Les auditions parlementaires, instruments de désinformation pour les antivax

Un vaccin Covid-19 est préparé pour l'administration avant une distribution gratuite de kits de test rapide Covid-19 en vente libre aux personnes recevant leurs vaccins ou rappels à Union Station à Los Angeles, Californie (Photo, AFP).
Un vaccin Covid-19 est préparé pour l'administration avant une distribution gratuite de kits de test rapide Covid-19 en vente libre aux personnes recevant leurs vaccins ou rappels à Union Station à Los Angeles, Californie (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 07 juillet 2022

Les auditions parlementaires, instruments de désinformation pour les antivax

  • Des Etats-Unis à la France, plusieurs commissions parlementaires ont auditionné depuis le début de la pandémie des figures de la désinformation, promptes à relayer les extraits de leurs interventions sur les réseaux sociaux
  • Certains intervenants avaient notamment présenté des chiffres trompeurs sur les effets indésirables des vaccins

PARIS: La vidéo avait fait le tour d'internet en 2021: devant la Chambre des représentants de l'Ohio, une infirmière voulait montrer que les vaccins anti-Covid rendaient magnétiques, en tentant, en vain, de se "coller" une clé sur le cou.

Des Etats-Unis à la France, plusieurs commissions parlementaires ont auditionné depuis le début de la pandémie des figures de la désinformation, promptes à relayer les extraits de leurs interventions sur les réseaux sociaux, ainsi revêtues d'une apparence de légitimité.

De notoires pourvoyeurs d'infox, comme Peter McCullough, ont été auditionnés par des commissions sénatoriales, au Texas par exemple, et même au Sénat des Etats-Unis à Washington. Dans l'Ohio, les élus avaient aussi convié Sherri Tenpenny, adepte de la théorie de vaccinés magnétiques, pourtant maintes fois démystifiée.

En l'occurrence, le "test" de la clé avait surtout suscité des sarcasmes mais scientifiques, élus et internautes s'étaient alarmés de voir ainsi infox et théories complotistes profiter d'une telle tribune.

Ces auditions "participent d’un arsenal de désinformation", dit à l'AFP Sebastian Dieguez, spécialiste du complotisme à l'Université de Fribourg (Suisse).

Paradoxalement, ces mouvements "ont besoin du sceau de légitimité fourni par le 'système'" (les élus, les médias...) qu'il passe pourtant leur temps à rejeter, note-t-il.

«Légitimitation»

"Participer à des auditions donne à ces points de vue une plateforme légitime", abonde auprès de l'AFP Molly Reynolds, du think tank américain Brookings Institution.

En termes "de diffusion de la désinformation", "c'est à l'évidence une source d'inquiétude", poursuit cette spécialiste du Congrès, qui dans certains cas, "soupçonne" des élus Républicains d'avoir convié des anti-vaccins pour soutenir leurs propres vues.

Mais pas toujours : sans partager leurs opinions, des parlementaires peuvent juger nécessaire de ne censurer personne, observe M. Dieguez.

Il y a le risque de légitimer les infox "mais d’un autre côté, dans un processus législatif, est-ce qu’il ne faut pas entendre tout le monde ? (...) quitte à donner un faux sens de l’équilibre en donnant la voix à des postures non seulement minoritaires mais, en plus, souvent assez outrancières", interroge-t-il, estimant que "c'est un peu un piège".

C'est ce qui a été reproché à l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), chargé de se pencher sur "les effets indésirables des vaccins contre la Covid-19 et le système de pharmacovigilance français".

Le Pr Alain Fischer a notamment jugé dans l'Express "regrettable (...) une audience publique où ont été placés sur le même plan des spécialistes qui s'appuient sur les données de la science et des pseudos-experts qui prônent des opinions non fondées sur des faits scientifiques".

Certains intervenants avaient notamment présenté des chiffres trompeurs sur les effets indésirables des vaccins.

"Cela revient à leur accorder une forme de légitimation", avait estimé le médecin, lui-même entendu lors de cette audition au Sénat en mai.

«Donner la parole»

Un argument rejeté par l'Office, son président d'alors, le député et mathématicien Cédric Villani affirmant que "le panel d'intervenants (...) ne prétend(ait) pas donner une légitimité plus ou moins grande à tel ou tel".

"Ne donner la parole qu'à ceux dont on considère qu’ils ont le droit d’avoir la parole me semble particulièrement délétère pour notre fonctionnement démocratique", fait aussi valoir auprès de l'AFP la sénatrice Sonia de La Provôté, rapporteure de l'Opecst.

"L’Opecst est finalement assez fier (...) d’auditionner tout le monde", poursuit-elle, faisant valoir qu'élus et experts ont pu infirmer certains propos erronés pendant les auditions.

En janvier, ce sont Luc Montagnier, Christian Perronne et Alexandra Henrion-Caude, plusieurs fois épinglés pour avoir relayé des infox sur la crise sanitaire, qui ont été entendus par des élus luxembourgeois, suite à des pétitions contre la vaccination.

Comme le permet le Grand-Duché, les pétitionnaires avaient choisi d’être entendus par la Chambre des députés aux côtés de ces trois personnalités.

"Il était évident (...) que la plupart de leurs affirmations constituaient des contre-vérités, des informations fausses, voire mensongères", avait indiqué à l'AFP en janvier Fernand Etgen, président de la Chambre.

Dans la foulée, le Parlement avait jugé nécessaire de prévoir un changement de règlement, ne serait-ce que pour fixer "des délais pour la notification de l’identité des experts".

Prévenus la veille de leur identité, il était "impossible pour les députés de se préparer", selon M. Etgen.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
Short Url
  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Short Url
  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.