Yaël Braun-Pivet devient la première femme à présider l'Assemblée nationale

Dans les jours à venir seront encore attribuées les présidences des principales instances de l'institution (Photo, AFP).
Dans les jours à venir seront encore attribuées les présidences des principales instances de l'institution (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 29 juin 2022

Yaël Braun-Pivet devient la première femme à présider l'Assemblée nationale

  • Présidente de la Commission des Lois, elle avait été nommée ministre des Outre-mer le mois dernier
  • Aucune femme n'a encore jamais occupé cette fonction en France

PARIS: Pour la première fois de l'Histoire, une femme, Yaël Braun-Pivet, a été élue mardi présidente de l'Assemblée nationale au terme de deux tours de scrutin qui marquaient le début de la seizième législature de la Ve République, alors qu’Élisabeth Borne continue les consultations.

"Débattre plutôt que de nous battre", a lancé Mme Braun-Pivet, avocate pénaliste novice en politique en 2017 lorsqu'elle s'était fait élire députée macroniste après avoir été adhérente du PS.

Présidente de la Commission des Lois, elle avait été nommée ministre des Outre-mer le mois dernier.

En citant certains de ses prédécesseurs au perchoir, notamment Richard Ferrand, auquel elle succède, mais aussi Simone Veil qui présida le Parlement européen, la nouvelle titulaire du perchoir a appelé à ce que l'Assemblée élue le 19 juin et qui a "le visage de la France", "sorte de ses murs".

"Je sais que tu auras à cœur de garantir dans cette Assemblée le respect du pluralisme et le dialogue, au service de nos concitoyens", a commenté sur Twitter la Première ministre, Élisabeth Borne.

C'est le doyen des députés, José Gonzalez (RN), 79 ans, qui avait donné le coup d'envoi des travaux de la nouvelle Assemblée, avant de prononcer la constitution du bureau d'âge, composé des six plus jeunes députés.

Dans sa brève allocution saluée par des applaudissements, M. Gonzalez a salué un "symbole d'unité française" avec la réunion de tous les députés, et évoqué avec émotion l'Algérie, sa terre natale à laquelle il a dit avoir été "arraché".

Favorite, Yaël Braun-Pivet, ex-présidente de la commission des Lois de l'Assemblée et éphémère ministre des Outre-Mer, était arrivée en tête à l'issue du premier tour (238 voix).

Faute de majorité absolue, l'hémicycle a dû procéder à un second tour, au terme duquel elle a obtenu plus de la moitié des suffrages exprimés (242 voix), après que le candidat présenté par le Rassemblement national, Sébastien Chenu, a décidé de retirer sa candidature et que des députés se sont abstenus.

Tractations 

Contrairement à la plupart des démocraties occidentales, aucune femme n'a encore jamais occupé cette fonction en France.

Les différents groupes parlementaires, au moins dix avec le nouveau groupe finalement baptisé "Libertés, indépendants, outre-mer, territoires", avaient par ailleurs jusqu'à 18H00 pour se déclarer officiellement et remettre la liste de leurs membres, qui doit enfin permettre à la majorité et à l'opposition de se compter.

Dans les jours à venir seront encore attribuées les présidences des principales instances de l'institution, dont la commission clef des Finances jeudi, que se disputent la Nupes qui a choisi l'Insoumis Éric Coquerel et le RN pour une bataille qui promet d'être acharnée.

Au moment où les travaux reprennent au Palais Bourbon, Élisabeth Borne poursuivait ses tractations pour éviter les blocages en l'absence de majorité absolue.

La Première ministre entre dans le dur en rencontrant à tour de rôle les chefs des groupes LR, socialiste, communiste et écologiste de l'Assemblée.

Dans une lettre qu'elle leur a adressée lundi, elle a pris acte de leur refus "d'entrer dans une dynamique de construction de coalition ou d'accord global avec le groupe majoritaire".

Pouvoir d'achat

Ce que lui a confirmé son premier interlocuteur mardi matin, Olivier Marleix (LR). "On lui a redit qu'il n'était pas question de quelque coalition que ce soit, mais qu'on était là pour essayer de trouver des solutions. On va avoir un certain nombre de textes sur lesquels je pense qu'on doit pouvoir travailler ensemble, comme la question du pouvoir d'achat", a-t-il insisté sur le perron de Matignon.

Mais, a-t-il prévenu, "cela va être plus ou moins facile selon les sujets, et ça dépendra à terme de la capacité d'écoute de l'exécutif", en reconnaissant que la Première ministre avait fait preuve mardi "d'une vraie volonté de nous écouter, plutôt de bon augure".

Reçu mardi soir à Matignon, le socialiste Boris Vallaud a invité Emmanuel Macron à "une remise en question profonde" : "A quoi est-il prêt à renoncer ? A quels compromis, lui, est-il prêt ?".

Avant lui, l'écologiste Julien Bayou avait évoqué "le besoin d’un cap, d’une vision" qui "font défaut". "Nous espérons", a-t-il dit, "un discours de politique générale qui permettra peut-être de se faire une opinion".

Mercredi, Mme Borne recevra successivement André Chassaigne (PCF) à 08H30, Mathilde Panot (LFI) à 16H00, enfin la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen.

Un décret du chef de l'État convoquant le parlement en session extraordinaire et fixant les textes qui seront examinés est attendu "dans les prochaines heures", précise la lettre de Mme Borne, évoquant les mesures en faveur du pouvoir d'achat et le projet de loi de finance rectificative.

Le président Emmanuel Macron attend de sa part en fin de semaine des propositions "pour une feuille de route" et la composition d'un nouveau gouvernement prévu pour début juillet.

La question du maintien de Damien Abad dans ce gouvernement se pose, alors qu'une plainte pour tentative de viol a été déposée contre le ministre déjà visé par d'autres accusations d'agressions sexuelles. Il a annoncé en retour une plainte pour dénonciation calomnieuse.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.