BEYROUTH : Deux groupes de défense des droits ont critiqué mercredi la décision d’un conseil judiciaire libanais d’annuler le nouveau contrat de travail des employées de maison migrantes, et ont qualifié cette décision de «coup dur» à l’égard de leurs droits.
En septembre, le ministère du travail avait approuvé un nouveau contrat qui donne à ces employées plus de droits, tels que celui de démissionner lorsqu’elles le souhaitent, et ou le droit de garder leur passeports afin d’empêcher certains employeurs de les confisquer.
Cependant, les agences de recrutement ont déposé une plainte, et le Conseil d’État a émis une décision temporaire le 14 octobre qui suspend l’entrée en vigueur de l’entente. «Par la suspension de la mise en œuvre de ce nouveau contrat standard unifié, le Conseil d’État a porté un coup dur aux droits des employées de maison migrantes», déplore Diala Haidar d’Amnesty International.
Dans sa décision, « le conseil n’a pas mentionné les droits des employées de maison migrantes au Liban… Il n'a fait référence qu'à ce que les agences de recrutement considèrent comme un préjudice grave à leurs intérêts», ajoute Mme Haidar.
Le Conseil d’État affirme avoir suspendu la mise en œuvre du nouveau contrat car celui-ci « nuirait gravement au secteur de recrutement », d’après la décision obtenue par l’AFP.
Pour Aya Majzoub, de Human Rights Watch, cette décision est «très décevante». «Il doit y avoir un changement culturel», dit Mme Majzoub. «Les gens sont vraiment habitués à l'idée que les employées de maison migrantes ne devrait pouvoir démissionner sans le consentement de leur employeur, ils considèrent cela comme normal ».
Ali Al-Amine, président du syndicat des agences de recrutement, a fait valoir qu’ils ne voulaient pas annuler complètement le nouveau contrat, seulement y apporter des modifications. «Notre principale objection concerne l'article sur le mécanisme de recrutement et la résiliation du contrat, et non sur les droits des travailleurs», a-t-il déclaré. «Il doit y avoir un équilibre entre les droits et les devoirs de tous les signataires».
Le Liban compte plus de 250 000 migrants, pour la plupart des femmes venant d'Afrique et d'Asie, qui travaillent comme femmes de ménage, soignantes ou nounous.
Elles ne sont pas protégées par le Code du travail libanais, mais travaillent plutôt conformément à un ensemble de lois, de politiques et de coutumes appelé «kafala». Ce système est souvent critiqué par les groupes de défense, car il laisse la porte ouverte à toutes sortes d’abus.
Pour les activistes, le nouveau contrat est un pas dans la bonne direction jusqu'à ce que la législation du travail soit amendée pour inclure tous les travailleurs domestiques, quelle que soit leur nationalité.
Les employées de maison migrantes ont été particulièrement touchées par la crise économique au Liban. Nombre d'entre elles reçoivent des salaires en monnaie locale, désormais dévaluée. D'autres ne sont pas payées, ou se trouvent même abandonnées au bord de la rue par leurs employeurs.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com