Le débat s'anime entre les candidats à Downing Street avant une semaine décisive

Ils sont encore cinq dans la course au pouvoir lancée après l'annonce le 7 juillet de la démission de Boris Johnson, dont la secrétaire d'Etat au Commerce international Penny Mordaunt (Photo, AFP).
Ils sont encore cinq dans la course au pouvoir lancée après l'annonce le 7 juillet de la démission de Boris Johnson, dont la secrétaire d'Etat au Commerce international Penny Mordaunt (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 18 juillet 2022

Le débat s'anime entre les candidats à Downing Street avant une semaine décisive

  • Alors que des températures dépassant les 40 degrés sont attendues en Angleterre en début de semaine, le président et ministre de la COP26 Alok Sharma a appelé les candidats conservateurs à respecter les engagements du pays en matière de climat
  • Jusque-là, la crise du coût de la vie qui étrangle les Britanniques a dominé les débats, Liz Truss ou Penny Mordaunt promettant des réductions d'impôts pour soulager les ménages

LONDRES: Les candidats pour succéder au Premier ministre britannique Boris Johnson se sont retrouvés dimanche soir pour un deuxième débat télévisé plus animé que le précédent, tandis qu'ils entament une semaine décisive dans la course à Downing Street.

Ils sont encore cinq dans la course au pouvoir lancée après l'annonce le 7 juillet de la démission de Boris Johnson, emporté par une avalanche de départs déclenchée par un trop-plein de scandales et de mensonges.

La secrétaire d'Etat au Commerce international Penny Mordaunt, l'ex-ministre des Finances Rishi Sunak, la cheffe de la diplomatie Liz Truss, l'ex-secrétaire d'Etat à l'Egalité Kemi Badenoch et le député Tom Tugendhat se sont retrouvés pour un débat télévisé d'une heure sur la chaîne ITV.

Ils entament une semaine décisive dans la course à Downing Street: après plusieurs votes des députés Tories, on connaîtra mercredi soir le nom des deux finalistes, qui seront départagés pendant l'été par les membres du parti conservateur. Le nom du futur Premier ministre sera connu le 5 septembre.

Le face-à-face s'est avéré bien plus animé que le précédent débat télévisé vendredi, lors duquel les cinq prétendants au pouvoir s'étaient refusés aux clashs et attaques personnelles.

Liz Truss à l'attaque

Cette fois, la cheffe de la diplomatie Liz Truss – jugée peu convaincante vendredi – a donné le ton en attaquant frontalement dès ses premières interventions son ancien collègue au gouvernement Rishi Sunak, l'accusant d'avoir mené le pays à la "récession" en augmentant les taxes quand il était chargé des Finances.

L'ex-ministre de la Défense Penny Mordaunt a aussi attaqué l'ancien Chancelier sur le sujet, elle qui a suggéré d'emprunter pour faire face à la crise du coût de la vie qui étrangle les ménages britanniques, avec une inflation record à 9,1% en mai.

"C'est du socialisme", a riposté Rishi Sunak. "Même (l'ancien chef de l'opposition) Jeremy Corbyn ne serait pas allé si loin!"

Mme Truss et M. Sunak sont à couteaux tirés depuis le début de la campagne.

La candidate de 46 ans est la coqueluche du camp Johnson, qui est convaincu que M. Sunak attendait son heure depuis des mois avant de démissionner le 4 juillet, précipitant la chute du Premier ministre. Ce que les partisans de Rishi Sunak démentent.

En passant à l'offensive, Liz Truss a tenté de combler son retard au moment où les bookmakers la relèguent à la troisième place derrière Penny Mordaunt et Rishi Sunak, au coude à coude.

Samedi, un sondage réalisé par le site Conservative Home auprès de son lectorat conservateur positionnait même en tête l'ancienne secrétaire d'Etat Kemi Badenoch, qui plaît à certains Tories pour son côté "anti-woke" et ses propos moins langue de bois que la plupart de ses rivaux.

Peu d'environnement

Après des mois de scandales et de mensonges sous Boris Johnson, les questions d'intégrité ont encore une fois été largement abordées.

Aucun candidat ne s'est dit disposé à nommer le bientôt ex-Premier ministre dans son gouvernement.

Lors du précédent débat vendredi, seul Tom Tugendhat avait répondu fermement "non" quand on lui avait demandé si le Premier ministre démissionnaire était honnête. Kemi Badenoch s'était contentée d'un "parfois" et les trois autres avaient bafouillé des réponses vagues.

A la fin du face-à-face, les candidats ont dû se positionner sur les questions environnementales. Mais le sujet, relégué au second plan des débats depuis le début de la campagne, a de nouveau été éclipsé en quelques minutes.

Si tous les candidats à l'exception de Kemi Badenoch affirment qu'ils maintiendront l'objectif national de neutralité carbone à l'horizon 2050, ils n'en font pas une priorité.

Alors que des températures dépassant les 40 degrés sont attendues en Angleterre en début de semaine, le président et ministre de la COP26 Alok Sharma a appelé dimanche les candidats à "prendre très au sérieux" les enjeux climatiques, n'excluant pas de quitter son poste si tel n'était pas le cas.

Afin de sélectionner le nouveau Premier ministre, les députés conservateurs vont de nouveau voter lundi, mardi et mercredi, pour éliminer un par un les candidats tandis qu'un troisième débat aura lieu mercredi sur Sky News.

Une fois le casting du face-à-face final déterminé, le choix reviendra aux membres du parti conservateur qui voteront par correspondance pendant l'été. Le résultat du scrutin est attendu pour le 5 septembre.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.