Frankly Speaking: Pour Norman Roule, un ancien de la CIA, la visite de Biden pourrait rétablir les liens avec Riyad

Norman Roule, ancien officier supérieur des opérations de la CIA et expert du Moyen-Orient. (Fournie)
Norman Roule, ancien officier supérieur des opérations de la CIA et expert du Moyen-Orient. (Fournie)
Short Url
Publié le Lundi 03 octobre 2022

Frankly Speaking: Pour Norman Roule, un ancien de la CIA, la visite de Biden pourrait rétablir les liens avec Riyad

  • Le Royaume n'est pas responsable de la flambée des prix du pétrole aux États-Unis et les critiques sur la gestion du Yémen sont excessives
  • Les médias saoudiens devraient intensifier leurs efforts pour contrer les images stéréotypées que certains ont du Royaume

RIYAD: La tournée du président Joe Biden au Moyen-Orient en juillet prochain permettra de rétablir les liens entre l’Amérique avec l'Arabie saoudite, ce qui est très important pour les États-Unis, selon Norman Roule, ancien officier supérieur des opérations de la CIA et expert du Moyen-Orient.

La visite pourrait non seulement avoir un impact majeur sur les liens durables entre les États-Unis et l'Arabie saoudite et la région, mais aussi aboutir à la mise en place d’une relation qui aiderait les deux pays à atteindre leurs objectifs à long terme, a déclaré Roule à Katie Jensen, l'animatrice de «Frankly Speaking» – le talk-show d'Arab News qui propose des interviews de décideurs politiques et de chefs d'entreprise de premier plan.

Malgré la flambée des prix du carburant et l'accélération de l'inflation aux États-Unis, la Maison Blanche a nié le fait que la visite de Biden porte principalement sur le pétrole, un avis que Roule partage.

«De multiples sujets dans des domaines allant de l'énergie verte à l’espace que partagent les États-Unis et l'Arabie saoudite seront abordés lors des discussions qui auront lieu à Riyad», a-t-il précisé.

Une réunion ministérielle de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et des pays non membres de l'OPEP, qui s'est tenue début juin, a débouché sur l'engagement d'augmenter la production de pétrole de 50% en juillet afin de pallier la forte hausse des prix du carburant.

Parmi les autres questions à l’ordre du jour figure celle des voies navigables qui entourent l'Arabie saoudite et qui sont vitales pour le fonctionnement de l'économie américaine, telles que la mer Rouge, la mer d'Oman et le Golfe.

La question de l'agriculture et la sécurité alimentaire, tant au niveau régional qu'en Afrique – où l'influence de l'Arabie saoudite est croissante – ainsi que la question de la lutte contre l'extrémisme seront également à l'ordre du jour.

«Ces questions ne reçoivent pas beaucoup de publicité journalistique parce qu'elles semblent être plus ennuyeuses que celles relatives aux prix du pétrole et du gaz et à certains défis plus simplistes», a indiqué Roule.

Malgré toutes les affirmations, nombreux sont ceux qui ont la certitude que la question du pétrole sera au cœur des débats, au moment où Biden se prépare à effectuer sa visite dans un pays que certains Américains considèrent comme une station-service géante. D’autres insinuent même que l'Arabie saoudite, le membre le plus important et le plus rentable de l'OPEP, est en quelque sorte responsable de la récente flambée des prix. Cependant, Roule s’oppose [à cette accusation].

«Le président Poutine a une part importante de responsabilité», a-t-il dit. « L'Arabie saoudite a un rôle à jouer, mais je ne le surestimerais pas ».

Selon lui, de nombreux autres facteurs, dont l'arrêt des expéditions russes de pétrole, de gaz et de charbon vers l'Europe et la croissance économique rapide alors que l'économie mondiale se remet de la pandémie de Covid-19, pèsent tout autant.

«Les États-Unis ainsi que d’autres pays ont connu un échec des investissements en capital. Nous avons une croissance explosive de l'économie grâce à nos politiques économiques et à la sortie de Covid.»

Selon Roule, le fait que «les objectifs économiques des gouvernements américain et saoudien sont presque identiques» représente l'un des aspects les plus intéressants de la prochaine visite de Biden.

Outre les questions de commerce transnational, les États-Unis et l'Arabie saoudite s'efforcent d'améliorer les infrastructures et de soutenir la croissance de leurs classes moyennes respectives.

Roule pense que la protection des acquis des deux pays revêt une importance capitale. «Chaque partie souhaite éviter tout conflit dans la région susceptible d'engendrer des guerres conventionnelles dévastatrices qui mettraient à mal ces acquis économiques et sociaux», a-t-il expliqué.

«Nous avons besoin de la coopération de l'Arabie saoudite, de son partenariat, pour voir comment nous pouvons soutenir ses propres initiatives afin de prévenir l'extrémisme dans tout le monde islamique.»

Sur un plan plus individuel, Roule a déclaré: «Le président des États-Unis et tout son personnel pourront voir de leurs propres yeux ce qu'est la vie en Arabie saoudite. Ce sera puissant».

«Une relation personnelle pourrait s’établir entre le président et tous les dirigeants qu'il rencontre au cours de ce voyage, y compris le prince héritier d'Arabie saoudite.»

Roule pense qu'une telle relation entre les deux dirigeants pourrait aboutir «à la mise en place de structures de communication afin qu'ils puissent poursuivre ces discussions, consolider les bases et réellement atteindre les objectifs que ces réunions sont censées créer dans les mois qui suivront la rencontre.»

Si Roule estime que les dirigeants américains respectent les ambitions de réforme du Royaume et les défis qu'il doit relever pour y parvenir, un public plus large «voit généralement le Royaume sous l'angle du 11 septembre, du meurtre de Jamal Khashoggi et de la question du pétrole.»

Les médias saoudiens devraient intensifier leurs efforts pour contrer ces images stéréotypées du Royaume, a dit Roule, tout en ajoutant que d'autres pays du Moyen-Orient, comme Israël et le Qatar, disposent de stations de diffusion 24h/24 que les téléspectateurs américains peuvent regarder.

Il pense donc qu'une chaîne de télévision saoudienne diffusant 24h/24 pourrait «montrer la vie dans le pays d'une manière neutre et apolitique».

Tout comme l'Arabie saoudite n'est pas sans défauts, une éventuelle visite de Biden en Arabie saoudite n'est pas sans opposants. Ceux qui critiquent le voyage évoquent la question des droits de l'homme et de la guerre qui dure depuis maintenant sept ans au Yémen.

Roule qualifie ces réserves d’«excessives ». «J'ai parlé avec de nombreux responsables saoudiens qui m'ont franchement assuré, à ma satisfaction, qu'ils essayaient de faire tout ce qu'ils pouvaient pour limiter les pertes civiles», a-t-il affirmé.

Il a ajouté: «Je voudrais souligner que l'administration Biden elle-même, dans son discours et ses déclarations politiques, a remercié à plusieurs reprises le Royaume pour les efforts diplomatiques acharnés qu'il a déployés afin de trouver une solution politique à ce conflit. On n’a pas entendu l'administration Biden critiquer le gouvernement saoudien depuis un bon moment et cela n’est dû qu’à la simple réalité des faits.»

Roule est bien conscient que les Houthis, soutenus par l'Iran, constituent la principale embûche à une résolution pacifique du conflit au Yémen.

Les relations américano-saoudiennes sont essentielles pour contrer les actions malveillantes de l'Iran, selon Roule, qui a passé 34 ans à la CIA à couvrir le Moyen-Orient.

Pendant neuf de ces années, il a été directeur national du renseignement pour l’iran et il est actuellement conseiller principal du groupe de pression américain baptisé United Against Nuclear Iran («Unis contre un Iran nucléaire»).

Téhéran pourrait considérer la visite de Biden comme une menace, et le pays et ses mandataires pourraient tenter de la perturber, selon Roule.

«Ils ne sont pas ravis de la visite prévue, surtout avec la perspective d'une amélioration des défenses aériennes dans la région, parce qu'un système de défense aérienne intégré compliquerait la capacité de l'Iran à mener des attaques de missiles et de drones directement ou à travers ses mandataires» a-t-il expliqué.

Roule pense que la réussite sociale et économique de la péninsule arabique au cours des dernières décennies constitue «la plus grande menace pour le gouvernement iranien». Il a même ajouté que Téhéran considère les avancées de la région comme «un puissant arsenal qui compromettra la stabilité de la République islamique».

Selon lui, l'Iran tente d'asseoir son hégémonie dans le monde arabe par la force, ce qui contredit l'affirmation de l'ancien président américain Barack Obama, dans une entrevue accordée au magazine The Atlantic, selon laquelle la meilleure façon d'instaurer une «paix froide» est que l'Arabie saoudite et l'Iran trouvent un moyen de «se partager le voisinage».

Malgré les obstacles que le Hamas, force mandataire iranienne, crée dans l'intention d'entraver un processus de paix israélo-palestinien, Roule pense que l'Arabie saoudite pourrait contribuer à trouver une solution pacifique au conflit.

Invité d'un épisode précédent de Frankly Speaking, Issawi Frej, ministre israélien de la Coopération régionale, a précisé que «le leadership saoudien serait essentiel à toute solution future».

Roule a soutenu l’affirmation du ministre et a poursuivi: «Le Royaume a déclaré à plusieurs reprises qu'il encourageait une solution à deux États, et qu’il verrait un plus grand engagement avec Israël, qu'il accepte comme faisant partie de la région, une fois que la question palestinienne et que certaines préoccupations et exigences légitimes des Palestiniens seront résolues».

Au cours de ses voyages fréquents au Royaume depuis près de quarante ans, Roule a été impressionné par de nombreux aspects des progrès du Royaume, et reste convaincu qu'une telle visite pourrait avoir un impact plus profond sur la façon dont le monde perçoit le pays.

«Le Royaume est plus disposé qu'il ne l'a jamais été à inclure l'histoire préislamique», a-t-il dit.

«J’ai été surpris d’apprendre que de nombreuses personnes faisant partie de la communauté d’affaires américaine ont effectué des voyages touristiques en Arabie saoudite et en étaient contents.»

Il a également salué l'ouverture du site d'AlUla, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, à un nombre croissant de touristes – une initiative qu'il considère comme «le plus grand développement dans le domaine de l'archéologie, depuis les 20, 30 ou 50 dernières années».

Ceux qui continuent à visiter le Royaume de l'extérieur, a dit Roule, «reviennent avec une magnifique impression de cette géographie unique, de l'histoire, d'un peuple très chaleureux, de la similarité et des valeurs entre les peuples américain et saoudien et les Arabes en général».

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Le plus grand projet de restauration corallienne au monde dévoilé en mer Rouge

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
Short Url
  • «KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale»
  • «Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens»

RIYAD: Des scientifiques de l’université des sciences et technologies du roi Abdallah (Kaust), en collaboration avec Neom, ont inauguré la première pépinière de l’Initiative de restauration corallienne de la Kaust (KCRI).

«KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale. Une première pépinière est officiellement opérationnelle et une seconde est en cours de construction. Elles sont toutes deux situées en mer Rouge», indique un communiqué publié jeudi.

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an.

Les chercheurs se serviront de cette installation pilote pour lancer des initiatives de restauration corallienne à grande échelle, avec notamment la pépinière de coraux terrestre la plus grande et la plus avancée au monde.

Située sur le même site, cette dernière aura une capacité décuplée et pourra produire 400 000 coraux par an. Le projet devrait être achevé en décembre 2025.

Abritant 25% des espèces marines connues, bien qu’ils couvrent moins d’1% des fonds marins, les récifs coralliens sont le fondement de nombreux écosystèmes marins. Les experts estiment que jusqu’à 90% des récifs coralliens de la planète subiront un stress thermique grave d’ici à 2050.

«Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens. Nous avons donc pour ambition de trouver un moyen de faire passer les efforts de restauration actuels, à forte intensité de main-d’œuvre, à des processus industriels afin d’inverser le rythme actuel de dégradation des récifs coralliens», a expliqué le professeur Tony Chan, président de la Kaust.

Cette initiative s’aligne sur la Vision 2030 de l’Arabie saoudite et sur ses efforts pour renforcer la conservation marine en tirant parti des recherches réalisées par la Kaust sur les écosystèmes marins et en servant de plate-forme pour tester des méthodes de restauration innovantes.

«Grâce à notre partenariat de longue date avec la Kaust, nous mettrons également en lumière le rôle des récifs coralliens, qui comptent parmi les systèmes environnementaux marins les plus importants, ainsi que l’importance de leur préservation pour les générations futures», a confié le PDG de Neom, Nadhmi al-Nasr.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’UE assouplit les règles en matière de visas pour l’Arabie saoudite, Oman et Bahreïn

L’ambassadeur de l’Union européenne en Arabie saoudite, Christophe Farnaud. (Photo fournie)
L’ambassadeur de l’Union européenne en Arabie saoudite, Christophe Farnaud. (Photo fournie)
Short Url
  • Les citoyens saoudiens, omanais et bahreïnis peuvent désormais bénéficier de visas à entrées multiples d’une durée de cinq ans
  • Il s’agit d’«une étape importante dans la promotion des contacts interpersonnels», affirme l’ambassadeur

RIYAD: Les citoyens saoudiens, omanais et bahreïnis pourront se rendre plus facilement en Europe à la suite d’une décision de la Commission européenne visant à assouplir les règles en matière de visas.

Jeudi, l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Arabie saoudite, Christophe Farnaud, a déclaré à des journalistes à Riyad que les nouvelles règles relatives aux visas Schengen constituaient «une étape importante dans la promotion des contacts interpersonnels et la facilitation des échanges entre les citoyens de l’UE et du Conseil de coopération du Golfe [CCG]».

En vertu des nouvelles règles, un visa à entrées multiples sera normalement délivré pour une durée de cinq ans aux demandeurs retenus, y compris à ceux qui présentent une demande pour la première fois.

«Le processus est le même, mais la durée du visa est plus longue, ce qui leur permet de se rendre dans 29 pays européens en utilisant le même visa à entrées multiples, valable pour une durée de cinq ans», a expliqué M. Farnaud.

Ce dernier a déclaré qu’il était important de placer le changement de visa «dans le contexte des relations stratégiques entre cette région et l’Europe».

L’espace Schengen regroupe 29 pays européens, dont 25 sont des États membres de l’UE: la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, le Danemark, l’Allemagne, l’Estonie, la Grèce, l’Espagne, la France, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, la Hongrie, Malte, les Pays-Bas, l’Autriche, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovénie, la Slovaquie, la Finlande et la Suède, ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.

Les États membres mettront en œuvre cette décision dès qu’ils auront reçu les notifications, a assuré M. Farnaud.

«Comme nous le savons, la notification a été faite mercredi. Donc, à partir de maintenant, les États membres peuvent délivrer ces visas, à moins qu’il n’y ait une raison technique qui les oblige à attendre quelques jours», a-t-il précisé.

«Je suis très heureux d’avoir pu travailler sur ce projet et je dois dire que j’ai reçu de nombreuses réponses très positives de la part des citoyens, notamment des Saoudiens. Je pense que c’est une excellente nouvelle», a ajouté M. Farnaud.

L’envoyé a indiqué que l’Europe travaillait également sur la mise en place de visas électroniques, «mais cela prendra un certain temps».

«Je ne peux pas vous dire combien de temps exactement, car cela implique des décisions de la part des États membres sur des aspects techniques. Ce projet se concrétisera donc, mais cela prendra un certain temps», a-t-il indiqué.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Huit ans après son lancement, le Vision 2030 de l’Arabie saoudite est en avance sur le calendrier

La Vision 2030 repose sur trois piliers : bâtir une société dynamique, une économie florissante et une nation ambitieuse, déployés par étapes. (AFP)
La Vision 2030 repose sur trois piliers : bâtir une société dynamique, une économie florissante et une nation ambitieuse, déployés par étapes. (AFP)
Short Url
  • En lançant Vision 2030, en 2016, le prince héritier, Mohammed ben Salmane, s'est engagé à améliorer l'environnement des affaires du Royaume
  • Aujourd'hui, l'économie crée des opportunités d'emploi pour les citoyens et une prospérité à long terme pour la nation

RIYAD: La transformation de l'Arabie saoudite a impliqué de nombreux auteurs: le gouvernement, les citoyens saoudiens, le secteur privé et les partenaires internationaux. Grâce à leurs efforts conjugués, le plan est en avance sur le calendrier en 2023, date à laquelle la Vision 2030 arrivera à mi-parcours.

Huit ans après son lancement, les promesses du plan de réforme sociale et de diversification économique se concrétisent rapidement. En effet, 87% des 1 064 initiatives sont considérées comme achevées ou en voie de l'être.

La Vision 2030 propose trois axes: construire «une société dynamique», «une économie prospère» et «une nation ambitieuse». Ils sont déployés selon une approche progressive et permettent au Royaume de s'adapter, d'évoluer et de devenir plus agile.

Alors que l'Arabie saoudite approche de la fin de la deuxième phase – et du début de la période de mise en œuvre de 2025 –, la stratégie économique, qui n'a pas manqué de susciter des doutes au début, n'est plus une simple idée, mais une transformation effective.

Img
Huit ans après le lancement du plan de réforme sociale et de diversification économique du Royaume, 87 pour cent des 1 064 initiatives sont considérées comme achevées ou en bonne voie. (Getty Imaes/AFP)

À la fin de l'année 2023, quelque 197 des 243 indicateurs de performance clés de la Vision 2030 avaient été pleinement atteints. Parmi eux, 176 ont dépassé leurs objectifs.

Une tendance similaire est observée dans divers domaines socio-économiques, ce qui incite la nation à reconsidérer ses ambitions et à se fixer des objectifs plus élevés pour 2030.

Une économie en technicolor

En lançant le plan de diversification économique en 2016, le prince héritier, Mohammed ben Salmane, a promis d'améliorer l'environnement des affaires du Royaume. Il a permis à l'économie de prospérer et de générer des opportunités d'emploi pour les citoyens ainsi qu’une prospérité à long terme pour la nation.

Entre l'augmentation des investissements directs étrangers, l'accroissement du nombre de petites et moyennes entreprises et l'ouverture de nouvelles filières dans des domaines tels que le tourisme et le divertissement, la nation a documenté une contribution record des revenus non pétroliers.

À la fin de l'année 2023, les recettes ont dépassé 121,8 milliards de dollars (1 dollar = 0,94 euro) et ont contribué à hauteur de 50% au produit intérieur brut réel.

Le PIB non pétrolier du Royaume s'est élevé à plus de 503,6 milliards de dollars, dépassant ainsi le niveau de référence (404,9 milliards de dollars) et se rapprochant de l'objectif de 515,6 milliards de dollars.

Ces résultats interviennent alors que l'Arabie saoudite a mis en œuvre une série d'initiatives économiques et réglementaires qui visent à stimuler la croissance du secteur privé et à attirer les investissements étrangers. Ces réformes comprennent l'assouplissement des restrictions sur la propriété étrangère dans divers secteurs, la rationalisation des réglementations commerciales et la privatisation des entreprises d'État.

Ces changements en cours et la situation stratégique de Riyad, au carrefour de trois continents, en ont fait une destination d'investissement précieuse pour les entreprises mondiales. En 2023, plus de 180 entreprises ont obtenu l'autorisation d'ouvrir des bureaux régionaux dans la capitale saoudienne.

Parallèlement, la contribution du secteur privé au PIB total s'élevait à 45%, marquant une augmentation notable par rapport à la base de 40,3% et se rapprochant de l'objectif de 65% fixé par la Vision 2030.

En écho à cette notion, l'investissement direct étranger a connu une croissance notable, contribuant à hauteur de 2,4% au PIB du pays.

L'entité souveraine du Royaume, le Fonds d'investissement public, avait des actifs sous gestion de plus de 749 milliards de dollars en 2023, dépassant l'objectif annuel (environ 720 milliards de dollars).

Ces succès ont incité le Royaume à se classer premier dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord pour l'investissement en capital-risque en 2023, captant 52% du capital total déployé dans la région avec une valeur d’1,4 milliard de dollars.

En outre, le sous-indice de la participation et des opportunités économiques est passé de 0,33 à 0,637, dépassant ainsi l'objectif annuel (0,592).

Une main-d'œuvre équitable

L'Arabie saoudite a atteint son taux de chômage le plus bas, soit 7,7% en 2023, contre 12,3% en 2016, dépassant ainsi l'objectif de 8% fixé pour 2023 et se rapprochant de la cible de 7% fixée par la Vision 2030.

Cependant, la réalisation la plus notable du pays en matière d'emploi reste caractérisée par une section jusqu'alors méconnue de sa main-d'œuvre: la participation des femmes atteint désormais un niveau record de 35,5%, dépassant ainsi l'objectif de 2030.

L'Arabie saoudite a vu un nombre croissant de femmes assumer des rôles de direction dans divers secteurs, notamment le gouvernement, les entreprises, le monde universitaire et les médias.

Cette réussite est également attribuée à un gouvernement qui s'est activement employé à élargir les possibilités d'emploi pour les femmes dans un large éventail de secteurs, notamment la santé, l'éducation et la finance, ainsi que la technologie et l'hôtellerie.

En outre, la Vision 2030 encourage l'entrepreneuriat féminin ainsi que la croissance des petites entreprises détenues et gérées par des femmes. Des initiatives telles que des programmes de prêts, des pépinières d'entreprises et des événements de mise en réseau offrent un soutien et des ressources aux entrepreneuses en herbe pour qu'elles puissent démarrer et développer leur entreprise.

C'est ce qui a conduit le pays à annoncer qu'il allait modifier l'objectif de participation des femmes qu'il s'était fixé dans le cadre de Vision 2030.

L'essor des PME

Les petites et moyennes entreprises (PME), qui sont appelées à jouer un rôle essentiel dans le développement économique du Royaume et à contribuer à la réalisation de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, ont enregistré une croissance de plus de 200% depuis le lancement du plan national. Cette dernière s'est traduite par une aide financière de 10 milliards de riyals saoudiens (SAR) pour les PME (1 SAR = 0,25 euro) et 6,7 millions d'employés dans le secteur d'ici à la fin de 2023.

En 2022, la Banque des PME a été créée par le conseil des ministres comme l'un des fonds de développement et des institutions financières affiliés au Fonds national de développement.

La Banque des PME vise à accroître le financement fourni au secteur et à renforcer les contributions des institutions à la fourniture de solutions de financement innovantes qui contribuent à la stabilité de ce secteur.

Par conséquent, les initiatives de la Vision 2030 ont soutenu plusieurs programmes, centres et services fournis par l'Autorité générale des petites et moyennes entreprises, également connue sous le nom de «Monsha'at».

Parmi eux, le programme intitulé «Tomoh», une communauté destinée aux PME à croissance rapide, vise à stimuler leur croissance par le biais de services et de programmes. Tomoh a contribué à la cotation de 18 entreprises sur le marché parallèle – appelé «Nomu» – de la bourse saoudienne.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com