LONDRES: Le nombre de ménages britanniques qui ont un niveau de dette inquiétant, stable cette année, devrait augmenter en 2023 en raison de la hausse des taux et d'un marché du travail moins clément, prévient la Banque d'Angleterre (BoE) mardi.
"La part des ménages qui dédient une part importante de leur revenu à leur emprunt immobilier ou à leurs crédits devrait rester à son niveau actuel en 2022" mais augmentera l'an prochain, estime la BoE dans son rapport sur la stabilité financière.
Les milliards de livres d'aides aux plus modestes annoncées par le gouvernement devraient en partie compenser cette année la hausse des taux d'intérêts et des prix, dans un pays où l'inflation pourrait dépasser 11% cette année et met le budget des ménages sous pression.
Mais lorsque ces aides s'arrêteront, le surendettement "devrait passer en 2023 au dessus de la moyenne" de ces seize dernières années, prévient l'institut monétaire.
La BoE estime que la part des ménages concernés devrait toutefois rester "bien en deçà de son pic avant la grande crise financière" de 2007 - 2,8% d'entre eux dédiaient alors plus de 70% de leur revenu au remboursement de leur prêt immobilier.
Mais la banque prévient que ces projections pourraient s'assombrir si le marché de l'emploi se détériorait plus rapidement que prévu ou si la baisse de l'appétit pour le risque poussait les banques à moins prêter.
Le Comité de politique financière (FPC) demande donc aux banques britanniques de ne pas "restreindre les prêts" de manière systématique car "le système bancaire pourra résister" au choc économique.
Il "pourrait même supporter des perspectives bien pires, ce qui est une grande différence avec la crise financière", a souligné Andrew Bailey, gouverneur de la BoE, lors d'une conférence de presse.
La BoE demande cependant aux banques de garder 2% de tous leurs prêts en réserve, après avoir abaissé ce seuil à 0% en pleine pandémie puis l'avoir relevé à 1% fin 2021.
Un nouveau "stress test" des grandes banques britanniques, dont le lancement avait été décalé en raison de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, commencera en septembre 2022, avec des résultats prévus mi-2023.
Enfin, la BoE affirme à nouveau que les cryptomonnaies, dont le marché a fondu de plus de 3.000 milliards de dollars à son plus haut fin 2021 à un peu plus de 900 milliards de dollars, ne représentent "pas un risque pour la stabilité financière dans son ensemble".
"Mais, si aucune action n'est prise, des risques systémiques émergeront si l'activité des cryptoactifs, et sa connectivité avec reste du système financier, continue de se développer", prévient-elle.