Quel avenir pour les traitements psychédéliques en Arabie saoudite?

Haya al-Hejailan, praticienne saoudienne du bien-être et spécialiste de l'intégration psychédélique (Photo fournie).
Haya al-Hejailan, praticienne saoudienne du bien-être et spécialiste de l'intégration psychédélique (Photo fournie).
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Publié le Dimanche 26 juin 2022

Quel avenir pour les traitements psychédéliques en Arabie saoudite?

  • Haya al-Hejailan veut ouvrir une clinique et voir apparaître un pionnier saoudien de la recherche sur les psychédéliques
  • Un article publié par la revue médicale The Lancet a montré que la plupart des antidépresseurs sont inefficaces et peuvent être dangereux pour les adolescents et les enfants

RIYADH: Le chercheur en matière de psychédéliques Stanislov Grof a écrit un jour que «les psychédéliques, utilisés de manière responsable et avec les précautions appropriées, seraient pour la psychiatrie ce que le microscope est pour la biologie et la médecine ou le télescope pour l'astronomie».

Pour beaucoup de personnes, cette affirmation peut sembler farfelue, mais aujourd'hui plus que jamais, elle s'avère vraie et pourrait bien devenir une frontière dans la pratique de la médecine.

L'Arabie saoudite connaissait une épidémie de santé mentale et les tensions psychologiques de la pandémie ont aggravé cette situation. Les gens se retrouvent à chercher désespérément des moyens de s'en sortir. L'une des méthodes de psychothérapie les plus récentes dans la région, bien que stigmatisée, est la psychothérapie assistée par les psychédéliques. Une étude récente publiée par la revue scientifique internationale Neuropsychopharmacology a montré que ces substances avaient des effets positifs à long terme sur la santé mentale et qu'elles étaient efficaces, sûres et tolérables dans le traitement de la dépression majeure, du syndrome de stress post-traumatique, du trouble obsessionnel-compulsif et de certaines dépendances.

«De plus en plus de gens me contactent pour me demander comment ils peuvent recevoir ce traitement, et c'est vraiment pénible de leur dire: Je suis désolée, mais vous allez devoir attendre. Il n'est pas encore disponible.»

 

Haya al-Hejailan, praticienne saoudienne du bien-être et spécialiste de l'intégration psychédélique

Il est également associé à l'amélioration de la créativité et de la résolution de problèmes, selon un article publié par le Journal of Psychoactive Drugs en 2019.

Si la stigmatisation des substances psychotropes, tant dans la région que dans le monde, est inévitable, les chercheurs et les scientifiques se demandent du risque, si ces drogues sont réglementées et utilisées uniquement à des fins médicales.

Le terme «psychédéliques», une catégorie d'hallucinogènes, vient des mots grecs «psyché», qui signifie l'esprit, et «delia», qui signifie manifestation. Les substances psychoactives sont censées modifier l'esprit et créer une perception cognitive alternative.

Les substances psychédéliques sont classées en deux catégories: les classiques, qui comprennent le diéthylamide de l'acide lysergique (LSD), la psilocybine (communément appelée champignons magiques), la mescaline et autres, et les non classiques, comme la méthylènedioxyméthamphétamine (MDMA ou ecstasy) et la kétamine.

«Ce sont vraiment des outils formidables pour nous permettre de mieux comprendre le cerveau et l'étude de la conscience», a expliqué à Arab News Haya al-Hejailan, praticienne saoudienne du bien-être et spécialiste de l'intégration des psychédéliques. Son travail est axé sur la recherche psychédélique et le traitement du trouble de la personnalité limite.

Ce point peut sembler contre-intuitif: comment peut-on traiter une dépendance avec une substance qui peut provoquer une autre dépendance ? Mais les psychédéliques sont, en fait, antiaddictifs par nature.

«Ils ont des propriétés antiaddictives, ce qui signifie qu'ils ne constituent pas une dépendance physiologique, mais on peut devenir psychologiquement dépendant de n'importe quoi», a assuré Al-Hejailan, faisant référence à des dépendances non liées à des substances comme le café ou les appareils mobiles.

Cependant, l'utilisation de psychédéliques peut présenter certains dangers, d'où l'importance de suivre un traitement strictement sous la supervision d'un médecin professionnel, ce qui n'est possible que dans les cliniques. Les thérapeutes psychédéliques sont formés pour créer un environnement contrôlé pour les patients qui suivent une thérapie psychédélique, avec des séances avant l'administration de la dose de traitement pour identifier tout danger ou risque possible qui créerait autrement une plus grande marge d'erreur. Les patients qui s'auto-administrent pourraient potentiellement être sujets à des risques de santé, de nouveaux traumatismes, de dépersonnalisation et de dissociation.

«De plus en plus de gens me contactent pour me demander comment ils peuvent recevoir ce traitement, et c'est vraiment pénible de leur dire: Je suis désolée, mais vous allez devoir attendre. Il n'est pas encore disponible », a signalé Al-Hejailan. «Mais je suis optimiste en soulignant le mot ‘encore’.»

Un article publié par la revue médicale The Lancet a montré que la plupart des antidépresseurs sont inefficaces et peuvent être dangereux pour les adolescents et les enfants.

Pour essayer de répondre à ce besoin médical, plusieurs recherches et essais ont été entrepris pour évaluer des voies alternatives, comme la thérapie assistée par les psychédéliques.

Une étude publiée par la National Library of Medicine a révélé que de petites doses de kétamine administrées par voie intraveineuse peuvent avoir des effets antidépresseurs positifs et durables chez les patients. Bien que les recherches scientifiques concernant l'utilisation psychothérapeutique des psychédéliques dans la région soient insuffisantes, l'Arabie saoudite s'est ouverte à leur utilisation à d'autres fins. L'année dernière, le Saudi Journal of Emergency Medicine a publié un article décrivant un cas réussi d'épilepsie réfractaire, une maladie potentiellement mortelle, chez un enfant traité avec une dose unique de kétamine.

Malgré sa popularité croissante dans les médias grand public, la science psychédélique est l'une des neurosciences les plus pointues, qui ne donne pas lieu à des recherches suffisantes par rapport à d'autres sciences. Les années 1950 ont témoingné le premier rapport en langue anglaise publié sur le diéthylamide de l'acide lysergique (LSD), et la recherche s'est poursuivie pendant le mandat présidentiel américain de Richard Nixon, jusqu'aux années 1970. Cependant, les efforts de recherche ont rapidement été interdits sous la justification de la guerre contre les drogues en tant qu'ennemi public déclaré par le président américain. Cependant, elle était soutenue par d'autres facteurs, tels que le manque de financement pour la recherche sur les psychédéliques et l'échec des essais médicaux, selon un article publié par la Cambridge University Press.

Ce domaine de la médecine était considéré comme une niche jusqu'à présent. En 2017, la MDMA a reçu la désignation de «thérapie révolutionnaire» par la Food and Drug Administration FDA (Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux), ce qui signifie qu'elle a bénéficié d'un processus d'examen accéléré. En 2018, la FDA a accordé le même statut à un groupe de psychiatres menant des recherches sur la thérapie assistée par la psilocybine pour la dépression résistante au traitement.

La même année, le livre de Michael Pollan «How to Change Your Mind» (Comment changer d'avis) a créé un espace public permettant aux gens de penser différemment quant aux psychédéliques et à l'expansion de la conscience de l'esprit. La kétamine a obtenu le même statut un an plus tard. On peut dire que c'est à ce moment-là que les psychédéliques ont atteint le grand public, bien que leur apparition dans la recherche et les essais cliniques ait repris dans les années 1990.

«Avant cela, j'ai été accueilli avec beaucoup de scepticisme. Les gens pensaient littéralement que je parlais de quelque chose de fou», a dévoilé Al-Hejailan en référence à la discussion sur la psychothérapie assistée par les psychédéliques avant 2018.

Elle a ajouté: «Je rencontre maintenant beaucoup d'intérêt, d'enthousiasme et de curiosité lorsque je parle de mon travail.»

Titulaire d'une maîtrise en psychologie positive appliquée et en psychologie du coaching de l'université d'East London, Al-Hejailan travaille également sur l'intégration de la psychologie positive et l'éducation psychédélique, en proposant des formations en thérapie psychédélique et en psychothérapie assistée par la kétamine. Elle a également co-réalisé et co-produit un documentaire intitulé «Psychedelic Renaissance» (Renaissance psychédélique), axé sur la réémergence du mouvement psychédélique dans le monde et sa signification culturelle.

Al-Hejailan a souligné que la sensibilisation au sujet des études sur les psychédéliques était la première étape de la création d'un environnement régional permettant l'utilisation de méthodes de psychothérapie alternatives.

Elle a affirmé: «Je crois que nous devons, de manière générale, consacrer davantage d'énergie et d'attention à la psychoéducation, à l'éducation du public en matière de santé mentale et de bien-être. Plus nous le faisons, plus les gens seront susceptibles de continuer à accepter et à s'intéresser au sujet.»

Les étapes futures pour normaliser l'utilisation des médicaments psychoactifs comprennent une formation active des cliniciens et des thérapeutes sur leurs utilisations et leurs avantages, et éventuellement la création de cliniques spécialisées et de centres de recherche.

«Mon objectif est d'organiser des présentations portant spécifiquement sur la psychothérapie et de rencontrer des thérapeutes, des psychologues, des psychiatres et d'autres médecins, ainsi que des responsables politiques à un moment donné. Ceci est pour leur montrer ce qui se passe à l'étranger, ce que la science montre et pour discuter de la manière dont nous pouvons reproduire cela ici en toute sécurité, dans le respect de notre culture et de nos besoins spécifiques ou uniques», a soutenu Al-Hejailan.

Elle a ainsi confié: «J'ai vraiment envie d'ouvrir une clinique et un centre de recherche ici. Mescollègues et moi aimerions beaucoup que l'Arabie saoudite soit un pionnier de la recherche sur les psychédéliques dans la région, voire dans le monde.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tunisie: la famille d'un opposant en grève de la faim dénonce des «violences» en prison

L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture". (AFP)
L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture". (AFP)
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  • M. Ben Mbarek, chef de la principale coalition d'opposition FSN (Front de salut national) emprisonné depuis février 2023, a été condamné en avril à 18 ans de prison pour "complot contre la sûreté de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste"
  • Pour protester contre sa détention qu'il a qualifiée d'"injuste" et "arbitraire", le quinquagénaire a entamé il y a deux semaines une grève de la faim où il ne mange rien et boit très peu d'eau, selon sa famille

TUNIS: L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture".

M. Ben Mbarek, chef de la principale coalition d'opposition FSN (Front de salut national) emprisonné depuis février 2023, a été condamné en avril à 18 ans de prison pour "complot contre la sûreté de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste". Son procès en appel aux côtés d'une quarantaine d'autres personnalités est prévu le 17 novembre.

Pour protester contre sa détention qu'il a qualifiée d'"injuste" et "arbitraire", le quinquagénaire a entamé il y a deux semaines une grève de la faim où il ne mange rien et boit très peu d'eau, selon sa famille.

"Les agents ont ordonné aux détenus de l'agresser. Ils l'ont torturé car il refusait de manger", a dénoncé dans une vidéo sur Facebook, l'avocate Dalila Msaddek, soeur de M. Ben Mbarek qui, la semaine passée, s'était inquiétée de son état "alarmant".

"Des agents et des détenus l'ont frappé, les traces de coups sont visibles sur son flanc avec des ecchymoses. Ils l'ont frappé jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Six détenus et cinq agents ont fait cela", a affirmé Mme Msaddek, en pleurant. "Nous avons atteint le stade de la barbarie", a-t-elle dit.

L'avocate Hanen Khemiri, qui lui a rendu visite mercredi matin en prison, a confirmé en conférence de presse des "traces de torture et une côte cassée" et annoncé le dépôt d'une plainte au Parquet.

Le père de M. Ben Mbarek, le militant de gauche Ezzedine Hazgui, a rencontré le directeur de la prison qui a accusé l'avocate d'"exagérer la situation". Mais M. Hazgui s'est dit convaincu que "des gardiens criminels ont tabassé son fils".

En fin de semaine dernière, plusieurs autres opposants emprisonnés dont le chef du mouvement islamo-conservateur Ennahdha Rached Ghannouchi, 84 ans, ont annoncé une grève de la faim en solidarité avec M. Ben Mbarek.

Mardi, Mme Msaddek avait déploré une nouvelle détérioration de son état, assurant qu'il avait subi "deux crises au niveau des reins".

Le même jour, le Comité général des prisons, rattaché au gouvernement, avait démenti dans un communiqué "les rumeurs sur la détérioration de l'état de santé de tous les détenus, y compris ceux prétendant être en grève de la faim", affirmant qu'ils faisaient "l'objet d'un suivi médical constant".

Le parquet de Tunis a ordonné mercredi l'ouverture d'une enquête à l'encontre de trois avocats sur la base de plaintes de l'administration pénitentiaire qui a dénoncé la diffusion "de rumeurs et fausses informations" concernant les grèves de la faim en cours, ont indiqué des médias locaux.

Sans divulguer les noms des avocats, les médias citant une source judiciaire ont indiqué que les plaintes portent aussi sur la circulation de données jugées "erronées" relatives à la dégradation de l'état de santé de détenus déclarant observer ces grèves.

Plusieurs ONG tunisiennes et étrangères ont déploré un recul des droits et libertés en Tunisie depuis un coup de force par lequel le président Kais Saied s'est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.


Damas va «lutter activement» contre les groupes «terroristes», affirme un émissaire américain

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  • "Damas nous aidera désormais activement à affronter et démanteler les restes de l'Etat islamique, des Gardiens de la Révolution, du Hamas, du Hezbollah et d'autres réseaux terroristes", a affirmé sur X M. Barrack
  • Le dirigeant des Kurdes de Syrie, Mazloum Abdi, avait affirmé en octobre être parvenu à un "accord de principe" avec le pouvoir central sur l'intégration des FDS au sein des forces de sécurité syriennes

DAMAS: Damas va lutter activement contre les groupes "terroristes" dont l'Etat islamique (EI), les Gardiens de la Révolution iraniens, le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, a affirmé jeudi l'émissaire américain pour la Syrie Tom Barrack.

Le président américain Donald Trump a reçu lundi à la Maison Blanche son homologue syrien Ahmad al-Chareh, une première pour un chef d'Etat syrien et une consécration pour l'ancien jihadiste qui pris le pouvoir en décembre 2024 après avoir renversé Bachar al-Assad.

La coalition antijihadiste dirigée par les Etats-Unis a annoncé mercredi que la Syrie était devenue le 90ème membre de ce groupe qui avait été créé en 2014 pour combattre l'EI en Syrie et en Irak.

"Damas nous aidera désormais activement à affronter et démanteler les restes de l'Etat islamique, des Gardiens de la Révolution, du Hamas, du Hezbollah et d'autres réseaux terroristes", a affirmé sur X M. Barrack.

L'Iran, à travers les Gardiens de la Révolution, son armée idéologique, et le Hezbollah soutenaient militairement le pouvoir de Bachar al-Assad avant sa chute, contrairement au Hamas qui n'y avait pas de présence armée.

Une réunion tenue cette semaine à Washington avec les chefs de la diplomatie américaine Marco Rubio, turque Hakan Fidan et syrienne Assaad al-Chaibani a évoqué l'intégration des Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes et qui contrôlent de vastes pans du nord-est syrien, au sein de l'Etat, selon l'émissaire.

Soutenues par les Etats-Unis, les FDS ont été le fer de lance de la lutte en Syrie contre le groupe EI, qui y a été défait.

Le dirigeant des Kurdes de Syrie, Mazloum Abdi, avait affirmé en octobre être parvenu à un "accord de principe" avec le pouvoir central sur l'intégration des FDS au sein des forces de sécurité syriennes.

Sur X, M. Abdi a indiqué avoir discuté au téléphone avec Tom Barrack de son engagement "à accélérer l'intégration des FDS au sein de l'Etat syrien".

Le pouvoir de M. Chareh et les Kurdes avaient signé un accord en mars pour intégrer dans un délai d'un an leurs institutions civiles et militaires au sein du pouvoir central mais son application a été entravée par des divergences entre les deux parties.

 


Cisjordanie : le chef de l'armée israélienne veut «mettre fin» aux violences de colons

Le chef de l'armée israélienne a affirmé mercredi vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée, où l'ONU a recensé en octobre un pic des violences en près de deux décennies. (AFP)
Le chef de l'armée israélienne a affirmé mercredi vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée, où l'ONU a recensé en octobre un pic des violences en près de deux décennies. (AFP)
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  • Fait rare, alors que Palestiniens et ONG de défense des droits de l'Homme dénoncent l'impunité avec laquelle agissent les colons violents en Cisjordanie, la police et l'armée israéliennes ont annoncé mardi l'arrestation de plusieurs Israéliens
  • Selon Hussein Hammadi, le maire, quelque 200 colons ont fondu sur le village où ils ont saccagé une usine laitière et blessé dix personnes

JERUSALEM: Le chef de l'armée israélienne a affirmé mercredi vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée, où l'ONU a recensé en octobre un pic des violences en près de deux décennies.

"Nous sommes déterminés à mettre fin à ce phénomène et nous agirons avec fermeté jusqu'à ce que justice soit rendue", a déclaré le lieutenant-général Eyal Zamir lors d'une visite à des troupes en exercice dans ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, selon un communiqué militaire.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaire de l'ONU (Ocha) a annoncé avoir enregistré en Cisjordanie "264 attaques de colons ayant causé des victimes, des dommages matériels ou les deux" en octobre, soit "le bilan mensuel le plus élevé en près de deux décennies de collecte de données".

Fait rare, alors que Palestiniens et ONG de défense des droits de l'Homme dénoncent l'impunité avec laquelle agissent les colons violents en Cisjordanie, la police et l'armée israéliennes ont annoncé mardi l'arrestation de plusieurs Israéliens en lien avec une descente violente menée contre la localité palestinienne de Beit Lid, près de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie.

Selon Hussein Hammadi, le maire, quelque 200 colons ont fondu sur le village où ils ont saccagé une usine laitière et blessé dix personnes.

Le président israélien Isaac Herzog a condamné ces exactions les qualifiant de "choquantes et inacceptables".

"L'armée ne tolérera pas de comportements criminels de la part d'une petite minorité qui ternit l'image d'une population respectueuse des lois", a déclaré le général Zamir, alors que nombre de témoignages accusent les soldats israéliens de rester passifs face à la violence de ces colons.

Ces dernières semaines, les attaques attribuées à des colons de plus en plus jeunes et violents vivant généralement dans des avant-postes (implantations illégales au regard du droit israélien et destinées à créer des faits accomplis sur le terrain) se sont multipliées en Cisjordanie, visant des Palestiniens mais aussi des militants anticolonisation israéliens ou étrangers, des journalistes et parfois aussi des soldats.

Plus de 500.000 Israéliens vivent en Cisjordanie dans des colonies régulièrement condamnées par l'ONU comme illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

Les violences ont explosé dans ce territoire depuis le début de la guerre de Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël. Elles n'ont pas cessé, loin de là, avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre.

Au moins 1.003 Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 36 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.