Sanctions: dans les champs russes, les agriculteurs se replient sur leur pays

Un tracteur tracte une herse sur le champ de l'entreprise Chyorny Khleb ("Pain noir") dans le village de Khatmanovo dans la région de Tula à quelque 150 kilomètres de Moscou le 7 juin 2022. Yevgeny Shifanov, copropriétaire d'une ferme biologique, dit son entreprise a subi l'aiguillon des sanctions occidentales et il n'est plus en mesure de vendre son grain à l'Europe. (AFP).
Un tracteur tracte une herse sur le champ de l'entreprise Chyorny Khleb ("Pain noir") dans le village de Khatmanovo dans la région de Tula à quelque 150 kilomètres de Moscou le 7 juin 2022. Yevgeny Shifanov, copropriétaire d'une ferme biologique, dit son entreprise a subi l'aiguillon des sanctions occidentales et il n'est plus en mesure de vendre son grain à l'Europe. (AFP).
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Publié le Vendredi 17 juin 2022

Sanctions: dans les champs russes, les agriculteurs se replient sur leur pays

  • Dans le village de Khotmanovo, 170 kilomètres au sud de Moscou, sur les rives de la rivière Oka, Tchiorny Khleb ("Pain noir") fait partie des petites exploitations qui se sont multipliées en Russie
  • A "Tchiorny Khleb", qui cultive divers céréales sur un peu plus de 1.000 hectares, le blé encore vert arrive au genou et l'on profite du calme avant l'activité intense de la récolte

KHATMANOVO: Avec son vaste territoire et ses terres ultra-fertiles dans le sud, la Russie est une des premières puissances céréalières du monde. Mais depuis le début du conflit en Ukraine et la pluie de sanctions occidentales, les agriculteurs sont contraints de se replier sur le marché intérieur.

Dans le village de Khotmanovo, 170 kilomètres au sud de Moscou, sur les rives de la rivière Oka, Tchiorny Khleb ("Pain noir") fait partie des petites exploitations qui se sont multipliées en Russie durant la dernière décennie.

Le cap est clair, explique le copropriétaire de cette exploitation biologique, Evgueni Chifanov, 42 ans: "Nous nous tournons davantage vers notre marché intérieur, vers notre économie".

Le conflit entre la Russie et l'Ukraine, impliquant deux superpuissances agricoles qui assuraient 30% des exportations mondiales de blé, a provoqué une flambée des cours des céréales et des engrais, ébranlant la sécurité alimentaire mondiale.

La Russie semble en position de force dans le bras de fer céréalier: premier exportateur mondial de blé, Moscou a fait des grains ukrainiens bloqués un élément clé des négociations.

Mais le secteur agricole russe risque est lui aussi perturbé.

A "Tchiorny Khleb", qui cultive divers céréales sur un peu plus de 1.000 hectares, le blé encore vert arrive au genou et l'on profite du calme avant l'activité intense de la récolte, qui commence fin juillet.

"En mars ou avril, on commence à préparer la terre, puis on plante. Là, on s'apprête à récolter les résultats de notre travail", explique Alexeï Ierchov, tractoriste ventripotent de 28 ans, avant de grimper sur son engin rouge et noire et de repartir dans un champ de sarrasin.

Problèmes logistiques 

Si les perspectives de la saison sont bonnes - le ministère de l'Agriculture prévoit une récolte de 130 millions de tonnes, dont un record de 87 millions de tonnes de blé -, les agriculteurs ont connu des mois mouvementés depuis le début des sanctions.

"Nous rencontrons des perturbations logistiques. C'est un problème, car nous avons des partenaires à la fois en Europe (notamment en Lituanie) et en Israël", indique le copropriétaire Evgueni Chifanov, expliquant que les camions restent bloqués aux frontières.

"Nous ne pouvons pas les livrer, nous ne pouvons que nous contenter de notre marché intérieur. Et nous travaillons activement pour trouver des partenaires au Bélarus, en Arménie, au Kazakhstan", ajoute-t-il, énumérant des pays restés proches de Moscou.

Il se dit néanmoins optimiste, une fois la panique des premières semaines passée: la petite ferme avait alors cédé à la crainte de se retrouver sans emballages et avait acheté un an de stock d'un coup, qui prend désormais la poussière.

D'autres petits tracas s'accumulent. Un de leurs partenaires manque de colle pour fabriquer les étiquettes: "Elle était importée d'Europe. Ils essayent de résoudre le problème via la Chine mais la logistique reste compliquée", explique M. Chifanov, debout dans un hangar entre des monticules de blé.

Dans un bâtiment proche, le meunier Roman Tikhonov, 40 ans, s'affaire autour d'un moulin en bois de fabrication autrichienne.

"Récemment, quelque-chose s'est cassé, nous avons trouvé le matériel et l'avons réparé. Avant les pièces détachées arrivaient d'Autriche, on les attendait longtemps, maintenant nous les fabriquons nous-mêmes, c'est plus rapide", constate-t-il laconique.

Le moulin ukrainien, à côté, reçoit ses pièces détachées via le Bélarus depuis 2014 et le début du conflit russo-ukrainien.

Le co-propriétaire se dit néanmoins soulagé que ses tracteurs soient majoritairement russes ou bélarusses, lui évitant des casse-têtes.

« Marges détruites »

La situation sur le marché des céréales a elle aussi évolué. Avant le début du conflit, le prix du blé était déjà élevé (environ 300 euros la tonne) mais se situe désormais à un peu moins de 400 euros. La Russie a continué à en vendre depuis le début des hostilités, dans une situation de pénurie du fait du défaut de l'Ukraine, et en dépit des difficultés de navigation.

Selon Andreï Sizov, directeur général du cabinet de conseil agricole SovEcon, les céréales russes se vendent désormais à environ 20 dollars la tonne de moins que le prix du marché, un phénomène observé également pour le pétrole russe.

"Tout se reflète dans le prix. Les céréales russes sont devenues moins chères que, par exemple, les françaises, car il faut (pour l'acheteur) inclure dans le prix les coûts additionnels pour le fret, l'assurance, les problèmes de paiement".

Si les prix restent élevés et réduisent l'impact financier pour la Russie, "les agriculteurs russes n'en profitent pas, en raison de taxes d'exportation très élevées introduites en 2021 dans l'espoir erroné de réduire l'inflation alimentaire".

Ce alors même que leurs "coûts moyens sont 20-30% plus élevés en roubles" qu'il y a un an, note M. Sizov, ajoutant que les agriculteurs russes voient "leurs marges détruites".

 

Sur le Danube, la galère pour sauver les céréales ukrainiennes

Dans le port ukrainien d'Izmaïl, sur le Danube, les chauffeurs routiers s'impatientent, leurs camions débordant de céréales. A l'autre extrémité, en Roumanie, là où le fleuve se jette dans la Mer Noire, les navires rongent aussi leur frein.

De mémoire de marin, jamais tant de bateaux, aux pavillons divers, n'ont stationné au large de Sulina, danns l'est de la Roumanie, attendant de rejoindre l'Ukraine pour être chargés de denrées.

L'invasion russe a tout chamboulé: le blocus par Moscou des ports maritimes ukrainiens, à commencer par celui d'Odessa, a paralysé les exportations de ce pays qui figure parmi les plus gros producteurs mondiaux de céréales.

"L'alternative, c'est le Danube", qui trace une frontière naturelle entre l'Ukraine et la Roumanie. "Le gros problème, c'est la capacité des infrastructures sur le fleuve", explique à l'AFP Ioury Dimtchoglo, ancien vice-président du Conseil régional d'Odessa.

Depuis le début de la guerre, "seul 1,5 million de tonnes de céréales ont pu être exportées par ce biais", dit-il, une goutte d'eau comparé aux quelque 20 à 25 millions de tonnes bloquées en Ukraine selon le président Volodymyr Zelensky.

« Nourrir le monde »

Tout en amont de la chaîne, l'exploitant agricole Vyatcheslav Zyabkin, qui travaille à 35 kilomètres du port, n'a "toujours rien mis sur les bateaux du Danube. Pas même un kilo".

Car on lui a proposé un prix d'achat bien inférieur aux coûts d'exploitation, dit-il, estimant que la solution danubienne convient surtout aux petits agriculteurs, qui ont de faibles quantités à écouler.

Et pour ceux qui y ont recours, le trajet est semé d'obstacles.

D'abord les embouteillages sur la route: les camions convergent du sud du pays dans l'espoir de pouvoir décharger sur le Danube.

Puis une fois arrivés au port, là aussi il y a foule.

Rencontré à Izmaïl, Serguiï Gavrilenko, chauffeur de 45 ans, marcel à rayures bleues, bob kaki et lunettes d'aviateur, piétine. Il fait 32 degrés et il se lave avec un bidon d'eau rangé dans sa cabine.

"Avant la guerre, il fallait une journée, maintenant il faut compter trois jours. On prend sur nous parce que c'est pour le bien du pays et pour nourrir le monde", confie-t-il.

« Pas de répit »

Les embarcations qui prennent le relais et acheminent les marchandises vers les clients étrangers en descendant le Danube, avant de rejoindre la Mer Noire, arrivent en effet au compte-gouttes.

Au large de Sulina, ils sont près d'une centaine à patienter, entre sept et dix jours en moyenne, avant de pouvoir emprunter le canal en direction des ports ukrainiens.

"Notre volume de travail a beaucoup augmenté. Nous sommes à pied d'oeuvre du lever au coucher du soleil", raconte Gabriel Danila-Mihalcea, 28 ans, capitaine d'un bateau qui multiplie les allers-retours entre Sulina et la mer Noire.

La mission de ce bateau pilote est cruciale: transférer à bord de chacun des navires en rade un pilote qui prendra la barre jusqu'au port de destination.

Cette règle a été entérinée en 1948 par la Convention du Danube en raison des dangers d'un cours d'eau trompeur.

"Nous n'avons pas de répit", se désole, sous couvert de l'anonymat, l'un des 36 navigateurs affectés à cette tâche.

"Le mois dernier, 400 bateaux sont passés par Sulina, c'était un record", s'exclame le mécanicien du bateau pilote, Mihai Calin, 48 ans dont 30 les pieds dans l’eau.

« Ouragan de famines »

"Le trafic a triplé par rapport à mai 2021", confirme auprès de l'AFP le secrétaire d'Etat roumain aux Transports Ion Popa.

Gérer cette hausse est "un effort pour la Roumanie", ajoute-t-il, disant espérer une aide de Bruxelles.

Après s'être rejeté la responsabilité pour les délais d'attente en rade, la Roumanie et l'Ukraine ont mis en place fin mai un commandement conjoint qui décide de l'ordre dans lequel les navires entrent sur le Danube. Ceux affrétés pour le transport de céréales sont désormais prioritaires.

Près de 700.000 tonnes ont par ailleurs été transportées depuis le début du conflit via le port roumain de Constanta, sur la Mer Noire, à bord de barges, de trains ou de poids lourds, souligne M. Popa.

Mais les files d'attente aux postes-frontières routiers et ferroviaires s'allongent chaque jour.

Avant la guerre, l'Ukraine était le quatrième exportateur de maïs, en passe de devenir le troisième exportateur mondial de blé et assurait seule 50% du commerce mondial de graines et d'huile de tournesol.

Si la crise dure, l'ONU craint "un ouragan de famines" dans les mois à venir.

Problèmes logistiques 

Si les perspectives de la saison sont bonnes - le ministère de l'Agriculture prévoit une récolte de 130 millions de tonnes, dont un record de 87 millions de tonnes de blé -, les agriculteurs ont connu des mois mouvementés depuis le début des sanctions.

"Nous rencontrons des perturbations logistiques. C'est un problème, car nous avons des partenaires à la fois en Europe (notamment en Lituanie) et en Israël", indique le copropriétaire Evgueni Chifanov, expliquant que les camions restent bloqués aux frontières.

"Nous ne pouvons pas les livrer, nous ne pouvons que nous contenter de notre marché intérieur. Et nous travaillons activement pour trouver des partenaires au Bélarus, en Arménie, au Kazakhstan", ajoute-t-il, énumérant des pays restés proches de Moscou.

Il se dit néanmoins optimiste, une fois la panique des premières semaines passée: la petite ferme avait alors cédé à la crainte de se retrouver sans emballages et avait acheté un an de stock d'un coup, qui prend désormais la poussière.

D'autres petits tracas s'accumulent. Un de leurs partenaires manque de colle pour fabriquer les étiquettes: "Elle était importée d'Europe. Ils essayent de résoudre le problème via la Chine mais la logistique reste compliquée", explique M. Chifanov, debout dans un hangar entre des monticules de blé.

Dans un bâtiment proche, le meunier Roman Tikhonov, 40 ans, s'affaire autour d'un moulin en bois de fabrication autrichienne.

"Récemment, quelque-chose s'est cassé, nous avons trouvé le matériel et l'avons réparé. Avant les pièces détachées arrivaient d'Autriche, on les attendait longtemps, maintenant nous les fabriquons nous-mêmes, c'est plus rapide", constate-t-il laconique.

Le moulin ukrainien, à côté, reçoit ses pièces détachées via le Bélarus depuis 2014 et le début du conflit russo-ukrainien.

Le co-propriétaire se dit néanmoins soulagé que ses tracteurs soient majoritairement russes ou bélarusses, lui évitant des casse-têtes.

« Marges détruites »

La situation sur le marché des céréales a elle aussi évolué. Avant le début du conflit, le prix du blé était déjà élevé (environ 300 euros la tonne) mais se situe désormais à un peu moins de 400 euros. La Russie a continué à en vendre depuis le début des hostilités, dans une situation de pénurie du fait du défaut de l'Ukraine, et en dépit des difficultés de navigation.

Selon Andreï Sizov, directeur général du cabinet de conseil agricole SovEcon, les céréales russes se vendent désormais à environ 20 dollars la tonne de moins que le prix du marché, un phénomène observé également pour le pétrole russe.

"Tout se reflète dans le prix. Les céréales russes sont devenues moins chères que, par exemple, les françaises, car il faut (pour l'acheteur) inclure dans le prix les coûts additionnels pour le fret, l'assurance, les problèmes de paiement".

Si les prix restent élevés et réduisent l'impact financier pour la Russie, "les agriculteurs russes n'en profitent pas, en raison de taxes d'exportation très élevées introduites en 2021 dans l'espoir erroné de réduire l'inflation alimentaire".

Ce alors même que leurs "coûts moyens sont 20-30% plus élevés en roubles" qu'il y a un an, note M. Sizov, ajoutant que les agriculteurs russes voient "leurs marges détruites".


TikTok annonce sa fermeture dimanche aux États-Unis, suite à la décision de la Cour suprême

Cette photo d'illustration prise le 27 mai 2020 à Paris montre le logo de l'application de réseau social Tik Tok sur l'écran d'un téléphone. L'application (Photo par Martin BUREAU / AFP).
Cette photo d'illustration prise le 27 mai 2020 à Paris montre le logo de l'application de réseau social Tik Tok sur l'écran d'un téléphone. L'application (Photo par Martin BUREAU / AFP).
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  • TikTok se bat depuis des mois contre cette loi adoptée en mars dernier par le Congrès au nom de la sécurité nationale, mais la Cour suprême américaine a refusé vendredi de la suspendre
  • La décision de la plus haute juridiction américaine est intervenue à un peu plus de 36 heures de l'échéance imposée par le Congrès à la maison mère de TikTok, le groupe chinois ByteDance, pour vendre sa filiale.

WASHINGTON : « TikTok sera contraint de fermer le 19 janvier, soit dimanche, a annoncé la populaire application sur X vendredi soir, à moins que le gouvernement de Joe Biden ne garantisse la non-application de la loi qui interdit la plateforme aux États-Unis à moins que son propriétaire chinois n'accepte de la vendre.

TikTok se bat depuis des mois contre cette loi adoptée en mars dernier par le Congrès au nom de la sécurité nationale, mais la Cour suprême américaine a refusé vendredi de la suspendre, scellant le sort du réseau social dans le pays, sauf intervention de dernière minute.

« Il ne fait pas de doute que, pour plus de 170 millions d'Américains, TikTok offre un important mode d'expression, d'interaction et d'appartenance à une communauté », ont estimé les neuf hauts magistrats, unanimes.

« Mais le Congrès a établi que sa cession était nécessaire pour répondre à ses inquiétudes légitimes en matière de sécurité nationale », ont-ils observé.

La décision de la plus haute juridiction américaine est intervenue à un peu plus de 36 heures de l'échéance imposée par le Congrès à la maison mère de TikTok, le groupe chinois ByteDance, pour vendre sa filiale.

La loi impose théoriquement aux fournisseurs d'accès à Internet et aux boutiques d'applications de bloquer les téléchargements et les mises à jour à partir de minuit dans la nuit de samedi à dimanche. Les principales d'entre elles, contactées par l'AFP, n'ont pas répondu.

Selon une déclaration de la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, « l'application de la loi (devait) revenir au prochain gouvernement, qui prendra ses fonctions lundi ».

- « Besoin de temps » -

Le ministère américain de la Justice a de son côté fait savoir vendredi que l'application de la loi allait s'étaler dans le temps, ce qui pose la question de ses effets à très court terme.

« Les déclarations publiées aujourd'hui par la Maison Blanche et le département de la Justice n'ont pas apporté la clarté et l'assurance nécessaires aux fournisseurs de services qui font partie intégrante du maintien de la disponibilité de TikTok pour plus de 170 millions d'Américains », a indiqué TikTok, avant d'avertir que l'application serait certainement contrainte d'afficher un écran noir dimanche.

Donald Trump s'est, à plusieurs reprises, dit favorable à ce que l'application soit préservée aux États-Unis, et avait même plaidé en ce sens auprès de la Cour suprême, en vain.

Vendredi, il a souligné que la décision de la Cour devait être « respectée », mais dit avoir « besoin de temps » pour statuer sur le sort du réseau social, promettant une décision « dans un avenir assez proche ».

Celui qui doit prendre ses fonctions lundi à midi a évoqué le sort de TikTok lors d'une conversation téléphonique avec le président chinois, Xi Jinping, vendredi.

Signe de l'ouverture de Donald Trump vis-à-vis du réseau social préféré des jeunes, le PDG de TikTok, Shou Chew, a été invité à la cérémonie d'investiture en tant qu'invité d'honneur.

« Je tiens à remercier le président Trump pour son engagement à travailler avec nous afin de trouver une solution qui permette à TikTok de rester disponible aux États-Unis », a déclaré Shou Chew dans une vidéo postée sur la plateforme vendredi.

« Nous allons mettre en place des mesures pour empêcher que TikTok n'éteigne la lumière » aux États-Unis, a assuré jeudi sur la chaîne Fox News Mike Waltz, élu républicain à la Chambre des représentants et nommé conseiller à la Sécurité nationale par Donald Trump.

- « Victoire » -

Adoptée en avril 2024 par les élus américains, cette loi vise à empêcher les autorités chinoises d'accéder aux données des utilisateurs du réseau social aux États-Unis ou de tenter de manipuler l'opinion américaine.

ByteDance a jusqu'ici systématiquement refusé de céder TikTok, même si plusieurs investisseurs américains, en premier lieu l'homme d'affaires Frank McCourt, se sont positionnés, prêts à mettre 20 milliards de dollars sur la table.

« Les créateurs de contenu présents sur TikTok se préparent à une possible interdiction, dans un contexte de grande incertitude », explique Courtney Spritzer, la patronne de l'agence de marketing numérique Socialfly, spécialisée dans les réseaux sociaux.

Quant aux annonceurs, « certains parient sur une extinction de la plateforme, tandis que d'autres sont plus optimistes et pensent qu'elle continuera après dimanche », a-t-elle ajouté.

La perspective d'une disparition potentielle de TikTok a suscité l'agitation sur Internet, les trois applications les plus téléchargées sur l'App Store d'Apple étant trois plateformes vidéo : la chinoise Xiaohongshu, Lemon8, une autre filiale de ByteDance, et l'application américaine Clapper. TikTok figurait lui-même dans le top 10.


«Tout est sur la table »: le Canada se prépare à répondre aux menaces économiques de Trump

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis
  • Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade

OTTAWA: Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis, tout en gardant l'espoir d'éviter une guerre commerciale.

Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade.

"Si l'administration américaine choisit de mettre en œuvre son augmentation des droits de douane, nous réagirons de manière ciblée, énergique et résolue", a expliqué Justin Trudeau.

"Tout est sur la table", a-t-il ajouté.

Selon une source gouvernementale à l'AFP, Ottawa réfléchit notamment à imposer des droits de douane plus élevés sur certains produits en acier, sur les céramiques telles que des toilettes et des éviers, de la verrerie et du jus d'orange de Floride.

Les dirigeants des provinces et de l'opposition ont également évoqué la possibilité de bloquer les exportations de pétrole, d'électricité et de minéraux critiques du Canada.

Mais la Première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, s'est désolidarisée de ses collègues sur ce point, refusant mercredi de signer le communiqué final de la réunion. Elle s'oppose à toute perturbation en matière d'exportations pétrolières: plus de trois millions de barils de pétrole sont expédiés quotidiennement depuis sa province vers les États-Unis.

"L'Alberta n'acceptera tout simplement pas de droits de douane sur l'exportation de notre énergie ou d'autres produits, et nous ne soutenons pas non plus une interdiction des exportations de ces mêmes produits", a-t-elle posté sur X.

A l'inverse, son homologue de l'Ontario, moteur économique du pays, préconise une réponse forte. "Je suis désolé mais lorsque quelqu'un attaque votre pays et tente de priver des gens de leurs moyens de subsistance, il faut se battre comme on ne l'a jamais fait auparavant", a déclaré Doug Ford.

Ce dernier a expliqué que 500.000 emplois seraient en danger dans sa province si Donald Trump augmentait les droits de douane à 25%.

Cette mesure serait catastrophique pour le Canada selon les experts. Les Etats-Unis en sont en effet le premier partenaire commercial et la destination de 75% de ses exportations. Près de 2 millions de personnes au Canada en dépendent, sur une population de 41 millions d'habitants.


Le secrétaire d'État désigné par Trump appelle à une « diplomatie audacieuse » pour mettre fin à la guerre en Ukraine

Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
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  • L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».
  • « La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

WASHINGTON : Marco Rubio, désigné secrétaire d'État par Donald Trump, a appelé mercredi à une « diplomatie audacieuse » des États-Unis pour mettre un terme à la guerre menée en Ukraine par la Russie.

« Cette guerre doit cesser, et cela devrait être la politique officielle des États-Unis que nous voulons qu'elle cesse », a déclaré le probable futur chef de la diplomatie américaine lors de son audition de confirmation au Sénat.

L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».

« La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

Mais « il est également irréaliste de croire qu'une nation de la taille de l'Ukraine, aussi compétente soit-elle (...), puisse repousser ces gens jusqu'à l'endroit où ils se trouvaient la veille de l'invasion » en 2022, a ajouté Marco Rubio.

Le 20 janvier, dès son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a promis de résoudre le conflit en « 24 heures », ce qui fait craindre à l'Ukraine d'être forcée à faire des concessions majeures en échange de la paix. Or, Moscou a gagné du terrain ces derniers mois, tandis que l'armée ukrainienne, épuisée, manque de moyens.

Mercredi, Marco Rubio a également affirmé que « le rôle des États-Unis et de l'OTAN au XXI^e siècle » devait être remis en question.

Tout en reconnaissant l'importance de l'Alliance atlantique pendant la Guerre froide, le sénateur a affirmé qu'il était important pour les États-Unis d'avoir « non seulement des alliés de défense », mais aussi « des alliés de défense compétents, capables de défendre leur région ».

Début janvier, Donald Trump avait déclaré que les pays de l'Otan devaient accroître leur budget de défense pour le porter à 5 % de leur PIB.

Le président élu ne cache pas son mépris pour l'Alliance atlantique, pilier de la sécurité en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Il avait notamment semé la panique durant la campagne électorale en menaçant de ne plus garantir la protection des pays de l'Otan face à la Russie tant que ceux-ci ne consacreraient pas un budget suffisant à leur défense.