La Sécu se joue de la crise et réduit encore ses pertes en 2022

Le président français Emmanuel Macron (Photo, AP).
Le président français Emmanuel Macron (Photo, AP).
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Publié le Mardi 12 juillet 2022

La Sécu se joue de la crise et réduit encore ses pertes en 2022

  • La croissance ralentit, l'inflation galope, mais la Sécu se redresse
  • Une amélioration liée à la reprise vigoureuse de l'emploi en 2021

PARIS: Portée par "la bonne tenue de l'emploi" et des salaires, la Sécu va réduire son déficit à moins de 17 milliards d'euros cette année, soit 3,6 milliards de moins que prévu, malgré les nouvelles dépenses prévues pour le Covid et le pouvoir d'achat.

La croissance ralentit, l'inflation galope, mais la Sécu se redresse. Au lieu des 20,4 milliards inscrits dans le budget voté en décembre, le déficit est en effet attendu à 16,8 milliards en 2022, selon un rapport de la Commission des comptes de la Sécurité sociale consulté lundi par l'AFP.

Une amélioration liée à la reprise vigoureuse de l'emploi en 2021, qui s'est prolongée au premier semestre, mais aussi à la flambée des prix, qui pousse les salaires à la hausse.

Résultat: le surplus attendu de taxes et de cotisations (15,6 milliards) va plus que compenser les nouvelles dépenses (12 milliards) prévues pour le Covid, la revalorisation du point d'indice des fonctionnaires, mais aussi la hausse de 4% des retraites et des prestations sociales inscrite dans le projet de loi sur le pouvoir d'achat, précise la Commission des comptes.

Sous réserve de nouveaux rebondissements dans un "contexte incertain" - tant sur le plan sanitaire que géopolitique - la moitié du record abyssal enregistré en 2020 (-38,7 milliards) pourrait ainsi avoir été effacée en deux ans.

La Sécu n'en demeure pas moins lourdement déficitaire, essentiellement à cause de sa branche maladie (-19,7 milliards), qui va de nouveau payer une facture plus lourde que prévu pour le Covid.

Retraites à l'équilibre 

Entre les tests, les vaccins et les arrêts de travail, l'addition a plus que doublé en six mois, de 4,9 à 10,6 milliards. Entre-temps, le pays a connu une cinquième vague épidémique en janvier, une sixième en mars-avril et une septième en cours depuis juin.

A côté de ces "dépenses exceptionnelles", la hausse de 3,5% au 1er juillet du point d'indice coutera 1,5 milliard sur six mois pour la fonction publique hospitalière. Des hausses de salaires "pérennes" qui s'ajoutent aux près de 10 milliards non financés du "Ségur de la santé"

Les autres branches se portent en revanche mieux. En particulier la branche retraite, qui va encore se rapprocher de l'équilibre (-1,2 milliard), en dépit de la hausse des pensions promises par le gouvernement.

Une prouesse liée à la "baisse attendue du nombre de chômeurs", qui permettra au Fonds de solidarité vieillesse (FSV, qui finance notamment le minimum vieillesse) d'afficher son premier excédent depuis la crise financière de 2008.

De quoi donner du grain à moudre aux syndicats, unanimement opposés au report de l'âge légal - de 62 à 64, voire 65 ans - souhaité par Emmanuel Macron.

Les partenaires sociaux lorgneront aussi les bénéfices de la branche accidents du travail (1,8 milliard), alors que syndicats et patronat viennent justement d'ouvrir une négociation pour "utiliser au mieux" ce pactole, habituellement utilisé pour renflouer l'Assurance maladie.

La branche famille conforterait elle aussi son excédent (3,1 milliards), offrant des marges de manoeuvre à l'exécutif comme aux oppositions dans l'âpre débat sur le projet de loi "pouvoir d'achat" programmé la semaine prochaine à l'Assemblée nationale.


JO: à l'Institut Pasteur, une équipe dans les starting-block pour traquer les virus

Un ingénieur travaille sur un échantillon à la Cellule d'intervention biologique d'urgence (CIBU) de l'institut Pasteur à Paris, le 23 avril 2024. (AFP)
Un ingénieur travaille sur un échantillon à la Cellule d'intervention biologique d'urgence (CIBU) de l'institut Pasteur à Paris, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Dans le cas d'un agent infectieux potentiellement très dangereux pour l'homme, les analyses sont menées dans un laboratoire de type P3, «quelque part dans l'Institut Pasteur»
  • Dernier virus identifié dans ses murs: celui de la rage, après la mort d'orpailleurs dans la forêt guyanaise, «mordus par des chauves-souris vampires», rapporte le chef de la cellule

PARIS: Avec les millions de visiteurs attendus cet été en France, les JO vont brasser potentiellement autant de personnes que d'agents pathogènes: bactéries, virus et autres parasites... A l'Institut Pasteur, une équipe est sur le pied de guerre pour les traquer, si nécessaire.

"On sait qu'on risque d'être mobilisés beaucoup plus que d'habitude, mais on s'y prépare depuis 18 mois" : Jean-Claude Manuguerra en a vu d'autres.

Ce virologue à l'Institut Pasteur dirige la Cellule d’intervention biologique d’urgence (Cibu), en première ligne depuis 20 ans face aux nouveaux pathogènes.

"La cellule est née en septembre 2002, un an après les attaques du 11 septembre aux Etats-Unis, sous l'impulsion de la Direction générale de la santé", rembobine-t-il.

Cette structure fonctionnant sept jours sur sept et 24 heures sur 24 avait été lancée à l'époque après l'envoi d'enveloppes contaminées à l’anthrax aux États-Unis et différentes alertes en France - qui s'étaient révélées être des canulars.

Son rôle : surveiller et détecter tous les risques infectieux (épidémies, accidents ou utilisation potentielle d'armes d'origine biologique) pouvant menacer la sécurité sanitaire de la France.

Sars, grippe H1N1, chikungunya, Covid-19... un grand nombre de virus ont déjà circulé dans ses labos pour y être scrutés et analysés.

Les prélèvements empruntent différents "circuits" selon la nocivité supposée de l'échantillon.

Grippe ou dengue 

Dans le cas d'un agent infectieux potentiellement très dangereux pour l'homme, les analyses sont menées dans un laboratoire de type P3, "quelque part dans l'Institut Pasteur", explique M. Manuguerra, volontairement imprécis car il doit garder sa localisation secrète.

Combinaison intégrale, masque FFP3, gants et surbottes sont alors de rigueur.

Dernier virus identifié dans ses murs: celui de la rage, après la mort d'orpailleurs dans la forêt guyanaise, "mordus par des chauves-souris vampires", rapporte le chef de la cellule. Les analyses faites à Pasteur ont permis de comprendre la cause de leurs décès.

En vue des Jeux olympiques, la Cibu s'est préparée à changer d'échelle pour "diagnostiquer un éventail de virus et de bactéries beaucoup plus large que d'ordinaire".

En raison du brassage attendu de populations qui arriveront de tous les points du globe, certaines maladies pourraient en effet se propager à la faveur de l'événement sportif. Par exemple la grippe, "puisque ce sera l'hiver de l'hémisphère sud", ou la dengue, qui sévit actuellement en Amérique du Sud et aux Caraïbes.

Tests PCR, séquençage haut débit, métagénomique sont autant de techniques utilisées par la vingtaine de personnes - scientifiques, techniciens et ingénieurs - qui travaillent dans la cellule.

Séquençage d'urgence 

Pour remplir leur rôle de vigie face aux menaces infectieuses, le Covid-19 a clairement été un accélérateur.

"Quand (le variant) Omicron a pointé le bout de son nez dans le monde, les autorités sanitaires françaises voulaient savoir le plus vite possible quand il arrivait et où", se rappelle Jean-Claude Manuguerra. "En novembre 2022, on leur a proposé de mettre en place un système de séquençage d'urgence, y compris la nuit et les week-ends".

En cas de risque épidémique pendant les JO, la cellule se prépare à devoir rendre des diagnostics le plus rapidement possible.

"On a développé des tests dits +multiplex+ : à partir d'un seul échantillon, on est désormais en mesure de rechercher jusqu'à une quarantaine de virus ou bactéries et d'avoir une réponse en quelques heures", se félicite Jessica Vanhomwegen, responsable du pôle d'identification virale à la Cibu.

Parmi les plus risqués : une grippe aviaire hautement pathogène ou des cas importés d'un virus tropical comme Ebola par exemple, illustre-t-elle.

"On a ciblé les agents pathogènes les plus mortels et les plus transmissibles pour être en mesure de les détecter", rassure-t-elle.

Pour la période, la cellule a revu son organisation : quatre personnes seront mobilisées le week-end, contre deux habituellement.

Si besoin, un laboratoire mobile - une hotte entièrement hermétique dans laquelle il est possible de manipuler un prélèvement potentiellement dangereux - pourra aussi être déployée sur le terrain.

"Si une grosse épidémie apparaît, il faut qu'on soit prêt", résume Jean-Claude Manuguerra.


Recycler les déchets de l'Everest, le pari perché d'étudiants français

Cette photographie prise le 21 mai 2018 montre du matériel d'escalade mis au rebut et des déchets éparpillés autour du camp 4 du mont Everest. (AFP)
Cette photographie prise le 21 mai 2018 montre du matériel d'escalade mis au rebut et des déchets éparpillés autour du camp 4 du mont Everest. (AFP)
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  • Jugeant insuffisantes les campagnes de nettoyage, une équipe d'étudiants français s'efforce d'implanter un centre de recyclage au pied du toit du monde
  • Plus de 10 tonnes de déchets sont abandonnées chaque année sur les pentes du géant blanc, selon certaines estimations

GRENOBLE: Toujours plus fréquentés, les camps successifs menant au sommet de l'Everest sont noyés de déchets. Jugeant insuffisantes les campagnes de nettoyage, une équipe d'étudiants français s'efforce d'implanter un centre de recyclage au pied du toit du monde.

Lancé en 2020 et repris chaque année par une nouvelle génération d'étudiants surmotivés, le projet baptisé "Tri-haut pour l'Everest" espère entrer cet été dans sa phase opérationnelle malgré les obstacles techniques et bureaucratiques.

Plus de 10 tonnes de déchets sont abandonnées chaque année sur les pentes du géant blanc, selon certaines estimations, et les expéditions menées jusqu'ici consistent "en général à descendre une part des déchets un peu plus bas", expliquent les fondateurs sur leur blog.

Plus ambitieuse, l'équipe étudiante, composée cette année de cinq élèves ingénieurs de l'INP-Ense et architectes de l'ENSAG à Grenoble, cherche à concrétiser une solution "durable" pour les déchets plastiques.

Le projet, déjà repoussé et remanié plusieurs fois, consiste à bâtir un centre de gestion des déchets équipé de machines pour le tri et la revalorisation à Pangboche, 4.000 mètres d'altitude, plus haut village habité à l'année et "endroit stratégique", à mi-chemin entre les lodges et les camps de base d’altitude.

Réalisé en concertation avec les organismes locaux, notamment le Sagarmatha Pollution Control Comittee (SPCC), il prévoit la transformation sur place d'une partie des plastiques en petits objets ou figurines de yacks et le transport du reste vers Katmandou pour y être revalorisé.

«C'est l'autoroute»

Mais que ce soit le choix final du site, l'alimentation des machines dans une zone peu électrifiée et dépourvue d'accès routier ou la bureaucratie népalaise, rien n'est simple, admet l'équipe arrivée en janvier au Népal et qui vient juste d'être informée d'un nouveau délai.

Dans l'attente d'une autorisation liée au statut de parc national de la zone, la construction du centre de tri ne pourra commencer qu'en juillet, quand les étudiants seront déjà rentrés en France, explique Clémence Sangouard, jointe par l'AFP par téléphone depuis Pangboche. "On est un peu déçus de ne pas pouvoir mettre la main à la pâte au niveau de la construction", reconnaît l'étudiante-ingénieure.

"On ne s'attendait pas à faire autant d'administratif, on a découvert les démarches au fur et à mesure. Mais on a posé des fondations assez solides, ce qui fait que le projet ne peut être que durable", relativise-t-elle. "L'objectif est toujours une mise en service à l'été 2025".

Parfois dépeint comme "la plus haute décharge du monde", l'Everest accueille un nombre croissant de candidats à l'ascension. Au moins 400 alpinistes devraient la tenter ce seul printemps, a indiqué le mois dernier l'Association des opérateurs d'expédition au Népal. La saison est déjà bien lancée et sur le sentier menant au camp de base, "c'est l'autoroute", confirme Clémence Sangouard.

Conscientes du problème, les autorités népalaises ont récemment annoncé que les alpinistes devraient désormais se munir de sacs biodégradables pour ramener leurs excréments, jusqu'ici laissés sur place.

Maillon manquant

Pour renforcer leur projet, les étudiants se sont adjoint l'aide de l'ingénieur franco-irlandais Breffni Holze, qui a multiplié ces vingt dernières années les campagnes de nettoyage à haute altitude (Aconcagua, Elbrouz, Mustagh Ata...).

Il est attendu d'ici quelques jours au Népal avec une petite équipe de "nettoyeurs" dont la guide Marion Chaygneaud-Dupuy, connue pour ses ramassages d'ordures côté tibétain. Ils mèneront un mois durant une "collecte inaugurale" de déchets au camp de base du toit du monde et sur un autre sommet voisin, l'Ama Dablam (6.800 m d’altitude), suivi d'une première opération de tri.

"Le centre de tri est un maillon qui n'existait pas, qui va bénéficier aux touristes et aux populations locales", se réjouit-il. "Ils voient loin, c'est ça qui est bien avec ce projet", souligne-t-il.

Le jeune youtubeur français Inoxtag, qui a récemment annoncé vouloir à son tour gravir l'Everest et est en route pour le camp de base, est également attendu "en visite" sur le site du futur centre de Pangboche selon l'équipe. 


A 120 ans, la Foire de Paris se veut toujours populaire et dans son temps

Le prix d'entrée de la Foire de Paris est de 15 euros en semaine et 16 euros pendant les week-ends et jours fériés au tarif "caisse", et de 13 euros pour un billet acheté en ligne. (AFP).
Le prix d'entrée de la Foire de Paris est de 15 euros en semaine et 16 euros pendant les week-ends et jours fériés au tarif "caisse", et de 13 euros pour un billet acheté en ligne. (AFP).
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  • Du 1er au 12 mai, plus de 400.000 visiteurs sont attendus Porte de Versailles pour arpenter 6 halls d'exposition à la rencontre des 1.300 exposants présents lors de l'édition anniversaire
  • "120 ans, ça nous ramène en 1904, c'était il y a très longtemps et en même temps la foire est restée fidèle à elle-même, dans le sens où c'est avant tout un événement populaire, qui a traversé les décennies et des périodes compliquées"

PARIS: Isoler ou décorer sa maison, acheter un aspirateur voire même une voiture: la Foire de Paris fête ses 120 ans et veut toujours coller au plus près des tendances en matière de consommation et d'aménagement de l'habitat.

Du 1er au 12 mai, plus de 400.000 visiteurs sont attendus Porte de Versailles pour arpenter 6 halls d'exposition à la rencontre des 1.300 exposants présents lors de l'édition anniversaire de la plus grande place de commerce éphémère de France.

"120 ans, ça nous ramène en 1904, c'était il y a très longtemps et en même temps la foire est restée fidèle à elle-même, dans le sens où c'est avant tout un événement populaire, qui a traversé les décennies et des périodes compliquées en sachant toujours se réinventer et s'adapter", résume à l'AFP son directeur Steven Abajoli.

Il rappelle que la toute première édition s'était tenue au Carreau du Temple - marché couvert en plein centre de la capitale - mais que son succès avait rendu indispensable son déménagement dans un lieu plus grand: "on a asséché les marais au sud de Paris afin de créer pour la Foire de Paris un parc des expositions, devenu la porte de Versailles", où l'événement se tient depuis 1924.

Rénovation thermique, ameublement et décoration de la maison, électroménager, artisanat international et Made in France, gastronomie... sans oublier les traditionnels démonstrateurs, le prestigieux concours Lépine et son lot d'inventions, et même le championnat de France de barbecue: la Foire de Paris est "une opportunité unique de retrouver une offre extrêmement large réunie dans un seul et même endroit", relève M. Abajoli.

261 millions d'euros ont été dépensés au profit des exposants l'an dernier lors de l'événement, en achats divers mais aussi en projets d'aménagement pour la maison pour lesquels "la moitié des visiteurs viennent".

« Tour du monde »

"C'est le plus grand salon grand public d'Europe dédié à la maison. Soixante entreprises du secteur construction/rénovation seront présents pour proposer leurs services en matière de chauffage, pompes à chaleur, climatisation, salles de bains, revêtements de sols et murs, piscines, etc. Des conseillers MaPrimeRenov seront aussi présents tous les jours" pour des conseils gratuits, détaille le directeur.

Du côté du petit électroménager, "les ventes ont explosé pendant le Covid et les chiffres restent très hauts, les gens ont toujours envie de s'équiper", par exemple en machines à café, tient à souligner M. Abajoli.

L'artisanat n'est pas en reste, avec 20% d'exposants supplémentaires par rapport à l'édition précédente et la possibilité de "faire le tour du monde aux portes de Paris" avec des objets et des expériences culinaires de tous les continents.

Autre secteur en expansion au sein de la Foire de Paris, la mobilité: aux côtés de trottinettes, vélos et autres scooters électriques, les marques automobiles Renault, Dacia et BYD (champion chinois de la voiture électrique, ndlr) exposeront des modèles neufs ou d'occasion disponibles à l'achat.

Renault Retail Group, présent pour la deuxième année consécutive avec des voitures reconditionnées, fait état auprès de l'AFP d'un bilan 2023 "très positif en termes de business et de visibilité".

"On vend aussi bien sur ce type d'événement que sur un salon automobile. En revanche, sur un salon auto, à l'instar du Mondial de Paris, il n'y a pas de véhicules d'occasion à la vente, ce qui rend la Foire de Paris unique en ce sens", résume la filiale de Renault.

Le prix d'entrée de la Foire de Paris est de 15 euros en semaine et 16 euros pendant les week-ends et jours fériés au tarif "caisse", et de 13 euros pour un billet acheté en ligne.