PARIS: Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a dénoncé de la part de la Turquie « une volonté d'attiser la haine » contre la France et son président Emmanuel Macron, soulignant que l'ambassadeur sera de retour à Paris « pour consultation », dès ce dimanche.
Le ministre des Affaires étrangères, depuis l'avion qui l'emmenait vers le Mali, a fustigé « un comportement inadmissible, à fortiori de la part d'un pays allié ».
« A l'absence de toute marque officielle de condamnation ou de solidarité des autorités turques après l'attentat terroriste de Conflans-Sainte-Honorine, s'ajoutent désormais depuis quelques jours une propagande haineuse et calomnieuse contre la France », a déclaré Le Drian, dans un communiqué.
La France a noté un manque de solidarité de certains autres pays, après l'assassinat du professeur d'histoire-géographie Samuel Paty, à sa sortie du collège où il enseignait en région parisienne, pris pour cible par un Russe tchétchène radicalisé pour avoir montré des caricatures de Mahomet en classe dans un cours sur la liberté d'expression.
Le Drian a dénoncé aussi des « insultes directes contre le président (Emmanuel Macron), exprimées au plus haut niveau de l'Etat turc ».
« L'ambassadeur de France en Turquie (Hervé Magro, ndlr) a en conséquence été rappelé et rentre à Paris dès ce dimanche 25 octobre 2020 pour consultation », a ajouté le ministre.
La présidence française a annoncé samedi le rappel pour consultation de l'ambassadeur de France en Turquie, après de nouvelles attaques du président turc Recep Tayyip Erdogan contre Emmanuel Macron.
Il y a deux semaines, Erdogan avait déjà dénoncé comme une provocation les déclarations du président français sur le « séparatisme islamiste » et la nécessité de « structurer l'islam » en France, alors que l'exécutif présentait un projet de loi sur ce thème.
Il a enfoncé le clou samedi dans un discours télévisé : « Tout ce qu'on peut dire d'un chef d'État qui traite des millions de membres de communautés religieuses différentes de cette manière, c'est : allez d'abord faire des examens de santé mentale ».
Le rappel d'un ambassadeur « pour consultation », selon l'expression consacrée, est un acte diplomatique rare et serait une première, semble-t-il, dans l'histoire des relations franco-turques.
Le précédent rappel d'un ambassadeur français remonte à février 2019 quand Paris avait voulu protester contre une rencontre entre Luigi di Maio, alors vice-Premier ministre italien, et des « gilets jaunes ».