Frankly Speaking: Pour Norman Roule, un ancien de la CIA, la visite de Biden pourrait rétablir les liens avec Riyad

Norman Roule, ancien officier supérieur des opérations de la CIA et expert du Moyen-Orient. (Fournie)
Norman Roule, ancien officier supérieur des opérations de la CIA et expert du Moyen-Orient. (Fournie)
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Publié le Lundi 03 octobre 2022

Frankly Speaking: Pour Norman Roule, un ancien de la CIA, la visite de Biden pourrait rétablir les liens avec Riyad

  • Le Royaume n'est pas responsable de la flambée des prix du pétrole aux États-Unis et les critiques sur la gestion du Yémen sont excessives
  • Les médias saoudiens devraient intensifier leurs efforts pour contrer les images stéréotypées que certains ont du Royaume

RIYAD: La tournée du président Joe Biden au Moyen-Orient en juillet prochain permettra de rétablir les liens entre l’Amérique avec l'Arabie saoudite, ce qui est très important pour les États-Unis, selon Norman Roule, ancien officier supérieur des opérations de la CIA et expert du Moyen-Orient.

La visite pourrait non seulement avoir un impact majeur sur les liens durables entre les États-Unis et l'Arabie saoudite et la région, mais aussi aboutir à la mise en place d’une relation qui aiderait les deux pays à atteindre leurs objectifs à long terme, a déclaré Roule à Katie Jensen, l'animatrice de «Frankly Speaking» – le talk-show d'Arab News qui propose des interviews de décideurs politiques et de chefs d'entreprise de premier plan.

Malgré la flambée des prix du carburant et l'accélération de l'inflation aux États-Unis, la Maison Blanche a nié le fait que la visite de Biden porte principalement sur le pétrole, un avis que Roule partage.

«De multiples sujets dans des domaines allant de l'énergie verte à l’espace que partagent les États-Unis et l'Arabie saoudite seront abordés lors des discussions qui auront lieu à Riyad», a-t-il précisé.

Une réunion ministérielle de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et des pays non membres de l'OPEP, qui s'est tenue début juin, a débouché sur l'engagement d'augmenter la production de pétrole de 50% en juillet afin de pallier la forte hausse des prix du carburant.

Parmi les autres questions à l’ordre du jour figure celle des voies navigables qui entourent l'Arabie saoudite et qui sont vitales pour le fonctionnement de l'économie américaine, telles que la mer Rouge, la mer d'Oman et le Golfe.

La question de l'agriculture et la sécurité alimentaire, tant au niveau régional qu'en Afrique – où l'influence de l'Arabie saoudite est croissante – ainsi que la question de la lutte contre l'extrémisme seront également à l'ordre du jour.

«Ces questions ne reçoivent pas beaucoup de publicité journalistique parce qu'elles semblent être plus ennuyeuses que celles relatives aux prix du pétrole et du gaz et à certains défis plus simplistes», a indiqué Roule.

Malgré toutes les affirmations, nombreux sont ceux qui ont la certitude que la question du pétrole sera au cœur des débats, au moment où Biden se prépare à effectuer sa visite dans un pays que certains Américains considèrent comme une station-service géante. D’autres insinuent même que l'Arabie saoudite, le membre le plus important et le plus rentable de l'OPEP, est en quelque sorte responsable de la récente flambée des prix. Cependant, Roule s’oppose [à cette accusation].

«Le président Poutine a une part importante de responsabilité», a-t-il dit. « L'Arabie saoudite a un rôle à jouer, mais je ne le surestimerais pas ».

Selon lui, de nombreux autres facteurs, dont l'arrêt des expéditions russes de pétrole, de gaz et de charbon vers l'Europe et la croissance économique rapide alors que l'économie mondiale se remet de la pandémie de Covid-19, pèsent tout autant.

«Les États-Unis ainsi que d’autres pays ont connu un échec des investissements en capital. Nous avons une croissance explosive de l'économie grâce à nos politiques économiques et à la sortie de Covid.»

Selon Roule, le fait que «les objectifs économiques des gouvernements américain et saoudien sont presque identiques» représente l'un des aspects les plus intéressants de la prochaine visite de Biden.

Outre les questions de commerce transnational, les États-Unis et l'Arabie saoudite s'efforcent d'améliorer les infrastructures et de soutenir la croissance de leurs classes moyennes respectives.

Roule pense que la protection des acquis des deux pays revêt une importance capitale. «Chaque partie souhaite éviter tout conflit dans la région susceptible d'engendrer des guerres conventionnelles dévastatrices qui mettraient à mal ces acquis économiques et sociaux», a-t-il expliqué.

«Nous avons besoin de la coopération de l'Arabie saoudite, de son partenariat, pour voir comment nous pouvons soutenir ses propres initiatives afin de prévenir l'extrémisme dans tout le monde islamique.»

Sur un plan plus individuel, Roule a déclaré: «Le président des États-Unis et tout son personnel pourront voir de leurs propres yeux ce qu'est la vie en Arabie saoudite. Ce sera puissant».

«Une relation personnelle pourrait s’établir entre le président et tous les dirigeants qu'il rencontre au cours de ce voyage, y compris le prince héritier d'Arabie saoudite.»

Roule pense qu'une telle relation entre les deux dirigeants pourrait aboutir «à la mise en place de structures de communication afin qu'ils puissent poursuivre ces discussions, consolider les bases et réellement atteindre les objectifs que ces réunions sont censées créer dans les mois qui suivront la rencontre.»

Si Roule estime que les dirigeants américains respectent les ambitions de réforme du Royaume et les défis qu'il doit relever pour y parvenir, un public plus large «voit généralement le Royaume sous l'angle du 11 septembre, du meurtre de Jamal Khashoggi et de la question du pétrole.»

Les médias saoudiens devraient intensifier leurs efforts pour contrer ces images stéréotypées du Royaume, a dit Roule, tout en ajoutant que d'autres pays du Moyen-Orient, comme Israël et le Qatar, disposent de stations de diffusion 24h/24 que les téléspectateurs américains peuvent regarder.

Il pense donc qu'une chaîne de télévision saoudienne diffusant 24h/24 pourrait «montrer la vie dans le pays d'une manière neutre et apolitique».

Tout comme l'Arabie saoudite n'est pas sans défauts, une éventuelle visite de Biden en Arabie saoudite n'est pas sans opposants. Ceux qui critiquent le voyage évoquent la question des droits de l'homme et de la guerre qui dure depuis maintenant sept ans au Yémen.

Roule qualifie ces réserves d’«excessives ». «J'ai parlé avec de nombreux responsables saoudiens qui m'ont franchement assuré, à ma satisfaction, qu'ils essayaient de faire tout ce qu'ils pouvaient pour limiter les pertes civiles», a-t-il affirmé.

Il a ajouté: «Je voudrais souligner que l'administration Biden elle-même, dans son discours et ses déclarations politiques, a remercié à plusieurs reprises le Royaume pour les efforts diplomatiques acharnés qu'il a déployés afin de trouver une solution politique à ce conflit. On n’a pas entendu l'administration Biden critiquer le gouvernement saoudien depuis un bon moment et cela n’est dû qu’à la simple réalité des faits.»

Roule est bien conscient que les Houthis, soutenus par l'Iran, constituent la principale embûche à une résolution pacifique du conflit au Yémen.

Les relations américano-saoudiennes sont essentielles pour contrer les actions malveillantes de l'Iran, selon Roule, qui a passé 34 ans à la CIA à couvrir le Moyen-Orient.

Pendant neuf de ces années, il a été directeur national du renseignement pour l’iran et il est actuellement conseiller principal du groupe de pression américain baptisé United Against Nuclear Iran («Unis contre un Iran nucléaire»).

Téhéran pourrait considérer la visite de Biden comme une menace, et le pays et ses mandataires pourraient tenter de la perturber, selon Roule.

«Ils ne sont pas ravis de la visite prévue, surtout avec la perspective d'une amélioration des défenses aériennes dans la région, parce qu'un système de défense aérienne intégré compliquerait la capacité de l'Iran à mener des attaques de missiles et de drones directement ou à travers ses mandataires» a-t-il expliqué.

Roule pense que la réussite sociale et économique de la péninsule arabique au cours des dernières décennies constitue «la plus grande menace pour le gouvernement iranien». Il a même ajouté que Téhéran considère les avancées de la région comme «un puissant arsenal qui compromettra la stabilité de la République islamique».

Selon lui, l'Iran tente d'asseoir son hégémonie dans le monde arabe par la force, ce qui contredit l'affirmation de l'ancien président américain Barack Obama, dans une entrevue accordée au magazine The Atlantic, selon laquelle la meilleure façon d'instaurer une «paix froide» est que l'Arabie saoudite et l'Iran trouvent un moyen de «se partager le voisinage».

Malgré les obstacles que le Hamas, force mandataire iranienne, crée dans l'intention d'entraver un processus de paix israélo-palestinien, Roule pense que l'Arabie saoudite pourrait contribuer à trouver une solution pacifique au conflit.

Invité d'un épisode précédent de Frankly Speaking, Issawi Frej, ministre israélien de la Coopération régionale, a précisé que «le leadership saoudien serait essentiel à toute solution future».

Roule a soutenu l’affirmation du ministre et a poursuivi: «Le Royaume a déclaré à plusieurs reprises qu'il encourageait une solution à deux États, et qu’il verrait un plus grand engagement avec Israël, qu'il accepte comme faisant partie de la région, une fois que la question palestinienne et que certaines préoccupations et exigences légitimes des Palestiniens seront résolues».

Au cours de ses voyages fréquents au Royaume depuis près de quarante ans, Roule a été impressionné par de nombreux aspects des progrès du Royaume, et reste convaincu qu'une telle visite pourrait avoir un impact plus profond sur la façon dont le monde perçoit le pays.

«Le Royaume est plus disposé qu'il ne l'a jamais été à inclure l'histoire préislamique», a-t-il dit.

«J’ai été surpris d’apprendre que de nombreuses personnes faisant partie de la communauté d’affaires américaine ont effectué des voyages touristiques en Arabie saoudite et en étaient contents.»

Il a également salué l'ouverture du site d'AlUla, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, à un nombre croissant de touristes – une initiative qu'il considère comme «le plus grand développement dans le domaine de l'archéologie, depuis les 20, 30 ou 50 dernières années».

Ceux qui continuent à visiter le Royaume de l'extérieur, a dit Roule, «reviennent avec une magnifique impression de cette géographie unique, de l'histoire, d'un peuple très chaleureux, de la similarité et des valeurs entre les peuples américain et saoudien et les Arabes en général».

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


L'envoyé spécial de l'ONU au Yémen rencontre des responsables houthis à Oman

L'envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, Hans Grundberg, a rencontré des responsables des rebelles houthis jeudi à Oman pour discuter de "la nécessité de stabiliser la situation" dans ce pays de la péninsule arabique en guerre depuis 2014. (AFP)
L'envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, Hans Grundberg, a rencontré des responsables des rebelles houthis jeudi à Oman pour discuter de "la nécessité de stabiliser la situation" dans ce pays de la péninsule arabique en guerre depuis 2014. (AFP)
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  • Les discussions étaient centrées "sur la nécessité de stabiliser la situation au Yémen pour permettre à tous les Yéménites de vivre dans la dignité et la prospérité, et répondre aux inquiétudes légitimes de toutes les parties"
  • Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, les Houthis - qui font partie de "l'axe de résistance" contre Israël piloté par Téhéran - ont multiplié les attaques de missiles contre Israël

MASCATE: L'envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, Hans Grundberg, a rencontré des responsables des rebelles houthis jeudi à Oman pour discuter de "la nécessité de stabiliser la situation" dans ce pays de la péninsule arabique en guerre depuis 2014.

Dans un communiqué sur X, les services de M. Grundberg ont indiqué qu'il "avait rencontré ce jour (jeudi) à Mascate des haut responsables omanais, des membres de la direction d'Ansar Allah (nom officiel des Houthis, NDLR) et des représentants de la communauté diplomatique".

Les discussions étaient centrées "sur la nécessité de stabiliser la situation au Yémen pour permettre à tous les Yéménites de vivre dans la dignité et la prospérité, et répondre aux inquiétudes légitimes de toutes les parties, dont la région et la communauté internationale", indique le communiqué.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, les Houthis - qui font partie de "l'axe de résistance" contre Israël piloté par Téhéran - ont multiplié les attaques de missiles contre Israël, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

Ils mènent aussi des attaques contre des navires accusés de liens avec Israël en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, perturbant le trafic international en mer.

Depuis le 15 mars, les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont lancé contre eux une campagne de bombardements, avec des raids quasi quotidiens, au lourd bilan humain selon les Houthis.

Les entretiens de l'envoyé spécial à Mascate interviennent deux jours avant un troisième cycle de pourparlers indirects entre les Etats-Unis et l'Iran sur le nucléaire iranien.

M. Grundberg a également réitéré la demande de l'ONU d'"une libération immédiate et sans condition des personnels diplomatiques ou appartenant aux Nations unies, à des ONG et à la société civile détenus au Yémen".

Au moins de juin 2024, les Houthis détenaient 13 employés de l'ONU, dont six du bureau des droits de l'Homme, plus de 50 membres d'ONG et un employé d'une ambassade.

Les rebelles les ont accusés de faire partie d'"un réseau d'espions américano-israéliens" opérant sous couvert d'action humanitaire, des allégations rejetées par le Haut-commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU.


Gaza: 55 morts dans des frappes, Israël menace d'une offensive «plus vaste»

Plus tôt jeudi, l'armée a appelé les habitants des localités de Beit Hanoun et de Cheikh Zayed, dans le nord de la bande de Gaza, à évacuer avant "une frappe puissante", ciblant une zone accusée d'abriter "des opérations de snipers et des activités terroristes". (AFP)
Plus tôt jeudi, l'armée a appelé les habitants des localités de Beit Hanoun et de Cheikh Zayed, dans le nord de la bande de Gaza, à évacuer avant "une frappe puissante", ciblant une zone accusée d'abriter "des opérations de snipers et des activités terroristes". (AFP)
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  • Plus tôt jeudi, l'armée a appelé les habitants des localités de Beit Hanoun et de Cheikh Zayed, dans le nord de la bande de Gaza, à évacuer avant "une frappe puissante"
  • La Défense civile et des sources hospitalières palestiniennes ont fait état de leur côté de 55 morts depuis le début de la journée

GAZA: Israël a menacé jeudi de lancer une offensive "plus vaste" à Gaza si les otages n'étaient pas libérés du territoire palestinien, où au moins 55 personnes, dont des enfants, ont été tuées dans des bombardements israéliens, selon des sources palestiniennes.

Rompant une trêve de près de deux mois dans la guerre déclenchée il y a plus d'un an et demi, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

"Si nous ne constatons pas de progrès dans le retour des otages dans un avenir proche, nous étendrons nos activités à une opération plus vaste", a dit le lieutenant général Eyal Zamir lors d'une visite aux troupes israéliennes dans le territoire assiégé.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas en Israël, lors de laquelle plus de 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza.

Plus tôt jeudi, l'armée a appelé les habitants des localités de Beit Hanoun et de Cheikh Zayed, dans le nord de la bande de Gaza, à évacuer avant "une frappe puissante", ciblant une zone accusée d'abriter "des opérations de snipers et des activités terroristes".

La Défense civile et des sources hospitalières palestiniennes ont fait état de leur côté de 55 morts depuis le début de la journée.

L'hôpital indonésien à Jabalia a dit avoir reçu les corps de neuf victimes après une frappe sur un commissariat de police de cette ville du nord.

"Chaque jour, la mort" 

L'armée israélienne a confirmé avoir frappé dans le secteur, précisant qu'elle ciblait "des terroristes opérant dans un centre de commandement et de contrôle du Hamas et du Jihad islamique", un groupe allié.

"Le bombardement était extrêmement intense et a secoué toute la zone", a expliqué un témoin, Abdel Qader Sabah, à l'AFP. "Tout le monde s'est mis à courir et à crier".

Un autre bombardement sur une maison du nord de la ville de Gaza (nord) a tué une famille de six personnes, un couple et ses quatre enfants, a indiqué la Défense civile.

"La destruction n'épargne personne", s'est lamenté le cousin du père de famille, Nidal al-Sarafiti, auprès de l'AFP.

Plusieurs autres frappes ont tué au moins 40 personnes ailleurs, dont 12 dans une maison familiale à Jabalia.

Des images de l'AFP tournées dans une maison touchée à Khan Younès (sud) montrent des personnes éteignant les flammes et d'autres inspectant des décombres à la lumière de torches.

"On était assis en paix quand le missile est tombé", a déclaré un témoin, Mohammed Faris.

Des corps gisaient au sol, dont une jeune femme et un garçon, dans des housses mortuaires, entourés de proches en pleurs, embrassant et caressant leurs visages.

"Ses enfants et elle ont été tués et réduits en morceaux", se lamente Rania al-Jumla, en évoquant sa soeur tuée dans le bombardement. "On n'en peut plus. Chaque jour, c'est la mort".

"Excuses officielles" 

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 1.978 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars.

Ce bilan porte à 51.355 le nombre de morts dans la bande de Gaza, selon la même source, depuis le début de l'offensive israélienne lancée en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023.

Cette attaque a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Sur les 251 personnes alors enlevées, 58 sont toujours otages à Gaza dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Jeudi, l'armée israélienne a annoncé qu'un employé --bulgare-- de l'ONU tué le mois dernier dans le territoire palestinien avait été victime d'un tir d'un de ses chars, selon des conclusions provisoires d'une enquête interne.

Elle a dit "regretter cet incident grave".

"Le bâtiment a été visé en raison d'une présence ennemie présumée et n'a pas été identifié par les forces comme une installation de l'ONU", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

La Bulgarie a dit avoir "reçu des excuses officielles" d'Israël.

Le 19 mars, l'ONU avait annoncé la mort d'un employé dans une explosion d'un bâtiment du Bureau de l'ONU pour les services d'appui au projet (Unops) à Deir el-Balah (centre).

L'armée israélienne avait initialement rejeté toute responsabilité.

La situation humanitaire est particulièrement dramatique à Gaza depuis qu'Israël a fermé le 2 mars les points de passage pour l'aide humanitaire, accusant le Hamas de la détourner.

Sur les marchés improvisés, les Gazaouis ne trouvent plus beaucoup de nourriture, les stocks de farine s'épuisent, alors que les organisations humanitaires opérant dans le territoire manquent de tout.

 


Le Liban réforme le secret bancaire, une mesure clé pour ses bailleurs

Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
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  • Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays
  • Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans

BEYROUTH: Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays, plongé dans une grave crise économique, par les bailleurs internationaux, dont le FMI.

Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans, couvrant donc le début de la crise économique lorsque les banquiers ont été accusés d'aider des personnalités à transférer des fonds importants à l'étranger.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a salué une "étape indispensable vers la réforme financière" que son gouvernement a promis de réaliser et un "pilier essentiel d'un plan de reconstruction".

Cette mesure, a-t-il ajouté, est "fondamentale pour restaurer les droits des déposants et la confiance des citoyens et de la communauté internationale". Il a mis en avant que l'opacité financière, prévalant de longue date au Liban, n'était plus aussi attractive pour les investisseurs qu'elle avait pu l'être.

"Il ne faut pas croire qu'avec cette loi, n'importe qui va entrer dans une banque et demander des détails sur un compte", a tempéré le ministre des Finances, Yassine Jaber, en déplacement à Washington avec son collègue de l'Economie, Amer Bisat, et le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid.

Ces responsables doivent se rendre à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI).

Le Liban a longtemps été une plaque-tournante financière régionale, dont la législation stricte sur le secret bancaire était perçue comme un atout, jusqu'à la profonde crise économique et financière qui a éclaté en 2019 et terni sa réputation.

Depuis, les autorités sont sous pression, interne et internationale, pour réformer une législation accusée d'avoir permis une fuite de capitaux au déclenchement de la crise, alors que les simples déposants étaient privés de leur épargne et que la valeur de la monnaie locale plongeait.

- Loi rétroactive sur dix ans -

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les changements votés jeudi autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations sans raison particulière".

Ces organismes pourront avoir accès à des informations comme le nom des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars et aider à la relance de l'économie libanaise, dont les maux sont imputés à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a besoin de fonds pour la reconstruction.

M. Salam a souligné que la réforme "ouvrait une page nouvelle" dans la lutte contre l'évasion fiscale, la corruption et le blanchiment.

Le ministre des Finances a relevé que la Banque centrale aura "plus de marge de manoeuvre" pour accéder à certains comptes.

Selon Alain Aoun, membre de la commission des finances du Parlement, une première réforme en 2022 avait été jugée insuffisante par le FMI. Les organismes de contrôle pourront désormais demander "l'information qu'ils veulent", a-t-il dit à l'AFP.

En avril 2022, le Liban et le FMI avaient conclu un accord sous conditions pour un prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord, et le nouveau gouvernement libanais a promis d'autres réformes. Il doit prochainement soumettre au Parlement un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.

Mercredi, le gouvernement a aussi signé un accord de 250 millions de dollars avec la Banque mondiale pour relancer son secteur électrique en déshérence, qui prive régulièrement les Libanais de courant.