Législatives françaises : à gauche, l'espoir d'une « remontada»

Le chef du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), député et chef de la coalition de gauche Nupes fait des gestes alors qu'il prononce un discours lors d'une réunion dans le cadre de la campagne pour les élections législatives françaises, à Marseille, dans le sud de la France, le 10 juin , 2022. (Photo, AFP)
Le chef du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), député et chef de la coalition de gauche Nupes fait des gestes alors qu'il prononce un discours lors d'une réunion dans le cadre de la campagne pour les élections législatives françaises, à Marseille, dans le sud de la France, le 10 juin , 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 11 juin 2022

Législatives françaises : à gauche, l'espoir d'une « remontada»

  • Malgré son élimination au premier tour de la présidentielle, « rien n’a été tranché» martèle Jean-Luc Mélenchon, le leader de la Nupes
  • Pour ces élections, scrutin uninominal majoritaire à deux tours, les sondages donnent la majorité et la gauche au coude-à-coude dimanche

SAINTE-GENEVIÈVE-DES-BOIS : La gauche française s'est retrouvée à 400.000 voix d'accéder au second tour de la présidentielle d'avril. Pour les législatives de juin, elle part unie, une première depuis 25 ans, avide de réaliser une "remontada" face à la majorité d'Emmanuel Macron.

Malgré son élimination au premier tour de la présidentielle, "rien n’a été tranché" martèle Jean-Luc Mélenchon, le leader de la Nupes (Nouvelle union populaire, écologiste et sociale), lors d'un discours à Sainte-Geneviève-des-Bois, ville pavillonnaire située à 80 km de Paris.

Le 24 avril dernier, les Français ont voté contre la candidate d'extrême droite Marine Le Pen et non pour le chef de l'Etat sortant, argumente-t-il. Les législatives sont en ce sens un "troisième tour" de la présidentielle, devant le porter au poste de "Premier ministre" et provoquant une cohabitation, répète-t-il régulièrement.

Pour ces élections, scrutin uninominal majoritaire à deux tours, les sondages donnent la majorité et la gauche au coude-à-coude dimanche. Le parti macronien devrait ensuite se détacher au deuxième tour du 19 juin, mais la majorité absolue à l'Assemblée dont il dispose actuellement n'est pas acquise.

À Sainte-Geneviève-des-Bois, le public présent au rassemblement croit en "la remontada de la gauche et de l'écologie", selon le maire de la ville voisine de Grigny, le communiste Philippe Rio.

L'Essonne, où s'est tenu le rassemblement mardi, incarne les espoirs d'une gauche unie. En 2017, ses différentes composantes n'avaient réussi, séparément, à remporter aucune des dix circonscriptions du département. Cinq ans plus tard, elles espèrent, ensemble, s'inscrire dans le sillage de l'élection présidentielle.

Jean-Luc Melenchon, à la faveur d'un très important report des voix de gauche sur sa personne, avait engrangé 7,7 millions de votes (21,9% des suffrages exprimés) au premier tour du principal scrutin français, contre 8,1 millions pour Marine Le Pen (23,1%), ne ratant le second tour face à Emmanuel Macron que pour 400.000 voix.

Dans l'Essonne, il avait même devancé le chef de l'Etat (28,1% contre 27,6), ravissant jusqu'à 56,8% des voix à Grigny, au taux de pauvreté le plus élevé de France métropolitaine, où les affiches "Mélenchon Premier ministre" sont omniprésentes aujourd'hui.

«Gagnable»

Antoine Léaument, le candidat Nupes de la circonscription, l'estime "gagnable". Mais quand il monte à la tribune, de timides applaudissements accompagnent sa performance. Jean-Luc Mélenchon, élu plus jeune sénateur de France en Essonne en 1986, désormais septuagénaire, bénéficie d'un soutien plus franc pour son discours à forte tonalité sociale.

"Il parle avec son cœur, il dit les choses crûment", explique à l'AFP Ali, 52 ans, un habitant du quartier se décrivant comme "immigré mais aussi Français". Son ami Mohamed, 39 ans, espère que l'homme politique deviendra "Premier ministre".

Le week-end dernier, Jean-Luc Mélenchon avait créé une polémique en tweetant "la police tue" après que trois policiers eurent abattu la passagère d'une voiture lors d'un refus d'obtempérer supposé à Paris.

Adepte des déclarations clivantes depuis des années, Jean-Luc Mélenchon reste "un candidat populiste aux yeux des Français : discours de proximité teintée de démagogie dans un corps à la fois autoritaire et puissant", décrit Jérémie Peltier, de la Fondation Jean Jaurès.

Le ministre de l'économie, Bruno Le Maire l'a surnommé le "Chavez gaulois", en référence à l'ex-président socialiste  du Venezuela dont il soutient le régime. Le programme du candidat Mélenchon conduirait la France à "l'humiliation" et à la "faillite", affirmait-il récemment au quotidien Le Figaro.

Jean-Luc Mélenchon prévoit une dépense publique supplémentaire de 250 milliards d'euros, compensée selon lui par "267 milliards en taxes et en cotisations sociales" qu'elle générera.

Quelque 50 milliards d'euros seront investis chaque année dans la "bifurcation écologique" et les services publics, 75 milliards dans la création d'un million d'emplois publics et la revalorisation des fonctionnaires, et 125 milliards d'aides, subventions et redistributions de richesse.

Mais les espoirs de la Nupes sont menacées par l'abstention qui pourrait être record, avec un taux de participation inférieur à 50%, au terme d'une "campagne chloroforme", selon le politiste Vincent Tiberj.

"Quand une élection mobilise peu, ceux qui vont en pâtir sont les électeurs intermittents, les moins riches, les moins diplômés, les catégories populaires", souligne Vincent Tiberj. Soit davantage l'électorat Nupes que celui d'Emmanuel Macron.


A Béziers, Robert Ménard instaure un couvre-feu pour les moins de 13 ans

Maire français de Béziers, Robert Ménard (Photo, AFP).
Maire français de Béziers, Robert Ménard (Photo, AFP).
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  • «Les parents des enfants concernés pourront faire l'objet de poursuites pénales»
  • En France, la responsabilité pénale d'un mineur peut être engagée, même si son âge et sa capacité de discernement sont pris en compte par les juges

MONTPELLIER: Le maire de Béziers (Hérault), Robert Ménard, a instauré un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans dans plusieurs quartiers, a-t-il indiqué mardi, jour où syndicats et associations de gauche vont manifester "contre les idées d'extrême droite" dans cette ville.

Ex-proche de Marine Le Pen aujourd'hui fâché avec le Rassemblement national, M. Ménard a signé lundi un arrêté municipal stipulant que "tout mineur âgé de moins de 13 ans ne pourra, sans être accompagné d'une personne majeure, circuler de 23H00 à 06H00 sur la voie publique" dans trois "quartiers prioritaires".

L'interdiction s'applique "toutes les nuits" du 22 avril au 30 septembre. "En cas d'urgence ou de danger immédiat pour lui ou pour autrui", ces mineurs pourront être "reconduits à (leur) domicile ou au commissariat", prévoit l'arrêté.

"Les parents des enfants concernés pourront faire l'objet de poursuites pénales", prévient le texte.

Dans son arrêté, le maire de Béziers justifie sa décision par le "nombre croissant de jeunes mineurs livrés à eux-mêmes en pleine nuit", ainsi que par une "aggravation du nombre de faits", notamment de "violences urbaines", citant l'incendie d'une école il y a quatre ans, en 2019, et les "émeutes de juillet 2023".

Interrogé par l'AFP, M. Ménard n'a pas cité de chiffres précis mais affirme que la délinquance des moins de 13 ans constitue un "angle mort" des statistiques parce qu'on ne les amène pas devant le juge et qu'on ne les condamne pas".

Responsabilité pénale  

En France, la responsabilité pénale d'un mineur peut être engagée, même si son âge et sa capacité de discernement sont pris en compte par les juges des enfants qui les suivent.

Selon la "première photographie de la délinquance et insécurité en 2023", publiée début 2024 par le ministère de l'Intérieur, les moins de 13 ans ont représenté 2% des mis en cause dans les atteintes aux personnes (contre 36% pour les 30 à 44 ans) et 1% des mis en cause pour vols violents (contre 44% pour les 18 à 29 ans).

En 2018, le Conseil d'Etat avait annulé un arrêté similaire pris en 2014 par Robert Ménard pointant l'absence "d'éléments précis de nature à étayer l'existence de risques particuliers relatifs aux mineurs de moins de 13 ans".

M. Ménard a assuré que sa décision n'avait aucun lien avec la "Marche pour les libertés, contre les idées d'extrême droite" organisée à Béziers mardi à l'initiative de plusieurs syndicats et à laquelle doivent participer la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, et celui de la FSU, Benoit Teste.

Mardi, le maire Horizons de Nice, Christian Estrosi, a estimé sur BFMTV que "le maire de Béziers a raison" et qu'il souhaitait "renouveler" un arrêté sur les mineurs de moins de 13 ans, qui avait été en vigueur entre 2009 et 2020.

Un tel couvre-feu "relève davantage de la politique de façade", a regretté l'élue d'opposition (Ecologiste), Juliette Chesnel-Le Roux, reprochant à M. Estrosi "le rabotage des budgets école et logement".

En 2009, le couvre-feu à Nice avait aussi suscité la perplexité de syndicats de policiers nationaux, se disant peu enclins "à faire la nounou".

Depuis lundi, un couvre-feu pour les mineurs est en vigueur à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, pour une durée d'un mois "renouvelable".

D'autres villes en France ont pris des arrêtés similaires pour les mineurs sur des durées limitées, comme Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) qui le fait depuis 2004 pour les moins de 13 ans.


L'intelligence artificielle va «simplifier» les démarches administratives, promet Attal

Le Premier ministre français Gabriel Attal visite les locaux de « France Services » à Sceaux, près de Paris, le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Le Premier ministre français Gabriel Attal visite les locaux de « France Services » à Sceaux, près de Paris, le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Devant la multiplication des acronymes de l'administration, il a aussi annoncé le lancement d'un audit
  • Attal a enfin confirmé que la procuration de vote en ligne, possible aux prochaines élections européennes, serait étendue aux autres scrutins

SCEAUX: Gabriel Attal a souhaité mardi mettre l'intelligence artificielle (IA) développée en France "au service" des usagers et des fonctionnaires et annoncé la création de 300 maisons France Services supplémentaires d'ici 2026 pour "simplifier" le quotidien des Français dans leurs démarches administratives.

"Osons mettre l'IA au service des Français. Débureaucratisons l'administration et simplifions les quotidiens", a affirmé le Premier ministre après avoir visité la maison France Services de Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, qui utilise déjà une IA générative 100% française.

Gabriel Attal a effectué ce déplacement après avoir réuni une quinzaine de ministres à Matignon pour un 8e comité interministériel de la Fonction publique (CITP).

L'administration fiscale va déployer une IA 100% française nommée Albert, conçue par la direction interministérielle du numérique (Dinum), "pour rédiger les réponses aux 16 millions de demandes annuelles en ligne", a-t-il précisé.

Chaque réponse sera néanmoins validée ou modifiée le cas échéant par un agent. "Mais l'analyse de la réglementation sera automatisée, les réponses drastiquement accélérées et le travail des agents rendu moins pénible et plus intéressant", a-t-il fait valoir.

De même 4.000 projets environnementaux déposés chaque année dans les directions régionales de l'environnement seront désormais "pré-instruits par une IA", comme des projets de parcs éoliens ou d'aménagement urbain.

Toutes options 

Cette IA servira aussi "dès la fin de l'année" à automatiser la retranscription d'audiences judiciaires, le dépôt de plaintes ou les compte-rendus médicaux. Elle sera également mise au service de la détection des feux de forêts ou de la gestion RH des fonctionnaires.

"A l’IA les tâches rébarbatives, et aux agents publics, le lien avec nos concitoyens", a promis Gabriel Attal.

Devant la multiplication des acronymes de l'administration, il a aussi annoncé le lancement d'un audit, "ministère par ministère, pour passer en revue l’intégralité des contenus en ligne et des formulaires" et rendre le langage administratif "intelligible, accessible".

Le chef du gouvernement a enfin confirmé que la procuration de vote en ligne, possible aux prochaines élections européennes, serait étendue aux autres scrutins.

Depuis mi-avril, il est possible, pour peu que l'on dispose d'une carte d'identité nouvelle version, de donner sa procuration pour les élections européennes du 9 juin en ligne, sans avoir à se déplacer en commissariat ou en brigade de gendarmerie.

Gabriel Attal a également annoncé l'extension des espaces France Services, qui permettent aux usagers de se faire aider dans la plupart de leurs démarches administratives, à 300 villes moyennes d'ici 2026, ce qui portera ces "maisons" à 3.000.


À Paris, un Français crache sur une femme musulmane qui porte un hijab

Un homme marche dans une rue de la ville de Châteauroux, dans le centre de la France, près de Deols où se déroulera l'épreuve de tir des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Centre National de Tir (CNTS), le 7 avril 2024. (Photo de Martin BUREAU / AFP)
Un homme marche dans une rue de la ville de Châteauroux, dans le centre de la France, près de Deols où se déroulera l'épreuve de tir des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Centre National de Tir (CNTS), le 7 avril 2024. (Photo de Martin BUREAU / AFP)
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  • Fatima Saidi, une influenceuse marocaine qui a récemment visité la capitale française, a révélé sur son compte TikTok le racisme dont elle avait été victime
  • L’influenceuse a qualifié le comportement de cet homme de «raciste» et «machiste»

PARIS: Un incident a récemment suscité l'indignation: à Paris, un Français a craché sur une femme musulmane qui portait un hijab.  

Fatima Saidi, une influenceuse marocaine qui a récemment visité la capitale française, a révélé sur son compte TikTok le racisme dont elle avait été victime. 

 

Cette jeune femme de 22 ans a affirmé qu'un homme d'âge moyen qui faisait son jogging alors qu'elle se trouvait sur un trottoir a craché sur son hijab. 

Saidi a filmé son agresseur, qui a craché à nouveau, sur la caméra cette fois. 

Fatima Saidi a décidé de porter plainte contre cet individu auprès du commissariat de police de Paris Centre.  

L’influenceuse a qualifié le comportement de cet homme de «raciste» et «machiste».