Après la démission de Boris Johnson, la course à sa succession est lancée

Le Premier ministre britannique Boris Johnson fait une déclaration devant le 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 7 juillet 2022. Johnson a démissionné de son poste de chef du parti conservateur, après trois années tumultueuses à la tête marquées par le Brexit, la Covid et des scandales à répétition. (AFP)
Le Premier ministre britannique Boris Johnson fait une déclaration devant le 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 7 juillet 2022. Johnson a démissionné de son poste de chef du parti conservateur, après trois années tumultueuses à la tête marquées par le Brexit, la Covid et des scandales à répétition. (AFP)
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Publié le Vendredi 08 juillet 2022

Après la démission de Boris Johnson, la course à sa succession est lancée

  • D'une popularité jadis inoxydable, le chef du gouvernement avait sombré dans les enquêtes d'opinion après une série de scandales, dont le «partygate»
  • Mercredi soir, plusieurs ministres s'étaient rendus à Downing Street pour essayer, en vain, de le convaincre qu'ayant perdu la confiance du Parti conservateur, il devait démissionner pour son bien et celui du pays

LONDRES: La course à la succession de Boris Johnson est lancée au sein du Parti conservateur britannique, au lendemain de la démission du Premier ministre emporté par une avalanche inédite de défections dans son gouvernement en raison des scandales à répétition.

Sans attendre le calendrier, prévu la semaine prochaine, pour l'élection d'un nouveau leader conservateur, le député Tom Tugendhat, président de la commission des Affaires étrangères au Parlement, a confirmé dès jeudi soir sa candidature, devenant ainsi le premier à se déclarer après l'annonce du départ de M. Johnson.

Parmi les principaux candidats pressentis pour lui succéder, figurent en haut de tableau le ministre de la Défense Ben Wallace, suivi, selon un sondage YouGov, par la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Penny Mordaunt, figure de la campagne en faveur du Brexit

En annonçant sa démission dans une courte allocution devant Downing Street, Boris Johnson, 58 ans, a précisé qu'il resterait au pouvoir jusqu'à la désignation de son successeur.

"J'ai nommé un nouveau gouvernement qui sera en poste, tout comme moi, jusqu'à ce que le nouveau dirigeant soit en place", a-t-il déclaré, sans un mot pour la crise ouverte provoquée par la soixantaine de démissions dans son gouvernement depuis mardi, après un énième scandale.

Lors d'un conseil des ministres dans l'après-midi, il a précisé qu'il laisserait les "décisions budgétaires majeures" à son successeur, avant d'annoncer une série de nominations pour regarnir les rangs d'un gouvernement décimé.

L'idée d'un intérim a été immédiatement dénoncée par l'opposition et certains poids lourds conservateurs.

L'ex-Premier ministre John Major (1990-1997), a jugé "imprudent et peut-être intenable" que Boris Johnson reste "plus longtemps que nécessaire" à Downing Street.

"Nous n'avons pas besoin d'un changement à la tête des Tories. Nous avons besoin d'un vrai changement de gouvernement", a fait valoir le chef de l'opposition Keir Starmer.

«Immensément fier»

Une majorité des Britanniques (56%) veulent aussi que l'intérim soit assurée par quelqu'un d'autre, selon un sondage YouGov. 77% pensent que Boris Johnson a eu raison de démissionner.

A l'image des sentiments que suscite Boris Johnson, les Unes de la presse britannique affichent vendredi un large éventail: d'un affligé "Que diable ont-ils fait ?" (Daily Mail), un reconnaissant "Merci" pour le Brexit (The Sun, Daily Express), au "Pire Premier ministre de tous les temps" (Daily Record), en passant par de plus sobres "Johnson jette l'éponge" (The Times) ou encore "C'est (presque) fini" (The Guardian).

En annonçant sa démission, M. Johnson s'est dit "immensément fier" de son bilan, en évoquant notamment le Brexit, la campagne de vaccination anti-Covid et son soutien à l'Ukraine.

Après deux ans et 349 jours tumultueux au pouvoir, marqués par le Brexit dont il était le héros, la pandémie, l'invasion russe en Ukraine, une inflation record et une montée des conflits sociaux, Boris Johnson a été poussé vers la sortie par son propre camp, lassé par les scandales à répétition et ses mensonges.

«Bye Boris»

D'une popularité jadis inoxydable, le chef du gouvernement avait sombré dans les enquêtes d'opinion après une série de scandales, dont le "partygate", ces fêtes illégales organisées à Downing Street malgré les confinements anti-Covid.

Boris Johnson avait varié dans ses explications, provoquant frustration puis colère jusque dans ses propres rangs. La police avait conclu qu'il avait enfreint la loi, mais il avait refusé de démissionner.

Le mois dernier, il avait survécu à un vote de défiance, 40% des députés conservateurs refusant cependant de lui accorder leur confiance.

Les démissions mardi soir du ministre des Finances Rishi Sunak et du ministre de la Santé Sajid Javid avaient sonné l'hallali, après un nouveau scandale sexuel impliquant le "whip" adjoint chargé de la discipline des députés conservateurs, que M. Johnson avait nommé en février, "oubliant" des accusations passées de même type.

Mercredi soir, plusieurs ministres s'étaient rendus à Downing Street pour essayer, en vain, de le convaincre qu'ayant perdu la confiance du Parti conservateur, il devait démissionner pour son bien et celui du pays.

La séance hebdomadaire de questions à la Chambre s'était terminée par un "Bye Boris" moqueur répété par plusieurs élus.

«Nouvelle page»

Après l'annonce de sa démission, Boris Johnson a téléphoné au président ukrainien Volodymyr Zelensky. La présidence ukrainienne l'a remercié pour son soutien "dans les moments les plus difficiles".

Son départ est "une opportunité pour revenir à l'esprit véritable du partenariat et du respect mutuel dont nous avons besoin", a de son côté estimé le Premier ministre irlandais Micheal Martin, alors que les relations entre Dublin et Londres sont tendues au sujet de l'Irlande du Nord.

Après des années de relations houleuses, l'Union européenne espère aussi que le départ du champion du Brexit sera l'occasion de renouer le dialogue avec Londres sur l'Irlande du Nord.

Officiellement, la Commission européenne s'est refusée à tout commentaire, mais pour l'ancien négociateur en chef de l'UE pour le Brexit, Michel Barnier, "le départ de Boris Johnson ouvre une nouvelle page dans les relations avec la Grande-Bretagne".


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.