LE CAIRE: Mona Seif, soeur du détenu politique le plus célèbre d'Egypte, Alaa Abdel Fattah, est en grève de la faim en solidarité avec son frère qui a cessé de s'alimenter depuis 75 jours, a-t-elle annoncé mercredi sur Twitter.
M. Abdel Fattah, figure centrale de la "révolution" ayant mis fin au règne de Hosni Moubarak en 2011, est en grève de la faim depuis le 2 avril, et mercredi c'est sa soeur cadette qui a annoncé avoir arrêté de s'alimenter depuis quatre jours.
"Je veux utiliser mon corps pour faire écho à la grève de la faim d'Alaa", a écrit sur Twitter celle qui alerte chaque jour en ligne sur le sort de son frère et des autres détenus d'opinion, dans un pays régulièrement épinglé sur les droits humains avec plus de 60.000 détenus d'opinion derrière les barreaux selon les ONG.
Bête noire du régime du président Abdel Fattah al-Sissi, M. Abdel Fattah a été condamné fin 2021 à cinq ans de prison pour "fausses informations".
Détenu depuis septembre 2019 il n'a pu, selon sa famille, dormir sur un matelas ou recevoir un livre que le mois dernier, quand il a été transféré vers une prison récemment construite.
Nombre de ses défenseurs ont vu dans ce transfert le premier pas vers une visite consulaire, M. Abdel Fattah ayant obtenu en détention la nationalité britannique. Mais elle n'a pas eu lieu jusqu'ici.
Jeudi, le ministère de l'Intérieur égyptien affirmait avoir des "vidéos" prouvant que le célèbre détenu n'était pas en grève de la faim, qu'il n'a jusqu'ici pas diffusé.
L'auteure altermondialiste canadienne Naomi Klein --qui avait signé la préface du livre de M. Abdel-Fattah "You have not yet been defeated", (Tu n'as pas encore été vaincu)-- a appelé la communauté internationale "à ne pas fermer les yeux" sur la situation des droits humains en Egypte.
Réagissant à l'annonce de la grève de la faim de Mme Seif, elle a appelé sur Twitter à utiliser la tenue en novembre de la COP27 en Egypte comme "un moyen de pression" contre le régime, coupable selon elle de "crimes contre l'humanité".
Fin 2021, l'organisation Human Rights Watch avait déjà critiqué la tenue en Egypte de la prochaine Conférence des Nations unies sur le changement climatique, qu'elle qualifiait de "récompense pour le pouvoir répressif" du président Abdel Fattah al-Sissi.