Macron tranche: deux semaines après le couvre-feu, le reconfinement ?

Le chef de l'Etat français Emmanuel Macron présidera un nouveau Conseil de défense mercredi matin (Photo, AFP)
Le chef de l'Etat français Emmanuel Macron présidera un nouveau Conseil de défense mercredi matin (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 28 octobre 2020

Macron tranche: deux semaines après le couvre-feu, le reconfinement ?

  • Deux semaines après avoir annoncé le couvre-feu pour 46 millions de Français, Emmanuel Macron est contraint de réduire encore la voilure
  • Marine Le Pen a mis en cause « la gestion complètement erratique de la crise sanitaire »

PARIS : L'heure de trancher pour Emmanuel Macron: face à l'aggravation « exponentielle » de l'épidémie de Covid-19, le président doit décider et annoncer mercredi aux Français d'impopulaires nouvelles restrictions qui pourraient aller jusqu'au reconfinement du pays, toutefois moins strict qu'au printemps.

Deux semaines après avoir annoncé le couvre-feu pour 46 millions de Français, Emmanuel Macron est contraint de réduire encore la voilure, face à une « hausse exponentielle, dans une majeure partie de l'Europe, de l'épidémie », selon les termes mardi soir du porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. 

Le chef de l'Etat présidera un nouveau Conseil de défense mercredi matin, le deuxième en deux jours, avant le Conseil des ministres. Conjectures et rumeurs devraient suivre jusqu'aux annonces d'Emmanuel Macron à 20H00 à la télévision. « Tout peut bouger jusqu'au dernier moment », a prévenu un conseiller ministériel. 

En attendant, l'exécutif prépare les esprits: de « nouvelles mesures » sont « indispensables », a affirmé le Premier ministre Jean Castex aux responsables politiques ainsi qu'aux partenaires sociaux conviés mardi soir à une réunion de concertation.

Même discours de Gabriel Attal qui a énuméré les mesures « possibles », « à savoir un élargissement du couvre-feu (ou) un confinement qui peut être (soit) territorialisé, (soit) national ».

Le scénario du reconfinement national envisagé serait toutefois plus souple que celui de mars puisque les écoles et des commerces resteraient ouverts, à l'image de celui imposé en Irlande. 

L'exécutif a également examiné l'hypothèse d'un renforcement du couvre-feu, qui touche actuellement 54 départements et quelque 46 millions d'habitants entre 21H00 et 06H00 du matin.

« Le sentiment qu'on a, c'est plutôt qu'on va vers un confinement, que ça va durer quelques semaines et que le gouvernement essaie de trouver les moyens de préserver les écoles, les services publics » et « de maintenir un semblant de vie économique pour éviter une catastrophe », a résumé François Baroin, président de l'Association des maires de France, à l'issue de la réunion.

« On a compris que la gravité était à un niveau important et que les décisions que le gouvernement s'apprête à prendre vont répondre à cette responsabilité », a déclaré Yves Veyrier, secrétaire général de FO après plus de deux heures de rencontre avec le Premier ministre.

« Sentiment de panique »

Jean Castex a annoncé aux responsables politiques que des débats suivis de votes sur la lutte contre le Covid-19 auraient lieu à l'Assemblée nationale jeudi matin et au Sénat l'après-midi. 

Mais après une séance déjà houleuse de questions au gouvernement dans l'après-midi à l'Assemblée, les oppositions ont sonné la charge, critiquant un gouvernement en retard d'un métro et une fausse concertation. 

« Rien n'a été mis sur la table » par le Premier ministre, a regretté Christian Jacob, le patron des Républicains, en déplorant « le sentiment d'improvisation, de panique, de manque d'anticipation » du pouvoir.

Marine Le Pen a mis en cause « la gestion complètement erratique de la crise sanitaire » tandis que le communiste Fabien Roussel a réclamé des « mesures cohérentes qui soient comprises par nos concitoyens ».

Gabriel Attal a pour sa part fustigé ceux qui critiquent sans rien proposer, visant particulièrement Marine Le Pen, partie selon lui avant que Jean Castex n'ait répondu aux questions posées.

La moitié des lits de réa

La crainte des autorités est avant tout la saturation des services de réanimation: le nombre de patients en réanimation s'élevait mardi à 2.900, soit la moitié des 5.800 lits de réa disponibles dans toute la France, où l'épidémie a déjà fait plus de 35.000 morts. Le gouvernement a fait état mardi de 288 morts à l'hôpital pour les dernières 24h00 et 235 en Ehpad sur les quatre derniers jours.

Mardi, huit patients d'Auvergne-Rhône-Alpes ont été transférés en avion sanitaire vers les Pays de la Loire pour soulager les services de réanimation de la région. Au total, ce sont 25 malades qui devraient avoir été transférés d'ici à mercredi vers d'autres régions depuis la reprise de ces vols en fin de semaine dernière.

Plus de 33.000 nouveaux cas positifs confirmés ont été enregistrés mardi, en deçà du cap des 50.000 par jour atteint dimanche. 

Mais le professeur Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, estime que le nombre réel de contaminations tournerait « autour de 100.000 cas par jour », une situation « critique » avec la crainte d'une deuxième vague « plus forte que la première ».

Pour l'infectiologue Gilles Pialoux, il faut imposer un nouveau confinement, une « mesure drastique » indispensable car la circulation du virus « est hors de contrôle ».

Mais attention, a mis en garde le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, dès lundi: « si on reconfine totalement comme on l'a fait en mars, ce n'est pas moins 10% de récession qu'on risque, c'est un écroulement de l'économie ».

Avant même les annonces du chef de l'Etat, la ministre du Travail Élisabeth Borne a assuré les partenaires sociaux mardi soir de la prolongation au-delà du 1er novembre du reste à charge de 15% lorsqu'une entreprise n'a d'autre choix que de mettre tout ou partie de ses salariés en chômage partiel. 

L'Alliance du commerce, qui représente 27.000 magasins, a demandé au gouvernement de maintenir les magasins ouverts « en journée et le week-end », craignant des « conséquences dramatiques à l'approche de la période des fêtes de fin d'année ».

Afin d'éviter le vent de panique du printemps, les supermarchés ont assuré les consommateurs qu'ils seraient approvisionnés et qu'il n'y avait « pas besoin de faire du stock » de certains produits.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé. 


À Washington, Macron veut faire entendre la voix de l’Europe sur l’Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
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  • L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats.
  • Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

PARIS : L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats, puisqu’il s’agit de faire entendre la voix de l’Europe et de l’Ukraine, écartées des pourparlers avec la Russie sur le dossier ukrainien.

Le président français a pris soin de se préparer à cette rencontre tout au long des jours précédents, en organisant deux réunions successives avec plus d’une trentaine de dirigeants européens sur le sujet.

Ces rencontres lui ont permis de contourner les divergences et de s’assurer d’une relative unité sur le dossier au sein de l’Europe.

Parallèlement, il a aussi convoqué en urgence à l’Elysée les représentants des forces politiques françaises, pour les mettre au fait des implications au niveau de la France et de l’Europe, de la démarche américaine, sur le dossier ukrainien.

Le chef de l’Etat s’est également adressé aux Français, à travers la presse régionale et les réseaux sociaux, pour évoquer une partie de son plan, en vue de cette rencontre qui coïncide avec le troisième anniversaire de la guerre menée par la Russie contre le territoire ukrainien.

Depuis l’annonce de Trump, de pourparlers avec la Russie sur ce dossier et la rencontre qui a eu lieu récemment à Riad à ce sujet, entre de hauts responsables américains et russes, la France et l’Europe s’efforcent de faire entendre leur voix sur ce chapitre.

Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

Cette dernière, doute de l’objectif de l’Ukraine de rejoindre l’alliance Atlantique, et n’accorde pas d’intérêts à la restitution par les Russes des régions ukrainiennes qu’ils ont occupé depuis le début de la guerre.

Par ailleurs, l’administration américaine ne se fait aucun souci au niveau des défis sécuritaires qui peuvent guetter le continent européen, de la part du président russe Vladimir Poutine.

Partant de là, la France tout comme l’Europe s’opposent à tout règlement auquel ils ne seraient pas associés ainsi que les Ukrainiens, et Macron compte faire entendre cela à Trump, déployant à cette fin un atout principal.

Dans les propos tenus lors de son échange avec les Français sur les réseaux sociaux, Macron a affirmé qu’il dira à Trump « Tu ne peux pas être faible face au président Poutine. Ce n’est pas toi, pas ta marque de fabrique, ce n’est pas ton intérêt ».

Une manière de faire plier Trump en le ramenant à sa propre vérité, un pari à tenter sans garantie de réussite, tant les réactions et positions du président américains semblent échapper à toute logique.

D’où le sentiment que l’entretien de Macron avec son homologue américain relève d’un saut dans le vide, d’autant plus que ce dernier s’affranchi de toute sorte de limites ou garde fou.

Il s’est montré prêt à sacrifier l’Ukraine au profit de la Russie et à laisser à l’abandon ses alliées européens, et il s’est lancé dans une campagne de critiques personnelles et gratuites à l’encontre du président ukrainien Vlodomir Zelenski le traitant de « dictateur non élu ».

En dépit de cela, le Palais de l’Elysée préfère tempérer et mettre l’accent sur ce qui rapproche et uni, en soulignant à la veille de la visite présidentielle que « la France partage l’objectif du président Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine ».

Le président français, toujours selon l’Elysée « Va à Washington dans l’esprit de soutenir cet objectif », et qu’il y va avec « des propositions d’action » et « le souci de travailler en soutien de l’Ukraine, et au renforcement de la sécurité en Europe ».