MOSCOU: Le directeur de l'ONG russe Comité contre la torture a annoncé dimanche la dissolution de son organisation, considérant comme "une insulte et une calomnie" sa désignation vendredi comme "agent de l'étranger" par les autorités.
"Nous ne voulons pas continuer à travailler en étant catalogués comme +agents de l'étranger+. Nous considérons ce terme comme une insulte et une calomnie", a annoncé Sergueï Babinets sur Telegram, ajoutant que la dissolution de l'ONG avait été décidée samedi par ses membres.
"Malgré l'utilité évidente de (notre) mission, les autorités s'efforcent depuis de nombreuses années de la faire passer pour étrangère et nuisible", ajoute-t-il, estimant que "les autorités envoient le signal que la torture devient (ou est déjà devenue) un pan de la politique gouvernementale".
Le Comité contre la torture, fondé en 2000, milite pour contraindre les autorités à enquêter sur les mauvais traitements infligés par les forces de sécurité et à prendre des mesures pour y mettre fin. Elle a notamment travaillé sur la situation en Tchétchénie.
Déjà reconnue comme "agent de l'étranger" en 2015, puis en 2016, l'organisation avait décidé de s'auto-dissoudre avant de se reformer pour tenter d'échapper à cette dénomination infamante.
L'étiquette "agent de l'étranger", qui rappelle celle d'"ennemi du peuple" sous l'ère soviétique, est utilisé massivement contre les organisations, opposants et journalistes accusés de mener des activités politiques financées à l'étranger.
Les "agents de l'étranger" sont soumis à de nombreuses contraintes et procédures fastidieuses, sous peine de lourdes sanctions. Ils doivent notamment indiquer ce statut dans toutes leurs publications.
Le classement du Comité contre la torture comme "agent de l'étranger" intervient dans un contexte de répression sans merci contre toute voix critique en Russie, en particulier depuis le lancement de l'intervention militaire en Ukraine fin février.
Depuis lors, nombre d'ONG ont été interdites. En avril, les autorités russes ont fermé les bureaux d'Amnesty International et de Human Rights Watch.