PARIS: Emmanuel Macron tentera jeudi, avec son interview du 14-Juillet, de reprendre la main après un début de quinquennat difficile, mais aussi de tracer des perspectives pour son second et ultime mandat.
Dès la fin du défilé militaire et pendant une trentaine de minutes, à compter de 13H10, le président va "donner le cap, les grandes lignes des politiques qui doivent être conduites" en répondant aux questions de Caroline Roux et Anne-Claire Coudray sur TF1 et France 2.
Ce n'est que la deuxième fois, après 2020, que le chef de l'Etat renoue avec cette tradition observée par ses prédécesseurs.
C'est aussi et surtout sa première interview télévisée depuis sa réélection en avril et les législatives, qui l'ont vu perdre en juin sa majorité absolue à l'Assemblée nationale.
Mais après cette longue période électorale, "on est pleinement entré dans le temps de l'action", assure son entourage.
"L'objectif est d'expliquer où le président souhaite emmener le pays dans les prochains mois et les prochaines années", poursuit-on.
"Il y a de nombreux défis face à nous, géostratégiques avec la guerre aux portes de l'Europe et ses conséquences très directes sur les Français, la fermeture du gazoduc russe Nordstream qui ne sera pas sans conséquences, l'inflation, le défi écologique, l'approvisionnement énergétique", énumère un conseiller du président.
La guerre en Ukraine pèse sur la croissance et alimente une flambée des prix de l'énergie et de l'alimentation.
L'Europe redoute désormais une coupure complète de l'approvisionnement en gaz russe, qui compliquerait sérieusement la donne durant l'hiver.
Le chef de l'Etat a souligné mercredi soir devant les armées que la France était entrée dans une "économie de guerre". Il compte revenir sur cette question durant l'interview.
Les attentes des Français
Il va aussi s'efforcer de gommer le sentiment de flottement laissé par ce début de second quinquennat, avec la nomination tardive du gouvernement d'Elisabeth Borne, le choix de ne pas vraiment faire campagne aux législatives et au final la perte de la majorité absolue.
"Les Français attendent une parole forte sur l'avenir du pays et sur la manière dont il compte conduire la nation", analyse le directeur des études politiques de Viavoice, Stewart Chau, interrogé par l'AFP.
Ils ne parviennent plus, selon lui, à voir un projet présidentiel "clair, lisible et surtout une forme de +désirabilité+" comme lors de son arrivée à l'Elysée en 2017.
Ils s'attendent aussi à une dégradation de leur situation financière dans les prochains mois et à une rentrée sociale agitée, selon une enquête Viavoice pour Le Figaro.
Après une nette amélioration de son image au début de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron est à nouveau perçu comme une personnalité plus autoritaire (73%) et arrogante (70%), souligne une étude Elabe pour BFMTV publiée mercredi.
Sa capacité à réformer le pays (41%) et à rassembler le Français (24%) recule aussi en termes d'image.
L'église au milieu du village
Dans ce contexte, le chef de l'Etat va devoir "rassurer", "imprimer l'idée qu'il est là, qu'il a une idée bien claire de ce qui va se passer à la rentrée", poursuit Stewart Chau.
Il lui faut reprendre le "contrôle du temps" face à des oppositions très bruyantes, qui ont déjà retoqué le projet gouvernemental de pass sanitaire anti-Covid aux frontières, insiste-t-on dans la majorité.
"A sa place, je ferais très vite un point sur la situation politique et rappellerais les choses, à savoir que, comme la motion de censure (avortée) l'a montré, il n'y a pas de majorité alternative", souligne un ministre.
Faute de coalition déclarée, le président entend bien arracher une majorité, texte par texte, et mettre devant leurs responsabilités toutes les forces politiques qui se mettront en travers de sa route.
"Les images du Rassemblement national et de La France Insoumise qui s’applaudissent (sur le pass sanitaire) en se regardant, c'est les extrêmes qui se rejoignent", pointe ainsi un responsable gouvernemental.
Le chef de l'Etat devrait aussi évoquer durant l'interview le travail, le chômage, les retraites et le RSA.
Sur le marché du travail en particulier, très "en tension" avec de fortes difficultés de recrutement dans certains secteurs, il faut selon cette source "remettre un peu l'église au niveau du village".