MADRID: Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a promis mercredi une "collaboration totale" de son gouvernement avec les enquêtes sur la mort de 23 migrants africains qui tentaient vendredi de pénétrer dans l'enclave espagnole de Melilla à partir du territoire marocain.
"Je déplore la perte en vies humaines", a déclaré le chef du gouvernement dans une interview à la radio Cadena Ser, mettant de nouveau en avant "le droit de Ceuta et Melilla", les deux enclaves espagnoles en territoire marocain, "à des frontières sûres" et accusant "les mafias (...) qui se livrent au trafic d'êtres humains".
"Je déplore les morts survenues à Nador", ville du nord du Maroc limitrophe de Melilla, a affirmé M. Sánchez, sur la sellette depuis les évènements tragiques de vendredi et ses commentaires du lendemain, au cours duquel il avait apporté un soutien très appuyé aux forces de sécurité espagnoles et marocaines.
Depuis, de nombreuses images ont montré des actes de brutalité à l'égard des quelque 2.000 migrants qui essayaient d'entrer par la force à Melilla.
Ces scènes avaient valu mardi à Madrid et à Rabat des propos d'une sévérité rare de la part de l'ONU, qui avait condamné "l'usage excessif de la force" lors des évènements de vendredi, le qualifiant d'"inacceptable".
"Je veux dire à quel point nous avons été choqués par (...) la violence à la frontière entre le Maroc et l'Espagne en Afrique du Nord ce week-end", a déclaré le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric.
"Les personnes qui migrent ont des droits humains et ceux-ci doivent être respectés et nous les voyons trop souvent bafoués", a-t-il ajouté, précisant que ce recours excessif à la force avait été constaté par l'ONU "des deux côtés de la frontière".
"Je n'ai pris connaissance de ces informations et de ces images qu'après avoir fait ces déclarations" samedi, a commenté M. Sánchez, qui n'a pas été interrogé durant l'interview sur les propos du porte-parole de l'ONU.
Il a rappelé que trois enquêtes sur les évènements de Melilla étaient ouvertes, dont deux en Espagne. Le ministère public espagnol a, en effet, demandé mardi l'ouverture d'une enquête "pour faire la lumière" sur les évènements de vendredi, après l'annonce d'une autre enquête par le "Défenseur du Peuple" (personnalité défendant les droits des citoyens espagnols en cas de soupçons d'abus de la part de l'Etat).
En outre, M. Sánchez a rappelé qu'une enquête avait été lancée au Maroc par le procureur de Nador.
"Il faut faire confiance aux institutions", a-t-il dit, promettant que son gouvernement apporterait "une collaboration totale" avec ces enquêtes "pour clarifier les faits".
Mais, a-t-il dit, la "tragédie" de vendredi "est le dernier acte d'un drame commencé bien avant", c'est-à-dire dans les pays d'où sont originaires ces migrants.
"Ce que nous devons faire, c'est travailler au Soudan, qui est le pays d'où vient une grande partie" des migrants ayant tenté de pénétrer à Melilla.
"Les principaux responsables sont les mafias (...) qui se livrent au trafic d'êtres humains", a-t-il encore déclaré, faisant écho à ses propos de samedi.