L'administration du président Joe Biden a autorisé ce mois-ci une étude par le Bureau de la gestion et du budget dans le but de revoir le processus utilisé pour déterminer la race et l'appartenance ethnique aux États-Unis. Ce processus prendra deux ans, selon la statisticienne en chef, la Dr Karin Orvis.
Fondamentalement, cela signifie que le gouvernement envisagera pour la cinquième fois de modifier le recensement décennal américain, qui est l'un des processus les plus importants utilisés pour déterminer le pouvoir ethnique et racial aux États-Unis.
Le recensement compte les Américains, en leur demandant également de s'identifier par race et origine ethnique. À la suite des réponses des citoyens, des centaines de millions de dollars de fonds fédéraux sont distribués aux groupes «minoritaires» reconnus, comme les Afro-Américains, les Hispaniques, les Asiatiques, les Amérindiens, les Tongans, les Hawaïens autochtones ou les «autres insulaires du Pacifique».
Les Arabo-Américains ont toujours été exclus du processus, ce qui signifie que personne ne sait vraiment combien d'entre nous vivent réellement aux États-Unis. C'est une marginalisation. Les Arabes ont été intentionnellement exclus du décompte parce que, dans la politique américaine, le pouvoir est basé sur qui est reconnu, pas sur les fantômes qui vivent dans l'obscurité.
Les Arabes ont été relégués dans la catégorie des «Blancs», ou la population majoritaire. Ainsi, alors que d'autres groupes minoritaires partagent le financement massif mis en place pour les aider – l'argent qui provient de nos impôts –, les Arabes ne reçoivent rien. Les Arabo-Américains sont livrés à eux-mêmes.
Nous devons déjà lutter pour ne pas être reconnus uniquement de manière négative, principalement par les principaux médias et une société qui nous connaît encore peu.
Les groupes minoritaires reconnus ne bénéficieront pas seulement des millions de dollars de financement, mais aussi du fait que les données du recensement sont utilisées pour créer les circonscriptions électorales du Congrès autour de concentrations de minorités, ce qui leur donne un avantage lorsqu'ils se présentent aux élections. Si vous n'êtes pas compté, vous êtes exclu de ce processus.
La pression pour inclure les Arabo-Américains dans le recensement s'est accrue à mesure que la communauté continuait de prospérer et de devenir plus active, même sans l'aide du gouvernement dont bénéficient les autres groupes ethniques.
Combien y a-t-il d’Arabes aux États-Unis? Selon les estimations, il y en a 1,4 million à 4,5 millions. Mais j’estime qu’il y en a plus. Il est impossible d’avoir un chiffre exact parce que les Arabo-Américains ne sont pas comptés. Nous pouvons inscrire notre appartenance ethnique sous «Autre», mais c'est une étape supplémentaire dans un processus bureaucratique complexe et décourageant. Je ne suis pas «Autre», je suis arabe.
Alors que la voix de notre communauté gagne en importance, le mouvement antiarabe a trouvé une nouvelle façon de nous maintenir marginalisés. Au lieu de nous désigner comme «Arabes», ils veulent nous inclure dans «Mena» (Moyen-Orient et Afrique du Nord).
Il y a une différence subtile entre le fait d’être considéré comme arabe ou comme «Mena». «Arabe» est très spécifique, tandis que «Mena» est un terme flou englobant des centaines de sous-groupes qui vivent dans les 22 pays du monde arabe.
Le groupe «Mena» peut échapper aux stéréotypes négatifs relatifs au fait d’être arabe aux États-Unis, mais il est également dissocié de l'autonomisation dont jouirait le mot «Arabe» si nous étions inclus dans le recensement de cette manière.
«La pression pour inclure les Arabo-Américains dans le recensement s'est accrue à mesure que la communauté continuait de prospérer et de devenir plus active.»
Ray Hanania
Reconnaître le mot «Arabe» donnerait du pouvoir aux Arabes et nous donnerait une première opportunité d'exiger une représentation au Congrès pour les régions où existent des populations arabes. À l'heure actuelle, ces populations sont divisées et découpées en plusieurs circonscriptions du Congrès, de sorte que notre voix électorale est considérablement affaiblie.
Je pense que si les Arabes étaient traités de la même manière que les Hispaniques, nous aurions vingt districts supplémentaires où l'autonomisation des Arabes serait encouragée. Je considère également qu'avec un financement adéquat, la voix des Arabo-américains serait considérablement renforcée. Nous serions mieux entendus et plus visibles à travers l'activisme communautaire, la culture et les médias arabo-américains actuellement affaiblis.
Aujourd'hui, nos voix sont peu entendues. Si nous sommes étiquetés comme Mena, ce qui est plus favorable aux pouvoirs politiques dominants qui craignent une augmentation de l'autonomisation arabo-américaine, nos voix seront encore plus diluées.
«Mena» est une construction de personnes qui comprennent comment saper le pouvoir communautaire. De nombreux Arabo-Américains et musulmans l'ont adoptée parce que nous nous sommes habitués à accepter tout ce que nous pouvons obtenir, ce qui souvent n'équivaut à rien. Les politiciens nous jettent des miettes de pain et nous disent que c'est du pain. Ce n’est pas le cas.
Je suis fier d'être arabe. Je veux défendre les Arabes, pas la région Mena, et je veux que le reste des États-Unis me donne ma part de ce que j'ai investi dans ce pays. Je ne demande pas de traitement spécial. Je demande un traitement équitable.
Je suis arabe et on ne me dira pas de me contenter de moins. Les Arabo-Américains ne devraient rien accepter de moins non plus. Nous devons nous battre pour nos droits, en tant qu'Arabes.
• Ray Hanania est un éditorialiste et ancien journaliste politique primé auprès de l’hôtel de ville de Chicago. Il peut être joint sur son site Web personnel à l'adresse www.Hanania.com.
Twitter: @RayHanania
NDRL: Les opinions exprimées dans cette rubrique sont personnelles et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com