PARIS: Rap, classique, jazz, rock ou samba joués par pros ou amateurs: villes, villages et lieux inattendus ont vibré mardi pour la Fête de la musique, comme chaque 21 juin depuis 40 ans et une idée de Jack Lang, alors ministre français de la Culture.
C'est devenu une institution en France et un rendez-vous désormais exporté dans plus d'une centaine de pays dans le monde.
Dans l'Hexagone, la vague de canicule est passée mais la température est montée mardi soir avec les concerts qui se sont enchaînés.
Tous les genres musicaux se côtoient, comme à La Rochelle (sud-ouest), par exemple, avec un vieux port placé sous le signe du hard rock/métal et une église Notre-Dame envahie par les chorales.
A Paris, parmi les multiples initiatives, la station Radio France devait faire sillonner les rues par un camion sonorisé avec un DJ, Young Pulse - un clin d'œil au chanteur français Jacques Higelin, qui joua sur un camion traversant Paris aux premières années de la Fête de la musique.
En 2022, ce char devait s'élancer près de la statue de la Liberté parisienne, dédicace au "Make music day" (qu'on peut traduire par "Faites de la musique", version internationale de la Fête de la musique) qui doit démarrer à New York (Etats-Unis) depuis, là aussi, la statue de la Liberté. Le rappeur français MC Solaar devait également se produire mardi à New York.
A Paris, dans la cour même du palais présidentiel de l'Elysée, la DJ ukrainienne Xenia a monté le volume. Le chef de l'Etat Emmanuel Macron est sorti de son bureau pour saluer le "formidable succès" de la Fête.
"Ca incite à beaucoup de modestie parce qu'il y a peu de choses dans la vie politique, au fond, qui restent 40 ans après encore et qui sont des pratiques populaires", a-t-il dit.
Pour sa part la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, a déclaré : "Pour moi, ce soir, c'est aussi une fête de solidarité avec l'Ukraine".
"Bien sûr, il y a eu deux années d'isolement, de séparation, de couvre-feu, de confinement, de reprise lente du lien à la culture et aux artistes dont on célèbre aussi les retrouvailles", a-t-elle ajouté.
«On est vraiment libres» : après le Covid, la France retrouve sa Fête de la musique
"On est là pour se marrer, faire écouter des sons, s'amuser simplement": villes et villages de France ont vibré mardi soir sur des rythmes de rap, samba, techno de rock, pour la 40e édition d'une Fête de la musique qui se veut libérée du Covid-19.
A l'Elysée, où s'est notamment produit le Sénégalais Youssou N'dour avant la DJ ukrainienne Xenia, le chef de l'Etat Emmanuel Macron a salué le "formidable succès" de la Fête de la musique.
Entre amis, en famille, en couple ou seul: les Parisiens ont pris d'assaut, dès 20H00 et jusque tard dans la nuit, les rues de la capitale, qui avaient des allures de dancefloor.
Sur les quais de Seine, dans le centre de Paris, de nombreux DJ ainsi qu'une formation de cuivre étaient présents.
Canon à fumée et lasers: le très branché quartier du Marais n'était pas en reste. Plus loin, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées sur le parvis de l'Institut du monde arabe.
"On a loué un spot près du canal, on est là pour se marrer en fait, faire écouter des sons, s'amuser simplement", a raconté Martin, 24 ans, venu se produire avec son groupe "Nitraks" au bord du canal Saint-Martin.
«Besoin de fêtes»
Dire que les jours précédant la première édition en 1982, Jack Lang, initiateur de la manifestation, avait "le trac" de sa vie, comme il l'a raconté à l'AFP.
"On avait dit aux gens +Allez-y, sortez, appropriez-vous la musique dans les rues+, mais on craignait qu'ils restent planqués chez eux. Mais ça a marché", se souvient celui qui avait été nommé ministre par le président François Mitterrand (1981-1995) après l'arrivée des socialistes au pouvoir en 1981. "La première année, en 1982, ce ne fut pas un grand succès, mais les gens ont joué le jeu et dès 1983 c'était vraiment parti", décrypte M. Lang.
"Nous avons besoin de fêtes. Nous devrions faire la fête quatre fois l'an à chaque saison, ce que Noël fait déjà pour le solstice d'hiver", a écrit le philosophe français Edgar Morin au sujet de celle réservée à la musique.