PARIS: « Je n'ai rien à voir, pour de vrai »: Ali Riza Polat, principal accusé au procès des attentats de janvier 2015 en France, a de nouveau nié lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris toute « complicité » dans les attaques terroristes, estimant être un « bouc émissaire ».
« Vous voulez absolument un coupable, mais ça ne va pas être moi ! », a lancé le seul des accusés présents jugé pour « complicité » de crimes terroristes, passible de la réclusion criminelle à perpétuité.
« Comment on peut me mettre une complicité avec des gens que je n'ai jamais vus, avec des armes que je n'ai jamais vues», s'est défendu le volubile accusé de 35 ans, crâne rasé et chemise blanche, une liasse de feuilles devant lui.
Ali Riza Polat est soupçonné d'avoir été le « bras droit » d'Amédy Coulibaly, un de ses « amis », et d'avoir recherché et fourni des armes au tueur de la supérette juive Hyper Cacher, mais aussi aux frères Saïd et Chérif Kouachi, auteurs deux jours plus tôt, le 7 janvier, d'un massacre dans la rédaction de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo.
C'est lui aussi qui a géré la vente de la Mini Cooper du djihadiste, qui aurait pu servir à financer les attentats.
Savait-il pour autant quel était son projet final ? Pour l'accusation, cela ne fait guère de doute, au vu de leur proximité amicale et religieuse et des multiples démarches accomplies à ses côtés.
Mais Ali Riza Polat, lui, dément avoir eu connaissance de quoi que ce soit.
« Je ne comprends pas. J'ai fait tout ça sans connaître les frères Kouachi, sans laisser une empreinte, une trace ADN ? », peste l'accusé.
«Les 7, 8 et 9 janvier 2015, j'étais chez moi. Je ne comprends pas en fait, il faut un bouc émissaire », a encore déploré Ali Riza Polat, avant de se lancer dans un long monologue décousu sur ses activités de trafiquant et ses relations avec Amédy Coulibaly auquel il aurait uniquement rendu des services parce qu'il lui devait 15.000 euros.
L'interrogatoire d'Ali Riza Polat doit durer deux jours.
Quatorze personnes, dont trois par défaut, sont jugées pour leur soutien logistique présumé aux auteurs des attentats, qui ont fait 17 morts.
La plupart des coaccusés d'Ali Riza Polat comparaissent pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, un crime passible de vingt ans de réclusion.
Le verdict est attendu le 13 novembre.