouverneur de la région, Pavlo Kyrylen.
"Trois missiles ont touché la communauté de Toretsk: un a touché un quartier résidentiel, deux à Zalizne où une école et un jardin d'enfants ont été endommagés. A Kostiantynivka, les Russes ont bombardé une faculté de médecine. Aucune information sur les victimes pour l'instant", a-t-il ajouté.
C'est dans ce contexte que les ministres de l'UE devront se pencher lundi, entre autres, sur une proposition de la Commission européenne d'interdire les achats d'or à la Russie pour aligner les sanctions de l'UE sur celles de ses partenaires du G7.
Une autre proposition vise à inscrire de nouvelles personnalités russes sur la liste noire de l'UE.
«Payer le prix fort»
"Moscou doit continuer à payer le prix fort pour son agression", a affirmé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen après avoir transmis les nouvelles mesures aux Vingt-Sept.
Selon un haut fonctionnaire européen, lors d'une première discussion à Bruxelles sur ces nouvelles sanctions, aucune décision n'est attendue.
Le plus important acheteur d'or russe est le Royaume-Uni avec 290 tonnes en 2020 pour un montant de 16,9 milliards de dollars, selon les indications des douanes russes.
Le coût de la guerre qui a été déclenchée le 24 février par la Russie est ressenti aussi pour le reste du monde, ont fait valoir les pays occidentaux au G20 de Bali, qui s'est cependant achevé samedi sans communiqué conjoint, faute de consensus sur ce point.
La participation de la Russie était "absurde" et "équivalait à inviter un pyromane à une réunion de pompiers", a fustigé la ministre canadienne des Finances Chrystia Freeland.
Les accusations sont du même ordre en Ukraine, où l'opérateur national de l'énergie nucléaire a accusé l'armée russe d'avoir installé des lanceurs de missiles sur le site même de la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud), dans une zone qui est sous son contrôle depuis mars.
"La situation est extrêmement tendue et la tension s'accroît de jour en jour. Les occupants y amènent (...) y compris des systèmes de missiles avec lesquels ils ont déjà frappé de l'autre côté" du fleuve Dniepr "et sur le territoire de Nikopol", à 80 kilomètres au sud-ouest de Zaporijjia, a affirmé Petro Kotin, président d'Energoatom, sur Telegram.
Selon lui, environ 500 militaires russes se trouvent sur le site de cette centrale ukrainienne, la plus grande d'Europe.
Milliers de morts
Dans le Donbass, les forces séparatistes et l'armée russe ont affirmé continuer à progresser et être en train de prendre le contrôle complet de la ville de Siversk, attaquée après la prise de Lyssytchansk, plus à l'est, au début du mois.
Le ministère russe de la Défense a affirmé samedi que le ministre, Sergueï Choïgou, s'était rendu auprès des soldats impliqués dans l'offensive en Ukraine, sans préciser la date de cette visite, la deuxième après une première en juin, ni si elle avait eu lieu en Ukraine ou en Russie.
Il a "donné les instructions nécessaires pour accroître encore" la pression militaire, a ajouté le ministère.
La guerre en Ukraine entrera le 24 juillet dans son 6e mois et il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit jusqu'à présent.
L'ONU a recensé près de 5.000 morts confirmés, dont plus de 300 enfants, mais reconnaît que leur nombre véritable est sans doute largement supérieur.
Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d'un terrible siège, les autorités ukrainiennes évoquaient quelque 20 000 morts.
Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales évoquent désormais de 15 000 à 20 000 soldats russes tués. Kiev a fait état d'au moins 10 000 morts dans ses troupes.
Aucune statistique indépendante n'est disponible.
Ferme condamnation de la Russie à la réunion ministérielle du G20
De nombreux pays du G20 ont condamné l'invasion de l'Ukraine par la Russie lors de la réunion des ministres des Finances et des banquiers centraux du groupe, vendredi et samedi à Bali, selon une déclaration de la présidence indonésienne rendue publique dimanche.
Cette réunion des grands argentiers du G20 s'est achevée sans communiqué conjoint en raison de divergences entre les pays concernant l'offensive russe en Ukraine. En lieu et place de ce communiqué, l'Indonésie, qui tente de concilier sa neutralité dans le conflit et le fait qu'elle est l'hôte du G20 cette année, a publié une déclaration en son propre nom, dans laquelle elle fait état de ces divergences.
"De nombreux membres sont convenus que la reprise de l'économie mondiale a ralenti et est confrontée à un revers majeur en raison de la guerre de la Russie contre l'Ukraine, qui a été fermement condamnée, et ils ont appelé à la fin de la guerre", indique cette déclaration.
"Un membre a exprimé l'opinion selon laquelle les sanctions aggravent les difficultés actuelles", ajoute le texte, apparemment en référence à la Russie.
La déclaration fait également état de l'absence de consensus concernant la crise alimentaire mondiale, exacerbée par l'invasion de l'Ukraine.
"La majorité des membres sont convenus qu'il existe une aggravation alarmante de l'insécurité alimentaire et énergétique", et "de nombreux membres se déclarent prêts à agir promptement", indique-t-elle.
La Russie avait envoyé un vice-ministre à la réunion de Bali, son ministre des Finances participant de façon virtuelle.
La semaine dernière, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait claqué la porte d'une réunion avec ses homologues du G20 à Bali après une pluie de condamnations de l'invasion de l'Ukraine.
La prochaine réunion financière du G20 est prévue en octobre à Washington.
Moscou le «pyromane», accuse le Canada
Le coût de la guerre est ressenti aussi pour le reste du monde, ont fait valoir les pays occidentaux au G20 de Bali, qui s'est cependant achevé samedi sans communiqué conjoint, faute de consensus sur ce point.
La participation de la Russie était "absurde" et "équivalait à inviter un pyromane à une réunion de pompiers", a fustigé la ministre canadienne des Finances Chrystia Freeland.
Les accusations sont du même ordre en Ukraine, où l'opérateur national de l'énergie nucléaire a accusé l'armée russe d'avoir installé des lanceurs de missiles sur le site même de la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud), dans une zone qui est sous son contrôle depuis mars.
"La situation est extrêmement tendue et la tension s'accroît de jour en jour. Les occupants y amènent (...) y compris des systèmes de missiles avec lesquels ils ont déjà frappé de l'autre côté" du fleuve Dniepr "et sur le territoire de Nikopol", à 80 kilomètres au sud-ouest de Zaporijjia, a affirmé Petro Kotin, président d'Energoatom, sur Telegram.
Selon lui, environ 500 militaires russes se trouvent sur le site de cette centrale ukrainienne, la plus grande d'Europe.
«Nous sommes en vie»
Vendredi soir, l'armée de l'air ukrainienne avait indiqué que des missiles russes Kh-101 avaient été tirés vers 22H00 de la mer Caspienne sur Dnipro, dont quatre ont été détruits.
Le centre de commandement de la région sud a indiqué samedi que la situation était "tendue mais sous contrôle".
"L'ennemi continue de mener des offensives (...) mais, faute de succès sur le terrain, il intensifie les frappes de missiles et aériennes", a-t-il affirmé sur Facebook.
Plus au nord, près de Kharkiv, la deuxième ville du pays, la ville de Tchouguiv a été touchée vendredi soir par des missiles russes qui ont fait trois morts, a annoncé Oleg Sinegoubov, le gouverneur de la région.
Dans l'est, vendredi soir, Kramatorsk, la principale ville du bassin du Donbass encore sous contrôle ukrainien, dans la région de Donetsk, avait également subi plusieurs bombardements.
Moscou assure faire des progrès dans le Donbass
L'Ukraine et ses alliés occidentaux restent par ailleurs sous le choc des frappes de missiles de croisière qui ont dévasté jeudi le centre de Vinnytsia, à des centaines de kilomètres à l'ouest du front.
Le bilan de cette attaque a été relevé samedi à 24 morts. "Malheureusement, une femme est morte à l'hôpital aujourd'hui, elle était brûlée à 85%", a annoncé le gouverneur de la région de Vinnytsia, Serguiï Borzov, précisant que 68 personnes continuaient de recevoir des soins, dont quatre enfants.
Face aux condamnations internationales, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir visé à Vinnytsia une réunion du "commandement des forces aériennes ukrainiennes avec des représentants de fournisseurs étrangers d'armements".
Un haut responsable américain de la Défense a cependant dit, sous couvert d'anonymat, n'avoir "pas d'indication sur la présence d'une cible militaire à proximité".
La Russie n'a jamais reconnu de bavure ou de crime de ses forces armées en Ukraine et assure systématiquement ne frapper que des cibles militaires.
Dans le Donbass, les forces séparatistes et l'armée russe ont affirmé continuer à progresser et être en train de prendre le contrôle complet de la ville de Siversk, attaquée après la prise de Lyssytchansk, plus à l'est, au début du mois.
Le ministère russe de la Défense a affirmé samedi que le ministre, Sergueï Choïgou, s'était rendu auprès des soldats impliqués dans l'offensive en Ukraine, sans préciser la date de cette visite, la deuxième après une première en juin, ni si elle avait eu lieu en Ukraine ou en Russie.
Il a "donné les instructions nécessaires pour accroître encore" la pression militaire, a ajouté le ministère.