Vers un nouveau record d'abstention aux législatives

«Depuis l'inversion du calendrier, les législatives dès lors qu'elles suivent les présidentielles, mobilisent de moins en moins» (Photo, AFP).
«Depuis l'inversion du calendrier, les législatives dès lors qu'elles suivent les présidentielles, mobilisent de moins en moins» (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 12 juin 2022

Vers un nouveau record d'abstention aux législatives

  • Selon la dernière enquête d'Ipsos Sopra-Steria pour le Cevipof, la Fondation Jean Jaurès et Le Monde publiée mercredi, l'abstention pourrait atteindre dimanche entre 52% et 56%
  • Une estimation convergente avec celle des autres instituts de sondage et qui confirme que, malgré les appels aux urnes des politiques, cette élection peine à intéresser les Français

PARIS: Plus l'élection approche et plus le pronostic se précise: après la relative embellie de la présidentielle, le premier tour des législatives dimanche risque d’enregistrer un nouveau record d'abstention qui pourrait favoriser la majorité macroniste.

Selon la dernière enquête d'Ipsos Sopra-Steria pour le Cevipof, la Fondation Jean Jaurès et Le Monde publiée mercredi, l'abstention pourrait atteindre dimanche entre 52% et 56%, avec un point moyen à 54%, très au-delà des 51,3% du 11 juin 2017, précédent record pour un premier tour de législatives.

Une estimation convergente avec celle des autres instituts de sondage et qui confirme que, malgré les appels aux urnes des politiques, cette élection peine à intéresser les Français. Selon l'étude d'Ipsos, cet intérêt a même baissé de quatre points en trois semaines (70% contre 74%).

«Campagne chloroforme»

"On est dans quelque chose d'assez étonnant, cette campagne chloroforme, cette campagne de basse intensité qui ne peut produire à la fin qu'une faible participation", note le politiste Vincent Tiberj, qui regrette un défaut de "mobilisation par le haut" de la part des partis, à l'exception de ceux de la Nupes, et des médias.

Le professeur de Sciences Po Bordeaux y voit aussi le renforcement d'une tendance de long terme, avec le développement d'un "vote intermittent" chez les moins de 50 ans et la dévalorisation des élections intermédiaires, de "second ordre", parmi lesquelles il faut désormais ranger les législatives, malgré leur importance institutionnelle.

"Depuis l'inversion du calendrier, les législatives dès lors qu'elles suivent les présidentielles, mobilisent de moins en moins", relève-t-il.

"L'enjeu très personnalisé de l'élection présidentielle parvient encore à susciter l'intérêt des Français, mais il aspire tout l'enjeu des autres types de scrutins, même celui – essentiel – qui consiste à élire les députés à l'Assemblée nationale", abonde le sondeur (Ipsos) Mathieu Gallard rappelant le rebond de la dernière présidentielle (26,3% d'abstention) après la bérézina des régionales de 2021 (66,72%).

Pour les spécialistes électoraux, une aussi forte abstention aux législatives aura nécessairement des implications politiques.

«Victoire tactique»

"Quand une élection mobilise peu, ceux qui vont en pâtir sont les électeurs intermittents, les moins riches, les moins diplômés, les catégories populaires, les plus jeunes, donc davantage l'électorat du RN et de la Nupes", souligne Vincent Tiberj.

Ce que confirme l'enquête Ipsos Sopra-Steria, avec notamment un indice de participation entre 36% et 38% pour les moins de 50 ans, mais 55% à 65% au-dessus de 60 ans.

"Les jeunes et les catégories populaires votent systématiquement moins que les seniors et les catégories moyennes/supérieures, mais leur participation s'effondre lors des élections jugées secondaires pour lesquelles l'enjeu est moins clair", insiste Mathieu Gallard dans Le Figaro.

"C'est bien entendu une tendance qui est plutôt positive pour la majorité présidentielle: le vote en faveur d'Emmanuel Macron s'est caractérisé par une forte surreprésentation des seniors et des inclus", note-t-il.

De plus, en cas de forte abstention, le système électoral lui-même est défavorable aux oppositions car avec une abstention de 50%, la barre est placée à 25% des suffrages exprimés pour passer au second tour, au point qu'en 2017 il n'y a eu qu'une seule triangulaire.

Or dans des duels combinés à la tripartition de l'espace politique (Nupes/majorité/RN), la majorité sortante a l'avantage d'occuper la position centrale, davantage susceptible de bénéficier de votes pour faire barrage.

"Tout se présente comme si la dépolitisation de cette élection allait faire le jeu de la majorité présidentielle, avant un brutal rappel à la réalité sur le faible soutien dont elle dispose dans l'opinion", résume le directeur délégué d'Ipsos Brice Teinturier.

"La majorité macroniste est clairement dans une logique, une stratégie de victoire tactique et pas de victoire politique, et même s'il y a  plus de chance qu'il y ait une majorité LREM à l'Assemblée, ça veut dire que derrière la capacité à gouverner face à des mouvements sociaux, face à des citoyens qui râlent va être encore plus compliquée", avertit déjà Vincent Tiberj, inquiet de l'épuisement de la démocratie représentative dont témoigne selon lui une aussi forte abstention.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.