WASHINGTON:Pressions, intimidations, menaces... Le patron des élus républicains d'Arizona a raconté mardi les méthodes de Donald Trump et ses avocats pour tenter de le convaincre de renverser le résultat de la présidentielle américaine de novembre 2020 dans cet Etat conservateur remporté par Joe Biden.
Le milliardaire républicain justifiait ses demandes par sa conviction que l'élection lui avait été "volée" en répétant des accusations de fraudes, dont il n'a jamais apporté la preuve et qui ont été balayées par les tribunaux.
Mais les partisans du milliardaire avaient pris d'assaut le Congrès américain le 6 janvier 2021 pour tenter d'empêcher la validation de la victoire du candidat démocrate, plongeant le pays dans le chaos pendant plusieurs heures.
Les affirmations de M. Trump sur sa victoire en Arizona étaient "fausses", a assuré Rusty Bowers, président de la chambre des représentants de cet Etat, devant la commission d'enquête sur cette attaque à Washington.
"Quiconque dirait, n'importe où et n'importe quand, que j'ai dit que l'élection était truquée, ce ne serait pas vrai", a ajouté l'élu.
Il a également qualifié de "fausses" les allégations de l'avocat de l'ex-président, Rudy Giuliani, évoquant des "centaines de milliers d'immigrants illégaux et de milliers de morts qui avaient voté" pour Joe Biden.
Malgré plusieurs demandes, M. Bower a dit n'avoir "jamais" vu les preuves de ces allégations, évoquant une conversation avec l'ancien maire de New York.
"Il a dit: +nous avons beaucoup de théories, nous n'avons pas de preuves+. Et je ne sais pas si c'était une gaffe".
«Parodie tragique»
M. Bowers a refusé de convoquer l'assemblée locale pour invalider le scrutin, puis de remplacer les grands électeurs élus, chargés de certifier le résultat du vote, par des partisans de M. Trump.
Dans le système électoral américain, ce sont ces grands électeurs qui désignent le vainqueur de l'élection dans leurs Etats.
Il a alors été inondé de "plus de 20.000 e-mails et des dizaines de milliers d'appels téléphoniques et de textos" alors que des manifestants, parfois menaçants, se rassemblaient devant son domicile pour l'insulter, a-t-il raconté, les larmes aux yeux.
L'équipe juridique de M. Trump a pourtant poursuivi son plan. Des partisans du milliardaire, choisis comme des grands électeurs parallèles dans les Etats-clés remportés par Joe Biden, avaient renversé le résultat du scrutin au moyen de fausses attestations.
Mais le vice-président Mike Pence, qui présidait le vote, avait résisté aux pressions de la Maison Blanche pour déclarer Donald Trump vainqueur.
"J'ai juste pensé que c'était une parodie tragique", a commenté Rusty Bowers, qui avait voté pour le milliardaire en 2016 et le soutenait en 2020.
Brad Raffensperger, le secrétaire d'Etat de Géorgie, avait pour sa part reçu un appel téléphonique de Donald Trump lors duquel le président lui avait demandé de "trouver" près de 12.000 bulletins de vote à son nom, suffisant pour battre Joe Biden dans cet Etat du Sud contrôlé par les républicains.
«Aucun bulletin à trouver»
Il avait là encore évoqué des fraudes électorales et des bourrages d'urnes, des accusations rejetées par les tribunaux.
Mais Brad Raffensperger n'avait pas cédé. "Les chiffres sont les chiffres et nous ne pouvions pas recompter (les votes) parce que nous nous étions assurés d'avoir vérifié chaque allégation", a-t-il dit mardi devant la commission.
"Il n'y avait aucun bulletin à trouver, le compte était exact et il a été certifié", a-t-il souligné.
Il a également été la cible de harcèlement et de menaces, comme Shaye Moss, simple agente électorale d'Atlanta qui avait participé au dépouillement des bulletins le soir de l'élection avec sa mère.
Donald Trump les avait accusés nommément d'être des "arnaqueuses professionnelles".
"Cela a bouleversé ma vie", a-t-elle dit mardi, racontant avoir reçu des messages racistes et des menaces de mort.
Depuis plus d'un an, la commission d'enquête -- formée de sept démocrates et deux républicains -- a entendu plus de 1.000 témoins, dont deux enfants de l'ancien président, pour faire la lumière sur les faits et gestes de Donald Trump avant, pendant et après l'attaque du 6 janvier.
La cinquième audition de la commission aura lieu jeudi, et se penchera sur les efforts du président pour faire pression sur le ministère de la Justice afin de rester au pouvoir.
Donald Trump, qui n'a jamais concédé sa défaite à la présidentielle, a dénoncé mardi sur les réseaux sociaux des "voyous politiques qui ont criminalisé la justice à un niveau jamais vu auparavant dans notre pays".