En Allemagne, un village uni par la «Passion» depuis près de 400 ans

Des membres de l'ensemble se produisant lors d'une répétition au théâtre Passion Play d'Oberammergau, dans le sud de l'Allemagne. (archives, AFP)
Des membres de l'ensemble se produisant lors d'une répétition au théâtre Passion Play d'Oberammergau, dans le sud de l'Allemagne. (archives, AFP)
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Publié le Dimanche 03 juillet 2022

En Allemagne, un village uni par la «Passion» depuis près de 400 ans

  • Pendant la guerre de trente ans, les habitants promettent de jouer tous les dix ans le «Jeu de la Passion», qui raconte les dernières heures de Jésus, pour bannir la peste meurtrière
  • Sur une scène à ciel ouvert, à Oberammergau, de la mi-mai jusqu'au 2 octobre, la nouvelle édition du Jeu de la Passion

OBERAMMERGAU, Allemagne : En vagabondant dans les ruelles du village bavarois d'Oberammergau, il y a de bonne chances en ce moment de croiser «Jésus» et ses apôtres.

Sur les 5.500 habitants de cette bourgade alpine, 1.400 d'entre eux - bébé ou octogénaire - participent à un spectacle unique en son genre en hommage au Christ.

Tout a commencé pendant la guerre de trente ans: les habitants promettent de jouer tous les dix ans le «Jeu de la Passion», qui raconte les dernières heures de Jésus, pour bannir la peste meurtrière.

Après la première représentation en 1634 du martyre, de la mort et de la résurrection du Christ, le fléau disparut, raconte l'histoire.

Depuis, leurs descendants ont scrupuleusement renouvelé ce vœu, bravant les interdits du siècle des Lumières, les guerres ou les épidémies comme récemment la pandémie de Covid qui a reportée de deux ans le spectacle.

Pourquoi la tradition a-t-elle perduré au fil des siècles? «Je crois que nous sommes un peu obstinés», plaisante Frédéric Mayet, 42 ans, qui interprète Jésus pour la deuxième fois.

«Mais surtout nous nous identifions très fortement» au Jeu de la Passion, ajoute cet homme au regard bleu et aux cheveux blonds mi-longs.

«Je me souviens qu'on en parlait au jardin d'enfant. Sans bien savoir de quoi il s'agissait, je voulais bien sûr participer!», raconte Cengiz Görür, jeune homme d'origine turque de 22 ans qui incarne Judas.

- De 3 mois à 85 ans -

A Oberammergau, Jésus et ses disciples sont des superstars: on les voit sur les façades peintes des vieilles maisons, dans les magasins entreposant des statues en bois sculpté, une autre tradition de ce village de carte postale.

Dans la rue aussi, où l'on croise actuellement, au milieu des touristes, un nombre très supérieur à la moyenne d'hommes barbus aux cheveux longs.

Et sur la scène à ciel ouvert du théâtre, où se tient de la mi-mai jusqu'au 2 octobre la nouvelle édition du Jeu de la Passion.

Seules conditions pour participer au spectacle de 5 heures au total, comme acteur, choriste ou en coulisse: être né à Oberammergau ou y vivre depuis au moins 20 ans.

«Ce qui m'a toujours fasciné, ce sont la qualité des rapports entre tous les participants, jeunes et vieux, c'est une belle communauté, une sorte de famille de la +Passion+», témoigne Walter Lang, un «vétéran» de 83 ans, regrettant que son épouse, décédée en février, manque à l'appel.

Les générations s'y succèdent, des familles s'y créent. «Mes parents se sont rencontrés lors d'un Jeu de la Passion, et j'y ai aussi rencontré ma future épouse», témoigne Andreas Rödl, maire du village et choriste.

- «Talent caché» -

Des destins s'y jouent aussi. Comme celui de Cengiz Görür, repéré en 2016 par le metteur en scène Christian Stückl, directeur du théâtre populaire de Munich.

«Je ne savais pas trop quoi faire de ma vie. J'aurais sans doute fini par vendre des voitures, l'histoire typique», s'amuse le jeune homme qui va cet automne, entamer des études d'arts dramatiques à Munich. «J'ai découvert mon talent caché», se réjouit-il.

Christian Stückl «a aussi fait beaucoup pour la renommée du spectacle, qu'il a révolutionné» depuis 40 ans, juge Barbara Schuster, 35 ans, responsable des ressources humaines, et sur scène Marie Madeleine.

«Avant, aller au Jeu de la Passion, c'était comme aller à la messe. Aujourd'hui, c'est un vrai spectacle théâtral», dit-elle.

Surtout, il a expurgé dans les années 1980 de toute connotation antisémite le texte qui accusait les Juifs d'être responsables de la crucifixion de Jésus. «Hitler avait utilisé le Jeu de la Passion pour sa propagande», rappelle-t-elle.

- Actualité brûlante -

La pièce parle à chacun, car elle véhicule un message d'actualité.

Jésus dit «la peur sévit sur Israël, les cris de guerre emplissent le pays, la pauvreté et la maladie s'emparent de vous (...)», déclame Frédérik Mayet.

«Pour nous, c'est la guerre en Ukraine, la pandémie, et les disparités grandissantes entre pauvres et riches», ajoute-t-il.

Par peur que la guerre se propage en Europe, des opérateurs aux Etats-Unis, principal marché du Jeu de la Pasion, ont annulé quelque 20.000 réservations peu après son déclenchement fin février, indique le maire.

Les recettes du spectacle, qui s'élèvent en moyenne entre 25 et 30 millions d'euros, pourraient en pâtir.

«Pour moi, le moment le plus fort a lieu à la fin de la dernière représentation en octobre, quand l'hallelujah est chanté» après la résurrection de Jésus, confie Walter Lang, qui figure cette année parmi les pauvres, dans le peuple.

«Car on ne sait pas si la prochain fois, on sera de nouveau là», dit-il, les yeux remplis de larmes.


La durabilité à l’honneur à Médine pour la Journée mondiale des sols

Les sols de la région sont confrontés à des défis, notamment la salinisation due à une irrigation déséquilibrée et au changement climatique. (SPA)
Les sols de la région sont confrontés à des défis, notamment la salinisation due à une irrigation déséquilibrée et au changement climatique. (SPA)
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  • Médine renforce ses efforts de conservation des sols face à la salinisation et au changement climatique grâce à des programmes durables et une meilleure gestion des ressources
  • La Journée mondiale des sols rappelle l’importance de protéger le patrimoine agricole et de soutenir les objectifs environnementaux de la Vision 2030

MÉDINE : Médine s’est jointe au monde pour célébrer la Journée mondiale des sols le 5 décembre, mettant en lumière l’importance de la conservation des sols pour la sécurité alimentaire et les écosystèmes, selon l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La journée revêt une importance particulière à Médine en raison de sa riche histoire agricole, de la diversité de ses sols — allant de l’argile au sable en passant par les formations volcaniques Harrat — et de son lien historique avec la production de dattes.

Le sol de la région fait face à plusieurs défis, notamment la salinisation due à un déséquilibre de l’irrigation et au changement climatique, ajoute la SPA.

Les autorités y répondent par des programmes de protection des sols, l’amélioration des techniques d’irrigation et la promotion de pratiques agricoles durables.

Le sol joue un rôle essentiel dans la purification de l’eau, agissant comme un filtre naturel. Avec l’arrivée de l’hiver, c’est une période opportune pour préparer les sols en vue du printemps, étendre les cultures et favoriser les récoltes, rapporte la SPA.

Le ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Agriculture à Médine met en œuvre des initiatives visant à améliorer l’efficacité des ressources, renforcer la sensibilisation des agriculteurs et lutter contre la désertification. Les agriculteurs contribuent également en utilisant des fertilisants organiques et en recyclant les déchets agricoles.

La Journée mondiale des sols souligne la nécessité d’une collaboration entre les organismes gouvernementaux, les agriculteurs et les parties prenantes pour assurer la durabilité des sols, préserver le patrimoine agricole et soutenir les objectifs de développement durable de la Vision 2030.

Approuvée par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture en 2013, la Journée mondiale des sols vise à sensibiliser au rôle crucial des sols dans la santé des écosystèmes et le bien-être humain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le rappeur français Jul, toujours champion du streaming en 2025, sort un double album

Jul, photo X, compte du rappeur.
Jul, photo X, compte du rappeur.
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  • Personnalité réservée fuyant la lumière, ce qui se surnomme "L'Ovni" est pourtant un phénomène capable de battre le record de fréquentation au Stade de France avec 97.816 spectateurs réunis en avril
  • Il retrouvera l'enceinte parisienne en mai 2026

PARIS: Numéro 1 des artistes les plus streamés dans l'Hexagone en 2025, le rappeur français Jul, originaire de Marseille (sud-est), sort vendredi "TP sur TP", un double album enregistré à Paris contenant des duos éclectiques, de Naza au groupe corse I Muvrini.

"Je fais tout à l'instinct, tout sur l'esprit du moment", confie Jul dans le documentaire qui accompagne cette sortie, disponible sur YouTube.

Le film plonge dans les coulisses de la création du disque lors de sessions d'enregistrement nocturnes dans un studio parisien, où il dit être venu chercher "une autre inspiration".

"J'ai toujours fait des bons albums avec la grisaille", sourit "le J", loin de Marseille, la ville dont il est devenu un emblème jusqu'à être, à l'arrivée de la flamme olympique sur le Vieux-Port en provenance de Grèce, l'un des premiers porteurs français des Jeux de Paris en 2024.

En une quinzaine de jours, cet artiste prolifique - une trentaine d'albums, au moins deux nouveautés par an depuis 2014 -, a bâti un double opus de 32 morceaux, via son label indépendant D'or et de platine.

"J'essaie d'innover, j'essaie de faire ce que j'aime", lâche le rappeur de 35 ans.

Le titre de l'album, "TP sur TP", s'inscrit dans son univers: "TP" signifie "temps plein", en référence au volume horaire des dealers et autres petites mains d'un trafic qui gangrène la cité phocéenne.

A ses yeux, sa musique n'évoque "que de la réalité", des instants de vie "que ce soit dans la trahison, que ce soit dans les joies, les peines". Comme des photos qui défilent sur un téléphone, "mes sons, c'est mes souvenirs à moi", compare-t-il dans le documentaire.

Parmi les duos figurent son ami Naza, la star américaine des années 2000 Akon ("Lonely") ou encore le trublion catalan du rap Morad.

Jul rend aussi hommage à ses racines familiales corses, avec "A chacun sa victoire", titre où il conte l'espoir aux côtés du célèbre groupe I Muvrini, et dans une autre chanson avec Marcu Antone Fantoni.

Personnalité réservée fuyant la lumière, ce qui se surnomme "L'Ovni" est pourtant un phénomène capable de battre le record de fréquentation au Stade de France avec 97.816 spectateurs réunis en avril. Il retrouvera l'enceinte parisienne en mai 2026.

En parallèle, son règne sur le classement des artistes les plus écoutés en streaming en France se poursuit: en 2025, il reste numéro 1 pour la cinquième année consécutive sur Spotify et la sixième année d'affilée sur Deezer, selon les données de ces plateformes publiées cette semaine.


A Notre-Dame de Paris, plus de 11 millions de visiteurs un an après la réouv

Une foule se rassemble devant la cathédrale Notre-Dame illuminée lors d'une cérémonie marquant la réouverture de cet édifice emblématique, dans le centre de Paris, le 7 décembre 2024. (AFP)
Une foule se rassemble devant la cathédrale Notre-Dame illuminée lors d'une cérémonie marquant la réouverture de cet édifice emblématique, dans le centre de Paris, le 7 décembre 2024. (AFP)
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  • Un an après sa réouverture, Notre-Dame de Paris a accueilli plus de 11 millions de visiteurs, dépassant largement sa fréquentation d’avant l’incendie
  • De nouveaux travaux extérieurs sont prévus au-delà de 2030, poussant l’établissement public à lancer un nouvel appel aux dons

PARIS: Un an après sa réouverture, Notre-Dame de Paris a accueilli plus de 11 millions de personnes, qui se pressent pour admirer la pierre blonde et le mobilier épuré de l'édifice victime d'un incendie géant en 2019.

Le 7 décembre 2024, la cathédrale était rouverte après plus de cinq ans de travaux, en présence de chefs d’État dont Emmanuel Macron et Donald Trump, lors d'une cérémonie retransmise en mondovision.

Un an plus tard, "la cathédrale a accueilli plus de 11 millions de visiteurs venus du monde entier", soulignent ses responsables.

Maria Vega, Colombienne de 22 ans, n'envisageait pas un voyage à Paris sans passer par Notre-Dame. "C'est particulièrement important pour moi qui me suis récemment réengagée dans l'Eglise", explique la jeune femme qui s'émerveille d'une restauration "très précise": "La beauté et la simplicité sont frappantes."

Dany Tavernier, 55 ans, venue de Seine-et-Marne avec sa famille, visite pour la première fois la cathédrale restaurée: "C'est magnifique, on voudrait en voir plus, comme la +forêt+ de la charpente", dit-elle à la sortie de l'édifice.

La cathédrale a dépassé ses niveaux de fréquentation (estimés autour de 8 à 9 millions d'entrées) d'avant l'incendie du 15 avril 2019, qui avait ravagé la toiture et la charpente de ce chef d'œuvre de l'art gothique du XIIe siècle.

Un chantier titanesque, financé grâce à 843 millions d'euros de dons, a été nécessaire pour restaurer la cathédrale qui ne désemplit pas depuis sa réouverture.

Les files s'étirent toujours sur le parvis, surtout le week-end, mais "aujourd'hui, la queue est tout à fait satisfaisante", assure-t-on à la cathédrale.

Les visiteurs individuels peuvent entrer avec ou sans réservation, et toujours gratuitement, malgré l'idée d'une contribution de 5 euros avancée par la ministre de la Culture Rachida Dati. Une suggestion rejetée par le diocèse de Paris, au nom de la mission d'accueil inconditionnel de l’Église.

- Dons -

Face à l'afflux de visiteurs, on affiche toutefois à Notre-Dame une volonté de "réguler" les entrées, particulièrement pendant les offices, en fonction du nombre de visiteurs déjà présents. "Il est important de bien accueillir, que ce soit agréable pour tous de venir, pour prier et visiter, dans un environnement paisible", ajoute-t-on.

"Quand vous êtes à l'intérieur, vous pouvez vraiment prier, je viens de le faire pendant vingt minutes, vous n'entendez pas les gens autour", assure Melissa Catapang, 39 ans, venue de Dubaï, qui loue "la solennité" de l'endroit.

Car la cathédrale se veut aussi "pleinement lieu de prière" avec plus de 1.600 célébrations organisées cette année, et un véritable essor des pèlerinages: plus de 650, dont un tiers venus de l’étranger.

Il s'agit là d'un phénomène relativement nouveau, des pèlerins venant pour la Vierge, d'autres pour la couronne d'épines - une relique acquise par Saint Louis en 1238 -, d'autres encore mus par "l'espérance, le renouveau, la résilience".

La cathédrale compte poursuivre cette dynamique spirituelle et culturelle.

Jusqu'au 2 février, une crèche provençale d'une cinquantaine de santons est installée.

La couronne d'épines est désormais présentée en ostension tous les vendredis de 15H00 à 18H30 - alors qu'elle n'était jusqu'ici vénérée que le premier vendredi de chaque mois.

Les vitraux contemporains de l'artiste Claire Tabouret seront installés fin 2026 pour remplacer six des sept baies du bas-côté sud de l'architecte Eugène Viollet-le-Duc. Mais dès mercredi, des maquettes grandeur nature seront exposées au Grand Palais.

Et s'il reste 140 millions d'euros sur les dons collectés, "il manque encore au moins l'équivalent" pour terminer la restauration d'un édifice qui n'était pas en bon état avant l'incendie, souligne l"établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, maître d'ouvrage de la restauration, qui lance un appel aux dons.

Des travaux sur des parties extérieures "ont été engagés en 2025 et devront être programmés jusqu’au-delà de 2030", ajoute-t-on: après la restauration déjà lancée du chevet, il faudra se pencher sur la sacristie, les trois grandes roses de la cathédrale, les façades nord et sud du transept, le presbytère...

La Fondation Notre Dame espère elle lever 6 millions d'euros.