Les mines antipersonnel, tueuses invisibles qui sèment encore la mort en Syrie

Des membres de la défense civile syrienne connus sous le nom de Casques blancs, équipés de tenues de protection, recherchent des armes non explosées dans un champ, à la périphérie du village d'al-Jinah, dans le nord de la province d'Alep, en Syrie. (AFP).
Des membres de la défense civile syrienne connus sous le nom de Casques blancs, équipés de tenues de protection, recherchent des armes non explosées dans un champ, à la périphérie du village d'al-Jinah, dans le nord de la province d'Alep, en Syrie. (AFP).
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Publié le Lundi 11 juillet 2022

Les mines antipersonnel, tueuses invisibles qui sèment encore la mort en Syrie

  • «A la guerre, tu distingues ton ennemi de ton ami. Mais une mine, c'est un ennemi caché»
  • «Les gens vivent dans la peur de ce tueur inconnu et invisible», dit ce berger de 41 ans, qui dit «désormais détester sortir pour se promener»

DAMAS : Abdelaziz Okab se souvient de ce jour funeste de février 2019 quand une mine antipersonnel, cette "tueuse invisible", a explosé au passage de son camion, tuant 21 membres de sa famille. Aujourd'hui, les mines font toujours des ravages en Syrie, pays le plus touché au monde.

"C'était un jour joyeux, qui a viré au cauchemar", raconte M. Okab à l'AFP devant sa maison de terre à Selmiya, près de Hama (centre).

Une seconde a suffi pour tuer sa femme, deux de ses fils et quatre de ses frères et soeurs, entre autres. Lui s'en est sorti avec quelques blessures légères, mais plusieurs autres membres de sa famille ayant survécu sont restés paralysés ou estropiés.

"Une famille entière a été décimée. La mort nous attendait sous terre, c'était notre destin", poursuit M. Okab, vêtu d'une djellaba blanche, coiffé d'un keffieh rouge et entouré de ses neveux, tous orphelins depuis le drame.

"Les gens vivent dans la peur de ce tueur inconnu et invisible", dit ce berger de 41 ans, qui dit "désormais détester sortir pour se promener".

"A la guerre, tu distingues ton ennemi de ton ami. Mais une mine, c'est un ennemi caché", explique-t-il.

15 000 tués

La Syrie est le pays au monde qui compte le plus d'accidents de ce type, selon le représentant du département antimines de l'ONU en Syrie, Habibulhaq Javed, interrogé en juin par l'AFP. Mais il regrette le manque de moyens, appelant au "soutien de tous les acteurs".

Entre 2015 et 2022, quelque 15 000 personnes ont été tuées ou blessées par des mines, soit cinq chaque jour en Syrie et "environ 10,2 millions de personnes vivent dans des zones contaminées par des engins explosifs", rapporte l'UNMAS (Service de l'action antimines des Nations unies).

Lutter contre les mines est une tâche difficile dans un pays ravagé depuis 2011 par un conflit qui a coûté la vie à un demi-million de personnes et a déplacé des millions d'habitants.

Posées sans être cartographiées par les différentes parties belligérantes, au milieu de terres agricoles et de zones résidentielles, les mines en Syrie restent une menace pour tous, partout, et pour longtemps.

"La durée de vie des mines est longue (...) et elles sont placées de manière aléatoire par différents groupes armés", a expliqué à l'AFP un officier du régime de Damas sous couvert d'anonymat.

Presque quotidiennement, les autorités syriennes annoncent des explosions contrôlées pour détruire des engins explosifs, munitions et autres mines antipersonnel abandonnés sur le territoire.

Projets de déminage

Dans les régions qui échappent encore au contrôle de Damas, comme le nord-ouest de la Syrie, les équipes de secouristes des Casques blancs sont à l'oeuvre pour recenser, détruire les engins explosifs et informer la population avec des ateliers de sensibilisation.

Raed Hassoun, directeur de l'un des centres de déminage géré par les Casques blancs, affirme que depuis 2016, environ 24.000 engins explosifs ont été détruits dans le nord-ouest. "Nous n'avons pas le droit à l'erreur", explique-t-il à l'AFP.

En décembre 2021, l'ONU a soutenu la première opération de déminage dans les villes contrôlées par le régime syrien à Daraya, en Ghouta orientale. Située près de Damas, cette zone, fief rebelle entre 2012 et 2016, a une concentration importante de mines.

Au cours d'une opération de déminage similaire, l'ONU a retrouvé des engins explosifs dans environ 200 des 6 000 bâtiments du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, en banlieue de Damas.

Avec l'espoir d'éviter d'autres drames, comme celui qui a touché Zakia Bouchi en 2017, quand cette femme de 47 ans est sortie avec sa famille dans la province d'Alep pour récolter les très prisées truffes blanches des sables, qui poussent dans le désert à la fin de l'hiver.

Alors qu'il conduisait sur un chemin isolé, le frère de Zakia a voulu éviter une mine qu'il avait repéré mais a roulé sur une autre, cachée sous le sable.

Sur les huit membres de la famille de Zakia, seuls trois sont revenus vivants. Sa mère et son frère sont morts et si sa fille, quatre ans à l'époque, a survécu, elle est devenue muette.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".