TBILISSI: Les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan ont tenu samedi à Tbilissi en Géorgie leurs premiers pourparlers directs depuis la guerre qui a opposé ces deux pays du Caucase au Nagorny Karabakh en 2020.
Ces discussions entre le chef de la diplomatie arménienne Ararat Mirzoïan et son homologue azerbaïdjanais Djeyhoun Baïramov s'inscrivent dans le sillage d'une médiation européenne visant à avancer vers un traité de paix.
Les deux diplomates "ont discuté d'une large palette de sujets relatifs à la normalisation des relations entre les deux pays", a déclaré le ministère arménien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Lors de la rencontre, M. Mirzoïan a "souligné l'importance d'une résolution politique du conflit au Karabakh afin de bâtir une paix durable dans la région" du Caucase, selon la même source.
Le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères a demandé "le retrait des forces armées de l'Arménie hors du territoire de l'Azerbaïdjan", une allusion aux régions du Karabakh encore contrôlées par des séparatistes arméniens.
Il a aussi "noté l'importance d'élucider le sort de près de 4 000 Azerbaïdjanais portés disparus", selon un communiqué du ministère, diffusé à Bakou, qui ajoute: "Les ministres se sont engagés à poursuivre le dialogue direct entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie".
Signe du chemin qui reste à parcourir, ces pourparlers ont été précédés d'une montée de tension, les deux pays s'accusant mutuellement de porter la responsabilité d'un nouvel échange de tirs à la frontière dans la nuit de vendredi à samedi.
Après une première guerre qui a fait plus de 30 000 morts au début des années 1990, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont affrontés à l'automne 2020 pour le contrôle du Nagorny Karabakh, une région montagneuse qui, soutenue par Erevan, avait fait sécession de l'Azerbaïdjan.
Plus de 6 500 personnes ont été tuées dans cette nouvelle guerre. Dans le cadre d'un accord de cessez-le-feu négocié par Moscou, l'Arménie a cédé des pans entiers de territoires qu'elle contrôlait.
Cet accord est considéré en Arménie comme une humiliation nationale et plusieurs partis d'opposition ont appelé à la démission du Premier ministre Nikol Pachinian, qu'ils accusent de vouloir céder davantage de territoires à Bakou.
Plusieurs incidents armés ont eu lieu ces derniers mois à la frontière entre les deux pays.
Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev et M. Pachinian se sont vus à deux reprises à Bruxelles, en avril et en mai, pour des contacts dans le cadre de la médiation de l'Union européenne.
La Russie, de plus en plus isolée sur la scène internationale en raison de son invasion de l'Ukraine, considère le Caucase comme son pré carré et voit d'un mauvais oeil l'initiative européenne.