PARIS: Les Français votent de nouveau dimanche, un mois et demi après avoir réélu le président Emmanuel Macron, pour lui redonner ou non une majorité parlementaire face à une gauche revigorée, un scrutin décisif pour sa capacité à agir pendant son second mandat.
Malgré l'enjeu, l'abstention s'annonçait particulièrement élevée au premier tour de ces législatives, avec une participation à 15H00 GMT de 39,42% des plus de 48 millions d'inscrits - un recul par rapport aux législatives de 2017 (40,75 % à la même heure), qui s'étaient déjà soldées par un plus bas historique depuis 1958, à 48,7 %.
Les bureaux de vote ferment à 16H00 GMT, à l'exception des grandes villes dont Paris, où le délai court jusqu'à 18H00 GMT, heure à laquelle les instituts de sondage pourront diffuser leurs premières estimations. Le second tour aura lieu dans une semaine, le 19 juin.
Selon les derniers sondages d'intentions de vote publiés vendredi, la coalition présidentielle centriste libérale est au coude-à-coude avec l'alliance de partis de gauche regroupée derrière Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième à la présidentielle.
Le Rassemblement national (RN), parti d'extrême droite de Marine Le Pen, finaliste du second tour de la présidentielle le 24 avril, arriverait en troisième position, loin devant la droite traditionnelle qui pourrait perdre son statut de premier groupe d'opposition.
Ces législatives devraient ainsi confirmer la large recomposition du paysage politique français engagée avec l'élection de M. Macron en 2017.
Les projections en nombre de sièges, plus incertaines, donnent en revanche un avantage à la coalition présidentielle, mais avec une probabilité d'obtenir la majorité absolue - 289 députés sur 577 - globalement déclinante au fil des dernières enquêtes d'opinion, de même que l'intérêt manifesté par les électeurs.
A rebours de la tendance générale, Sophie Kane, 36 ans, employée municipale à Marseille (sud), vote pour la première fois à des élections législatives. "La politique, jusque-là, je n'étais pas trop intéressée, mais les discussions avec les grandes sœurs, les amis, m'ont fait réaliser l'importance du vote", explique-t-elle.
Pour Henri Muceli, 53 ans, venu en vélo à son bureau de vote de Thionville (est), voter "est un devoir, comme ça on peut dire ce qu'on pense au lieu de critiquer dans le vide".
Ministres en sursis
M. Macron s'est mobilisé en fin de campagne, appelant les Français à lui donner une "majorité forte et claire". Il s'est posé en rempart contre les "extrêmes", visant la gauche radicale de M. Mélenchon et l'extrême droite de Marine Le Pen, synonymes selon lui de "désordre" pour la France.
Une majorité non pas absolue mais relative à l'Assemblée compliquerait le chemin des réformes qu'il souhaite entreprendre, sur les retraites notamment.
Dans l'hypothèse moins probable où la gauche conduite par Jean-Luc Mélenchon remporterait la majorité absolue, lui imposant une cohabitation inédite pour un président tout juste réélu, il serait privé de pratiquement tous ses pouvoirs en politique intérieure.
M. Mélenchon, vieux routier de la vie politique française, s'est imposé comme son principal opposant en prenant la tête d'une alliance inédite regroupant les socialistes, communistes, écologistes et son propre mouvement (La France insoumise), et en menant la campagne la plus active, selon les commentateurs, pour transformer ce scrutin en "troisième tour" de la présidentielle.
La gauche propose un programme économique prévoyant d'injecter 250 milliards d'euros dans l'économie (contre 267 milliards de recettes), dont 125 milliards d'aides, subventions et redistributions de richesse.
Le scrutin se déroule dans un climat d'inquiétude des Français face à la flambée des prix de l'alimentation et de l'énergie.
Le gouvernement se fait fort de rappeler que la France a le taux d'inflation le plus faible (5,2% en mai sur un an) en Europe et a promis de nouvelles mesures de sauvegarde du pouvoir d'achat, après les élections.
Le résultat final des législatives dans une semaine pourrait influer sur la composition de l'exécutif formé le 20 mai, quinze de ses membres, dont la Première ministre Elisabeth Borne, étant candidats. Or, ils devront démissionner en cas de défaite, en vertu d'une règle non écrite mais déjà appliquée en 2017 par Emmanuel Macron.
En Guadeloupe, dans les Antilles françaises, où l'on votait dès samedi, comme dans plusieurs territoires hors métropole, la secrétaire d'Etat à la Mer Justine Benin est en ballottage favorable face à un candidat divers gauche.