FÈS: Des lumières féeriques, des flots de musique, des hommes apprêtés, des sourires sur tous les visages… La ville de Fès, située au nord-ouest du Maroc, a enfin renoué avec la joie.
Après deux ans d’interruption en raison de la pandémie de Covid-19, l’illustre Festival des musiques sacrées du monde est de retour. Le coup d’envoi de la 26e édition a été donné jeudi, avec pour thème «L’architecture et le sacré» dans un lieu historique prestigieux du nom de «Bab al-Makina», une bâtisse adossée au palais de l’ancien sultan marocain.
Des habitants de la ville, de tout âge, simples citoyens ou notables, touristes, mélomanes, sont venus partager ce moment de grâce et de rencontres improbables dans un monde miné par les conflits, surtout communautaires.
Côté scène, des artistes venus du monde entier et réunis autour des religions et des architectures sacrées, ont chanté et dansé selon leurs propres traditions, offrant au spectateur un voyage en musique et en images.
Voyage qui a commencé au Maroc et a conduit le spectateur à Notre-Dame de Paris, à Jérusalem, au Taj Mahal… pour revenir au Maroc à travers des sonorités d’une beauté vibrante, le tout placé sous la direction artistique d’Alain Weber.
Abderrafie Zouitene, le directeur de la fondation Esprit de Fès qui organise le festival, ne cache pas sa joie face à ce qu’il appelle des «retrouvailles», rendues possibles grâce à la réussite de la campagne de vaccination et la mobilisation de tous. «Il est enfin possible de reprendre notre contribution au dialogue des cultures et des religions et de mettre en valeur tout ce qui touche à l’esprit de tolérance», explique-t-il à Arab News en français.
Le choix de la thématique de cette année s’inscrit dans le prolongement de celles des éditions précédentes, toutes singulières: Les femmes fondatrices, Fès et l’Afrique, ou encore L’eau et le sacré. Expliquant le lien entre l’architecture et le sacré, Zouitene souligne que «les magnifiques monuments bâtis à travers les siècles, comme les cathédrales, les mosquées et d’autres édifices cultuels à travers le monde, illustrent l’étroite relation entre le sacré et la musique, entre l’homme et le divin».
La fondation Esprit de Fès a été lancée sous l’impulsion de feu le roi du Maroc, Hassan II, et poursuit son œuvre en essayant de perpétuer le dialogue de culture et l’esprit de tolérance qu’il avait initié, avec le soutien constant du roi Mohammed VI, représenté à l’inauguration du festival par sa sœur la princesse Hasnaa. Le festival consiste par ailleurs à faire parler de la richesse matérielle et immatérielle du patrimoine marocain et vise à promouvoir l’art de vivre «à la marocaine», tout en faisant émerger de nouveaux talents artistiques.
Dans cet esprit, la fondation tisse des partenariats multiples et collabore constamment avec des festivals européens et d’autres instances culturelles et artistiques, avec pour but constant de faire plonger Fès, pendant les quatre jours du festival, dans une sorte d’enchantement. Le festival, pour reprendre les mots de Zouitene, «appartient d’abord et surtout à la ville de Fès et à ses habitants».