Sanctions: dans les champs russes, les agriculteurs se replient sur leur pays

Un tracteur tracte une herse sur le champ de l'entreprise Chyorny Khleb ("Pain noir") dans le village de Khatmanovo dans la région de Tula à quelque 150 kilomètres de Moscou le 7 juin 2022. Yevgeny Shifanov, copropriétaire d'une ferme biologique, dit son entreprise a subi l'aiguillon des sanctions occidentales et il n'est plus en mesure de vendre son grain à l'Europe. (AFP).
Un tracteur tracte une herse sur le champ de l'entreprise Chyorny Khleb ("Pain noir") dans le village de Khatmanovo dans la région de Tula à quelque 150 kilomètres de Moscou le 7 juin 2022. Yevgeny Shifanov, copropriétaire d'une ferme biologique, dit son entreprise a subi l'aiguillon des sanctions occidentales et il n'est plus en mesure de vendre son grain à l'Europe. (AFP).
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Publié le Vendredi 17 juin 2022

Sanctions: dans les champs russes, les agriculteurs se replient sur leur pays

  • Dans le village de Khotmanovo, 170 kilomètres au sud de Moscou, sur les rives de la rivière Oka, Tchiorny Khleb ("Pain noir") fait partie des petites exploitations qui se sont multipliées en Russie
  • A "Tchiorny Khleb", qui cultive divers céréales sur un peu plus de 1.000 hectares, le blé encore vert arrive au genou et l'on profite du calme avant l'activité intense de la récolte

KHATMANOVO: Avec son vaste territoire et ses terres ultra-fertiles dans le sud, la Russie est une des premières puissances céréalières du monde. Mais depuis le début du conflit en Ukraine et la pluie de sanctions occidentales, les agriculteurs sont contraints de se replier sur le marché intérieur.

Dans le village de Khotmanovo, 170 kilomètres au sud de Moscou, sur les rives de la rivière Oka, Tchiorny Khleb ("Pain noir") fait partie des petites exploitations qui se sont multipliées en Russie durant la dernière décennie.

Le cap est clair, explique le copropriétaire de cette exploitation biologique, Evgueni Chifanov, 42 ans: "Nous nous tournons davantage vers notre marché intérieur, vers notre économie".

Le conflit entre la Russie et l'Ukraine, impliquant deux superpuissances agricoles qui assuraient 30% des exportations mondiales de blé, a provoqué une flambée des cours des céréales et des engrais, ébranlant la sécurité alimentaire mondiale.

La Russie semble en position de force dans le bras de fer céréalier: premier exportateur mondial de blé, Moscou a fait des grains ukrainiens bloqués un élément clé des négociations.

Mais le secteur agricole russe risque est lui aussi perturbé.

A "Tchiorny Khleb", qui cultive divers céréales sur un peu plus de 1.000 hectares, le blé encore vert arrive au genou et l'on profite du calme avant l'activité intense de la récolte, qui commence fin juillet.

"En mars ou avril, on commence à préparer la terre, puis on plante. Là, on s'apprête à récolter les résultats de notre travail", explique Alexeï Ierchov, tractoriste ventripotent de 28 ans, avant de grimper sur son engin rouge et noire et de repartir dans un champ de sarrasin.

Problèmes logistiques 

Si les perspectives de la saison sont bonnes - le ministère de l'Agriculture prévoit une récolte de 130 millions de tonnes, dont un record de 87 millions de tonnes de blé -, les agriculteurs ont connu des mois mouvementés depuis le début des sanctions.

"Nous rencontrons des perturbations logistiques. C'est un problème, car nous avons des partenaires à la fois en Europe (notamment en Lituanie) et en Israël", indique le copropriétaire Evgueni Chifanov, expliquant que les camions restent bloqués aux frontières.

"Nous ne pouvons pas les livrer, nous ne pouvons que nous contenter de notre marché intérieur. Et nous travaillons activement pour trouver des partenaires au Bélarus, en Arménie, au Kazakhstan", ajoute-t-il, énumérant des pays restés proches de Moscou.

Il se dit néanmoins optimiste, une fois la panique des premières semaines passée: la petite ferme avait alors cédé à la crainte de se retrouver sans emballages et avait acheté un an de stock d'un coup, qui prend désormais la poussière.

D'autres petits tracas s'accumulent. Un de leurs partenaires manque de colle pour fabriquer les étiquettes: "Elle était importée d'Europe. Ils essayent de résoudre le problème via la Chine mais la logistique reste compliquée", explique M. Chifanov, debout dans un hangar entre des monticules de blé.

Dans un bâtiment proche, le meunier Roman Tikhonov, 40 ans, s'affaire autour d'un moulin en bois de fabrication autrichienne.

"Récemment, quelque-chose s'est cassé, nous avons trouvé le matériel et l'avons réparé. Avant les pièces détachées arrivaient d'Autriche, on les attendait longtemps, maintenant nous les fabriquons nous-mêmes, c'est plus rapide", constate-t-il laconique.

Le moulin ukrainien, à côté, reçoit ses pièces détachées via le Bélarus depuis 2014 et le début du conflit russo-ukrainien.

Le co-propriétaire se dit néanmoins soulagé que ses tracteurs soient majoritairement russes ou bélarusses, lui évitant des casse-têtes.

« Marges détruites »

La situation sur le marché des céréales a elle aussi évolué. Avant le début du conflit, le prix du blé était déjà élevé (environ 300 euros la tonne) mais se situe désormais à un peu moins de 400 euros. La Russie a continué à en vendre depuis le début des hostilités, dans une situation de pénurie du fait du défaut de l'Ukraine, et en dépit des difficultés de navigation.

Selon Andreï Sizov, directeur général du cabinet de conseil agricole SovEcon, les céréales russes se vendent désormais à environ 20 dollars la tonne de moins que le prix du marché, un phénomène observé également pour le pétrole russe.

"Tout se reflète dans le prix. Les céréales russes sont devenues moins chères que, par exemple, les françaises, car il faut (pour l'acheteur) inclure dans le prix les coûts additionnels pour le fret, l'assurance, les problèmes de paiement".

Si les prix restent élevés et réduisent l'impact financier pour la Russie, "les agriculteurs russes n'en profitent pas, en raison de taxes d'exportation très élevées introduites en 2021 dans l'espoir erroné de réduire l'inflation alimentaire".

Ce alors même que leurs "coûts moyens sont 20-30% plus élevés en roubles" qu'il y a un an, note M. Sizov, ajoutant que les agriculteurs russes voient "leurs marges détruites".

 

Sur le Danube, la galère pour sauver les céréales ukrainiennes

Dans le port ukrainien d'Izmaïl, sur le Danube, les chauffeurs routiers s'impatientent, leurs camions débordant de céréales. A l'autre extrémité, en Roumanie, là où le fleuve se jette dans la Mer Noire, les navires rongent aussi leur frein.

De mémoire de marin, jamais tant de bateaux, aux pavillons divers, n'ont stationné au large de Sulina, danns l'est de la Roumanie, attendant de rejoindre l'Ukraine pour être chargés de denrées.

L'invasion russe a tout chamboulé: le blocus par Moscou des ports maritimes ukrainiens, à commencer par celui d'Odessa, a paralysé les exportations de ce pays qui figure parmi les plus gros producteurs mondiaux de céréales.

"L'alternative, c'est le Danube", qui trace une frontière naturelle entre l'Ukraine et la Roumanie. "Le gros problème, c'est la capacité des infrastructures sur le fleuve", explique à l'AFP Ioury Dimtchoglo, ancien vice-président du Conseil régional d'Odessa.

Depuis le début de la guerre, "seul 1,5 million de tonnes de céréales ont pu être exportées par ce biais", dit-il, une goutte d'eau comparé aux quelque 20 à 25 millions de tonnes bloquées en Ukraine selon le président Volodymyr Zelensky.

« Nourrir le monde »

Tout en amont de la chaîne, l'exploitant agricole Vyatcheslav Zyabkin, qui travaille à 35 kilomètres du port, n'a "toujours rien mis sur les bateaux du Danube. Pas même un kilo".

Car on lui a proposé un prix d'achat bien inférieur aux coûts d'exploitation, dit-il, estimant que la solution danubienne convient surtout aux petits agriculteurs, qui ont de faibles quantités à écouler.

Et pour ceux qui y ont recours, le trajet est semé d'obstacles.

D'abord les embouteillages sur la route: les camions convergent du sud du pays dans l'espoir de pouvoir décharger sur le Danube.

Puis une fois arrivés au port, là aussi il y a foule.

Rencontré à Izmaïl, Serguiï Gavrilenko, chauffeur de 45 ans, marcel à rayures bleues, bob kaki et lunettes d'aviateur, piétine. Il fait 32 degrés et il se lave avec un bidon d'eau rangé dans sa cabine.

"Avant la guerre, il fallait une journée, maintenant il faut compter trois jours. On prend sur nous parce que c'est pour le bien du pays et pour nourrir le monde", confie-t-il.

« Pas de répit »

Les embarcations qui prennent le relais et acheminent les marchandises vers les clients étrangers en descendant le Danube, avant de rejoindre la Mer Noire, arrivent en effet au compte-gouttes.

Au large de Sulina, ils sont près d'une centaine à patienter, entre sept et dix jours en moyenne, avant de pouvoir emprunter le canal en direction des ports ukrainiens.

"Notre volume de travail a beaucoup augmenté. Nous sommes à pied d'oeuvre du lever au coucher du soleil", raconte Gabriel Danila-Mihalcea, 28 ans, capitaine d'un bateau qui multiplie les allers-retours entre Sulina et la mer Noire.

La mission de ce bateau pilote est cruciale: transférer à bord de chacun des navires en rade un pilote qui prendra la barre jusqu'au port de destination.

Cette règle a été entérinée en 1948 par la Convention du Danube en raison des dangers d'un cours d'eau trompeur.

"Nous n'avons pas de répit", se désole, sous couvert de l'anonymat, l'un des 36 navigateurs affectés à cette tâche.

"Le mois dernier, 400 bateaux sont passés par Sulina, c'était un record", s'exclame le mécanicien du bateau pilote, Mihai Calin, 48 ans dont 30 les pieds dans l’eau.

« Ouragan de famines »

"Le trafic a triplé par rapport à mai 2021", confirme auprès de l'AFP le secrétaire d'Etat roumain aux Transports Ion Popa.

Gérer cette hausse est "un effort pour la Roumanie", ajoute-t-il, disant espérer une aide de Bruxelles.

Après s'être rejeté la responsabilité pour les délais d'attente en rade, la Roumanie et l'Ukraine ont mis en place fin mai un commandement conjoint qui décide de l'ordre dans lequel les navires entrent sur le Danube. Ceux affrétés pour le transport de céréales sont désormais prioritaires.

Près de 700.000 tonnes ont par ailleurs été transportées depuis le début du conflit via le port roumain de Constanta, sur la Mer Noire, à bord de barges, de trains ou de poids lourds, souligne M. Popa.

Mais les files d'attente aux postes-frontières routiers et ferroviaires s'allongent chaque jour.

Avant la guerre, l'Ukraine était le quatrième exportateur de maïs, en passe de devenir le troisième exportateur mondial de blé et assurait seule 50% du commerce mondial de graines et d'huile de tournesol.

Si la crise dure, l'ONU craint "un ouragan de famines" dans les mois à venir.

Problèmes logistiques 

Si les perspectives de la saison sont bonnes - le ministère de l'Agriculture prévoit une récolte de 130 millions de tonnes, dont un record de 87 millions de tonnes de blé -, les agriculteurs ont connu des mois mouvementés depuis le début des sanctions.

"Nous rencontrons des perturbations logistiques. C'est un problème, car nous avons des partenaires à la fois en Europe (notamment en Lituanie) et en Israël", indique le copropriétaire Evgueni Chifanov, expliquant que les camions restent bloqués aux frontières.

"Nous ne pouvons pas les livrer, nous ne pouvons que nous contenter de notre marché intérieur. Et nous travaillons activement pour trouver des partenaires au Bélarus, en Arménie, au Kazakhstan", ajoute-t-il, énumérant des pays restés proches de Moscou.

Il se dit néanmoins optimiste, une fois la panique des premières semaines passée: la petite ferme avait alors cédé à la crainte de se retrouver sans emballages et avait acheté un an de stock d'un coup, qui prend désormais la poussière.

D'autres petits tracas s'accumulent. Un de leurs partenaires manque de colle pour fabriquer les étiquettes: "Elle était importée d'Europe. Ils essayent de résoudre le problème via la Chine mais la logistique reste compliquée", explique M. Chifanov, debout dans un hangar entre des monticules de blé.

Dans un bâtiment proche, le meunier Roman Tikhonov, 40 ans, s'affaire autour d'un moulin en bois de fabrication autrichienne.

"Récemment, quelque-chose s'est cassé, nous avons trouvé le matériel et l'avons réparé. Avant les pièces détachées arrivaient d'Autriche, on les attendait longtemps, maintenant nous les fabriquons nous-mêmes, c'est plus rapide", constate-t-il laconique.

Le moulin ukrainien, à côté, reçoit ses pièces détachées via le Bélarus depuis 2014 et le début du conflit russo-ukrainien.

Le co-propriétaire se dit néanmoins soulagé que ses tracteurs soient majoritairement russes ou bélarusses, lui évitant des casse-têtes.

« Marges détruites »

La situation sur le marché des céréales a elle aussi évolué. Avant le début du conflit, le prix du blé était déjà élevé (environ 300 euros la tonne) mais se situe désormais à un peu moins de 400 euros. La Russie a continué à en vendre depuis le début des hostilités, dans une situation de pénurie du fait du défaut de l'Ukraine, et en dépit des difficultés de navigation.

Selon Andreï Sizov, directeur général du cabinet de conseil agricole SovEcon, les céréales russes se vendent désormais à environ 20 dollars la tonne de moins que le prix du marché, un phénomène observé également pour le pétrole russe.

"Tout se reflète dans le prix. Les céréales russes sont devenues moins chères que, par exemple, les françaises, car il faut (pour l'acheteur) inclure dans le prix les coûts additionnels pour le fret, l'assurance, les problèmes de paiement".

Si les prix restent élevés et réduisent l'impact financier pour la Russie, "les agriculteurs russes n'en profitent pas, en raison de taxes d'exportation très élevées introduites en 2021 dans l'espoir erroné de réduire l'inflation alimentaire".

Ce alors même que leurs "coûts moyens sont 20-30% plus élevés en roubles" qu'il y a un an, note M. Sizov, ajoutant que les agriculteurs russes voient "leurs marges détruites".


Commémorations du 8-Mai: Charles III mène l'hommage du Royaume-Uni

Le roi Charles III de Grande-Bretagne marche avec le doyen de Westminster David Hoyle alors qu'il arrive pour assister à un service d'action de grâce pour marquer le 80e anniversaire du VE Day, ou Jour de la Victoire en Europe, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, à l'abbaye de Westminster à Londres, le 8 mai 2025. (AFP)
Le roi Charles III de Grande-Bretagne marche avec le doyen de Westminster David Hoyle alors qu'il arrive pour assister à un service d'action de grâce pour marquer le 80e anniversaire du VE Day, ou Jour de la Victoire en Europe, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, à l'abbaye de Westminster à Londres, le 8 mai 2025. (AFP)
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  • Charles III a rendu hommage aux soldats britanniques morts durant la Seconde Guerre mondiale lors d'une cérémonie jeudi à l'abbaye de Westminster, à l'occasion du 80e anniversaire de la fin du conflit en Europe

LONDRES: Charles III a rendu hommage aux soldats britanniques morts durant la Seconde Guerre mondiale lors d'une cérémonie jeudi à l'abbaye de Westminster, à l'occasion du 80e anniversaire de la fin du conflit en Europe.

Le roi et la reine Camilla sont accompagnés notamment par le prince héritier William et son épouse Kate sans leurs trois enfants (George, Charlotte et Louis) qui avaient été présents lundi, au premier jour des commémorations au Royaume-Uni.

A 12H00 locale, (11H00 GMT) deux minutes de silence ont été observées lors de cette cérémonie --qui se déroule en présence du Premier ministre Keir Starmer et d'anciens combattants-- et partout dans le pays.

L'arrière-arrière-petit-fils de Winston Churchill, âgé de 10 ans, doit allumer une bougie de la paix.

"C'est vraiment super de pouvoir représenter ma famille et aussi la jeune génération afin qu'elle se souvienne de tous ceux qui ont participé à la Seconde Guerre mondiale", a déclaré jeudi matin le garçon à la chaine de radio BBC 4.

Le souverain de 76 ans et son fils William doivent déposer des couronnes de fleurs sur la tombe du soldat inconnu. Le roi le fera au nom de la nation et William au nom des anciens combattants.

À l'extérieur de l'abbaye, Camilla et Kate doivent déposer des fleurs au mémorial des victimes, en hommage aux morts de la guerre.

Un concert sur la place de Horse Guards Parade de Londres doit conclure la journée, marquant ainsi la fin des quatre jours d'événements pour le 80e anniversaire de la fin du conflit.

Cet anniversaire est l'une des dernières grandes commémorations de la Seconde Guerre mondiale à avoir lieu en présence d'un nombre substantiel de vétérans.

Lundi, un défilé militaire en fanfare et une apparition de la famille royale au balcon du palais de Buckingham avaient lancé les célébrations dans le pays.


Israël menace de faire à Téhéran ce qu'il a "fait au Hamas à Gaza"

Des Iraniens brandissent les drapeaux palestinien et iranien lors d'un rassemblement pro-palestinien à Téhéran, le 2 mai 2025. L'Iran a déclaré le 2 mai que le maintien des sanctions américaines contre ses partenaires commerciaux ne modifiera pas sa politique, après que le président Donald Trump a menacé de pénaliser les pays ou les individus qui font le commerce du pétrole iranien. (AFP)
Des Iraniens brandissent les drapeaux palestinien et iranien lors d'un rassemblement pro-palestinien à Téhéran, le 2 mai 2025. L'Iran a déclaré le 2 mai que le maintien des sanctions américaines contre ses partenaires commerciaux ne modifiera pas sa politique, après que le président Donald Trump a menacé de pénaliser les pays ou les individus qui font le commerce du pétrole iranien. (AFP)
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  • Israël fera subir aux dirigeants à Téhéran ce qu'il a "fait au Hamas à Gaza", a menacé jeudi le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, quatre jours après un tir des rebelles yéménites Houthis

JERUSALEM: Israël fera subir aux dirigeants à Téhéran ce qu'il a "fait au Hamas à Gaza", a menacé jeudi le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, quatre jours après un tir des rebelles yéménites Houthis, alliés de la République islamique, sur l'aéroport de Tel-Aviv.

"J'avertis (...) les dirigeants iraniens qui financent, arment et exploitent l'organisation terroriste des Houthis: le système de (vos) mandataires est terminé et l'axe du mal s'est effondré", déclare M. Katz dans un communiqué.

"Vous êtes directement responsables. Ce que nous avons fait au (mouvement islamiste libanais) Hezbollah à Beyrouth, au (mouvement islamiste palestinien) Hamas à Gaza, (au dirigeant syrien Bachar al-)Assad à Damas, nous vous le ferons aussi à Téhéran", a-t-il ajouté.

En riposte à un tir de missile des Houthis dimanche sur le principal aéroport international d'Israël, l'armée israélienne a mené des frappes cette semaine contre l'aéroport de Sanaa --la capitale du Yémen--, des stations électriques de la région et des cimenteries.

Soutenus par l'Iran, ennemi juré d'Israël, les Houthis font partie, avec le Hamas et le Hezbollah notamment, de ce que Téhéran présente comme "l'axe de la résistance" face à Israël. L'Iran dément néanmoins leur fournir une aide militaire.

Affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ils ont revendiqué des dizaines d'attaques de missiles et de drones contre Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

S'ils ont conclu un accord de cessez-le-feu avec les Etats-Unis, les Houthis ont affirmé qu'ils continueraient à s'en prendre à Israël et disent avoir lancé trois drones contre le territoire israélien mercredi.

Parallèlement, Israël poursuit son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza en riposte à l'attaque sans précédent perpétrée sur son sol par des commandos du mouvement palestinien le 7 octobre 2023.


La frontière entre l'Inde et le Pakistan s'embrase, au moins 34 morts

Des soldats paramilitaires inspectent le bâtiment endommagé du complexe gouvernemental de santé et d'éducation après les frappes indiennes à Muridke, à environ 30 kilomètres de Lahore, le 7 mai 2025. (AFP)
Des soldats paramilitaires inspectent le bâtiment endommagé du complexe gouvernemental de santé et d'éducation après les frappes indiennes à Muridke, à environ 30 kilomètres de Lahore, le 7 mai 2025. (AFP)
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  • L'Inde et le Pakistan se sont mutuellement bombardés tôt mercredi, faisant au moins 26 morts côté pakistanais et huit autres côté indien

MUZAFFARABAD: L'Inde et le Pakistan se sont mutuellement bombardés tôt mercredi, faisant au moins 26 morts côté pakistanais et huit autres côté indien, ce qui semble être les violences les plus importantes entre les deux puissances nucléaires en deux décennies.

Depuis que des hommes armés ont abattu 26 hommes au Cachemire indien le 22 avril, le feu couvait entre les deux voisins, rivaux depuis leur partition en 1947. Mais l'escalade diplomatique est devenue militaire dans la nuit de mardi à mercredi.

Les deux armées ont échangé des tirs d'artillerie le long de leur frontière contestée au Cachemire, quelques heures après des frappes indiennes sur le sol pakistanais en représailles à l'attentat meurtrier de Pahalgam.

Les missiles indiens qui se sont abattus sur six villes au Cachemire et au Pendjab pakistanais et les échanges de tirs au Cachemire ont tué au moins 26 civils, dont deux fillettes de trois ans et un garçonnet de cinq ans, et en ont blessé 46 autres, selon le porte-parole de l'armée pakistanaise, le général Ahmed Chaudhry.

L'Inde a pour sa part fait état de huit morts et 29 blessés dans le village cachemiri indien de Poonch (nord-ouest) lors des tirs d'artillerie.

Engagée dans la nuit, la bataille s'est poursuivie le matin autour du village visé par de nombreux obus pakistanais, selon des journalistes de l'AFP.

La localité était surmontée d'un nuage de fumée noire et secouée à intervalles réguliers de très fortes explosions.

"Nous avons été réveillés par des tirs (...) j'ai vu des obus tomber. J'ai dit à mes associés de sortir du bâtiment, j'ai eu peur que le toit ne s'écroule", a rapporté à l'agence Press Trust of India (PTI) un habitant de Poonch, Farooq.

De violentes explosions ont également été entendues plus tôt dans la nuit autour de Srinagar, la principale ville de la partie indienne du Cachemire.

- "Infrastructures terroristes" -

Au matin, une source sécuritaire indienne a indiqué à l'AFP que trois chasseurs de l'armée de l'air indienne s'étaient écrasés, pour des raisons qui n'ont pas été immédiatement précisées.

Les débris de deux appareils ont été retrouvés dans la partie indienne du Cachemire, l'autre dans l'Etat indien du Pendjab (nord-ouest), a précisé sous couvert d'anonymat cette source, sans donner de précision sur le sort des pilotes.

Plus tôt, le ministre pakistanais de la Défense Khawaja Asif avait assuré à l'AFP que le Pakistan avait abattu "cinq avions ennemis" sans donner plus de détails. Il était également revenu sur une déclaration précédente dans laquelle il assurait que des soldats indiens avaient été capturés.

Un photographe de l'AFP a observé les débris d'un aéronef portant des inscriptions en français dans un champ à Wuyan, non loin de Srinagar.

L'avion est un Mirage 2000 de l'armée de l'air indienne, a indiqué à l'AFP une source sécuritaire indienne. Le sort de son pilote n'était pas immédiatement connu, a-t-elle ajouté.

L'armée indienne et le Comité de la sécurité nationale, convoqué uniquement pour les urgences extrêmes à Islamabad, doivent tenir dans la matinée des points de presse.

Deux semaines après l'attaque qui a fait 26 morts à Pahalgam, dans la partie indienne du Cachemire, l'Inde, qui assure qu'Islamabad est derrière cette attaque malgré ses dénégations, a mis ses menaces à exécution.

Dans la nuit de mardi à mercredi, elle a tiré des missiles sur neuf sites abritant selon elle des "infrastructures terroristes" au Pakistan.

Islamabad a démenti toute implication dans l'attentat, le plus meurtrier à avoir visé des civils au Cachemire depuis plus de 20 ans.

L'un des sites ciblés dans la nuit par l'armée indienne est la mosquée Subhan, à Bahawalpur, dans le Pendjab pakistanais, liée selon le renseignement indien à des groupes proches du mouvement jihadiste Lashkar-e-Taiba (LeT).

L'Inde accuse ce groupe, soupçonné des attaques qui avaient fait 166 morts à Bombay en 2008, d'avoir mené l'attentat de Pahalgam.

- "Désamorcer la situation" -

Les villes de Kotli et Muzaffarabad, à 120 et 130 kilomètres d'Islamabad, font partie des cibles visées par les missiles indiens, selon le Pakistan.

A Muzaffarabad, la police et l'armée ont bloqué tous les accès à la mosquée Bilal, visée par sept projectiles indiens. Plusieurs habitations alentour ont été aussi été touchées et la population du quartier évacuée.

Au Pendjab pakistanais, Mohammed Khourram, un habitant de Mouridke, une autre ville frappée, a raconté à l'AFP que tout avait commencé par "un grand boum, très bizarre".

"J'ai eu très peur, comme si c'était un tremblement de terre. Puis un missile est arrivé et a frappé, et un second une minute après, trois ou quatre ont suivi pendant les trois ou quatre minutes suivantes", a-t-il poursuivi.

GB Rajakumar, chauffeur à New Delhi, lui, se félicitait du fait que le Premier ministre indien Narendra "Modi fait ce qu'il dit".

"Il a vengé les morts (du 22 avril) en détruisant des cibles terroristes. Elles ont été visées une par une. C'est pour cela que ça a pris 10-15 jours pour les venger", a-t-il assuré à l'AFP.

La riposte pakistanaise n'a pas tardé, sous la forme de tirs d'artillerie visant plusieurs points en territoire indien.

"La riposte a commencé et si Dieu le veut, elle va s'accentuer (...) il ne faudra pas beaucoup de temps pour régler le problème", a menacé dans un entretien accordé à l'AFP le ministre Asif.

Environ 200 Pakistanais ont défilé tôt mercredi matin dans la ville méridionale de Hyderabad, brûlant des drapeaux indiens et des portraits de Narendra Modi.

Dans la nuit, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu avec ses homologues indien et pakistanais, les appelant au dialogue pour "désamorcer la situation et éviter une nouvelle escalade", selon la Maison Blanche.

Interrogé peu auparavant, Donald Trump a dit espérer que les affrontements "s'arrêtent très rapidement".

"Le monde ne peut pas se permettre une confrontation militaire", a pour sa part plaidé l'ONU.

La Chine a appelé les deux pays "à éviter de prendre des mesures qui compliqueraient davantage la situation".

- Guerre de l'eau -

"Aucune installation militaire pakistanaise n'a été visée", a assuré le gouvernement indien, estimant faire preuve d'une "retenue considérable" pour "éviter toute escalade".

"L'action irresponsable de l'Inde rapproche les deux Etats nucléaires d'un conflit majeur", a pour sa part estimé la diplomatie pakistanaise.

New Delhi doit recevoir mercredi le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, qui était lundi à Islamabad pour une médiation.

Juste avant les premières frappes de son armée, Narendra Modi avait annoncé son intention de "couper l'eau" des fleuves qui prennent leur source en Inde et irriguent le Pakistan -- une menace impossible à mettre à exécution à court terme, selon les experts.

"L'eau appartenant à l'Inde s'écoulait jusque-là vers l'extérieur, elle sera désormais stoppée pour servir les intérêts de l'Inde", a déclaré M. Modi.

Dès le lendemain de l'attentat, l'Inde avait suspendu sa participation à un traité de partage des eaux signé en 1960 avec son voisin.

Mardi, le Pakistan avait accusé l'Inde de modifier le débit du fleuve Chenab, l'un des trois placés sous son contrôle selon le traité dit de l'Indus.

Ce document accorde à New Delhi le droit d'utiliser les fleuves partagés pour ses barrages ou ses cultures, mais lui interdit de détourner des cours d'eau ou d'altérer le volume d'eau en aval.