«Uber files»: avec les lobbies, entre liaisons dangereuses et surveillance accrue

Emmanuel Macron lui-même "assume à fond" d'avoir vu "des chefs d'entreprise, en particulier étrangers" entre 2014 et 2016, a-t-il dit mardi, insistant sur "les milliers d'emplois" créés. (AFP).
Emmanuel Macron lui-même "assume à fond" d'avoir vu "des chefs d'entreprise, en particulier étrangers" entre 2014 et 2016, a-t-il dit mardi, insistant sur "les milliers d'emplois" créés. (AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 13 juillet 2022

«Uber files»: avec les lobbies, entre liaisons dangereuses et surveillance accrue

  • Uber France a mentionné depuis 2017 des «rencontres avec le cabinet du président de la République» ou des échanges avec des cabinets ministériels
  • Emmanuel Macron lui-même «assume à fond» d'avoir vu «des chefs d'entreprise, en particulier étrangers» entre 2014 et 2016, a-t-il dit mardi, insistant sur «les milliers d'emplois» créés

PARIS : Les "Uber files", qui ont révélé les liens privilégiés entre la société américaine et Emmanuel Macron lorsqu'il était à Bercy, ont braqué les projecteurs sur les lobbies, dont les activités sont de plus en plus encadrées.

Quel rôle?

Rencontres informelles, suggestions d'amendements aux textes de loi, voire soupçon de cadeaux aux décideurs: les représentants d'intérêts n'ont pas bonne presse. Pourtant, "la décision publique ne peut se prendre autrement qu'en consultant les gens", fait valoir Fabrice Alexandre, vice-président de l'Association française des conseils en lobbying et affaires publiques (AFCL), pour qui il est "impossible de rester dans l'isolement".

Leur travail: "construire des argumentaires, économiques, juridiques, produire des comparaisons internationales" pour le compte de clients, souvent des entreprises privées, qui pourront les faire valoir.

Au-delà de ces professionnels, les entreprises elles-mêmes, mais aussi les syndicats, ONG et encore les avocats ont fréquemment une telle activité d'influence. Ainsi, quelque 2 400 représentants d'intérêts au total sont inscrits sur le registre dédié de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) et ont enregistré en 2020 plus de 10 000 "activités". Sociétés commerciales et cabinets de conseil déclarent en moyenne 100 à 200 000 euros de dépenses de lobbying.

Uber France a mentionné depuis 2017 des "rencontres avec le cabinet du président de la République" ou des échanges avec des cabinets ministériels, afin de faciliter "l'accès à la profession de VTC" ou "le déploiement des opérateurs de nouvelles mobilités".

"Le rôle d'un ministre de l'Economie, c'est d'être en contact avec tous les chefs d'entreprises" et "d'essayer de voir quels sont les nouveaux marchés", défend Bruno Le Maire, actuel titulaire du poste.

"Hyper fier", Emmanuel Macron lui-même "assume à fond" d'avoir vu "des chefs d'entreprise, en particulier étrangers" entre 2014 et 2016, a-t-il dit mardi, insistant sur "les milliers d'emplois" créés.

Encadrement progressif

C'est la loi Sapin II anti-corruption de décembre 2016 qui a prévu le registre géré par la HATVP. Les représentants d'intérêts doivent s'y inscrire pour rencontrer les ministres et leur cabinet, les parlementaires et leurs collaborateurs, certains hauts fonctionnaires et, depuis le 1er juillet, des responsables publics locaux, sous peine de sanction pénale. L'objectif est de mesurer l'empreinte des lobbies sur les lois et normes.

Un tel registre existait auparavant, mais sur une base volontaire, à l'Assemblée nationale depuis 2009, ainsi qu'en version allégée au Sénat. Mais rien pour les contacts entre lobbyistes et exécutif.

Au-delà, chaque partie est tenue par des principes déontologiques. Les ministres signent de longue date des engagements de moralité. La profession au sein de l'AFCL s'est également dotée d'une charte depuis 1991, prescrivant "probité et intégrité".

De plus, depuis les lois de moralisation prises à l'été 2017, il est fait interdiction aux groupes de pression de rémunérer les collaborateurs de parlementaires, du chef de l'Etat ou les membres de cabinets ministériels. Députés et sénateurs ne peuvent en outre exercer une activité de représentant d'intérêts.

Aller plus loin?

L'impact des lobbies demeure régulièrement épinglé, de la démission fracassante de Nicolas Hulot du gouvernement en 2018 face notamment au poids des chasseurs, jusqu'à tout récemment l'industrie charcutière, vent debout contre une réduction des additifs nitrés dans le jambon.

"J'ai vu le syndicat des producteurs de pesticides, Bayer en tête, faire du chantage à l'emploi et à la délocalisation à Bercy" pour contrer des avancées votées, narre l'ancien député et ex-LREM Matthieu Orphelin dans son dernier ouvrage. Mais "tout n'est pas à jeter" dans ce que soumettent les lobbies, reconnaît-il: "Ce n'est pas leur existence qu'il faut condamner, mais leur opacité."

Comme lui, la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet a prôné il y a quelques mois une obligation de "sourcer" les amendements quand ceux-ci sont issus ou inspirés de propositions de représentants d’intérêts, ce que les élus pratiquent de plus en plus. Elle a aussi appelé de ses vœux une publicité de l’agenda des parlementaires lorsqu'ils rencontrent des lobbies. La droite est plus prudente, ne voulant pas confondre "transparence et voyeurisme".

Depuis les "Uber Files", les propositions vont bon train à gauche. L'écologiste Yannick Jadot défend l"'urgence absolue" d'une "grande loi de séparation des lobbies et de l'Etat". François Ruffin (LFI) souhaite "un cahier des visiteurs du soir, à l'entrée de Bercy et à l'entrée de l'Élysée".

Mieux réguler le secteur est aussi un des chevaux de bataille de l'ONG Transparency, qui préconise entre autres l'interdiction, pour les ex-parlementaires, d'activités de lobbying auprès du Parlement pendant au moins un an.

Pour sa part, la HATVP a demandé à maintes reprises une évolution générale du registre des représentants d'intérêts, afin notamment que les échanges à l’initiative des responsables publics avec les lobbies soient aussi déclarés par ces derniers.


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

Short Url

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.