PARIS: Le programme européen DiafrikInvest, qui a pour but de mobiliser les compétences et de développer l’investissement productif de la diaspora marocaine, tunisienne et sénégalaise, est coordonné par Anima Investment Network, en partenariat avec le CID (Sénégal), Conect (Tunisie) et StartUp (Maroc).
Mis en œuvre depuis trente-six mois (de décembre 2016 à octobre 2020), DiafrikInvest présente de bons résultats: 136 entrepreneurs sont accompagnés au travers du programme d’accélération à l’international, 50 projets sélectionnés sont connectés à des financeurs, et un million d’euros de promesses d’investissement recueillies. «Nous avons créé une véritable communauté. Elle va continuer à vivre. DiafrikInvest a initié de bonnes pratiques. Nous annoncerons prochainement l'élargissement de ce réseau à d'autres pays, toujours avec le soutien de l'Union européenne, et en partenariat avec d'autres grandes institutions», affirme Léonard Lévêque, coordinateur du programme chez Anima Investment Network.
Cofinancé par l’Union européenne via la Direction générale du développement et de la coopération et doté d’une enveloppe budgétaire de 2,2 millions d’euros, ce programme a permis l’organisation de près de 40 opérations à destination des entrepreneurs locaux et des membres de la diaspora, des business angels et des institutions du Maroc, de la Tunisie et du Sénégal, dans divers domaines, dont l’éducation, l’agroalimentaire, la distribution, la logistique, la santé et la Green Tech. «C’est l’endroit rêvé pour lancer des activités nouvelles et aborder les enjeux de développement forts», se réjouit Thameur Hemdane, président fondateur d’Afrikwity.
Entrepreneurs locaux et membres de la diaspora
Le programme DiafrikInvest a permis la mise en œuvre d’un réseau composé d’entrepreneurs locaux et de membres de la diaspora dans le but de favoriser et de faire fructifier le développement commercial et l’accès des entreprises qu’il accompagne sur le plan international. «Le pays a besoin de compétences et de leur savoir-faire, du transfert des technologies pour accompagner le processus de développement engagé dans le pays», précise Younes Dirhoussi, consul général du Maroc à Marseille.
Grâce à la mobilisation de la diaspora, DiafrikInvest a permis à plusieurs entrepreneurs de mobiliser des investissements importants. Ces derniers ont permis de consolider et de pérenniser les entreprises locales, mais aussi de susciter l’intérêt et de mobiliser les membres de la diaspora, composée de hautes compétences dans divers domaines et installée en Europe, face aux potentialités d’investissements dans leurs pays d’origine.
Amine Smahi, directeur général de J2S Conseil, confirme qu’il est important «de partager les expériences, notamment en ce qui concerne la levée de fonds et la définition de la stratégie». Quant à Driss Jabar, de CloudFret, il approuve ce genre d’initiative car elle permet d’aller à la rencontre des porteurs de projets «pour les aider à franchir un nouveau cap et, peut-être, de créer des success stories marocaines et africaines».
Plates-formes multiservices
Pour favoriser la réalisation de cette coordination entre les différents acteurs économiques, trois plates-formes multiservices ont été mises en place, dont deux au Maroc et en Tunisie.
MentorMe, créée par StartUp Maroc, est une plate-forme digitale qui recense les compétences de la diaspora marocaine installée en Europe disponibles pour effectuer des missions d’accompagnement, sous forme de bénévolat, et/ou d’offres d’expertise et de coaching rémunérées. «Je pense que les jeunes entrepreneurs méritent un coup de pouce qui leur permet d’ouvrir des portes et d’avoir des perspectives nouvelles. Nous constatons qu’il existe beaucoup de projets valables», souligne Karim Hajjaji, patron de la banque Santander.
De son côté, Samah ben Dhia, présidente d’Altafemina, considère que chaque membre de la diaspora peut être ambassadeur de son pays. «Je suis partie prenante de ce programme, car je crois aux ponts économiques, c’est ce qui fait que les choses se développent économiquement, socialement et culturellement», précise-t-elle.
Lancée en septembre 2020, startupmaroc.org a pour ambition de renforcer les missions de coopération dans le cadre du programme DiafrikInvest. Ce dernier a permis aux entrepreneurs locaux et au membres de la diaspora marocaine de développer leurs entreprises, d’accéder aux marchés européens et de s’intéresser aux potentialités des marchés africains.
Financini, une plate-forme tunisienne créée par la Conect, recense quant à elle les différentes opportunités de financement pour soutenir l’entrepreneuriat. L’entreprise a pour mission de lever des fonds publics et privés, de fixer des dotations et d’organiser des concours. Financini.org.tn a mis en œuvre à ce jour près de 200 mécanismes de financement et d’appui, qui embrassent 16 secteurs. Son objectif: guider le porteur de projet dans le processus de création de l’entreprise et identifier les possibilités de financement.
Enfin, le Sénégal a lancé, avec le soutien de l'Union européenne et de l'Agence française de développement (AFD), «Entreprendre au Sénégal», un guichet d'information digital destiné aux entrepreneurs de la diaspora implantés en Europe et désireux de revenir dans leur pays.
Selon Anima Investment Network, le programme DiafrikInvest a permis à plus de 90% des entrepreneurs de modifier leur stratégie d’entrepreneuriat et de management. Un sur trois a signé un ou plusieurs partenariats; 23% d’entre eux ont fait croître leurs ventes et 10% enregistrent une hausse significative de leur chiffre d'affaires. Quinze start-up ont bénéficié de subventions ou de prêts de la Caisse centrale de garantie marocaine. «Je pense que nous reconnaissons unanimement que cette initiative aide la structuration et l’organisation des start-up, et la finalité de toute entreprise est d’aller chercher les fonds pour pouvoir développer son entité», explique Nabil Abouzaid, d’Affinity Consulting.