LONDRES : Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a exhorté la Turquie à «cesser de harceler les journalistes et les poursuivre en justice en se basant sur de fausses accusations », à la suite d’une série d’accusations « infondées et intimidantes » contre des journalistes.
L’ONG, qui se consacre à la protection des droits des journalistes et de leur liberté d’expression dans le monde, a mis en lumière quelques procès récents concernant des journalistes dans le pays.
Le CPJ a déclaré jeudi qu’un tribunal turc avait reconnu la journaliste indépendante Sabiha Temizkan coupable de « propagande terroriste » et l’avait condamné à 15 mois de prison pour un tweet publié en 2014.
Elle avait tweeté le titre d’un article sur un village irakien dont Daech s’était emparé et a mentionné qu’elle avait oublié d’ajouter le lien pour accéder à l’article. Cependant, le tribunal a considéré que le titre de cet article violait la loi.
Mercredi, un jour avant la condamnation de Mme Temizkan, un autre tribunal à Istanbul a rejeté un appel interjeté par le journaliste exilé Can Dündar, ce qui ouvre la voie aux autorités de saisir ses biens en Turquie.
Le CPJ a indiqué que deux reporters de Bloomberg, ainsi que trois autres journalistes et 33 codéfendeurs, seront jugés dans les prochains jours. Ils sont accusés d’avoir partagé «des informations fausses, erronées ou trompeuses» pour affecter les marchés, et risquent des peines d'emprisonnement de cinq ans.
Bloomberg est un organe de presse qui couvre l’actualité financière et les mouvements des marchés dans le monde.
«Les autorités turques continuent de déposer des plaintes infondées et harcelantes contre des journalistes pour avoir fait leur travail », dit Gulnoza Said, coordinatrice du programme Europe et Asie Centrale de CPJ, à New York. Ces accusations «sont purement des représailles» et «doivent être abandonnées immédiatement. Aucun de ces journalistes n’a commis de crime, partagé de propagande terroriste, diffusé de fausses informations sur l’économie, ou toute autre accusation ridicule que les autorités pourraient essayer de concocter».
La Turquie est réputée pour son mauvais traitement des journalistes et ses contraintes à la liberté d’expression. Elle se situe au 154e rang sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse réalisé par Reporters sans frontières en 2020.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com